Albert Camus, grand écrivain du XXème siècle a accédé à la célébrité grâce à la publication, en 1942, de son roman intitulé L'Etranger. Malgré certaines critiques hostiles inspirées par l'idéologie ambiante, cet ouvrage a remporté un vif succès qui n'a cessé de s'intensifier avec le temps. C'est pourquoi, il n'a pas seulement été publié, mais également été porté à la scène et à l'écran. Il existe aussi un enregistrement de la lecture qu'Albert Camus a lui-même réalisé. Cette œuvre reste dans les mémoires à jamais de part sa contribution à la remise en cause de la société de l'époque et surtout du système judiciaire.
A première vue, la lecture en est facilitée par la simplicité de son style d'écriture. Même sa structure semble bien visible puisqu'elle est divisée en deux grandes parties qui sont elles-mêmes subdivisées en sous-parties. Néanmoins, Sartre et de nombreux autres écrivains se sont penchés sur les secrets de ce roman et en ont déduit qu'il n'était pas aussi simple qu'il en avait l'air. Par conséquent, il serait judicieux de se demander si L’Etranger comporte des paradoxes ou des ressemblances.
Nous verrons donc les deux points suivants : d'une part, les oppositions flagrantes et d'autre part, les parallélismes pertinents pour montrer leurs rôles.
Sommaire
Introduction
I ] Les oppositions
1.1 ) Entre espace ouvert et espace fermé
1.2 ) Entre écriture objective et écriture subjective
1.3 ) Entre Meursault et la société
II ] Les parallélismes
2.1 ) Entre la scène de l'enterrement et celle du meurtre de l'Arabe
2.2 ) Entre la morgue et le tribunal
2.3 ) Entre la cellule et l'appartement de Meursault
Conclusion
Bibliographie
Introduction.
Albert Camus, grand écrivain du XXème siècle a accédé à la célébrité grâce à la publication, en 1942, de son roman intitulé L'Etranger. Malgré certaines critiques hostiles inspirées par l'idéologie ambiante, cet ouvrage a remporté un vif succès qui n'a cessé de s'intensifier avec le temps. C'est pourquoi, il n'a pas seulement été publié, mais également été porté à la scène et à l'écran. Il existe aussi un enregistrement de la lecture qu'Albert Camus a lui-même réalisé. Cette œuvre reste dans les mémoires à jamais de part sa contribution à la remise en cause de la société de l'époque et surtout du système judiciaire.
A première vue, la lecture en est facilitée par la simplicité de son style d'écriture. Même sa structure semble bien visible puisqu'elle est divisée en deux grandes parties qui sont elles-mêmes subdivisées en sous-parties. Néanmoins, Sartre et de nombreux autres écrivains se sont penchés sur les secrets de ce roman et en ont déduit qu'il n'était pas aussi simple qu'il en avait l'air. Par conséquent, il serait judicieux de se demander si L’Etranger comporte des paradoxes ou des ressemblances.
Nous verrons donc les deux points suivants : d'une part, les oppositions flagrantes et d'autre part, les parallélismes pertinents pour montrer leurs rôles.
I ] Les oppositions.
Bien qu'il y ait de nombreuses contradictions dans L'Etranger, dans cette première partie, nous ne mettrons en évidence que les trois les plus importantes afin d'essayer d'en faire ressortir une signification.
1.1 ) Entre espace ouvert et espace fermé.
Nous constatons que la plupart du roman se déroule dans un espace fermé. En effet, presque toutes les scènes se passent dans la ville d'Alger, en Algérie et principalement au sein de pièces. Nous pouvons souligner que
L'espace urbain, comme il se doit, s'organise dans une géométrie bien précise, fondée sur une répétition emboîtée d'une même forme fermée, cercle ou carré. Les mouvements de Meursault seront donc déterminés par cette géométrisation de l'espace, son univers étant toujours limité par une clôture, une enveloppe, un cadre[1].
Et cela se retrouve aussi bien dans la première partie de l'œuvre comme par exemple dans l'appartement de notre personnage principal et narrateur, Meursault, que dans la seconde partie, dans les bureaux, au tribunal ou dans sa cellule en prison. Ces espaces bien délimités qui sont des points de repères pour Meursault lui donnent un sentiment de sécurité. Cette impression est accentuée par les habitudes entre son emploi et ses repas au restaurant chez Céleste et de sa vie banale. C'est pourquoi il aime sa vie comme elle est et ne veut rien y changer, comme il le dit lui-même lors de l'offre de son patron pour aller travailler à Paris : « J'ai répondu qu'on ne changeait jamais de vie, qu'en tout cas toutes se valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout [...] je ne voyais pas de raison pour changer ma vie. En y réfléchissant bien, je n'étais pas malheureux »[2].
Mais face à cet espace clos, une antithèse apparaît : les scènes de l'enterrement de la mère de Meursault et celle du meurtre de l'Arabe se produisent dans un espace totalement ouvert, hors d'Alger « où s'abolissent dimensions et divisions, où chemins et points de repère font défaut »[3]. Ces deux séquences sont également appuyées par une description très riche de la nature qui renforce l'impression que les événements se succèdent linéairement. Cet « espace sans limites ni points de repère [symbolise] la liberté totale d'un homme [Meursault] dans le vide des éléments naturels »[4].
Par ailleurs, c'est bien dans ce même espace ouvert que surgit une sous-opposition, au niveau de la nature. Au début des deux scènes précédemment citées, le narrateur aime la nature car elle lui fait du bien : le soleil lui évoque une belle journée en perspective, la terre est fraîche et la mer est rafraîchissante et éclatante ; ces trois éléments réunis vont même jusqu'à personnifier le plaisir, la sensualité, voire l'amour, comme c'est le cas dans l'eau et sur la plage entre Meursault et son amie Marie. Cependant, au fur et à mesure que nous avançons dans l'histoire, la nature prend un aspect de plus en plus menaçant : le soleil devient insupportable, la terre vire au rouge vif, l'eau éblouit et la mer brûle. Par conséquent, c'est dans ces deux scènes en plein air que « Meursault doit affronter les éléments naturels sans la médiation d'un espace enveloppant et protecteur »[5]. Nous en déduisons donc que trop de libertés lui fait peur. D'où le fait qu'il aime toujours revenir à un espace fermé après avoir subit une scène dans un espace ouvert. C'est notamment le cas après l'enterrement de sa mère où il est heureux de revenir dans son Alger habituel : « ma joie quand l'autobus est entré dans le nid de lumières d'Alger et que j'ai pensé que j'allais me coucher et dormir pendant douze heures »[6]. Dans cette phrase, le mot « nid » est une métaphore qui reflète bien l'idée de sécurité et de bien-être que nous avons notée auparavant.
C'est justement cette première opposition constatée entre l'espace fermé et l'espace ouvert qui paraît tout au long de L'Etranger puisque quand Meursault demeure dans un espace clos, il est à la recherche de liberté et donc d'espace à l'extérieur. Mais à l'inverse, quand il figure dans un espace ouvert, il finit par vouloir retourner vers un espace fermé.
1.2 ) Entre écriture objective et écriture subjective.
Un autre point important à prendre en compte, c'est le style d'écriture. Depuis la parution du livre Le Degré zéro de l'écriture de Roland Barthes, L'Etranger a été répertorié dans les œuvres dites à écriture blanche ou au degré zéro, c'est-à-dire avec une écriture objective. Cela est justifié par le langage banal, la syntaxe parfois même élémentaire et les phrases courtes, voire très courtes se limitant parfois simplement aux affirmations « oui » ou « non ». Les phrases n'ont généralement rien à voir entre elles. « Entre chaque phrase et la suivante le monde s'anéantit et renaît [...] ; une phrase de L'Etranger, c'est une île. Et nous cascadons de phrase en phrase, de néant en néant »[7]. Par ailleurs, comme le personnage principal donne « une description faite uniquement du dehors, privée de toutes les fausses explications subjectives »[8], nous avons donc l'impression qu'il est un homme vidé de tous sentiments, de toutes émotions comme lors de l'enterrement de sa mère. Ceci est encore appuyé par le fait que ce dernier n'a pas de prénom, pas vraiment de relations familiales et amicales, pas de jugement sur les gens et nous ne pouvons que supposer d'après sa réflexion lorsqu'il est en prison qu'il a la trentaine.
[...]
[1] Georges Pomet, « La Structure de l'espace dans « L'Etranger » », Etudes françaises VII 2 (1971), 361.
[2] Albert Camus, L'Etranger (Frankfurt/Main : Diesterweg, 1975), 32.
[3] Pomet, 364.
[4] Ibid, 368.
[5] Ibid, 361.
[6] Camus (1975, 17).
[7] Jean-Paul Sartre, « Explication de L'Etranger », in : Jean-Paul Sartre (Hg.), Situations I (Paris : Gallimard, 1947), 117.
[8] Maurice Blanchot, Faux pas (Paris : Gallimard, 1987), 251.
- Quote paper
- Sylvie CREUZET (Author), 2008, Parallélismes et oppositions dans l'Etranger d'Albert Camus, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/93128
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