En comparant le système étatique de la France et de l’Allemagne, la première grande différence semble être l’organisation de l’Etat lui-même : la France qui avait pour vocation d’incarner – et ce pour longtemps – l’Etat-nation centralisé, s’oppose à l’Allemagne qui, quant à elle, serait le prototype d’un fédéralisme fort. Cette dichotomie est pourtant assez artificielle. D’un côté, la France est entrée à partir de 1982 dans un processus de décentralisation avec la création du cadre régional, affaiblissant l’emprise autrefois totale de l’administration parisienne. Développement qui reste certainement modeste en comparaison avec d’autres pays autrefois plutôt centralisés comme le Royaume-Uni ou l’Italie, où la décentralisation est aujourd’hui beaucoup plus avancée qu’en France. De l’autre, on ne peut pas nier des tendances unitaires en Allemagne fédérale depuis sa fondation en 1949.
Le Fédéralisme Allemand – anachronisme ou Nécessité
En comparant le système étatique de la France et de l’Allemagne, la première grande différence semble être l’organisation de l’Etat lui-même : la France qui avait pour vocation d’incarner – et ce pour longtemps – l’Etat-nation centralisé, s’oppose à l’Allemagne qui, quant à elle, serait le prototype d’un fédéralisme fort. Cette dichotomie est pourtant assez artificielle. D’un côté, la France est entrée à partir de 1982 dans un processus de décentralisation avec la création du cadre régional, affaiblissant l’emprise autrefois totale de l’administration parisienne. Développement qui reste certainement modeste en comparaison avec d’autres pays autrefois plutôt centralisés comme le Royaume-Uni ou l’Italie, où la décentralisation est aujourd’hui beaucoup plus avancée qu’en France. De l’autre, on ne peut pas nier des tendances unitaires en Allemagne fédérale depuis sa fondation en 1949. Même si les Länder restent de nos jours un cadre important, leur marge de manœuvre s’est considérablement amoindrie alors que le niveau fédéral s’est renforcé depuis des décennies. En outre, il est vrai que chaque Etat fédéral connaît une organisation bien spécifique à sa situation politique, sociétale et historique. Les différences entre des pays comme l’Allemagne, les Etats-Unis ou la Confédération suisse, illustrent cette réalité de façon exemplaire. Mais d’où vient cette structure particulière de l’organisation de l’Etat en Allemagne ? Pourquoi des Länder comme la Bavière, la Saxe ou la Rhénanie-du-Nord-Westphalie jouent-ils un rôle tellement important dans la vie politique quotidienne ? Est-ce que cette forme d’organisation n’est-elle pas anachronique dans une Europe davantage intégrée et face à une économie mondialisée ? Ou, n’est-elle pas plutôt une nécessité autant historique que socio-économique pour l’avenir de l’Allemagne ?
Cette approche relativement modeste concernant le fédéralisme en Allemagne n’a certainement pas pour objectif de donner une explication ou une justification toute faite du fédéralisme allemand. Elle tente davantage de montrer quelques structures politiques et sociologiques souvent négligées.
« Andreas Schmidt wohnte in Schwabing, in München, an der Isar, in Oberbayern, in der Bundesrepublik. Er hat sich wohl als Münchner, vielleicht als Deutscher und als Europäer, gewiß aber als Bayer gefühlt. »[1] Cette citation exprime un sentiment répandu en Allemagne – beaucoup d’Allemands se sentent, peut-être même d’abord, respectivement bavarois, berlinois, saxe ou rhénan. Ce phénomène sociologique semble étroitement lié à la structure fédérale de l’Allemagne, mais également à une longue histoire d’indépendance régionale. Ainsi, le fédéralisme allemand s’est longtemps fondé sur une argumentation historique. Primo, le Saint Empire romain germanique (961-1806) se caractérisait par une multitude de sous-structures politiques – villes libres, possessions ecclésiastiques, Etats de taille plus ou moins vaste etc. Pendant les siècles de son existence, le centre impérial du Saint Empire n’était pas capable de renforcer significativement sa position, bien au contraire, l’Empereur était toujours dépendant du soutien des souverains des pays pour pouvoir mener une politique d’envergure impériale. En outre, la Guerre de Trente ans diminue encore une fois les possibilités d’action du centre impérial, les Etats devenant de facto indépendants de l’Empire. Surtout les grands Etats, comme la Prusse, l’Autriche, la Bavière ou la Saxe conduisent davantage une politique propre et autonome au sein du Saint Empire qui n’est plus qu’un cadre juridique vide. Toute tentative de réforme échoue pendant les siècles suivants et Napoléon Bonaparte ne donne ainsi que le coup de grâce final à cette institution millénaire. L’émergence de liens entre les Etats et leurs habitants pendant ces siècles est remarquable, et ces liens n’ont pas vocation à disparaître. Chaque Etat allemand, surtout les plus grands, connaît des expériences historiques particulières, des traditions et structures individuelles, des caractéristiques sociétales, religieuses, économiques et politiques ainsi que souvent une relation affective avec la dynastie au pouvoir parfois depuis des siècles, comme les Wittelsbacher ou les Wettiner.
[...]
[1] LEONHARDT, Rudolf Walter : Eine Lanze für die Länder. Von Georgien bis Ulster: Nur Regionen können Heimat sein ; DIE ZEIT du 12 octobre 1990, p. 98.
- Citar trabajo
- Andreas Ludwig (Autor), 2007, Le fédéralisme allemand, Múnich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/119047