Universität Regensburg
Hauptseminar: Christian Garcin – Ästhetik des Minimalen
Un essai sur les poèmes de Christian Garcin compilés dans « Les Cigarettes »
von Kai Hühne
2006
Cher lecteur, imaginez-vous une scène qui s’incorpore dans la grisaille de votre vie quotidienne et écrivez un poème là-dessus - mais au lieu de vous plaindre que le seul effet de cette tâche soit que vous vous rappelez qu’au début de la nouvelle semaine le train-train de la vie quotidienne reprendra de nouveau, faites au lieu de cela un petit exercice : imaginez-vous que les événements les plus banaux de la morne routine des jours ouvrables soit une rue jalonnée de mystères. Respirez en outre l’air sur cette rue – il est truffé des sentiments, des événements inattendus. Au cas où vous seriez maintenant porté à vous détacher moralement de moi, laissez-moi vous donner l’assurance que le « mystère » n’a aucun rapport avec des louches forces métaphysiques dont l’existence peut toujours être remise en question.
Cher lecteur, imaginez-vous une scène qui s’incorpore dans la grisaille de votre vie quotidienne et écrivez un poème là-dessus - mais au lieu de vous plaindre que le seul effet de cette tâche soit que vous vous rappelez qu’au début de la nouvelle semaine le train-train de la vie quotidienne reprendra de nouveau, faites au lieu de cela un petit exercice : imaginez-vous que les événements les plus banaux de la morne routine des jours ouvrables soit une rue jalonnée de mystères. Respirez en outre l’air sur cette rue – il est truffé des sentiments, des événements inattendus. Au cas où vous seriez maintenant porté à vous détacher moralement de moi, laissez-moi vous donner l’assurance que le « mystère » n’a aucun rapport avec des louches forces métaphysiques dont l’existence peut toujours être remise en question.
Il s’agit, par contre, de trouver un mysticisme dans les sphères de l’immanence, c’est-à-dire dans le monde matériel que chacun d’entre nous est capable de percevoir avec ses cinq sens, et absolument pas dans la sphère de la transcendance. Quels sont donc les sentiments évoqués en vous aussitôt avoir abordé cette tâche ? Seriez-vous en mesure de décrire des événements apparemment banaux tels que le rite de fumer « les cigarettes », de faire des vers sur une « araignée » qui gratte à travers le plancher de la cuisine, sur quelques « tantes » qui se répandent en des paroles xénophobes (Comment d’ailleurs conférer de l’esthétique à un poème là-dessus, toujours est-il que le sens esthétique est inextricablement lié à la rédaction d’un poème. Où y aurait-il une esthétique du banal, du primtif, de l’abominable. Toutes ces questions méritent d’être abordées) ?
Que vous le jugiez faisable d’écrire des poèmes là-dessus qui réussissent à surprendre le lecteur ou non : Christian Garcin sait bien le faire en insistant que même les fils d’une araignée ont du potentiel esthétique : « une araignée [...] crache ses invisibles fils entre le planisphère ». C’est par moyen de l’analogie entre le microcosme et le macrocosme, un théorème sur lequel se base la philosophie hermétique dont le fondateur Hermès Trismegristros a exprimé que le monde et l’homme forment une unité inséparable, donc une corrélation entre des entités minuscules d’un côté et ceux qui sont assez grandes de l’autre que Garcin lie des éléments apparemment disparates. Au niveau de la microstructure, il s’agit d’une synecdoque. Auriez-vous jamais pensé qu’il y ait un lien, une cohésion sémantique, entre le « paysage de lande » (l. 7) et un ordinateur Macintosh (l. 8) ? Dans la vie quotidienne, on dirait les deux entités n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Néanmoins, Garcin réussit bien de donner de la nécessité à ce que paraît tellement arbitraire en appliquant le principe d’équivalence : des paradigmes entre lesquels il y a bien un rapport logique sont enchaînés sur l’axe syntagmatique et linéaire : c’est ainsi que Garcin est en mesure de légitimer que les fils de l’araignée « reli[ent] l’Alaska de plastique au soleil garni de juteux mocherons (l. 15, 16)».
Mais quel est l’effet produit par l’assimilation des lexèmes entre lesquels un linguiste qui se réfère au principe de l’arbitrarité saussurienne entre le signifiant et le signifié ne verrait jamais aucun rapport logique ? - L’effet consiste en bouleversant l’isotopie sémantique conventionnelle auquel s’attend le lecteur assommé qui croit que la vie ainsi que la littérature sont dépourvues d’innovation: ce que Garcin veut faire, c’est donc de désautomatiser : dans les tantes, le moi lyrique commence à décrire une tante paternelle qui apporte « les roses en bouquets couleur de rouge à lèvres » (l. 1, 2) à la réunion familiale, ce qui ne frapperait jamais le lecteur. Qu’aurait-il de plus conventionnel ? Et le fait que ladite tante Fernande ait passé des années au Congo sans qu’elle soit en mesure de parler « un mot d’espagnol » (l. 5) n’a rien de spectaculaire. Mais dès que l’épithète « sainte Thérèse » (l. 12) est placé en tête de l’énoncé que Fernande croit « les noirs [...] une race inférieure d’idiots sournois et dangereux », le lecteur ne sait vraiment plus à quel saint se vouer : pourquoi comparer la xénophobie à un trait de caractère qui est plutôt propice à décrire une sainte ? Cette antithèse sert à rompre avec l’isotopie sémantique conventionnelle : autour du champ lexical « saint », un cérébral quelconque escomptait des traits tels que le bénévolat, la douceur de caractère et une tolérance menant à une vision du monde qui est marquée par le pluralisme – de quelle grande envergure est donc l’effet de distanciation quand le lecteur ne discerne qu’un seul trait qui n’est en rien compatible avec le contexte : la xénophobie !
Maintenant je voudrais vous inviter à découvrir les fils dont se compose (tout en sachant que c’est dans la nature des choses qu’un « textus » consiste de « tissus » : mais il faut mettre en pratique de percevoir la beauté dans ce qui paraît tellement évident, si banal : prenez-donc le temps afin de vous imaginer la beauté ou alors la laideur des composants des poèmes) un poème de Christian Garcin : Il s’agit maintenant de vous présenter une analyse métrique. Mais j’aurais une demande pressante : ne vous attendez pas au modèle lyrique conventionnel que la forme reflète jusqu’au moindre détail le contenu et vice versa. Faites abstraction de telles cooccurrences.
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- Kai Hühne (Autor:in), 2006, Sur les poèmes de Christian Garcin compilés dans 'Les Cigarettes', München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/69964
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