Les premiers pas des médias ont débuté après l’invention de l’impression par Gutenberg. Les techniques de l’écrit sont donc le départ de l’histoire des médias. Dans ses rudiments le livre et la presse écrite, les premiers médias, étaient essentiellement un moyen de diffusion de la bible et d’autres œuvres importantes ainsi qu’une source d’information. Ces médias n’étaient pas accessible à tout le monde : « ...bien peu étaient en mesure de lire un livre. » (Fin 15ème siècle). La montée des médias s’est faite ensuite très rapidement depuis le 19ème siècle grâce à des évolutions techniques importantes.
Le passé nous a démontré le rôle important des médias comme organe de contrôle de la politique, ainsi que de la justice (grâce aux découvertes révélations).
Malheureusement l’information est devenue une marchandise, quelque fois à haut prix, et le journalisme est devenu une lutte pour l’actualité : aujourd’hui nous vivons dans une ère de communication, d’information. Les médias sont devenus omniprésents et nous occupent tous les jours. Leur pouvoir d’influence leur a donné un deuxième nom : le quatrième pouvoir.
Pendant les deux siècles passés les médias ont rarement été mis en cause, il semble alors que les médias n’étaient pas considérés comme très influent, à cause du fait qu’une accusation doit passer par les médias pour atteindre un maximum de personnes et les médias ne vont pas s’accuser eux-mêmes.
Balzac disait déjà de la presse : « si elle n’existait pas, il ne faudrait surtout pas l’inventer » et dans la Revue parisienne d’août 1840 : « ..elle attaque tout et personne ne l’attaque. Elle blâme à tort et à travers. ; ..ils (les hommes de la presse) font et disent des sottises effroyables, c’est leur droit ! Il est bien temps de discuter ces hommes inconnus et médiocres ».
Les médias ont également fortement été mis en cause dans les années 1970, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Entre ces deux époques (Balzac – 1969) les médias étaient « tranquilles » et de nos jours il semble que les esprits se sont calmé. Bien que quelques intellectuels, académiciens et politiciens soulignent toujours et d’autant plus l’influence des médias sur la société (en France plus qu’en Allemagne), le grand discours public ne se produit pas. Il semble que les médias profitent d’un statut spécial.
Inhaltsverzeichnis
I. L’éthique, les médias et la société
1. Introduction
2. La Morale
3. L’Ethique
4. La conversion
5. Les médias et l’auditoire
6. Les différents niveaux d’influence par média
A) La télévision
B) La radio
C) La presse écrite
D) Le cinéma
E) Le livre
F) L’Internet
7. La responsabilité des médias comme organe de contrôle
II. L’influence des médias sur l’opinion publique
1. La société d’information
2. L’imposition d’une éthique
3. L’opinion publique
4. Les différentes phases d’influence des médias au 20ème siècle
5. L’influence de l’opinion des médias sur la société
L’empire Berlusconi
6. La réciprocité entre l’opinion des médias et l’opinion de la société
7. Conclusion de cette partie
III. L’influence des médias sur les valeurs de la société
1. Les valeurs de la société et des médias
2. L’influence de l’image de la femme des médias sur la société
3. L’influence sur les enfants et mineurs
4. La presse people
5. La publicité : le porte-voix des entreprises
6. Les médias influencés par le monde des affaires
7. La réciprocité entre les valeurs dans les médias et les valeurs de la société
8. Conclusion de cette partie
IV. La concentration du pouvoir et l’homogénéisation dans les médias..
1. La concentration du secteur des médias sur le plan global
A) Time Warner Inc
B) Bertelsmann
C) Vivendi Universal
D) Walt Disney Company
E) Viacom
F) News Corporation
2. La concentration de la presse française
3. La disparition de la pluralité de l’information
4. Conclusion de cette partie
V. Synthèse et la question du contrôle des médias
1. L’influence des Etats-Unis sur notre culture de média
2. L’éthique journalistique comme solution 71 Les limites
3. Approche éthique (grecque) des points de vue moraux proposés par le monde des affaires et les médias
4. L’homme éthique - « l’organe » de contrôle futur des médias ?
VI. Conclusion générale
VII. Bibliographie
Remerciements
Tout d’abord, je souhaite remercier tous les philosophes et tous les grands penseurs que notre monde a connus, qui ont su nous donner des débuts de réponses aux questions importantes et fondamentales de notre vie médiocre et ignorante
Dans le cadre de mon travail je tiens à remercier mon tuteur, Monsieur Gérard Lemarié Je veux aussi dire merci à tous ceux qui ont participé à la réalisation finale de ce travail :
Michel Croset, Julian Fabarius et une dédicace spéciale à ma mère et à mon père, Imme et Christian Bourdier, pour la lecture critique de ce mémoire et leurs commentaires et suggestions.
Last but not least, je voudrais remercier ma fiancée, Carmen Gauger, pour son soutien moral.
« Le Cesem n’entend donner aucune approbation ou implication aux opinions émises dans le mémoire : ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. »
I. L’éthique, les médias et la société
1. Introduction
Les premiers pas des médias ont débuté après l’invention de l’impression par Gutenberg. Les techniques de l’écrit sont donc le départ de l’histoire des médias. Dans ses rudiments le livre et la presse écrite, les premiers médias, étaient essentiellement un moyen de diffusion de la bible et d’autres œuvres importantes ainsi qu’une source d’information. Ces médias n’étaient pas accessible à tout le monde : « ...bien peu étaient en mesure de lire un livre. »1 (Fin 15ème siècle). La montée des médias s’est faite ensuite très rapidement depuis le 19ème siècle grâce à des évolutions techniques importantes.
Le passé nous a démontré le rôle important des médias comme organe de contrôle de la politique, ainsi que de la justice (grâce aux découvertes révélations).
Malheureusement l’information est devenue une marchandise, quelque fois à haut prix, et le journalisme est devenu une lutte pour l’actualité : aujourd’hui nous vivons dans une ère de communication, d’information. Les médias sont devenus omniprésents et nous occupent tous les jours. Leur pouvoir d’influence leur a donné un deuxième nom : le quatrième pouvoir.
Pendant les deux siècles passés les médias ont rarement été mis en cause, il semble alors que les médias n’étaient pas considérés comme très influent, à cause du fait qu’une accusation doit passer par les médias pour atteindre un maximum de personnes et les médias ne vont pas s’accuser eux- mêmes.
Balzac disait déjà de la presse : « si elle n’existait pas, il ne faudrait surtout pas l’inventer » et dans la Revue parisienne d’août 1840 : « ..elle attaque tout et personne ne l’attaque. Elle blâme à tort et à travers. ; ..ils (les hommes de la presse) font et disent des sottises effroyables, c’est leur droit ! Il est bien temps de discuter ces hommes inconnus et médiocres ».2
Les médias ont également fortement été mis en cause dans les années 1970, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Entre ces deux époques (Balzac - 1969) les médias étaient « tranquilles » et de nos jours il semble que les esprits se sont calmé. Bien que quelques intellectuels, académiciens et politiciens soulignent toujours et d’autant plus l’influence des médias sur la société (en France plus qu’en Allemagne), le grand discours public ne se produit pas. Il semble que les médias profitent d’un statut spécial.
Le débat que je vais mener au long de mon mémoire est différent de celui qui existe à l’heure actuelle. Je vais tenter d’analyser le sujet avec une approche différente.
Ce travail ne constitue donc en aucun cas un discours contre les médias en général, mais une vue critique et approche éthique de ces derniers vis-à-vis de leur influence sur la société, à mon avis très importante et de plus en plus croissante. Je pense que cette influence est surtout inquiétante au niveau des « valeurs » matérielles et extérieures (les apparences) qui jouent de nos jours un rôle importantes dans la culture occidentale, ainsi qu’au niveau de l’opinion politique (et publique). Pour cette raison, je vais discuter ces deux points en particulier, puis parler de la concentration du pouvoir. Finalement, pour conclure ce mémoire, je ferai une synthèse avec des suggestions et propositions pour l’avenir.
Mon travail est basé sur les termes « éthique » et « morale » qui sont ici appliqués dans leur sens philosophique. Pour cela il est très important de bien distinguer les deux notions et de bien les comprendre. Je vais tenter ceci en premier.
2. La Morale
Définition du dictionnaire :3 (Latin: moralis = mœurs)
1. Ensemble de normes, conduite tenues pour universellement valables.
2. PHILOSOPHIE : Théorie de règles de conduite propres à une société donnée.
3. Ensemble des règles du bien et du mal, fixant par des énoncés normatifs les fins de l'action humaine.
Etant l’ensemble des normes dans notre société, la morale est omniprésente. Le philosophe Immanuel Kant l’appelle l’impératif catégorique car il s’agit d’une obligation absolue et permanente de suivre. Sa « loi des mœurs » (Sittengesetz) s’énonce comme suit : « Du sollst das Gute tun » (Tu dois faire le bon).4
Il s’agit donc de devoirs que je suis tenu d’accepter, même si « je ne veux pas ».
La morale est transcendante, ce qui veut dire dans ce cas là qu’elle vient d’en haut. Elle existe depuis toujours et ne connaît donc ni contrainte de temps ni d’espace. On ne peut pas voir la morale (le bien), elle est UNE est UNIVERSELLE. On ne peut définir LE bien. Il existe plusieurs (beaucoup de) sortes de bien. Par exemple, le protagoniste dans « Le bon homme de Sezuan » de Berthold Brecht fait beaucoup de bien, mais on ne peut pas dire qu’une de ces choses est LE bien.
Ses actions sont toutes « bien » de la même façon. Un autre exemple serait quelqu’un qui sauve une ou plusieurs personnes, il a fait une bonne action, mais ce n’est pas LE bien. Contrairement au bien, le mal n’est pas un et universel. On peut le voir et le déterminer. Il est Multiple. Une guerre est par exemple LE mal, ainsi qu’un meurtre ou un viol. Toutes ces choses sont LE mal.
La morale constitue un chemin collectif et la question se pose ainsi : Que devons NOUS faire ? Qu’est-ce qui est bien pour le collectif, pour la société. La morale, ou le monde des lois et des normes, s’oppose donc à l’individuel, le monde de la propre liberté. Cela débouche dans un conflit où souvent la morale reste inconsciemment et instinctivement le vainqueur.
Agir d’une façon morale n’est pas forcément toujours visiblement une action « bonne » mais surtout une action collective (l’action collective sera dans sa finalité « bonne » vue qu’elle ne nuit pas à la société, à l’organisation sociale).
La morale est présente dans chaque individu a priori, ce que Kant appelle la conscience morale. C'est-à-dire qu’elle ne nécessite pas d’expérience comme l’impératif hypothétique. Elle est là depuis toujours et elle restera toujours là. Chacun ressent la présence de cette conscience.5
Î La morale est une manière collective de répondre à des questions générales.
3. L’Ethique
Définition du dictionnaire :6 (Grec : êthikos = moral)
1. Partie de la philosophie qui étudie les fondements de la morale.
2. Ensemble de règles de conduite.
Le nom « éthique » est expliqué de façon moins détaillée dans le dictionnaire que celui de la « morale ». Cela montre que dans le sens commun « éthique » est majoritairement utilisé comme synonyme de « moral », la distinction n’est donc pas faite dans la vie quotidienne. En philosophie, par contre, il y a une forte différence entre ces deux mots. Le sens du mot éthique tel qu’il est expliqué dans les lignes suivantes va servir comme base d’interprétation et d’argumentation pendant ce travail.
En gros on pourrait dire que l’éthique c’est ce que chaque homme doit être et les moyens qu’il a de l’être. L’éthique sort de l’être qui la trouve en lui. Friedrich Nietzsche : « Deviens ce que tu es. Fais ce que toi seul peut faire. » (Extrait de « Ainsi parlait Zarathoustra »)
L’éthique est normative et hypothétique : selon Kant l’impératif hypothétique (contrairement à l’impératif catégorique au niveau de la morale). Celui-ci représente le pendant de la morale, des normes et lois imposées, car l’éthique constitue une démarche individuelle, contrairement à la démarche collective de la morale. La question est donc la suivante : Que puis-je faire pour être heureux ? Il ne s’agit donc plus de la question « qu’est-ce qui est bien ? », mais plutôt « qu’est-ce qui est bon pour moi ? ».
Le conflit entre impératif catégorique et hypothétique exige une unité. Celle-ci, donc une résolution du conflit, peut être atteinte selon Kant par « le monde des sentiments ».7
Les sentiments permettent de découvrir le désir et l’envie, ainsi que le déplaisir, ce qui conduit à la découverte des lois du bien et de la beauté grâce au jugement esthétique.
Le pur suivi de sa propre éthique est entièrement individuel et ainsi égoïste. Si tout le monde agissait de telle façon, ce ne serait pas forcément bien, cela déboucherait á l’anarchie (an - archie = sans modèle), une vie collective ne serait donc point possible.
La monarchie (mon - archie = mon (un) modèle) est un exemple d’éthique imposée, donc d’une éthique qui devient morale. C’est une fausse éthique car quelqu’un qui s’est décidé pour le chemin individuel, dit éthique, ne cherchera jamais d’imposer son éthique. Ce n’est pas dans la nature de l’éthique de convaincre d’autres personnes de sa propre éthique.8
Î L’éthique est une manière particulière/individuelle de répondre à des questions générales.
4. La conversion
A mon avis, il faut toujours voir la définition de l’éthique en rapport avec celle de la conversion que je vais décrire par la suite.
La conversion est une rupture radicale et définitive avec le chemin collectif, dite la morale. Ce changement est marqué par le chemin de la morale provisoire sur laquelle on se trouve jusqu’à ce qu’on est définitivement sur le chemin individuel. On peut demeurer jusqu’à la fin de sa vie sur cette morale provisoire, une reconversion vers la morale est donc toujours possible.
On peut distinguer deux types de conversion. Premièrement l’approche grecque par Epistrophé qui dit que n’importe quel individu peut la réussir. Elle consiste en trois étapes. La conversion se fait par un détournement des apparences, puis le retour sur soi et la connaissance de soi. Deuxièmement, l’approche chrétienne (Métanoia) part du fait que la conversion tombe sur quelqu’un. Tout le monde ne peut ainsi pas être converti, il y a quelques « élus ».
Il existe différentes décisions d’aller en éthique : (les trois ordres de Pascal)
- matière/désir
- raison/pensée
- cœur/amour/charité
Une décision d’aller vers l’éthique avec une conversion telle qu’elle est expliquée plus haut est seulement possible par le cœur et la pensée.
Tout autre décision aboutit à une fausse éthique basée sur l’apparence, une chimère. Une telle éthique sont l’opportunisme, l’imposture ou l’égoïsme. L’éthique est individuelle et égoïste, respectivement l’égoïsme fait évidemment partie de l’éthique, mais l’égoïsme n’est pas une éthique avec conversion.
L’opportunisme, par exemple, est la décision d’aller en éthique par le désir, la matière ou par la raison et non pas par le cœur. Une autre façon de fausse éthique est le fait d’imposer son éthique à d’autres personnes. L’éthique est unique et individuelle, elle ne peut donc pas être imposée à d’autres, ce désir n’existe même pas.
Bien que ces exemples soient des éthiques développées pour soi-même, ils font partie de la morale, car on n’a pas vécu la rupture par la conversion avec le coeur.
Les quatre remèdes d’Epikur explicitent la nécessité de la conversion par le cœur afin de vivre une vie éthique :
1) vouloir avoir ce que je n’ai pas
2) vouloir être ce que je suis
3) vouloir savoir où je vais
4) vouloir avoir une vie éthique et non pas morale 9
5. Les médias et l’auditoire
Prof. Dr. Hans Wagner (traduit de l’allemand) : « Les potentiels d’impact de la communication de masse sont à chercher primordialement dans les médias. »10
Tout d’abord, nous vivons dans une démocratie et les médias font partie de celle-ci. Il faut donc les accepter, ils ont besoin de nous, mais nous avons aussi besoin d’eux afin que notre démocratie puisse fonctionner. Néanmoins, « cette démocratie est influencée par les médias »11 et il faut vérifier dans quelle mesure.
En parlant des médias, je vais prendre en compte toute sorte de médias - télévision, presse écrite, radio, cinéma, livre, Internet - mais l’accent sera fait sur les mass médias (c’est à dire la télévision, la radio et la presse écrite), notamment la télévision car elle représente à mon avis le plus grand danger en terme de véhicule de mots et d’images à l’heure actuelle : « C’est peu dire que reconnaître que la télévision est le plus puissant des médias. »12
En terme de focalisation géographique, je vais essayer de parler dans la mesure possible des médias « en général », en sachant que toute ma propre expérience vient des médias en France et en Allemagne.
La télévision est considérée parmi la population comme le média le plus crédible parce que les mots sont soulignés par des images, donnant aux spectateurs la possibilité de véritablement voir ce qui se passe dans le monde entier, et d’avoir ainsi une forte impression de réalité et de vérité. Le « seeing is believing » domine à la télévision.13
L’homme se fait une image de la réalité à partir de ses expériences de vie et aujourd’hui aussi à partir des médias. Chaque individu s’oriente à partir de cette image et ces stéréotypes. C’est pour cela que je vois la télévision comme danger principal par rapport à la question centrale qui est l’influence des médias sur les valeurs et opinions de la société.
Etant le média le plus crédible pour la majorité de ses spectateurs, la télévision a le plus d’influence sur l’image de réalité qu’ils ont.
6. Les différents niveaux d’influence par média
Afin d’avoir une vue d’ensemble de la présence des médias dans notre société, il est utile d’analyser les différents médias et leur développement, leur pénétration et acceptation. Ceci nous donnera la possibilité d’estimer l’importance et l’influence de chaque média sur les valeurs et les opinions de notre société :
A) La télévision
L’invention de la télévision date des années 1936-1938. L’extension du réseau et l’expansion de la télévision se sont déroulés dans la période des années 1950. Depuis 1960 la télévision affirme sa position dominante concernant divertissement et information.14
Je pense qu’il est important de distinguer la télévision de l’Etat et la télévision privée. Les chaînes privées ne sont que des entreprises, ce que l’on a tendance à oublier, qui suivent les contraintes et les conditions du marché. Les chaînes publiques aussi mais grâce à la redevance et l’aide de l’Etat leur statut est quand même particulier et différent. Je pense qu’on peut dire que le danger d’imposition d’une éthique est moins imminent chez les chaînes publiques mais il est toutefois présent.
L’arrivée des chaînes privées en 1985 a fait de la télévision le premier des mass média en France comme en Allemagne. Depuis, l’importance des chaînes publiques est en déclin. En Allemagne, ce phénomène est d’autant plus important que les médias et la société allemande sont plus influencés par les Etats-Unis.
Les Etats-Unis jouent un rôle de pionnier dans notre société d’information. La France a pour l’instant eu la chance d’être moins envahie par les américains grâce à sa mentalité quelquefois antiaméricaine, et grâce à une vue critique de tout ce qui venait d’outre atlantique dans la société française. De plus, la France a su se protéger contre de telles « attaques » sur sa propre culture par les quotas. L’Allemagne subit d’après moi à l’heure actuelle les conséquences de ne pas avoir imposé des quotas pendant les deux dernières décennies. Ce point est à mon avis assez important si l’on parle de l’influence des médias et j’y reviendrai plus tard.
La télévision est le média préféré parmi la population pour avoir des nouvelles (être au courant de ce qui se passe), avoir des explications détaillées sur un événement, comprendre un sujet de fond et connaître les points de vue différents qui existent sur un même sujet. Pour la majorité de la population c’est donc le média le plus apprécié et crédible.
En 2002, 94% des foyers français étaient équipé d’une télévision, 30% avaient même 2 postes et 8%
3 postes. En moyenne, le Français (4 ans et plus) regarde la télévision 3 heures et 20 minutes par jour, la moyenne mondiale est supérieure à la française de 3 minutes. Il existe deux types de spectateurs : les « gros » et les « petits ». Ces premiers ne font que 30% de l’ensemble du public, mais 50% de l’audience globale de la télévision.15
Une affirmation de Pierre Bourdieu explique bien le pouvoir de la télévision et sa dimension d’influence : « .. la télévision peut rassembler en un soir devant le journal de 20 heures plus de gens que tous les quotidiens français du matin et du soir réunis. »16
Aujourd’hui, la télévision est entrée dans une nouvelle ère : l’ère numérique. Ainsi, les fournisseurs sont capables d’offrir du « sur mesure » et « à la demande ». Le spectateur peut davantage participer et prendre un rôle interactif du genre Internet. Il a plus de possibilité de choisir ce qui lui convient, ainsi la soumission des médias à l’audimat augmente encore plus et le caractère commercial des médias, en l’occurrence de la télévision, s’accroît.
B) La radio
La radiodiffusion dite « sonore » (car « radiodiffusion » comprend la radio et la télévision), donc le message hertzien, a été inventé en 1899 en Grande-Bretagne. Cette découverte symbolise la même importance pour la radio que l’invention de l’imprimerie pour la presse écrite et l’édition de livre. C’est au début des années 1920 que la radio prend d’importance en tant que média social.17 La radio a connu sa grande époque d’influence dans les années 1930 en tant que moyen de propagande dans les pays avec régimes totalitaires comme l’Allemagne ou l’Union soviétique. Surtout Hitler a abusé de la radio mais aussi du cinéma pour ses objectifs.
De nos jours la radio est surtout un moyen de distraction par la musique ou de l’information. Cela a amené les spécialistes à relativiser l’influence de la radio, notamment sur l’opinion politique, depuis l’après-guerre.18
Grâce aux nouveaux moyens de distribution (câble et satellite) qui apparaissent au milieu des années 1970, la radio a pris une place plus importante. L’augmentation des chaînes diversifie son programme. Une segmentation de l’audience entraîne une spécialisation des chaînes. La radio a aussi évolué dans le sens d’une décentralisation : l’essor de la radio moderne telle que l’on la connaît aujourd’hui est marqué par une augmentation des petites chaînes locales.
En France, la radio occupe, d’après moi, une place plus importante qu’en Allemagne. Les quotas ont su maintenir la radio comme diffuseur important de la culture française ce qui a l’air d’être très apprécié par les Français. Ceux-ci ont écouté la radio au cours de la saison 2001-2002 en moyenne 190 minutes par jour. Les chaînes les plus diffusées (NRJ, RTL, France Inter, France Info) atteignent plus de 5 millions d’auditeurs (2002).19
La segmentation est fortement développée en France. Les chaînes nationales sont très répandues et se spécialisent afin de viser une certaine cible. Tandis qu’en Allemagne, les chaînes régionales ont plus de succès et se ressemblent fortement les unes aux autres.
La radio semble être le média le plus crédible. C’est le résultat d’une étude faite en 2002. Les choses se sont passées à 55% vraiment ou à peu près comme l’avait raconté la radio. Il ne s’agissait donc pas d’une étude auprès de la population. La télévision figure à la deuxième place avec 45%, suivi par les journaux 44%.20
C) La presse écrite
Bien que l’imprimerie ne fût inventée en Europe qu’au 15ème siècle, des journaux apparaissent avant l’invention de Gutenberg. Néanmoins, le premier journal tel qu’on le connaît aujourd’hui ne né que deux cents ans après la sortie du premier livre, c’est « La Gazette » de Renaudot en 1631. Le tirage était de 1200 exemplaires.
En Europe, la presse de masse ne naît qu’au 19ème siècle. Les journaux profitent de la croissance industrielle et d’une pensée davantage libérale qui est basée sur la libre entreprise et la concurrence.21
Ce média garde une forte position en France. Sur le plan régional et départemental, 37,5% des Français lisent chaque jour un quotidien, ce qui représente près de 20 millions de Français. Le taux de pénétration atteint dans quelques régions les 50% ou 60% (Alsace et Bretagne). En ce qui concerne les magazines près de 63,4% des Français en lisent un chaque jour dont les hebdomadaires télé représentent la plus grande partie.22
En 2002, pratiquement un Français sur cinq, calculé à partir de la population française des 15 ans et plus résidants en France, lisait un quotidien national chaque jour (17,8%), le temps moyen de lecture s’élevait à 31 minutes. Le lecteur de cette presse est majoritairement masculin (60%), jeune (2 sur 3 moins de 50 ans) et instruit (44% niveau supérieur).23
Le dernier point nous montre que la part de la population où l’on a tendance à croire qu’elle est censé être plus vigilante vis-à-vis de l’influence des médias, les personnes cultivés, utilise davantage le média journal, au détriment de la télévision. Ils utilisent donc un média qui est à mon avis moins dangereux en terme d’influence car il est moins superficiel et fait preuve d’un journalisme plus profond.
C'est aussi le lecteur qui est pratiquement le régulateur, en achetant ce qu'il a envie de lire. Largement plus qu’à la télévision où bien que le spectateur choisisse aussi ce qu'il a envie de voir et d’écouter, ce dernier n’a pas encore développé le même esprit critique vis-à-vis du média. L’auditeur a plus de mal à choisir car l'info se dit objective et est très courte (l'info flash), alors que lorsque l'on achète l'Humanité ou le Figaro, on a déjà fait un choix.
Cependant, en ce qui concerne l’influence sur l’opinion publique politique la presse écrite détient une influence assez importante, peut-être égale à celle de la télévision. Je développerai cette idée plus tard.
Malheureusement, comme nous venons de le voir, ce sont les personnes de toute façon plus résistantes à l’influence des valeurs et des opinions dû à un enseignement supérieur (en partant de l’hypothèse que les gens avec niveau d’études supérieur sont plus cultivés) qui ont tendance à consacrer plus de temps à la lecture d’un journal.
D) Le cinéma
Depuis l’arrivé de la télévision « de masse » dans les années 1960, le cinéma s’est trouvé en déclin. La raison a été une baisse de la fréquentation des salles et par conséquence une fermeture des petites salles jusqu’au début des années 1990. Par conséquent la production de films a baissé en nombre et en qualité dans un grand nombre de pays dont l’Allemagne et la Grande-Bretagne. La France a su se protéger contre ce déclin grâce aux quotas mis en place et a ainsi pu conserver une production de films à un certain niveau mais n’a pas pu éviter la chute du cinéma dans les années 1980 jusqu’en 1994 (115 productions françaises avec 438 millions d’euros). Depuis, le cinéma a repris un second souffle surtout en France grâce aux quotas et l’aide à la production (2002 : 200 productions françaises avec 860 millions d’euros).24
La problématique du cinéma est à mon avis l’essor des films américains dans le monde entier et, aussi en France. Un spectateur sur deux regarde un film américain, essentiellement « hollywoodien ».
Je pense que le gros danger du cinéma est là : une grosse influence des films américains sur notre culture et nos valeurs. La plus grande usine à rêves du monde donne une fausse vue de la vie, ainsi que de la réalité et de la vérité. Le film commercial Hollywood, le plus regardé dans le monde, impose à une certaine mesure son éthique (American Way of Life, violence, etc.) et en fait une morale, là est le danger.
Pour cela il faut distinguer entre le cinéma hollywoodien, qui rien que par son omniprésence détient un fort pouvoir d’influence sur les gens dans le monde entier, et le cinéma qui essaie plutôt de visualiser la réalité tel que nous l’apercevons chaque jour.
En ce qui concerne ce genre de cinéma, qui est difficile à définir, je ne vois pas le même danger d’influence. Bien qu’il s’agisse, d’après moi, d’une visualisation de l’éthique d’une certaine personne, celle-ci n’est pas imposée mais amène plutôt le spectateur à réfléchir sur un certain sujet en lui laissant la liberté de choisir quel position il va prendre. Ce n’est à mon avis qu’une incitation à réfléchir.
Je suis conscient que je généralise beaucoup et qu’il y a certainement des exceptions. C’est pourquoi, je ne veux pas juger les différentes productions de films de cinéma.
E) Le livre
Le premier livre a été imprimé en Chine au 9ème siècle. En Europe, ce n’est pas avant que Gutenberg fabrique des « caractères suffisamment résistants »25 entre 1430 et 1440 que la presse et l’édition à imprimer furent inventées. Le premier livre européen imprimé a été en 1456, la Bible en Latin. Avant la révolution française, l’histoire du livre a été marquée par une forte réglementation car on craignait son pouvoir politique. La révolution fait pratiquement disparaître la censure et dit que « tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement »26.
Plusieurs évolutions techniques au 19ème siècle accélèrent ensuite la montée du livre. De plus, ainsi qu’au niveau de la presse écrite, la pensée davantage libérale facilite l’essor.27
Si l’on parle avec les notions de morale et éthique, tel que vues dans le chapitre précédent, je pense que les écrivains (de véritable littérature) ont certainement une propre éthique qu’ils développent dans leurs romans, mais ils n’essaient pas de l’imposer et d’en faire une morale. Bien évidemment, ils font appel à la « morale » des gens, mais la décision comment l’interpréter est laissée aux lecteurs.
Pour cette raison je vois peu de danger dans la littérature. Cela d’autant plus qu’elle est intemporelle (nous lisons toujours les œuvres des écrivains des siècles précédents) et ne fait pas autant partie de la société d’information de masse et d’actualité. Toujours est il, que les changements rapides du monde ont aussi créé un certain besoin d’actualité dans la littérature. Aussi, les ouvrages pratiques, scientifiques et politiques occupent une place de plus en plus importante de l’édition globale. Ces ouvrages sont souvent liés à l’actualité et peuvent certes véhiculer des pensées individuelles et éthiques et influencer visiblement l’opinion, la pensée, le mode de vie ou les valeurs du lecteur.
Je dirais que la littérature générale et classique est en même temps un petit peu en déclin, en tout cas en Allemagne. Celle-ci ne porte, à mon avis, pas de danger d’influence. Comme le cinéma décrit plus haut, ce genre de littérature ne cherche qu’à inciter à la réflexion sans véritablement imposer la pensée de l’auteur.
En France, la littérature générale a en 2000 toujours occupé la première place et a fait 18,9% du chiffre d’affaires global du marché de l’édition (2,6 milliards d’euros). A la suite sont les livres pratiques et le scolaire (14,9% et 14,7%).28 Le chiffre d’affaires du marché montre que ce médias joue un rôle beaucoup moins important que la télévision ou la presse écrite.
F) L’Internet
La véritable naissance de l’Internet fut vers la fin des années 1990 (1997-1998) lorsqu’il devient accessible aux particuliers. Depuis, le taux d’équipement dans les foyers français s’est multiplié par 6 et atteint aujourd’hui un taux de près de 25%.
Parmi les jeunes de 11 à 15 ans, au moins 3 millions utilisent l’Internet contre 8 à 11 millions parmi le reste de la population. Le haut débit a donné une nouvelle dimension à l’Internet et ainsi un nouvel essor.29
L’Internet est pour moi un média qui réuni tous les médias jusqu’à présent existants, inclusivement la téléphonie. Il est notamment un moyen de se tenir au courant de l’actualité, de l’information, mais il est aussi beaucoup utilisé pour l’envoie et la réception de courriers électroniques.
Le grand danger de l’Internet est pour moi l’accès extrêmement facile. Comme je vais l’expliquer plus tard, notre société n’est même pas encore prête à utiliser la facilité d’accès aux médias comme la télévision. La technique est tellement avancée par rapport à la capacité intellectuelle d’assimiler ce développement. L’accès facile à l’information est venu beaucoup trop rapide pour nos sociétés dues à la montée rapide de la télévision et la naissance d’une société de communication et d’information.
L’Internet consiste donc un média où l’information est encore plus facilement accessible. Vu qu’un grand nombre de jeunes (comparé à « l’audience » totale) utilisent déjà ce média et qu’il est possible de diffuser tous types d’information sans soumission à un contrôle on peut constater que l’Internet est un média très transparent (trop transparent : pornographie, pédophilie, etc.) et ainsi très dangereux.
D’un point de vue moral, l’Internet est un média inacceptable. Il n’a pas de règle, pas de morale. L’abus de ce média se fait trop facilement.
D’un point de vue « imposition d’éthique » (dans lequel est orienté mon mémoire) il est dangereux dans la mesure qu’il véhicule pratiquement les mêmes opinions, valeurs, modes de vie, etc. que les autres médias vu que chaque autre média (chaque entreprise) y est maintenant présent. Il a le même caractère commercial. Son influence n’est de ce point de vue donc pas à classifier plus haut que par exemple l’influence de la télévision.
Toujours est il qu’une fois de plus, bien que l’individu choisisse clairement sur quel site il veut aller, quel « influence il veut subir », je dirais que l’utilisateur de l’Internet (vu que notre esprit est en retard par rapport à la technique) n’a pas encore l’esprit critique pour ne pas se faire imposer l’éthique du transmetteur.
Comme l’Internet joue pour l’instant un rôle assez faible comparé aux autres médias, en tout cas au niveau du nombre de personnes qu’il atteint en Europe, je vais dans mon travail me concentrer davantage sur la télévision et la presse écrite. Malgré tout, il faut avoir en tête que l’Internet va sûrement rapidement accroître ces prochaines années et va occuper un rôle très important dans le pays de média. Cela montre le nombre d’internautes aux Etats-Unis (une fois de plus le pays de pionnier) : 160,70 millions en 2002, soit près de 25% de tous les internautes du monde entier. En comparaison : Allemagne 30,35 millions d’internautes, France 15 millions d’internautes.
7. La responsabilité des médias comme organe de contrôle
Les médias ont le privilège ou presque même le monopole de véhiculer des mots ou des images. Rien que de ce point de vue ils ont une assez forte responsabilité car les mots et les images ont du pouvoir.
Bien que les médias ne soient pas une institution de l’Etat, ils sont considérés comme le 4ème pouvoir. Cette notion est devenue très commune de nos jours et est même enseignée à l’école et l’université. Pour ma génération c’est donc quelque chose de normal et la notion figure dans un sens neutre. Il y a un petit peu moins de deux cents ans Balzac leur a donné cette appellation dans un sens plutôt péjoratif : « La presse est en France un quatrième pouvoir dans l’Etat ; elle attaque tout et personne ne l’attaque. »30
Le sens neutre de la notion « quatrième pouvoir » de nos jours montre que les médias sont acceptés comme élément de notre société contemporaine dans l’occident. Ils ont même pris un rôle fort important aujourd’hui avec beaucoup d’influence, ce qui les met dans une position ou fonction avec beaucoup de responsabilité.
Cette responsabilité d’agir comme organe de contrôle dans une démocratie vis-à-vis de la politique, des élus leur a donné le nom du quatrième pouvoir. Les médias font donc partie d’une démocratie (la liberté de la presse) comme tout autre élément typique à une démocratie.
Ils sont alors un organe de contrôle qui doit fournir à la population les informations nécessaires pour suivre les évènements politiques, ainsi que de révéler « l’injustice » et ceci avec respectabilité et sincérité. Ce sont là, à mon avis, les rôles et missions fondamentaux des médias, leur devoir et leur responsabilité.
Aujourd’hui, dans l’ère des mass médias, ceux-ci ont élargi leurs compétences et donnent des informations sur quelconque sujet ce qui permet à la masse d’enrichir son savoir et de s’éduquer. Mais trop souvent les médias considèrent que leur mission est de distraire les spectateurs et l’accent est de plus en plus mis sur l’actualité, l’évènement, le scandale ou l’anormal. La responsabilité n’est donc pas souvent perçue par les médias parce que l’attention est principalement focalisée sur le divertissement. Les médias perdent ainsi leur rôle d’organe de contrôle ou bien abusent de leur responsabilité parce qu’ils ne la perçoivent pas.
Un bon exemple est celui de la relation entre politiciens et journalistes/médias. En laissant à part la performance de nos politiciens et sans vouloir la juger, les médias montrent essentiellement le côté émotionnel des politiciens et non le côté objectif ou du contenu. Je précise : les médias, même les chaînes publiques qui sont considérées comme plus sérieuses et accentuées sur l’objectivité et le réalisme, se concentrent sur les querelles entre les parties politiques et les politiciens en sachant que cela se vendra plus et distraira plus l’auditeur qu’une analyse objective de la situation.
Les politiciens sont conscients de cela et pour se faire entendre ils disent des phrases par exemple insultantes ou tout simplement polémiques. Un bon politicien qui veut persuader les gens par une bonne argumentation n’a dans ce système aucune chance parce qu’il n’est pas « entendu » ou aperçu par les médias. Sa façon d’agir est considérée comme non vendable au spectateur, auditeur, lecteur.
La contrainte du temps à la télévision rend pratiquement impossible une analyse du contenu car elle prendra trop de temps. La télévision ne montre qu’un fragment, de ce qui se passe, dans ses informations (à part les chaînes qui montrent tout un discours politique dans son entier). Seul la presse écrite peut aller dans les détails et fournir un savoir approfondi.31
Ce fait décrit auparavant baisse à mon avis d’un côté la qualité du débat et discours politique tout en fortifiant la polémique entre les politiciens et dans les médias, et de l’autre côté cela renforce ainsi le « ras-le-bol », l’humeur chagrine des électeurs vis-à-vis des politiciens.
Le mot du quatrième pouvoir devient ainsi inquiétant car le pouvoir est exercé d’une façon négative et non d’une façon responsable.
L’actuelle dimension du pouvoir a bien été décrite récemment par le journaliste Wolf Schneider (traduit de l’allemand) : « Les journalistes font aujourd’hui partie des plus puissants dans le pays. Aucun politicien ne peut gouverner contre les Gros Titres (manchettes) de la presse et aucune entreprise ne peut persister. »32
La responsabilité des médias est aujourd’hui d’autant plus importante que les médias ont une fonction éducative et pédagogique, non seulement pour ma génération et les générations suivantes qui ont pratiquement grandi devant la télévision. Tout le monde est concerné par cette fonction éducative tant qu’il souhaite se cultiver par les médias.
La question est donc la suivante : Est-ce que les médias arrivent à gérer leur responsabilité au niveau de l’éducation ?
Notamment pour les jeunes et mineurs cette question est décisive. Leur éducation se fait de plus en plus devant la télévision. Celle-ci peut être un très bon moyen d’éducation et de culture mais dans la plupart des cas elle ne l’est pas. Ceci est dû au fait que l’information est malheureusement traitée par les médias comme une marchandise. Les médias préfèrent rejeter cette fonction éducative pour se tirer habilement d’affaire.
La question de la responsabilité joue à mon avis un très grand rôle dans le jugement des médias. Si l’on ne pense pas que les médias sont une sorte d’institution de quatrième pouvoir avec le privilège de véhiculer des mots et des images et qu’ils ont une certaine fonction éducative dans notre démocratie, on estime alors qu’ils ne possèdent pas ou peu de responsabilité dans la société. En tout cas pas plus que quelconque entreprise, en l’occurrence on n’a pas l’intention de les critiquer. En ce qui me concerne, je pense que cette responsabilité est fortement présente ce qui donne la possibilité de critiquer leur influence qui existe en tout cas mais dont la puissance est à définir.
II. L’influence des médias sur l’opinion publique
« So reduziert sich die freie Meinungsbildung darauf, sich jene Meinung zu bilden, die die Herrschenden und ihre Meinungsmachen in Wort und Bild verbreiten. »
Günter Herlt
1. La société d’information
Tout d’abord, il me semble judicieux de parler dans ce contexte de la société de communication ou d’information. La vie en occident est basée sur l’information et l’opinion publique est aujourd’hui fortement dépendante de cette information.
A mon avis, l’influence des médias n’est possible que parce que nous sommes devenus dépendant des médias et qu’ils font partie à part entière de notre vie quotidienne. Pour cette raison je vais évoquer ce sujet avant de parler de l’imposition d’opinion.
Nous vivons donc dans cette société d’information, de mass médias et de communication. Notre travail exige souvent une bonne connaissance de l’actualité, d’être informé au jour le jour. Mais aussi hors du travail, l’actualité domine. Nous avons l’impression de toujours devoir être à jour pour pouvoir participer à des discussions ou de ne pas être considérés comme des imbéciles. Etre bien informé est vu dans notre société comme cultivé, bien éduqué bien que cette connaissance est dans la plupart des cas superficielle. Une bonne culture générale exigerait qu’on investisse du temps mais dans l’ère du « time is money » on n’a plus ce temps. Pour cela les gens s’informent rapidement et non profondément.
La télévision justement est un moyen de s’informer rapidement et surtout superficiellement.
De plus, les nouveaux mass médias facilitent nettement l’accès à l’information. Des prédispositions ne sont pas nécessaires. Même la couche sociale avec un faible niveau de culture, de formation a ainsi la possibilité de suivre l’actualité et de prendre part à la discussion. Cela est primairement un bon gain pour la démocratie car cela permet à la totalité de la population d’un pays de suivre les évènements politiques afin de pouvoir prendre une décision de vote et d’aller voter. D’un autre côté, ce bouleversement s’est fait d’une telle allure que les gens n’y sont pas encore prêts et ne savent pas comment « se servir » des informations obtenues quotidiennement.
On pourrait croire que les médias sont devenus un reflet de la société, qu’on y voit ou lit tout ce qui existe dans le monde entier. Est-ce la transparence parfaite ou juste une chimère ? Il semble que les gens pensent tout savoir quand ils sont au courant des dernières nouvelles. Nous voulons que rien ne puisse nous échapper. Les nouvelles ou l’actualité ne sont pas forcément compris comme « ce qui a lieu en ce moment » mais tout ce qui inspire actuellement un intérêt général, ce qui est à la mode. Surtout à la télévision l’information est souvent superficielle et incomplète, sans parler de l’information filtrée par les journalistes pour des raisons de contrainte de temps. Celle-ci nous échappe de toute façon sans que nous nous en rendions compte. Il me semble que les gens se n’en aperçoivent pas parce que les médias leur donnent cette impression.
La « lubricité » de notre société de toujours vouloir être informé est donc à mon avis au centre du pouvoir des médias, ainsi que cette sotte croyance qu’aucune information ne peut nous échapper en s’informant par les mass médias.
A ce point il est intéressant de savoir que le premier élément sur lequel l’individu s’attache en général lorsqu’il se pose la question de crédibilité d’une information est la fiabilité du média, si par exemple le journal ou l’émission est digne de confiance. Le deuxième élément est le journaliste même, donc s’il mérite d’être cru. Seulement en troisième lieu l’auditeur ou lecteur se pose la question de la sûreté des informations publiées.
Dans notre société d’information, l’auditeur fait alors preuve d’une assez forte crédulité. Rien que par la confiance en un média et un journaliste il est convaincu de la crédibilité de l’information. De plus, si le message véhiculé par le média est répété en permanence, la crédibilité devient complètement indépendante du message ou transmetteur. Ce « Sleeping Effect », effet inconscient, a été démontré par deux observateurs américains. Tout message peut donc acquérir une influence importante et finir par être accepté à force de répétition.33
Le dernier point que je souhaite aborder à ce sujet est le fait que l’information, dans une telle société, est de plus en plus considérée comme une marchandise et non comme un bien culturel. En effet, même la culture est commercialisée (exemple : littérature, etc.). La cause en est que le journaliste est davantage sous la contrainte de l’économie. La soumission à l’audimat et à l’actualité domine dans les bureaux de journaliste. Aussi, le public du journaliste est considéré comme une clientèle commerciale.34 L’information perd ainsi sa qualité.
Une citation de Gerd Bacher, un ancien directeur de la radio autrichienne, souligne la présentation mass médiale des conflits et événements (traduit de l’allemand) :
« Un grand nombre de médias développent une pulsion maniaque au divertissement, la chasse à l’homme comme divertissement, la révélation comme divertissement, non pas le service à la vérité mais l’affaire avec la vérité comme divertissement, la critique comme divertissement. L’humour macabre comme divertissement. »35
2. L’imposition d’une éthique
Le journaliste (ou le média) développe en général une certaine éthique (donc son point de vue des choses, une posture) et la transmet à la masse. Le problème est que la masse ne peut plus distinguer cette transmission d’images ou de mots de la vérité, la réalité, étant envahie quotidiennement d’une masse d’information. L’omniprésence des médias fait que nous apprenons de plus en plus la réalité par les médias que par notre propre expérience quotidienne dans la vie. Nous nous adaptons alors successivement à la réalité et à la vérité des médias.
De plus, les médias renforcent l’information par la façon de présenter (filmer) l’image afin de réaliser une attention plus grande parmi les récepteurs (il en va de même avec les mots). L’image n’est donc presque jamais un véritable reflet objectif de la réalité. Jérôme Bonaldi : « Au fond l’image ne fait que montrer ce que le téléspectateur veut voir, c'est-à-dire un réel transfiguré. »36
L’éthique de chaque émission s’impose à ses spectateurs, (auditeurs ou lecteurs) et devient ainsi une morale. Quelque chose d’individuel et de personnel devient donc quelque chose de commun et collectif. Cela constitue la quintessence de ce travail.
Bien que le pluralisme médiatique a atteint un haut niveau et devrait nous permettre de sélectionner, il semble que cela ne peut pas diminuer ce danger. On peut constater une unité qui traverse pratiquement tous les médias, à part quelques exceptions, relativisant tout pluralisme. De plus, le flot d’information mentionné antérieurement rend de plus en plus difficile une sélectivité autonome.
Lorsque l’on prend alors le choix de s’informer ou de se distraire par les médias, il est très difficile d’échapper à son influence. A la télévision, la révélation de la source de l’information se montre très délicate. L’authenticité de l’information est difficile à déceler et de plus, les mots et les images choisis par le journaliste peuvent être la vérité mais en laissant tombé des informations utiles à l’analyse de la problématique, le journaliste peut diriger le spectateur dans une certaine direction qui est bien évidemment la sienne.
A la télévision, il faut souligner l’importance des mots en relation avec les images. L’image est dans une certaine mesure seulement le reflet du « réel » (bien que celui-ci est modifié comme mentionné plus haut), mais les mots font l’avis. L’impact de la télévision dépend alors essentiellement des mots choisis par le journaliste. L’impact des mots est plus fort que celui des images. L’exagération de l’évènement renforce d’autant plus l’avis ou les valeurs de la population.37 Sans que nous nous en apercevions l’éthique (la posture) du journaliste nous est imposée et devient ainsi une pensée collective.
[...]
1 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 40
2 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 654
3 Le petit Larousse 2005, 100e édition
4 Friedlein Curt (1980), Geschichte der Philosophie, Berlin, p. 224
5 Gérard Lemarié: Cours « Ethique des Affaires » sur la différence entre « Morale » et « Ethique », 7ème semestre
6 Le petit Larousse 2005, 100e édition
7 Curt Friedlein (1980), Geschichte der Philosophie, Berlin 1980, p. 224
8 Gérard Lemarié: Cours « Ethique des Affaires » sur la différence entre « Morale » et « Ethique », 7ème semestre
9 Gérard Lemarié: Cours « Ethique des Affaires » sur la conversion, 7ème semestre
10 Hütter Gerhard et Linke Hermann (1990), Informiert bis zur Unmündigkeit?, Maximilian-Verlag, Herford, p. 15
11 Wittenberger Gespräch (1996), Die Macht der Medien, Staatskanzlei des Landes Sachsen-Anhalt, p. 9
12 Courbet Didier (1999), Puissance de la télévision, Editions L’Harmattan, Paris, p. 9
13 Biskup Reinhold (1990), Werte in Wirtschaft und Gesellschaft, Verlag Paul Haupt Bern und Stuttgart, p. 203
14 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 143- 144
15 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 689- 694
16 Bourdieu Pierre (1996), Sur la télévision, Liber éditions, p. 50
17 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 137- 138
18 Paul Lazarsfeld, Elihu Katz : Personal influence ; dans Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 638
19 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 682
20 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 726
21 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 46-49
22 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 686/687
23 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 686/687
24 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 115-133
25 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 37
26 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 41
27 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, pp. 37-44
28 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 43
29 http://www.parti-socialiste.fr/tic/faits_chiffres.php
30 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 654
31 Wittenberger Gespräch (1996), Die Macht der Medien, Staatskanzlei des Landes Sachsen-Anhalt, pp.10-12
32 Metz Dirk, Kampagnen, Orden, Knallfrösche, Die ZEIT Nr. 9 du 24 février 2005, p. 15, premier paragraphe
33 Balle Francis (2003), Médias et Sociétés, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, p. 724
34 Tarde Gabriel (1989), L’opinion et la foule, Presses Universitaires de France, Paris, p. 42
35 Dr. Wolfgang Donsbach dans Hütter Gerhard et Linke Hermann (1990), Informiert bis zur Unmündigkeit?, Maximilian-Verlag, Herford, p.54
36 Bonaldi Jérôme et Lemarié Gérard (2001), Faux comme une image, Mallard Editions, Reims, p. 23
37 Bonaldi Jérôme et Lemarié Gérard (2001), Faux comme une image, Mallard Editions, Reims, pp. 28/29 et 47-49
- Citation du texte
- Jerome Bourdier (Auteur), 2005, Dans quelle mesure les médias influencent-ils les opinions et les valeurs de notre société ?, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/61062
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