Les origines de la guerre se retrouvent dans la façon dont est distribuée la puissance, les enjeux économiques, ou encore les différents frontaliers. Mais le langage est oublié. En effet, il semble complexe de pouvoir isoler la communication pour expliquer ce qui a engendré une crise entre Etats. Voire, ce serait inaudible pour un chercheur en relations internationales d’entendre une étude démontrant que, parce qu’un dirigeant a utilisé certains termes alors une guerre s’est produite, ou parce qu’un chef d’Etat a serré la main à un autre d’une telle façon, alors il y a eu la paix. Ce type d’informations serait de l’ordre du non-sens. Et pourtant, beaucoup d’entres-nous effectuons ces conclusions à la suite d’un échange. Le langage est l’élément qui nous connecte tous, humains. Il est utilisé pour connaître l’autre, le rejeter, l’intégrer… La communication peut donc être considérée comme pathologique - vectrice de conflits- ou bien pacificatrice. En d’autres termes, le langage est un outil pour créer du lien, le distendre ou le rompre. Ainsi, dans ce travail, l’intérêt sera de justifier, en quoi le langage est déterminant dans la pacification d’une crise internationale. Pour ce faire, la communication entre individus sera analysée aussi bien au prisme du langage verbal que non verbal. Pour construire cette réflexion, je m’intéresserai d’abord aux différentes théories de la communication et notamment aux modes de communication interpersonnelle. Ces recherches seront sur le langage verbal et le langage non verbal. Dans une deuxième section, je chercherai à montrer en quoi ces différentes formes de langage varient d’une culture à l’autre. Par la suite, je m’intéresserai aux études des relations internationales pouvant confirmer les effets du langage dans les relations entre dirigeants, afin de démontrer, par différentes études de cas, la nécessité de prendre en compte la communication pour pacifier une crise internationale. Pour finir, je confronterai cette analyse à l’étude de l’issue de crise internationale.
Sommaire
PARTIE 1 – Les théories et modes de communication : une mise en perspective nécessaire.
Section 1 : Les théories et modes de la communication.
Sous-section 1 – Communication verbale.
I. Les théories classiques de traitement de l’information.
II. Les modèles linguistiques dans les théories de la communication.
Sous-section 2 – Communication non verbale.
I. Le langage non verbal, une communication silencieuse très expressive.
II. Exemple type de messages non verbaux.
Sous-section 3 - Les modes de communication.
I. La Programmation Neurolinguistique.
II. La méthode Coué.
III. L’analyse transactionnelle.
Section 2 : Les théories du langage confrontées à la pratique, l’influence de la culture et du contexte de la communication.
Sous-section 1 - Le langage, une construction culturelle.
I. Le langage comme résultat de l’identité culturelle.
II. Une tentative de réaffirmation de la validité des théories du langage par sa contextualisation dans le social.
Sous-section 2 - La mise en situation des théories de la communication : une nécessaire reconfiguration spatio-temporelle de la communication.
PARTIE 2 - La communication en situation de crise : un outil au service de la pacification des conflits internationaux.
Section 1 : La crise, une période rompant la communication.
I. Qu’est-ce qu’une crise ?
II. Qu’en est-il des crises internationales ?
Section 2 : Le langage verbal et non verbal, un outil au service de la pacification d’une crise internationale.
Sous-section 1 - Langage verbal et non verbal pour pacifier une situation conflictuelle.
I. Langage verbal et modes de communications pour rétablir le dialogue entre dirigeants.
II. Le langage non verbal ou les gestes permettant de rétablir la communication entre Chefs d’Etats.
Sous-section 2- La maîtrise de la communication culturelle au service de la normalisation de relations conflictuelles entre dirigeants.
I. Le dialogue interculturel, un chemin vers la compréhension mutuelle en entreprise applicable à plus grande échelle.
II. Pour la prise en compte du langage verbal et non verbal selon les cultures au service de la pacification des relations internationales.
Remerciements
Ce mémoire n’aurait pu se dérouler dans les mêmes conditions sans la bienveillance de mon entourage. Je tiens à remercier ma mère pour l’écoute attentive et les nombreux conseils avisés qu’elle a pu m’apporter dans l’écriture de ce travail et plus largement, pour m’accompagner dans tous mes objectifs de réalisations de manière indéfectible. Je souhaite aussi remercier mon père et sa compagne Héléna, qui m’ont permis de prendre de la distance avec cette recherche qui me plaisait tant, pour mieux construire ma pensée. Je les remercie aussi pour m’aider chaque jour à prendre confiance en mes capacités. Dans cette continuité, je remercie ma mère et mon père pour être de si bons parents.
Je souhaite aussi remercier Sabrina, étudiante en psychologie en mobilité à l’Université Saint Joseph, qui a été ma première lectrice. Il est également évident que je remercie Véronique Gaspard pour m’avoir donné ce goût de la communication et cette volonté de comprendre la boîte à outil formidable que représente le langage. Aussi, Madame Rouay-Lambert qui a été la première personne à croire en la possibilité de faire ce travail en Master 1 et toute l’équipe pédagogique de l’Institut Catholique de Paris, notamment Madame Vilboux et Madame Smyrnelis pour leur dévouement au service des élèves.
Je remercie particulièrement mon directeur de mémoire et mon second lecteur. Monsieur Cook, dès le début de ce projet, m’a apporté son soutien et a été un interlocuteur précieux, tant par son érudition, que son sens hors pair de la pédagogie. J’ai eu la chance et le privilège d’être son élève et je lui suis infiniment reconnaissante de m’avoir fait avancer sur le chemin de l’exploration de ce sujet d’étude qui me tient à cœur. Je remercie également Monsieur Taoutel qui a été présent avant même mon arrivée à Beyrouth et sur qui j’ai pu compter tout au long de mon séjour. Sans Monsieur Taoutel, mes études à l’Université Saint Joseph n’auraient pas été de la même teneur, et l’évolution de ce travail de recherche serait moins aboutie. Je me souviendrai longtemps de son apport intellectuel et de sa dimension humaine
Je souhaite aussi remercier toutes les personnes que j’ai pu rencontrer et qui m’ont accompagnée dans l’écriture de cette recherche. Je pense aux professeurs, négociateurs, personnels des ambassades et amis, sans qui ce travail nourri n’aurait pas eu la même tournure.
Merci, merci, merci.
Introduction
« L’holocauste n’a pas commencé dans les chambres à gaz, mais a débuté par des mots1». Telle est l’affirmation d’Irwin Cotler, ancien ministre de la justice au Canada durant son allocution au Musée canadien de l’histoire de l’Holocauste. Les mots nous permettent de construire notre environnement et de donner des informations à l’autre. Selon Irwin Colter, les mots peuvent façonner un discours de haine qui se traduira ensuite par des actes violents. Or, l’importance des mots et gestes employés sur la scène internationale est un élément souvent oublié dans l’analyse des conflits contemporains. Ce qui est construit par un discours a une symbolique parfois plus forte qu’un conflit armé. Ou alors, ce qui est formulé par le langage est parfois un élément déclencheur des guerres, comme durant la Seconde Guerre Mondiale. Et, étonnamment, les Peace studies s’intéressent très peu à la place du langage dans les conflits internationaux. Relégué à un second rôle, la communication semble être un élément à la fois transparent et peu judicieux pour expliquer les causes d’une guerre ou d’une crise internationale. Les origines de la guerre se retrouvent dans la façon dont est distribuée la puissance, les enjeux économiques, ou encore les différents frontaliers. Mais le langage est oublié. En effet, il semble complexe de pouvoir isoler la communication pour expliquer ce qui a engendré une crise entre Etats. Voire, ce serait inaudible pour un chercheur en relations internationales d’entendre une étude démontrant que, parce qu’un dirigeant a utilisé certains termes alors une guerre s’est produite, ou parce qu’un chef d’Etat a serré la main à un autre d’une telle façon, alors il y a eu la paix. Ce type d’informations serait de l’ordre du non-sens. Et pourtant, beaucoup d’entres-nous effectuons ces conclusions à la suite d’un échange. On pourrait entendre “as-tu vu comment il m’a parlé ? C’est inadmissible, je ne peux pas rester de marbre face à cela” ou encore “A la fin de ma présentation, il ne m’a pas bien regardé, je crois que cela ne lui a pas plu”. Ainsi, de nombreuses personnes se basent sur le langage verbal et non verbal pour comprendre ce qui se joue entre eux et leur interlocuteur. Alors, pourquoi ne pas transposer ce type d’analyse au niveau des relations internationales ? Certains affirmeraient que c’est parce qu’il n’y a pas assez de linguistes dans les recherches sur la paix dans les relations internationales, d’autres y verront une méthode d’approche générale qui ne favorise pas l’ouverture de l’analyse vers l’agent. En effet, la majorité des chercheurs sont partis du fait que les relations internationales sont un système où l’anarchie règne et que la paix ne les détermine pas. Certes, il n’existe aucune autorité supranationale régulant tous les Etats, autrement dit, aucun gouvernement mondial, police ou armée, n’est supérieur, et indépendant, à l'État, dans l’exercice de son pouvoir. De facto, de nombreuses entités territoriales s’opposent sur la scène internationale. Cette rivalité peut se traduire par une compétition économique ou, encore, par une lutte de pouvoir, visant à ce qu’une entité territoriale diffuse sa propre vision du monde comme le propose les réalistes2. Dès lors, les situations, potentiellement génératrices de tensions, sont multiples et atteignent leur apogée au moment de la crise. Ce type de confrontation se traduit, notamment, par une méfiance grandissante sur la scène internationale. Par exemple, dû à un nombre croissant d’évaluations cachées entre les Etats-Unis, l’URSS, et leurs alliés, le monde se retrouva dans une dynamique menant à l’escalade de l’armement. Ces deux États, se sentant menacés, ont alors tenté de limiter la faiblesse qu’ils estimaient avoir face à leurs adversaires, en s’armant massivement. Ce type d’analyse se retrouve dans les travaux du précurseur des réalistes, Thucydide, quand il affirma que Sparte avait attaqué Athènes parce qu’elle craignait de perdre sa suprématie sur le Péloponnèse3. Ici, on peut observer l’étrangeté des courants dominant l’analyse des relations internationales : il est intellectuellement soutenable de justifier la personnification de l’Etat, « l’autorité souveraine qui exerce son pouvoir sur la population habitant un territoire déterminé et qui, à cette fin, est dotée d’une organisation permanente4», pour étudier les causes de la guerre. Parallèlement, les domaines de recherche sur l’origine des guerres, sur la personne qui dirige l’Etat, sont maigres. Comme si un maillon de la chaîne avait été sauté et que les relations internationales étaient étudiées par les éléments les structurant et non par les individus évoluant dans ce système, alors que ce sont les dirigeants qui décident, en dernier recours, d‘user, pour se prémunir d’une menace, de politique agressive pouvant mener à une rupture de communication entre leaders. Par ailleurs, il est à ajouter qu’il n’y a pas d'État sans peuple. Ainsi, le facteur humain est inhérent à l’Etat même si dans de nombreuses analyses des causes de la guerre, il est évincé. Les libéraux proposent, aussi, une vision des relations internationales, allant dans le sens d’une « compétition entre États indépendants qui rivalisent pour la défense de leurs intérêts propres5», et, cela, comme le font les individus au sein de chaque société, afin de satisfaire leurs besoins et leurs désirs. La paix peut alors être trouvée par le capitalisme et l’entente commune basée sur le droit. Pourtant, même après la création de la Société Des Nations en 1919, un des conflits mondiaux des plus sanglants éclata. De nombreuses autres théories explicatives tentent de démontrer l’origine des guerres et ce qui peut amener à pacifier des relations hostiles entre Etats. Néanmoins, il ne faut pas occulter certaines analyses, comme celles se basant sur le processus décisionnel des individus au sein de l’Etat, qui remettent l’agent au cœur des relations internationales pour comprendre l’émergence de conflits. Aussi, les études s’intéressant à la psychologie des dirigeants pour appréhender la politique extérieure des Etats, soulignent la place qu’occupent les leaders dans l’apparition d’une situation générant des tensions.
Malgré ces nombreuses analyses expliquant l’origine des situations hostiles entre Etats, les crises internationales et conflits armés perdurent. Est-ce de la responsabilité des dirigeants qui ne veulent pas écouter les propositions des théoriciens pour un monde en paix ? Si la guerre permet de s’enrichir, et les rapports de domination suscitent le prestige, il est certain que les êtres humains ne sont pas faits pour vivre dans un climat de tensions6. Mais alors, pourquoi les Etats se retrouvent-ils si souvent dans des situations de crise ? Ou plus simplement, pourquoi y a-t-il encore des guerres ?
Depuis le début de l’humanité, chaque période de l’histoire connaît des épisodes violents, que ce soit des conflits interétatiques ou des guerres. Selon l’historien Michel Howard, « les preuves archéologiques, anthropologiques et toutes les preuves documentaires qui ont survécu indiquent que la guerre, le conflit armé entre groupes politiques organisés, a été la norme universelle dans l’histoire humaine.»7 Ces situations sont marquées par une forte violence, entre les différents acteurs, et reconnaissables par un manque de communication entre les opposants. Il en découle des politiques menaçantes, engendrant, bien souvent, des tensions sur la scène internationale. Et même si, de nos jours, certaines institutions atténuent la violence prégnante entre les Etats, notamment par la mise en place d’un dialogue entre les acteurs internationaux - nous faisons référence à l’OMC, l’ONU, le FMI… - l’état des lieux illustre les relations internationales, comme étant davantage le théâtre d’animosité que de réconciliation. Alors que, paradoxalement, chaque État fait face aux mêmes enjeux, sur son territoire, et aux mêmes désirs, sur la scène internationale.
Einstein affirmait, à ce sujet, que les Etats reproduisent leurs guerres depuis toujours8. Ou encore Saint Augustin, que la guerre était parfois un moyen utile pour arriver à la paix9. Ces deux assertions interrogent : non seulement nous n’avons pas trouvé de moyens effectifs pour éviter conflits et crises internationales, mais, de surcroît, la solution de la violence semble être judicieuse pour trouver la paix.
Pourtant, de nombreuses théories explicatives, des conflits et crises internationales, ont trouvé des éléments intellectuellement valides permettant de comprendre ce qui suscite des tensions sur la scène internationale. Néanmoins, face à un nombre de dissensions internationales qui ne tarit pas et l’existence, de nos jours, de nombreux conflit latent, quel élément, quel concept nous échappe dans notre façon d’appréhender notre environnement ? Certes, le monde est plus paisible qu’avant, c’est indéniable, mais il y a toujours des conflits menant à des politiques hostiles, débouchant sur des interventions armées. Certains diront que c’est lié à la nature humaine, que l’homme serait « un loup pour l’homme10», mais ce travail de recherche ne va pas dans ce sens. Il s’agit, ici, de comprendre ce qui permettrait d’éviter un conflit ou de le résorber, dès sa naissance, de se demander, pourquoi, dans nos interactions avec notre environnement, nous pouvons être amenés à devenir violents ou non. Quel élément nous permet de nous relier aux autres ou, au contraire, de créer de la distance avec notre environnement ? Et cet élément doit être le même pour tout individu, qu’il soit à la tête d’un Etat ou cuisinier.
Le langage est l’élément qui nous connecte tous, humains. Il est utilisé pour connaître l’autre, le rejeter, l’intégrer… La communication peut donc être considérée comme pathologique - vectrice de conflits- ou bien pacificatrice. En d’autres termes, le langage est un outil pour créer du lien, le distendre ou le rompre. L’homme n’a pas de langage inné11. En cela, il ne naît pas avec un répertoire verbal similaire à celui d’un être humain adulte. Pour faire comprendre qu’il a faim, le nourrisson crie quand l’adulte l’exprime par des mots. L’homme apprend, ipso facto, à échanger avec ses pairs, par sa sociabilité. Ainsi, le langage est apparu afin de créer du lien social. Son origine se confond avec la création de nos sociétés. Il favorise le fait de dire ce qui se passe en nous et de traduire une réalité construite par un individu. Dès lors, le seul moyen de partager différentes façons d’appréhender le monde réside dans le langage. Un langage clair et ayant pour objectif d’aller vers l’autre est porteur de dépassement du « dialogue des sourds12» (Platon).
Par conséquent, le langage nous permet de faire part de ce qui se passe dans le corps et l’esprit d’un individu et, dans la même logique, de confronter les diverses visions du monde des interlocuteurs. En cela, le langage est déterminant pour résoudre une crise car il donne l’accès à chacun des systèmes de pensée en présence. En somme, passer par le langage permet de dépasser une situation où la rupture de communication pourrait primer. De surcroît, quel serait l’intérêt de nous couper de nos pairs ? A l’échelle étatique, chaque entité va au-devant des mêmes défis et ambitions. Certains évoqueraient la recherche de la sécurité, de la reconnaissance, du bien-être… Alors pourquoi se diriger vers de vives oppositions quand les Etats pourraient s’entraider dans la poursuite de leurs besoins ? Pourquoi, au lieu de se confronter, ne sont-ils pas enclins à communiquer pour éviter des tensions menant bien souvent à des crises internationales ?
D’après les Peace studies, la violence, présente dans les relations internationales, n’est pas naturelle13. Elle est construite par des évaluations, envisageant, fréquemment, le pire. Evidemment, ce type de processus ne favorise pas les échanges entre les acteurs étatiques, tout comme les effets aggravants de la non reconnaissance dans un conflit. Pour éviter ces situations, il faut trouver un élément interrogeant les conclusions faites sur un autre ou faire comprendre un besoin non satisfait, telle la reconnaissance. La clé semble, à nouveau, résider dans le langage. Communiquer n’est pas seulement un outil de prévention des tensions, mais aussi tout au long des tensions ou crises, car seul le langage permet de dire à l’autre ce que l’on souhaite clairement. Dans cette logique, nous pouvons nous intéresser à la Théorie de l’agir communicationnel14. Habermas axe sa réflexion, dans cette œuvre, sur les éléments qui permettraient à une société de se construire et de se développer sans conflit. Il théorise que la communication est un tenant et un aboutissant d’une société sans conflit. Ce qu’il nomme l’action communicationnelle « se comprend au sein d’une intercompréhension visant une entente et une adhésion entre partenaires15» qui favoriserait la limitation de la naissance de conflits, notamment, par un échange ouvrant à chaque individu la possibilité d’agir raisonnablement. Autrement dit, avec la communication, les interlocuteurs échangeraient sur leurs intentions ou sur ce qui pourrait les rendre hostiles et ainsi, éviter la naissance d’action agressive. Ce processus est d’autant renforcé que chaque interlocuteur est acteur. Il peut aussi bien écouter l’autre que communiquer, ceci jugulant l’éventuelle passivité d’un des protagonistes. Cette approche valorise la communication comme un élément essentiel dans la prévention des conflits dans nos sociétés. Et avec l’avènement de la mondialisation, la société n’est plus un phénomène reclus sur un territoire défini. Dorénavant, nous évoquons l’ensemble des Etats comme une société civile globale16. Dans cette continuité, la théorie de l’Agir communicationnel peut donc se transposer sur la scène internationale. Pour s’assurer une pacification des situations générant des tensions, voire des guerres, la communication est un outil efficace. Mais qu’est-ce-que communiquer ?
Du latin « communicare » qui signifie « mettre en commun, partager », la communication peut se définir comme l’action de communiquer, soit de transmettre une information17. Par conséquent, en se rapprochant de la définition de Robert T.Craig, « la communication est le processus par lequel les individus interagissent et s'inter-influencent.18» en transmettant des messages. Ainsi, l’objet de ce travail de recherche sera d’étudier l’effectivité du langage sur l’issue de situations de crises dans les relations internationales, où rupture de communication, politiques offensives, opposition des alliés, sont observables. Par crise, nous évoquons toute situation où des relations entre Chef d’Etat ne seront pas stables. De ce fait, les crises industrielles, interétatiques ou environnementales ne seront pas analysées. Néanmoins, le terme de “crise” est difficile à définir face à la multitude de typologies et significations lui étant attribuée.
En effet, la crise est un concept qui reste de nos jours très complexe et difficile à définir. Selon Edgar Morin : « le mot sert désormais à nommer l’innommable ; il renvoie à une double béance : béance de notre savoir (au cœur même du terme de crise) ; béance dans la réalité sociale elle-même où apparaît la « crise »19». Ainsi, la crise apparaît comme un moment de vide où les cadres semblent éclatés et laissent place à l’inconnu. Selon Wiener et Kahn, on peut nommer douze éléments inhérents à la crise :
« – La crise est souvent un tournant dans un processus général d'événements et d'actions.
– La crise est une situation dans laquelle la nécessité d'agir apparaît de façon pressante.
– La crise est une menace pour les objectifs de ceux qui sont impliqués.
– La crise débouche sur des effets qui remodèleront l'univers des parties impliquées.
– La crise est une convergence d'événements dont la combinaison produit un nouvel univers. – La crise est une période pendant laquelle les incertitudes sont fortes sur l'évaluation de la situation et les réponses à apporter.
– La crise est une période ou une situation durant laquelle la maîtrise des événements et de leurs effets diminue.
– La crise est caractérisée par un sens de l'urgence, qui produit souvent stress et anxiété.
– La crise est une période durant laquelle l'information disponible est particulièrement inadéquate.
– La crise est caractérisée par un accroissement de la pression du temps.
– La crise est marquée par des changements de relations entre les participants.
– La crise augmente les tensions entre les acteurs.20 »
Pour aller plus loin, Hermann, spécialiste des crises internationales, affirme qu’« une crise est une situation qui menace les buts essentiels des unités de prise de décision, réduit le laps de temps disponible pour la prise de décision, et dont l'occurrence surprend les responsables21».
Par conséquent, la crise semble surprendre les acteurs et engendrer des ruptures, aussi bien en termes de flux d’information, qu’en capacité décisionnelle. Mais cela n’impacte pas seulement ceux qui agissent durant la crise, ceux évoluant dans cette période de crise sont également affectés. Par exemple, en milieu scolaire, durant toute crise de grande ampleur, il y a toujours une cellule de crise et une cellule d’écoute22 pour accompagner la communauté éducative, pendant cette période, et, après la crise, pour éviter le stress post traumatique. On peut donc observer que dans une résolution de crise, certaines institutions estiment nécessaires de proposer un échange communicationnel à ceux ayant vécu quelque chose pouvant les heurter. La communication est donc mise au cœur de la crise et de la sortie de crise dans des organisations de petites échelles. Cette procédure se retrouve dans les entreprises où les directeurs de cellules de crise s’assurent, en amont, de la prévention des crises par la communication23. Encore une fois, nous pouvons souligner que le langage est présent à toutes les étapes de la crise, aussi bien pour la prévenir, que pour en sortir. Et cela, afin de mettre des mots sur ce qui se déroule lors de cette période, où, sérénité et accalmie ne s’accordent pas. En effet, le seul exutoire réside dans la communication pour connecter les individus morcelés par l’importance de leurs émotions face à cette situation. Dans cette logique, les Chefs d’Etats pourraient adopter les mêmes procédures que d’autres organisation avec une hiérarchie. Car si les tensions sont gérées dans les entreprises privées et dans la fonction publique par la communication, les Chefs d’Etats pourraient très bien en faire de même. En effet, il est rarement analysé l’impact du langage verbal et non verbal d’un Chef d’Etat face à un autre en situation de crise. Parallèlement, dans le monde de l’entreprise, de nombreuses études émergent dans ce sens, afin de trouver des modes de communication permettant d’aplanir et de mettre fin à des situations générant des tensions. Et comme dans le secteur privé, les Etats se trouvent avoir des intérêts communs. Dès lors, comment expliquer qu’une littérature aussi riche sur la résolution de conflits dans les entreprises soient présentes, quant au niveau des Etats, l’aspect communicationnel est peu étudié ?
Nous l’avons donc vu, dans beaucoup d’organisations, le langage a une place importante en amont et aval de la crise. Pourquoi cet élément serait-il obstrué dans l’étude des cries entre Etats ? Ainsi, dans ce travail, l’intérêt sera de justifier, en quoi le langage est déterminant dans la pacification d’une crise internationale. Pour ce faire, la communication entre individus sera analysée aussi bien au prisme du langage verbal que non verbal. En effet, le langage non verbal coexiste avec le langage verbal, et a, parfois même, plus d’impact. Ainsi, Pavelin affirme dans Le geste à la parole que24 « nous parlons grâce à nos organes phonatoires, mais nous conversons par notre corps entier ; la conversation dépasse largement un simple échange de mots ». C’est pourquoi, il semble nécessaire d’intégrer, dans ce travail, traitant des effets du langage durant une crise, de l’aspect non verbal de la communication. En outre, bien que les sciences du langage s’intéressent aux conséquences du langage et à ce que donne à voir une façon de s’exprimer, l’identité à laquelle appartient un individu occupe une place prépondérante dans le langage. En effet, comme l’exprime Christine Béal, « Vu sous un certain angle, tout dans la langue relève plus ou moins de la culture et tout dans la culture est plus ou moins reflété dans la langue25». Dès lors, nous tenterons de sortir de la vision ethnocentrée de la communication, pour s’intéresser à son évolution selon les cultures. Cela est d’autant plus nécessaire car, chaque dirigeant provient d’un pays différent et donc de cultures qui ne sont pas similaires. Le manque de compréhension dû à un fossé culturel doit donc être analysé pour une étude approfondie de la communication visant à pacifier une situation générant des tensions.
Pour construire cette réflexion, je m’intéresserai d’abord aux différentes théories de la communication et notamment aux modes de communication interpersonnelle. Ces recherches seront sur le langage verbal et le langage non verbal. Dans une deuxième section, je chercherai à montrer en quoi ces différentes formes de langage varient d’une culture à l’autre. Par la suite, je m’intéresserai aux études des relations internationales pouvant confirmer les effets du langage dans les relations entre dirigeants, afin de démontrer, par différentes études de cas, la nécessité de prendre en compte la communication pour pacifier une crise internationale. Pour finir, je confronterai cette analyse à l’étude de l’issue de crise internationale.
PARTIE 1
Les théories et modes de communication : une mise en perspective nécessaire
« La communication est partout (...) On communique comme on respire26 » Pierre Zémor
Selon Michel Bertrand, communication et communion ont étymologiquement la même racine.27 En effet, ces deux mots mettent en avant la même dynamique, à savoir, celle de la mise en commun. La communication relève donc d’un partage entre des individus.
Dans cette partie, nous nous intéresserons aux différentes théories de la communication verbale et non verbale ainsi qu’aux différents modes de communication. Cette nuance est basée sur le fossé résidant entre les théories de la communication abordant de façon abstraite la communication, soit, selon le principe de l’émetteur du récepteur et sur les modes de communication qui proposent des modèles d’analyses de la communication selon une dialectique de l’échange communicationnel.
Section 1 : Les théories et modes de la communication.
Sous-section 1 - Communication verbale.
Les théories de la communication sont diverses et variées et nous permettent d’étudier les échanges communicationnels. Selon Luhmann, « la langue, qui sert de modalité d'expression à la conscience privée (...) devient, dans la communication, un médium susceptible de prendre des formes souples, changeantes et multiples28». Ce sont ces formes, construites comme des théories de la communication que nous allons observer. Tout d’abord nous pouvons parler des théories dites classiques qui traitent de la façon dont est transmise l’information. Ces études apparaissent aux Etats-Unis, à la suite de la destitution des régimes totalitaires et l’émergence de nouveaux moyens de communication comme la radio ou la télévision. Ces types d’analyse se sont très souvent inspirées des techniques de transmission de signaux dans les télécommunications29.
I. Les théories classiques de traitement de l’information.
Les théories classiques regroupent les modèles analysant la communication comme un processus étudiant la « source » qui émet un message en direction d'une « cible » le recevant30. D'autres éléments peuvent s'ajouter à l’analyse tel que le contexte, le canal…
Parmi ces théories, nous pouvons citer le modèle de Shannon. Il est dit « linéaire31» car il s’intéresse à la dynamique entre l’émetteur et le récepteur de l’échange de façon unidirectionnelle. Cette façon d’aborder la communication interpersonnelle est liée au contexte dans lequel fut construit cette théorie. Il s’agissait de trouver un moyen pour améliorer l’échange d’information via le télégraphe. En effet l’utilisation du télégraphe pouvait être compromettante, car elle ne permettait pas toujours de délivrer le message voulu à cause des bruits et nuisances. Dès lors, l’objectif était de trouver un moyen d’empêcher les bruits d’altérer le message à transmettre. Shannon propose donc un schéma linéaire partant d’un « message, codé, produit par la source d’informations (émetteur) » alors « envoyé au transmetteur » qui de facto, « transforme le message en signal (acoustique) transmis sur le canal (fil électrique). » De ce fait, « le récepteur décode le message reçu par le destinataire. Les bruits correspondent à toute altération ou perte d’informations (parasites, défauts de transmission...)32». Utiliser cette analyse dans l’étude de la communication permet d’appréhender l’échange communicationnelle par les concepts de codage et décodage des informations partagées. Certes, un message est délivré par un individu lorsqu’il communique avec un autre, cependant, ce qui est transmis n’est pas forcément réceptionné de la même façon. En d’autres termes, un message n’est pas toujours entendu comme le souhaiterait son émetteur. Pour cela, il serait possible de reprocher à cette théorie le manque d’analyse de l’après-échange : certes il y a eu une transmission d’information, quantifiable et décodable, néanmoins qu’en est-il de l’effet créé par cette interaction ? De la réponse à ce message ? Avec cette analyse linéaire unidirectionnelle, Shannon oublie une partie de ce qui constitue la communication, soit, l’échange entre deux émetteurs et récepteurs.
Cette limite est partiellement résolue avec le modèle de Weiner qui a été produit en 1948 afin de compléter la théorie de Shannon. C’est pour cela que l’on nomme fréquemment le modèle de “Shannon et Wiener” car son analyse permet d’approfondir celle de Shannon. L’origine de la réflexion de Wiener est, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, d’empêcher tout conflit international de se reproduire. Il s’agissait donc, selon lui, d’utiliser la communication pour « combattre le désordre, le chaos social, la barbarie engendrée par l’homme33». Pour atteindre cet objectif, il voulait prévenir « le silence et rompre le secret qui ont entouré et permis le nazisme, le Goulag et Hiroshima34». Par ailleurs, il s’inspire dans son étude du courant cybernétique qui met en valeur la complexité de tout système ayant des entités complexes (on parle ici du cerveau humain, de l’ordinateur, d’une identité culturelle etc.). Il ajoute ainsi, le concept de « feed-back35», sorte de « rétroaction » qui permet d’aborder l’échange de façon circulaire. Cette rétroaction se traduit par « les réactions du récepteur à un message et la façon dont l’émetteur les utilise pour rectifier son comportement et atteindre son but en tenant compte des modifications36» liées à son environnement.
D’autres modèles émergent aussi en cette période de post-totalitarisme, comme ceux traitant de la communication de masse. Il s’agit ici de mettre en avant l’influence qui peut être générée durant une communication. Certes, un message est transmis et reçu, mais il peut être réceptionné comme une information ou une norme à adopter. Le modèle de Lasswell créé en 194837, propose ainsi une série de questions pour comprendre les différents éléments composant une communication.
“- « Qui ? » (le communicateur, le journaliste) ;
- « dit quoi ? » (le message) ;
- « par quel canal? » (le support médiatique du message : presse, radio...) ;
- « à qui ? » (le récepteur, l'audience visée) ;
- « avec quel effet ? » (l'effet, l'influence de la communication sur le récepteur).”38
Ce modèle permet ainsi de souligner le processus d’influence parallèle au processus de communication, car tout message à un effet.
Cependant, toutes ses théories ne prennent pas en compte le contexte dans lequel est effectuée la communication. Certes, Shannon s’intéresse aux nuisances pouvant transformer le message émis, mais l’environnement dans lequel les interlocuteurs évoluent est occulté. Par ailleurs, l’appartenance sociale des individus est aussi exclue de ces analyses. Or comme nous l’avons vu, le langage a été créé conjointement au lien social. C’est le langage qui permet de former une société. De ce fait, d’autres analyses sont apparues à la suite des grands modèles présentés. Le modèle de Riley et de Riley, théorisé en 1959, prend en compte les groupes sociaux auxquels les individus, constituant l’échange, appartiennent39. Il restitue ainsi la communication au prisme du groupe primaire auquel les interlocuteurs s’identifient et au contexte social qui détermine la communication40. Cette analyse souligne également la circularité de l’échange car les composantes de la communication sont toutes deux actives.41
Néanmoins, les effets de la communication ne sont pas analysés, ni les rapports de force liés à l’opposition de différentes identités sociales. Ces théories s’inspirant des études pavloviennes42 où le comportement d’un individu est défini comme le résultat d’un stimulus ou d’une réponse43, les conséquences de l’échange ne sont pas mises en avant. Ces lacunes seront tentées d’être effacées par les modèles linguistiques.
II. Les modèles linguistiques dans les théories de la communication.
D’autres modèles comme ceux linguistiques, permettent de souligner la complexité inhérente à l’échange communicationnel. Ces travaux de linguistique sont déplacés dans le domaine de l’étude de la communication. Nous verrons donc ici que par l’utilisation de la linguistique, -science du langage- nous pouvons entrevoir les effets du langage dans la communication.
Le modèle de Jakobson est l’une des théories les plus représentatives de l’utilisation de la linguistique pour aborder la communication. Dans sa réflexion, il cherche à définir les multiples fonctions du langage. Pour cela, il s’intéresse aux composantes de l’échange. Il y a d’abord « le destinateur (qui) envoie un message au destinataire. Pour être opérant, le message requiert d'abord un contexte auquel il renvoie (...), contexte saisissable par le destinataire, et qui est, soit verbal, soit susceptible d'être verbalisé; ensuite, le message requiert un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire (...); enfin, le message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire, contact qui leur permet d'établir et de maintenir la communication44». Par ailleurs, il définit le message comme « une séquence de signaux dont la substance est l'information qu'il transmet et dont la mise en forme suppose à la fois un codage et un décodage (d'où l'introduction du facteur « code ») ; par contact on entend la liaison physique (ils se parlent) et la connexion psychologique (ils s'écoutent, cherchent à se comprendre) qui existent entre le destinataire et le destinateur; quant au contexte, il a la double signification d'« environnement d'une unité déterminée45». Cette décomposition des entités constituant l’échange se retrouve dans le schéma ci-dessous. Mais, au destinateur, contexte, message, contact, code et destinataire, il attribue une fonction de la communication qui détermine l’utilité de l’échange communicationnel. Ces fonctions expliquent selon le linguiste, pourquoi le langage est utilisé par les hommes et à quoi il sert.46 Il dénombre ainsi six fonctions pour démontrer l’importance du langage dans nos sociétés :
“La fonction référentielle
Il s’agit de la fonction informative, centrée sur le langage transmis. Elle donne des indications sur l’objet nommé, la situation et le contexte.
La fonction émotive ou expressive
Cette fonction est centrée sur ce qu’exprime l’émetteur : son attitude, le timbre de sa voix, son émotion, son intonation…
La fonction conative
Il est aussi possible de reconnaître dans le langage les effets intentionnels du message sur le destinataire, en se référant par exemple à des formes grammaticales, comme l’impératif.47 ” La volonté est ici d’avoir un effet sur le destinataire par le langage employé.
“La fonction phatique
Cette fonction du langage est celle qui permet d’établir une communication, d’assurer un contact, par exemple en disant « allo » au téléphone48 ”. Ou bien parfois cette fonction est pour rompre le contact.
“La fonction métalinguistique
Il s’agit ici des codes qui permettent d’expliciter le message, par exemple pour le terme « tard »”49 Que désigne-t-il ? S’agit-il de la même tranche horaire évoquée par le destinataire et l’émetteur ?
“La fonction poétique
Il s’agit de matérialiser les signes et le code et de mettre en évidence la forme et le message.50 ”
Ainsi, ces six fonctions composant les différentes entités d’un échange démontrent selon Jakobson, l’utilité du langage pour l’être humain vivant en communauté. Le langage est encore une fois vu, au profit de son habileté à créer ou rompre le lien entre un destinataire et un récepteur. Néanmoins, cette théorie comporte différentes limites. Premièrement, le récepteur du message et totalement passif : mis à part recevoir ce que souhaitait lui communiquer l’émetteur, le récepteur ne peut pas envoyer de retour à celui envoyant le message. Par ailleurs, les conditions sociales des individus sont totalement effacées dans cette analyse du langage. Certes, il est évoqué une fonction métalinguistique ayant pour objectif de permettre aux interlocuteurs de définir le code employé par les individus, mais cette fonction est uniquement centrée sur l’aspect linguistique du code et non l’aspect social que le langage peut comporter.
Appartenant au courant de l’ethnographie de la communication51, Hymes propose une autre approche, plutôt pragmatique, des interactions langagières, remises dans leur contexte social52. Ce qu’il nomme le modèle « Speaking » doit son appellation aux huit principes constituant sa théorie et formant ce mot. Ce modèle avait déjà été présenté dans son livre de 1962 de Ethnography of speaking53, mais il fut finalisé quelques années après. Selon lui, les fonctions du langage proposées par Jakobson sont trop simplistes et doivent être approfondies, notamment par l’étude du contexte social des individus constituant l’échange. En soit, la communication n’est plus seulement une transmission d’information brute entre différents interlocuteurs, elle doit aussi être contextualisée dans le temps et l’espace. Pour ce faire, il propose donc huit éléments afin de recontextualiser les interactions entre des individus. Il s’agit de :
“S. La situation
Cet élément englobe le cadre (moment et lieu de l’échange, disposition matérielle) et la scène (cadre culturel et psychologique de l’échange).
P. Les participants
Cet élément englobe l’émetteur et le destinataire mais aussi les individus présents qui, par leur présence, influent sur l’interaction.
E. Les finalités
Cet élément désigne les intentions de l’émetteur et les résultats effectifs de l’interaction.
A. Les actes
Cet élément regroupe le contenu et la forme du message.
K. Le ton
Cet élément regroupe l’accent et la manière dont l’acte est accompli.
I. Les instruments
Cet élément regroupe les canaux (moyens de transmissions de la parole) et les formes (le code) de la parole.
N. Les normes
Cet élément intervient au niveau de l’interaction (respecter son tour de parole…) et de l’interprétation (habitudes culturelles des participants…).
G. Le genre
Cet élément désigne la catégorie à laquelle appartient la communication (conférence, conversation, échange professionnel).”54
Ainsi, ce modèle propose d’autres éléments que Jakobson, comme les normes ou la finalité de l’échange qui sont bien plus abouties que les fonctions métalinguistiques et conatives. Néanmoins, cette étude ne prend pas en compte les difficultés qui peuvent être parfois rencontrées lors d’un échange. Que se passe-t-il si le cadre de la communication évolue ? Par ailleurs, cette vision aseptisée et définie théoriquement, n’est pas toujours en adéquation avec un échange communicationnel dont les cadres peuvent évoluer au cours de la communication. En outre, la dimension non verbale d’une discussion y est occultée.
C’est pourquoi, maintenant que différentes théories de la communication verbales ont été énoncées, il est nécessaire de s’intéresser à la communication non verbale.
Sous-section 2 - Communication non verbale.
Il aurait pu être satisfaisant de se baser uniquement sur l’analyse du langage verbal pour tenter d’expliquer les tensions engendrées par des échanges communicationnels. Néanmoins, d’après Georges Gusdorf, « les mots ne donnent pas un accès direct à la vérité personnelle. Tout au plus peuvent-ils réaliser une sorte de mise en direction.55» La communication résulte d’un message que l’on souhaite passer auparavant sélectionné par un individu. En somme, il s’agit d’éléments, qui, suite à une réflexion, sont partagés et qui parfois, ne parviennent pas au récepteur comme l’avait défini l’émetteur.
Or, le langage non verbal ne résulte pas du même processus. En effet, « si le corps tend parfois à se faire oublier, il n’en est pas moins notre premier mode d’existence56». Il pourrait être pensé comme une sorte de tampon entre notre environnement et ce que nous éprouvons, tel un élément transparent, mettant aux yeux de tous ce qui se passe dans l’esprit d’un individu. Fabienne Martin-Juchat aborde le corps comme un « objet complexe57» qui serait au cœur des échanges entre les hommes. Selon elle, « c’est d’abord la chair qui est engagée dans la relation au monde58». Le corps serait donc une sorte de « médiateur du rapport aux autres et aux choses59». Dès lors, le corps est révélateur de la façon dont un individu fait face à une situation, ou encore de ce qu’il ressent. C’est pourquoi, ce qu’exprime le corps au sein d’un échange signifie parfois bien plus que ce la personne exprime de toute voix. De ce fait, dans l’étude de la communication, il est indispensable d’étudier le langage non verbal pour comprendre les tenants et aboutissants d’un échange communicationnel.
I. Le langage verbal, une communication silencieuse très expressive.
Le langage non verbal pourrait être défini comme une communication silencieuse. Il concerne tous les éléments, en dehors de l’oral et de l’écrit, qui entrent dans le processus de communication60. Selon les études menées par le professeur Albert Mehrabian, professeur et psychologue à l’Université de Californie, il a été établi que 55% de la communication est non verbale quand seulement 7 % de la communication est verbale61. Par ailleurs, 38 % de la communication passe par le ton et le niveau sonore d’un échange62. Par cette étude, il est donc clair que si un individu souhaite transmettre explicitement une information, il est nécessaire de mobiliser le langage non verbal. Mais, avant, afin de faire la jonction entre les théories du langage verbal et celles non verbal, nous allons nous intéresser au modèle systémique de Palo Alto qui concilie les aspects verbaux et corporels de la communication.
A) L’école de Palo Alto.
La théorie de l’école de Palo Alto est centrée sur la dimension « psychosociale63» des interlocuteurs. Selon son champ d’étude, tout est communication, du silence à la l’arrêt de la communication. Par ailleurs, au-delà de l’aspect transactionnel de la communication -résidant dans l’échange d’information- il est aussi pris en compte la relation entre les individus. Nous n’entrons pas en contact de la même façon avec un proche qu’avec un inconnu dans la rue, un policier qu’un chef d’Etat etc. Cette école fut fondée au XXème siècle dans la ville de Californie de Palo Alto sous le principe d’ « une approche systémique et interactionniste des phénomènes humains64» autour de l’anthropologue Gregory Bateson65. Même si les théories de cette école s’intéressent à des éléments parfois bien plus larges que la communication, utiliser ses principes permet de remettre la communication au cœur de la société. L’analyse systémique de la communication appréhende l’échange dans un système ouvert, avec « une totalité, une rétroaction et équifinalité66». La totalité désigne le fait que la communication doit être comprise comme un tout, où la modification d’un élément entraîne la modification de l’ensemble, la rétroaction souligne la circularité de la communication avec des interlocuteurs actifs et dont les actions ont des conséquences sur les autres, et l’équifinalité, où l’historique de la communication a moins d’importance que le contexte dans laquelle elle évolue. Dès lors, cette école, en plus de prendre en compte la circularité de la communication, aborde la communication dans son ensemble. Par exemple, avec la théorie de la « double contrainte67», cette école justifie qu’un individu peut envoyer un message verbal qui est à contextualiser avec le message non verbal émis. En d’autres termes, si un individu vous dit, “Je suis très heureux de vous revoir” en vous tendant la main pour effectuer une poignée de main, il ne s’agira pas du même message que si l’individu croisait les bras en regardant en l’air. De ce fait, le langage non verbal semble proposer une vision différente du langage verbal, tantôt synchrone, tantôt opposé.
B) Les rôles de la communication non verbale.
Ainsi, l’école de Palo Alto nous permet de comprendre que la communication est un ensemble comprenant le langage verbal et non verbal. Que ces deux entités coexistent ensemble. Néanmoins, si le langage non verbal a parfois plus d’effets que le langage verbal, quelle est son utilité ? Comment se fait-il que l’on puisse lui attribuer plus d’importance que le langage verbal sous certains angles ? D’après Bruno Joly, il y a quatre rôles inhérents à la communication non verbale :
“1– Rôle expressif
Le non-verbal permet d’affirmer ses sentiments, ses émotions, son opinion : sourire pour exprimer sa joie, ouvrir grands les yeux pour marquer son étonnement, se gratter le nez pour exprimer son doute…
2 – Rôle relationnel
Ce sont des gestes qui permettent d’établir le type de relation que l’on souhaite établir avec autrui : se tenir à une certaine distance, mettre sa main sur l’épaule de l’autre…
3– Rôle régulateur
Ce sont des gestes qui permettent de réguler l’interaction, de synchroniser les tours de parole : lever le doigt pour demander la parole, acquiescer avec la tête pour signifier que l’on suit.
4 – Rôle symbolique
Ce sont des gestes signifiant la reconnaissance : se lever de table à l’arrivée d’un invité ; ou de non-reconnaissance : embrasser certaines personnes et serrer la main à d’autres dans un groupe.68 ”
Cette synthèse des différents effets du langage non verbal souligne l’intérêt d’analyser la communication dans sa globalité : un individu pourrait très bien dire à un autre qu’il l’apprécie énormément, tout en adoptant un rictus de dégoût.
Pour cela, nous allons analyser différents éléments permettant d’entrevoir les effets du langage non verbal dans la communication. Les messages non verbaux choisis, bien que exhaustifs, ont été sélectionnés dans le but de pouvoir être mobilisés dans la dernière partie traitant des effets du langage dans une communication de crise.
II. Exemple type de messages non verbaux.
Dans cette partie, nous nous intéresserons à différents messages non verbaux pouvant être émis au cours d’une communication. Les exemples de langage non verbal sélectionnés, sont mobilisés pour permettre au lecteur de faire sien, certains concepts généraux de l’analyse du langage corporel. Par la suite, il s’agira de pouvoir s’approprier ces analyses pour les réutiliser lorsque nous nous intéresserons au langage non verbal à adopter afin de pacifier une situation internationale générant des tensions.
A) La dimension spatiale comme message non verbal.
Selon Edward T.Hall dans The Silent Language, la façon dont les individus sont positionnés occupe une place primordiale dans la compréhension d’une communication. D’après lui, cette dimension de la communication est bien souvent oubliée au profit de l’analyse verbale du langage. Ce qu’il nomme « la dimension cachée69» désigne le « territoire de tout être vivant, animal ou humain » formant « l’espace nécessaire à son équilibre. »70. Si cette dimension du langage non verbal varie selon les cultures, elle nous permet de comprendre le type de relation instaurée durant un échange communicationnel. Ainsi, la position d’un individu dans l’espace par rapport à un autre peut être révélatrice de leurs rapports sociaux. Selon la théorie d’Edward Twitchell Hall71, « le territoire de rencontre conditionne la relation. Il influence la distance interpersonnelle (la proxémie) à respecter.72» La proxémie désigne « la distance entre les personnes qui définit le type de relations entre eux ; et vice versa, le type de relations induit une distance particulière et spécifique entre eux.73» Il définit ainsi trois types de relations dans l’espace :
“1 – Le territoire de confrontation (bords opposés)
Les deux interlocuteurs sont de chaque côté d’une table. Chacun préserve ses documents et n’empiète pas sur le territoire de l’autre.
2 – Le territoire de coopération (bord à bord)
Les deux interlocuteurs sont à angle droit et peuvent échanger facilement des documents.
3 – Le territoire de collaboration (du même bord)
Les deux interlocuteurs sont côte à côte et se partagent les documents.74 ”
Cette dimension spatiale de la communication se retrouve dans toutes nos interactions. Si un inconnu vient communiquer avec vous et s’exprime à moins de dix centimètres de votre visage, alors que vous ne le connaissez pas, cette situation pourrait être dérangeante. Or, si nous reproduisons cette scène, mais cette fois-ci entre une mère et son enfant, la dimension affective de la relation n’entraînera pas de gêne dans la communication. Par conséquent, l’espace utilisé entre des interlocuteurs permet de comprendre le type de relation dans laquelle ils se définissent. En traduisant cette analyse à l’échelle de dirigeant internationaux, la proximité de leur interaction pourra être analysée au prisme de leur entente. Cette étude est bien souvent effectuée par la presse qui détermine l’issue de négociation internationale d’après les gestes entrepris par les dirigeants : dernièrement, les négociations reprises entre les Etats-Unis et la Corée du Nord sont relatées par la presse comme prometteuses75. Cette vision des négociations est justifiée par des photos marquant la proximité physique entre les deux dirigeants qui se sourient. Dès lors, l’espace utilisé par des interlocuteurs permet de comprendre ce qui est en jeu dans un échange communicationnel. Si Trump sur ces photos avait été positionné très proche de Kim Jong-Un et que le dirigeant coréen aurait souhaité mettre de la distance avec lui, alors cette vision positive des négociations n’aurait pas forcément été proposée.
Comme on peut le voir sur cette photo, les deux dirigeants sont proches, Trump tient même le bras de Kim et ce dernier se laisse faire. Cette image montre une collaboration entre les deux acteurs si nous analysons uniquement leur position spatiale. Néanmoins, le visage des deux dirigeants ne traduit pas forcément la même chose. Nous allons donc maintenant analyser les messages non verbaux liés à la posture et aux expressions faciales.
B) La posturomimogestuelle comme message non verbal.
Le terme de posturomimogestuelle désigne ce qui est en « co-occurence76» avec le langage verbal. Selon Pavelin, ce concept désigne « l’ensemble des mouvements et des postures corporelles »77. La posturomimogestuelle est évoquée dans cette sous-partie à la place de paralangage car de nombreux chercheurs se sont approprié la définition du paralangage générant une ambivalence derrière l’utilisation de ce concept. C’est pourquoi, la posturomimogestuelle (PMG) est employée pour dépasser ce flou est permettre l’analyse des comportements non verbaux dans une interaction. Il est regroupé dans ce concept, « la posture, ou la manière de positionner le corps entier ou une partie du corps ; la mimique, ou la configuration précise des traits du visage (front, nez, bouche, orientation du regard, sourcils…) ; le geste »78. Le geste est défini comme un « mouvement du corps (principalement des bras, des mains, de la tête), volontaire ou involontaire, révélant un état psychologique, ou visant à exprimer, exécuter quelque chose »79 et, comme « un simple mouvement expressif ou caractéristique, du bras, de la main ou de la tête. »80. Ainsi, au-delà de la dimension spatiale, la place de la posture est centrale dans la communication non verbale. En effet, l’émotion pour s’exprimer, nécessite un corps, et cette dernière n’est pas directement soumise à la volonté du fait de sa spontanéité81. Le non-contrôle de l’effet des émotions sur le corps se retrouve dans les études sur les conséquences de l’embarras dans le corps. En 1971, William James, relatait le changement corporel suscité par l’embarras : « un embarras momentané, c’est quelque chose dans le pharynx qui nous force à avaler ou bien à nous dégager le gosier ou à tousser légèrement82». Dès lors, en quelques secondes, « la réponse émotionnelle exerce des changements temporaires sur les viscères, ouvrant à une augmentation de la température cutanée83».
[...]
1 Site du Musée canadien de l’histoire de l'Holocauste. URL : https://www.yadvashem.org/events/15-march-2005/museum-special-assembly/canada.html Consulté le 07/06/2019
2 Diane Éthier, Chap. 1 « L’analyse des relations internationales », dans : Introduction aux relations internationales, sous la direction de Diane Ethier et Marie-Joëlle Zahar, Montréal, Presses universitaires de Montréal, coll. « Paramètres », 2003, p. 15-74
3 Ibid p 25
4 Renaud Denoix de Saint Marc, « Introduction », dans : l’Etat, sous la direction de Renaud Denoix de Saint Marc, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2016, p. 3-6
5 Diane Éthier, Chap. 1, « L’analyse des relations internationales », dans : Introduction aux relations internationales, sous la direction de Diane Ethier et Marie-Joëlle Zahar, Montréal, Presses universitaires de Montréal, coll. « Paramètres », 2003, p. 37
6 Habib Yaribeygi, Yunes Panahi, Hedayat Sahraei, Thomas P. Johnston, Amirhossein Sahebkar, « The impact of stress on body function: A review », Excli Journal, n°16, 2017, p 1066
7 Michel Howard, L’invention de la paix et le retour de la guerre, Paris, Buchet-Chastel, coll. « Sciences humaines », 2004, 160 p
8 Sigmund Freud, Albert Einstein, Pourquoi la guerre ?, Paris, Rivages, coll. « Rivages Poche », 2005, 64 p
9 Bruno Tertrais, « De la guerre à la paix », dans : La guerre, sous la direction de Bruno Tertrais, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2014, p. 95-112
10 Thomas Hobbes, Chap. 5, Le Léviathan, Paris, Folio, coll. « Folio Essais », p. 45
11 François Rastier, « Le langage a-t-il une origine ? », Revue française de psychanalyse, n°71, 2007, p. 1481-1496
12 Platon, Protagoras ; Euthydème ; Gorgias ; Ménexène ; Ménon ; Cratyle, Paris, Flammarion, coll. « GF », 2016, 503 p
13 Séverine Autesserre, « Construire la paix : conceptions collectives de son établissement, de son maintien et de sa consolidation », Critique internationale, n°51, 2011, p. 153-167
14 Jonas Habermas, Théorie de l’agir communicationnelle, tome 1 : Rationnalité de l'action et rationnalisation de la société, Paris, Fayard, coll. « L'espace du politique », p. 117
15 Jacqueline Russ, Clotilde Leguil, « Morale et éthique chez Jürgen Habermas », dans : La pensée éthique contemporaine, sous la direction de Jacqueline Russ, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2012, p. 25-30
16 Romain Lecler, « Introduction », dans : Sociologie de la mondialisation, sous la direction de Romain Lecler, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2013, p. 3-6
17 Sandra Bornand, Cécile Leguy, Chap. 2 « Différentes manières d’appréhender la communication », dans : Anthropologie des pratiques langagières, sous la direction de Sandra Bornand, Cécile Leguy, Paris, Armand Colin, « U », 2013, p. 43-72
18 Robert T. Craig, « La communication en tant que champ d’études », Communiquer, n° 1, 2009, p. 1-42
19 Jean-Philippe Bouilloud, « De la « crisologie » à la « risquologie » », Communications, n°91, 2012, p. 153-159
20 Herman Kahn, Anthony J. Wiener, Crises and Arms Control, New York, Harmon-on-Hudson, 1962, 415 p
21 Charles Hermann, International Crises: Insights from Behavioral Research, New York, Free Press, 1972, p.13
22 Hélène Romano, « Intervenir lors d'un événement traumatique en milieu scolaire », Le Journal des psychologues, n°5, 2007, p. 54-58
23 Laurent Combalbert, Éric Delbecque, Chap. 2 « Anticiper et manager la crise », dans : La gestion de crise, sous la direction de Laurent Combalbert, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2018, p. 53-73
24 Bogdanka Pavelin, Le geste à la parole, Toulouse, Presse universitaire du Mirail, coll. « Interlangues », p. 20-23
25 Christine Béal, « Les stratégies conversationnelles en français et en anglais : conventions ou reflet de divergences culturelles profondes ? », Langue française, n° 98, 1993, p. 79-106
26 Pierre Zémor, « Le champ de la communication publique », dans : La communication publique, sous la direction de Pierre Zémor, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2008, p. 3-24
27 Michel Bertrand, « La communication, une histoire sans parole ? », Études théologiques et religieuses, n°88, 2013, p. 1-14
28 Niklas Luhmann., « Wie ist bewusstsein an kommunikation beteiligt ? », dans : Materialitât der kommunikation, sous la direction de Hans Ulrich Gumbrecht et Karl Ludwig Pfeiffer, Francfort, Suhrkamp, 1988, p. 884-905
29 Dominique Picard, « De la communication à l'interaction : l'évolution des modèles », Communication et langages, n°93, 1992, p. 69-83
30 Ibid p 69
31 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Bruno Joly, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p. 11-68
32 Ibid p 12
33 Michel Bertrand, « La communication, une histoire sans parole ? », Études théologiques et religieuses, n°88, 2013 p. 1-14
34 Ibid p 3
35 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Bruno Joly, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p.12
36 Dominique Picard, Marc Edmond, Chap. 1 « Gregory Bateson : de l'anthropologie à la systémique », dans : L’École de Palo Alto, sous la direction de Dominique Picard, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2013, p. 13
37 Dominique Picard, « De la communication à l'interaction : l'évolution des modèles », Communication et langages, n°93, 1992, p. 70
38 Ibid p 70
39 Ibid p 71
40 Ibid p 71
41 Ibid p 71
42 Ibid p 72
43 Didier Courbet, Marie-Pierre Fourquet, « Métaphore du chien de Pavlov et influence de la publicité : étude critique du conditionnement classique dans le cadre de la socio-cognition implicite », Communication et organisation [En ligne], n°23, 2003, consulté le 27/02/2019. URL : http://journals.openedition.org/communicationorganisation/2808
44 Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, Paris, Minuit, 1963, p. 213-214
45 Dominique Picard, « De la communication à l'interaction : l'évolution des modèles », Communication et langages, n°93, 1992, p. 73
46 Ibid p 73
47 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Bruno Joly, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p.13
48 Ibid p 13
49 Ibid p 13
50 Ibid p 13
51 Dell Hymes, « Modèles pour l'interaction du langage et de la vie sociale », Études de linguistique appliquée, n°37 1980, p. 127-153
52 Dominique Picard, « De la communication à l'interaction : l'évolution des modèles », Communication et langages, n°93, 1992, p. 73
53 Dell Hymes, « The Ethnography of Speaking », dans : Anthropology and Human Behavior, sous la direction de Gladwin Thomas et Sturtevant William, Washington, Anthropological Society of Washington, 1962, p. 13-53
54 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Bruno Joly, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p.15
55 Georges Gusdorf, La parole, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 2013, p. 76-77
56 Amélie Tehel, « La place du corps dans la communication », Hermès, n°82, 2018, p. 35-40
57 Fabienne Martin-Juchat, Le corps et les médias. La chair éprouvée par les médias et les espaces sociaux, Paris, De Boeck Supérieur, coll. « Culture & Communication », 2008, 150 p
58 Ibid p 14
59 Ibid p14
60 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Joly Bruno, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p. 11-68
61 Albert Mehrabian, Nonverbal communication, New York, Routledge, 1972, 235 p
62 Ibid.
63 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Bruno Joly, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p. 15
64 Dominique Picard, Marc Edmond, « Introduction », dans : L’École de Palo Alto, sous la direction de Dominique Picard, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2013, p. 3
65 Dominique Picard, Marc Edmond, Chap. 1 « Gregory Bateson : de l'anthropologie à la systémique », dans : L’École de Palo Alto, sous la direction de Dominique Picard, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2013, p. 14
66 Dominique Picard, Marc Edmond, Chap. 4 « La communication au cœur du système », dans : L’École de Palo Alto, sous la direction de Dominique Picard, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2013, p. 59
67 Site web de Philippe Turchet. URL : http://recherche.synergologie.org/la-recherche/le-non-verbal-et-champ-scientifique/palo-alto Consulté le 22/01/2019
68 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Bruno Joly, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p.38
69 Edward T. Hall, The Silent Language, New York, Doubleday and Company, 1959, 4ème de couverture
70 Ibid 4ème de couverture
71 Edward T. Hall, La Dimension cachée, Paris, Seuil, 1971, 256 p
72 Bruno Joly, Chap. 2 « La communication interpersonnelle », dans : La communication, sous la direction de Joly Bruno, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Le point sur... Marketing », 2009, p. 30
73 Ibid p 30
74 Ibid p 31
75 Gilles Paris, « Pourquoi le rapprochement entre Donald Trump et Kim jong-un a marqué le pas », Le Monde, 2019, [en ligne], consulté le 01/03/19, URL : https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/27/le-rapprochement-entre-washington-et-pyongyang-a-marque-le-pas-apres-singapour_5428794_3210.html
76 Pavelin Bogdanka, Chap. 2 « Statut et rôle du mouvement dans la communication orale en face à face », dans : Apprentissage d'une langue étrangère/seconde : La phonétique verbo-tonale, sous la direction de Raymfaçon dont un corond Renard, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Pédagogies en développement », 2002, p. 72
77 Ibid p 72
78 Ibid p 73
79 Ibid p 73
80 Ibid p 73
81 Anna Tcherkassof, Nico H Frijda, « Les émotions : une conception relationnelle », L’Année psychologique, n°114, 2014, p. 501
82 William James, La théorie de l'émotion, Paris, L’Harmattan, coll. « Psychanalyse et Civilisations », 2006, 168 p
83 David Galli, « L’embarras en communication », Hermès, n°82, 2018, p. 25
- Arbeit zitieren
- Tara Deuscher--Corrihons (Autor:in), 2019, La communication au service de la pacification d’une crise internationale. Langage verbal et non-verbal, München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/591097
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