Le présent travail de recherche trouve son intérêt dans l’analyse du changement de perspective au plan formel et thématique de la littérature des travailleurs immigrés (Gastarbeiterliteratur) à la littérature des migrants (Migrantenliteratur). Une telle étude s’appuie sur les romans évoqués dans le titre afin d’aborder la problématique du changement de plume dans la littérature allemande. En effet, la littérature des travailleurs immigrés qui s’est développée dès les années 60-70, est un medium de communication et de dénonciation des conditions de vie des immigrés venus en Allemagne dans le cadre d’une coopération multilatérale de recrutement de main-oeuvre lancé par la RFA pour redynamiser son économie.
Une décennie après, la littérature des migrants, formée globalement par des étrangers, voit le jour et forge un discours nouveau et pluriel. Pendant que le premier sous-champ oriente ses textes uniquement sur les conditions de vie des travailleurs immigrés et se cloisonne cependant sur une narration dichotomique, le second, s’ouvre aux autres minorités et cherche la continuité du point de vue formel et surtout thématique. L’objectif était d’adapter leurs productions littéraires à l’actualité dans toute la société allemande. L’analyse du corpus a permis ainsi de montrer, d’une part, comment l’auteur Aras Ören, sous une forme classique, représente la rencontre entre les personnages allemands et ceux des travailleurs immigrés et de mettre en évidence les conditions de vie de ces derniers dans un quotidien marqué par la criminalité, des problèmes d’intégration et de rejet.
D’autre part, elle a permis d’éclairer avec Chima Oji les expériences des minorités noires africaines, afro-allemande, binationales etc. dans une Allemagne conservative dans laquelle elles sont discriminées et considérées comme des étrangers avec qui la société majoritaire ne partagent aucune similitude culturelle et identitaire. Or, suivant la narration de l’auteur, une telle conception sur une culture allemande homogène est, de nos jours, erronée. Par ailleurs, les cultures sont devenues hétérogènes, voire hybrides. Aussi bien les migrants africains mis en texte que les autres minorités rejetées constituent une partie intégrante de la société allemande. C’est ce que nous avons analysé avec la présence d’une diversité de minorités dans son récit.
Sommaire
1. Introduction
2. Elucidation des concepts
3. Vue d’ensemble sur les œuvres
4. Les contextes sociaux, politiques et économiques de l’Allemagne
5. La situation littéraire de l’Allemagne depuis la littérature des travailleurs immigrés jusqu’à la littérature des migrants
6. La représentation des étrangers dans les médias allemands
7. Au cœur de la problématique du changement de perspective dans les œuvres
8. Réception des Œuvres « Bitte nix Polizei » et « Unter die Deutschen gefallen »
9. Conclusion et mise en perspective
10. Bibliographie
Dédicace
Cette thèse est dédiée à celles et ceux qui, de près ou de loin, m’ont apporté leurs conseils et soutiens depuis mon cursus primaire, moyen, secondaire et universitaire. Certaines personnes telles que mon défunt père Cheikh Sarr, ma grande mère Coumba Nguéss, mon grand-père Mame Aliou Sarr, ma grande sœur Fatou Sarr aimeraient assister à la réalisation de cette thèse. Mais Allah le Tout-Puissant en a décidé autrement. Je leur dédie particulièrement ce travail et formule des prières à leurs égards.
Remerciements
Mes remerciements sont en premier lieu destinés à Dieu et au Prophète Mouhamed (paix et salut sur lui). Un grand merci au Dr Amadou Oury Ba qui a encadré mon travail avec une grande assiduité et en suivi les différentes évolutions jusqu’à son terme. Ses orientations et remarques au plan méthodologique et thématique ont été suivies avec rigueur et pris en compte lors de la rédaction du travail.
Je n'oublie pas tous les professeurs du Département de langues et civilisations germaniques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui m’ont généreusement formé dans le domaine de la germanistique depuis 2012 ainsi que tous ceux qui m’ont prodigué des conseils lors de la rédaction de ce travail. Je remercie l’école doctorale ARCIV de la FLSH pour tous les séminaires communs organisés pour les doctorants ainsi que la formation doctorale Etude et Recherche en Germanistique Comparée du département d’allemand qui m’a accueilli dans son laboratoire.
Mes remerciements au chef d’équipe UCAD du projet de recherche « Literary cultures of the Global South » financé par le DAAD, Dr Amadou Oury Ba, qui m’a sélectionné en tant que doctorant et proposé pour un séjour de recherche à Tübingen/ RFA. J’ai pu accéder à une riche documentation à l’université Eberhard Karl de Tübingen, ce qui a permis de faire avancer ce travail. Les échanges sur place et la participation aux enseignements pluridisciplinaires des professeurs tels que Prof Dr Dorothée Kimmich, Prof Dr Susanne Goumegou et Prof Dr Russel Pavlov ont été très bénéfiques à mes recherches.
En troisième lieu, je remercie infiniment mes parents Marie Faye et Cheikh Sarr pour leur soutien financier et moral. Merci à tous mes amis, particulièrement, Youssoupha Ndiaye, Ibrahima Séne et Mamadou Diamé Séne.
En quatrième et dernier lieu, je remercie mes frères et sœurs, spécialement mon frère Badou Sarr, qui m’a inlassablement encouragé à poursuivre mes études et s’est bien investi afin de me voir réussir dans les études. Ce travail de thèse ne serait pas aujourd’hui achevé avec finesse sans l’engagement et le soutien de toute ma famille. Je rends grâce à Dieu.
Liste des illustrations
Image 1: « Immigration clandestine: Libre circulation personnes et visa pointés du doigt. »
Image 2 : Maroc- Espagne, une immigration clandestine toujours plus périlleuse »
Image 3 : Gastarbeiterunterkünfte in den 1960er Jahren
Image 4: Am 10. September 1964 wird der millionste Gastarbeiter der Bundesrepublik, Armando Sa Rodrigues aus Portugal, auf dem Köhl-deutz Bahnhof feierlich begrüß mit einem Motorrad beschenkt
Image 5: Die Gastarbeiter kommen
Image 6 : Italienische Gastarbeiter bei ihrer Ankunft in München
Image 7 : Istanbul : Des candidats à l’immigration devant l’office du travail en 1972
Image 8 : Brandanschlag von Solingen 1993
Image 9: Rechtsextremismus Straftaten gegen Flüchtlinge nehmen stark zu
Image 10 : Wie auf einem fremden Planeten: Sich in Deutschland einzuleben, fällt vielen afrikanischen Einwanderern schwer. (Foto: Humboldt-Stiftung / Nikolaus Brade)
Image 11: Die "Türken" wurden in der Turcica-Literatur oft als Kindertöter und Frauenschänder dargestellt: Das Motiv der auf Zäune aufgespießten oder mit dem Schwert in zwei Stücke geteilten Kinder zeigt eindeutig den Einfluss der christlichen Ikonographie und zielt darauf ab, Analogien zum Kindermord von Bethlehem herzustellen. (Holzschnitt von Hans Weigel d. Ä., Nürnberg um 1530, Zentralbibliothek Zürich Inv. PAS. II 2:4)
Image 12: Williams Haydn, Turquerie. Une fantaisie européenne du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, octobre 2015, p 240
Image 13: Soliman, le Magnifique (1494-1566)
Image 14: Mary Wortley Montagu en robe Turque
Image 15: Ottoman Influences in Western Dress
Image 16: Türkische Gastarbeiter auf dem Düsseldorfer Flughafen. (Foto: dpa)
Image 17 : Gettos in Deutschland. Eine Million Türken
Image 18: 50 Jahre Gastarbeiter
Image 19: Maurice, le Saint noir
Image 20: Lucas Cranach the Elder Met Museum New York
Image 21: St. Benedikt the Black
Image 22: German Sklavery
Image 23: Louise de Kerouaille, Duchess of Portsmouth (mit afrikanischem Mädchen als Dienerin), 1682, London, National Portrait Gallery
Image 24: Sarah Baartman : la "vénus hottentote" symbole du racisme européen
Image 25: advertisment for Joice Heth exhibit (somers historical Society, somers, N.Y)
Image 26: Recht- und schutzlos: Spuren der Tortur auf dem Rücken eines entflohenen Sklaven (Vereinigte Staaten, 1863) Fotoquelle: jW-Archiv
Image 27: Angelo Soliman um 1760/1765
Image 28: Abraham Hannibal Petrowitsch, 1720
Image 29: Unbekannter Maler, Der hl. Franz Xaver tauft einen Mohren, Rohrbrunn /Burgerland (Mitte 19.Jh.). Privatarchiv des Verfassers
Image 30: Unbekannter Künstler, Missionsflug- blatt, Tirol (erste Hälfte 20. Jh.)
Image 31: Ansichtskarte Völkerschauen – Carl Marquardt – Afrika 1908
Image 32: Postcard of Carl Hagenbeck’s “Galla-Truppe.” Exhibition of Zoo of Hamburg (Peter Weiss collection)
Image 33: Carl Hagenbeck’s Tierpark, Stelligen-Hamburg. Äthiopien, Isa und Habr Auel, Mädchen Frauen
Image 34: Carl Hagenbeck’s Galla-Truppe.
Image 35: Exposition Roubaix 1911. Village Sénégalais-2. Les lutteurs
Image 36: Guerre 1914- Tirailleurs sénégalais- Une colonne
Image 37: Guerre 1914- 1915Tirailleurs sénégalais. Revue du capitaine
Image 38: Gier kriegt die Welt. Schwarze Shmach und Kulturschande
Image 39: The black sham (Die schwarze Schmach). 1920, Cast bronze, satical medal, 59.4mn, 39.50g. Rim-punched; “K. GoeTz.”
Image 40: "Against the laws of civilisation": Race, Gender and Nation in the International Racist Campaign Against the 'Black Shame'”
Image 41: Stalag III A, Luckenwalde bei Berlin (© Dauerausstellung Heimatmuseum Luckenwalde)
Image 42: Stalag VII A, Moosburg. (© Stadt Moosburg a.d. Isar)
Image 43: Angekommen: Geflüchtete wartet im spanischen Malaga auf ihre Registrierung
Image 44: Gut die Hälfte der Menschen südlich der Sahara würden einer Umfrage zufolge gern ihr Land verlassen. Bis zu eine Million wartet in Libyen auf die Fahrt nach Europa. Droht eine zweite Flüchtlingskrise?
Image 45: Migranten aus Schwarzafrika klettern auf den Grenzzaun der spanischen Enklave Ceuta in Nordafrika
Image 46: Les couvertures du roman « Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung »
Image 47: Première page de couverture du roman „Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung“
Image 48: La quatrième page de couverture du roman „Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung“
Image 49: Première de couverture du roman « Unter die Deutschen gefallen. Erfahrungen eines Afrikaners »
Image 50: La quatrième de couverture du roman « Unter die Deutschen gefallen. Erfahrungen eines Afrikaners »
Liste des Tableaux
Table 1: Ausländerbeschäftigung in der Bundesrepublik Deutschland 1955-1995
Table 2 : 1950-1960: formation de l'offre*
Table 3: 1950-1960 : marché du travail*
Table 4 : Durchschnittliches jährliches Wachstum von BIP, Bevölkerung und Produktivität in der Bundesrepublik Deutschland in den Jahren 1950 bis 1989
Table 5 : Wirtschaftswachstum in Deutschland. Veränderung des preisbereinigten Bruttoinlandsprodukts gegenüber dem Vorjahr in %
Table 6 : Gesamtbevölkerung und Ausländer in der Bundesrepublik Deutschland (1951 bis 1989) und in Gesamtdeutschland (1990 bis 2008) (Teil 1)
Table 7 : (Nord-)Afrikanische Staatsangehörige und Personen mit afrikanischem Migrationshintergrund in Deutschland, 1991-2008
Table 8 : Die Entwicklung der Arbeitslosigkeit in Deutschland. Die Entwicklung der Arbeitslosenquote in den Jahren 1991 bis 2008 Angaben in Prozent
Table 9 : Bruttoinlandsprodukt in Deutschland
Table 10 : Liste des journaux quotidiens allemands après la seconde guerre mondiale (fait par nous)⃰
Table 11 : Überregionale Tageszeitungen in Deutschland nach verkaufter Auflage im 1. Quartal 2019
Table 12 : Les bases du schéma narratif
Liste des abréviations
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Avant-propos
Le changement de perspective dont il est question dans ce travail de recherche, s’est opéré dans la littérature allemande, au niveau des travailleurs immigrés, « Gastarbeiterliteratur » et au niveau de la littérature des migrants, « Migrantenliteratur ». Ces dernières sont deux formes d’expressions littéraires, voire deux sous-champs qui ont fortement marqué la littérature allemande. Le premier est formé par des travailleurs immigrés, des artistes et des intellectuels concernés, de près ou de loin, par la politique de recrutement de main-d’œuvre étrangère lancée par l’Allemagne de l’ouest de 1955 en 1973 pour le compte de son économie affaiblie par la seconde guerre mondiale et qu’elle cherchait à redynamiser, tandis que le second sous-champ regroupe des migrants (économiques), des refugiés rapatriés et une diversité de minorité arrivées et ayant vécues en Allemagne depuis les années soixante, soit pour chercher refuge et une vie meilleure, soit pour découvrir de nouvelles horizons.
Depuis ces périodes à nos jours, ces deux sous-champs littéraires, qui se distinguent aussi bien au plan formel que thématique, ont réagi différemment, d’une part, face aux conditions de vie des immigrés et d’autre part face à la situation des migrants, en particulier des minorités étrangères dans la société allemande. Pendant que les auteurs issus de la littérature des travailleurs immigrés présentaient souvent leurs textes sous les genres classiques tels que l’épopée, le lyrisme et le drame, les écrivains de la littérature des migrants utilisaient largement l’autobiographie. Les thèmes traités par les premiers furent majoritairement orientés vers une forte représentation des conditions de vie de la classe ouvrière étrangère. Disons que les récits semblaient orientés plus vers une prise de parole ou mieux vers un plaidoirie pour cette minorité étrangère que de simples textes de fiction. Cette forme de littérature produite par des travailleurs immigrés finit par orienter les textes vers une narration dichotomique mettant en œuvre des personnages issus des travailleurs immigrés et des autochtones allemands. Les seconds cherchaient à se démarquer de loin non seulement de cette dichotomisation des thèmes mais aussi de leur focalisation uniquement sur une seule minorité dans les récits. Ces derniers devraient-ils toujours rester centrés sur les conditions de vie des travailleurs immigrés dans la société ou être élargis vers d’autres minorités une décennie après ? Devraient-ils se focaliser uniquement sur cette même classe ouvrière étrangère ou être adaptés à la réalité quotidienne du pays? Ces questions ont constitué un point de départ dans le changement de perspective dans la littérature des minorités.
C’est dans ce contexte que notre présent travail s’intéresse au changement de perspective qui a accompagné la présence des minorités migrantes depuis les années 50 avec les travailleurs immigrés jusqu’au migrant actuel qui continue à mettre en œuvre leurs différentes expériences et vécus.
Notre travail consiste ainsi à analyser un tel changement de plume au niveau narratif mais aussi thématique. Le choix de notre corpus s’opère par conséquent sur deux œuvres littéraires, parues dans les deux contextes de migration mentionnés ci-dessus: « Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung »i de Aras Ören et « Unter die deutschen gefallen. Erfahrungen eines Afrikaners »ii de Chima Oji. Ce faisant, nous avons opté pour une étude comparative.
Soulignons que l’analyse de cette recherche s’est appuyée sur des théories littéraires et culturelles, mais aussi sur une large littérature secondaire composée d’œuvres, d’articles, de revues scientifiques et des liens d’internet. Nous avons exploité en même temps certaines sources iconographiques et statistiques.
1. Introduction
L’Allemagneiii est considérée, ces dernières décennies, comme un pays de l’espace germanophone qui enregistre un taux de natalité relativement stable.iv Selon une étude scientifique, seule une immigration régulière serait le moyen de maintenir la population allemande actuelle dans cette stabilité.v D’ailleurs, une autre étude projette que l’Allemagne aurait besoin d’au moins 260 000 immigrés par an d’ici 2060 afin de couvrir ses besoins en main-d’œuvre.vi Ceci semble être compris par les autorités allemandes sociaux-démocrates qui se sont engagées dans cette direction en 2015 en accueillant 800 000 réfugiés.vii Compte tenu de cet engagement politique et humanitaire sur la question des réfugiés et des immigrés, l'Allemagne est souvent considérée comme un pays d’asile et un Eldorado pour de nombreux immigrés ces dernières décennies. Elle est aussi un pays de migration pour la plupart des « migrants économiques » africains, attirés par l’essor économique du pays. Ce qui fait de cette nation le deuxième pays du monde le plus convoité par les étrangers et particulièrement par les migrants derrière les Etats Unis.viii Cette image attractive d’une Allemagne prospère et empreinte de réussite économique est particulièrement forgée par les « récits merveilleux » des immigrés africains de retour dans leur pays d’origine.ix
Les intérêts réciproques entre Allemands et étrangers ne remontent pas d’aujourd'hui. Après la seconde guerre mondiale et précisément dans les années 1950-70, l’Allemagne de l’ouest a cohabité avec des « Gastarbeiter », autrement dit des travailleurs immigrés.x Ces derniers sont souvent qualifiés comme la première génération de migrants dans le pays.xi
A partir des années 1980 jusqu’à nos jours, l’Allemagne a connu une seconde génération de migrants, composée cette-fois ci de demandeurs d’asile, d’étudiants boursiers, de « migrants économiques », de réfugiés etc.
La première génération, venue dans les années 50 par le biais de contrat de travail, conclu avec certains pays d’Europe de l’est et d’Afrique du nord, est dominée par des travailleurs immigrés turcs. L’arrivée massive de cette main- d’œuvre étrangère devrait participer à la reconstruction d’un pays dévasté par la seconde guerre mondiale mais aussi à la restructuration du marché du travail allemand.xii En effet, sorti perdant de cette guerre, les Allemands avaient payé un lourd tribu aux quatre puissances alliés (l’Amérique, l’union soviétique, la grande Bretagne et la France). Ainsi, le pays fut divisé en deux Etats: la République Fédérale Allemande (RFA) et la République Démocratique Allemande (RDA). Ces derniers, constituant deux Etats opposés tant sur le plan politique que social, étaient en concurrence et chaque Etat cherchait à être le représentant du peuple allemand sur le plan international.xiii Sur le plan infrastructurel, les deux Allemagnes avaient encore du retard; et le manque de main- d’œuvre se faisait sentir de plus en plus surtout avec le miracle économique en Allemagne de l’ouest, « Wirtschaftswunder ». C’est dans cette perspective que la RFA fut le premier à faire appel en 1953 à une main- d’œuvre étrangère « peu qualifiée » venant de différents pays.xiv
En ce qui concerne son voisin de l’Est, le nombre de travailleurs étrangers y était aussi important. Même si les dirigeants soviétiques d’alors récusaient avoir procédé à un recrutement de travailleurs étrangers, et parlaient plutôt d’étrangers invités pour des formations professionnelles, on compte toutefois 59000 travailleurs Vietnamiens et 15000 Mozambicains.xv Ces travailleurs sont souvent appelés «Vertragsarbeiter», c’est-à-dire des travailleurs contractuelles.xvi
L’arrivée des travailleurs immigrés en RFA et de « Vertragsarbeiter » (travailleurs contractuels) en RDA était considérée respectivement comme une aubaine pour redynamiser l’économie du pays et un soutien pour les pays tiers. Au début, ces travailleurs étaient perçus positivement dans les deux Allemagnes. La plupart d’entre eux commencèrent à se sentir comme chez eux. Ils commencèrent à s’adapter à leur nouvelle vie. Ainsi, l’intégration dans la société d’accueil ne serait qu’une question de temps.xvii
Cependant l’accroissement massif de cette main- d’œuvre en RFA, les flux migratoires venant de plus en plus de l’Allemagne de l’Est affectée par une crise économique et sociale et la crise pétrolière de 1973, provoqua une récession de l’économie du pays. Selon des études statistiques réalisées sur le modèle économique de l’Allemagne de l’ouest, la population active disponible à cette époque avait baissé de 500 000 unités, soit 1,7 million d’emploi ont été supprimés dans le marché du travail.xviii Par conséquent de nombreuses réactions secouèrent la sociétéxix et entrainèrent ainsi en 1973 l’arrêt des recrutements des travailleurs immigrés. Cette main-d’œuvre, estimée aux environs de 14 million dans les années 1950, diminua à hauteur de 11 million de travailleurs immigrés en 1973. Cette minorité restante, dominée la plupart par des turcs et renforcée par l’arrivée massive des autres membres de leur famille en Turquie, commença à subir l’intolérance des autochtones. Elle est le plus souvent accusée d’être à l’origine de la conjoncture économique en RFA. Par conséquent elle est rejetée, voir même isolée comme les autres travailleurs immigrés des autres nationalités. Cette stigmatisation des minorités étrangères était aussi perceptible en Allemagne de l’Est. Dans ce pays, le gouvernement ne mena aucun effort pour faciliter l’intégration des migrants dans la société. Ils sont souvent victimes d’une isolation et d’une discrimination dans la société, ce qui installe progressivement la méfiance, la peur et la haine chez ces migrants.xx
La seconde génération de migrants en Allemagne n’était pas aussi épargnée par cette discrimination, même s’il faut noter que les attentes n’étaient pas exclusivement les mêmes que la première génération. Si l’arrivée d’une partie de ces migrants était motivée par la découverte de nouvelles horizons et par des besoins de formations; d’autres préféraient rester et nourrissaient de grands espoirs de faire leur vie et d’avoir plus de liberté dans leur société d’accueil. Cependant, ces migrants se confrontèrent eux aussi à des réalités sociales qui se manifestaient dans une société où la plupart des autochtones n’aimaient pas les étrangers. Par conséquent, ils n’étaient pas acceptés dans la société et furent rejetés comme la génération précédente.
Le rejet de la première comme de la seconde génération de migrants dans cette situation multiculturelle en Allemagne de l’ouest a souvent provoqué un conflit interculturel, fait qui est récurrent dans de telles rencontres entre personnes de cultures différentes, nous dit Amin Maalouf dans Les identités meurtrières:
«Dans les nombreux pays où se côtoient aujourd'hui une population autochtone, porteuse de la culture locale, et une autre population, plus récemment arrivée, qui porte des traditions différentes, des tensions se manifestent, qui pèsent sur les comportements de chacun, sur l'atmosphère sociale, sur le débat politique. »xxi
A l’instar d’Amin Maalouf, la spécialiste en histoire sociale à l’université de France- Comté, Nadège Compard dans son ouvrage intitulé Immigrés et Romans Noirs (1950-2000) pense que ce genre de confrontation peut déboucher en outre sur tout un panel d’accommodations ou d’adaptations ou au contraire de rejets.xxii Ce dernier cas, le plus fréquent, peut provoquer d’ailleurs un repli identitaire et le plus souvent des problèmes psychosociaux chez certains migrants. Donc bouleversés par ces genres de tension et plus par la découverte d’une nouvelle forme de vie qui leur est inhabituelle, c’est à dire une société individualiste allemande en opposition à une société collective de laquelle ils proviennent, ces migrants ont du mal à s’intégrer dans la société. Sans compter toutefois les politiques d’assimilation des minorités établies par la république fédérale qui favorisait une acculturation plus qu’une intégration des immigrés.xxiii Par ailleurs, ces migrants se confrontaient à des conditions de vie difficiles. Dans ces contextes, les uns adoptent des comportements de « défense » et de « défiance ». Le plus souvent ils s’adonnent à la criminalité, en réaction à la discrimination et à la marginalisation dont ils sont souvent victimes dans la société, les autres migrants préfèrent faire profil bas en adoptant des comportements de méfiance, d’obéissance, de discrétion etc.xxiv Ces faits socio-culturels n’ont pas laissé indifférent le monde littéraire durant cette époque. Ainsi, des écrivains composés pour la majorité d’anciens travailleurs immigrés se sont réunis, dès les années 60 jusqu’au début des années 80, pour former, en premier, un espace d’échange et de communication. Cet espace, qu’on peut aussi appeler un sous-champ dans la littérature allemande, est connu sous le nom de « Gastarbeiterliteratur », c’est-à-dire la « littérature des invités»xxv ou « littérature des travailleurs immigrés ».xxvi Dans cette dernière, une grande partie des productions littéraires étaient parfois rédigées dans les langues locales des travailleurs immigrés telles que l’italien, l’espagnol, le grecque, le turque pour ne citer que cela. Parfois, elles étaient traduites en allemand pour que leurs messages soient bien reçus par les autochtones allemands. Au début, ce sous-champ littéraire est défini par certains comme « un cri des étrangers » pour afficher leur amertume face à la discrimination quotidienne dans une terre étrangère. Pour d’autres, elle est un discours provocateur qui a permis d’éclairer non seulement sur les conditions de vie de la main-d’œuvre étrangère en Allemagne, mais aussi montre l’engagement sociopolitique des auteurs de ce sous-champ.xxvii
Elle est aussi considérée comme « une littérature de consternation », symbolisant ironiquement la grande séparation entre immigrés et Allemands dans la société et dans les lieux de travail.xxviii
Dans ce contexte, cette littérature se centrait davantage sur la minorité de travailleurs. Autrement dit, elle devenait de plus en plus nationaliste. Aussi bien la minorité de travailleurs immigrés d’origine italiens espagnols et grecques, mais également les autres étrangers formèrent leur propre littérature qui plaidait exclusivement en faveur de la main-d’œuvre étrangère. C’est ainsi que la littérature des travailleurs immigrés d’origine turque s’est orientée plus vers une dénonciation des préjugés contre la communauté turque dans la société allemande et de leurs conditions de vie difficiles. La souffrance et le mal du pays sont des sentiments psychologiques les plus frappants des migrants turcs de la première et parfois de la deuxième génération.xxix Dans cette dynamique, Aras Ören, lauréat du prix littéraire d’Adelbert- von Chamisso en 1985 et l’un des plus importants écrivains de cette littérature ne s’est pas limité seulement à dénoncer les préjugés contre la communauté turque, leur conditions de vie difficiles et à décrire une société allemande individualiste (comme dans son roman « Berlin Savinyplatz » 1995). Il a surtout réagi, d’une manière ironique et dramatique, sur la vie des travailleurs immigrés en Allemagne de l’ouest (comme dans « Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung » 1983). Depuis son arrivée en Allemagne et depuis qu’il a su comment les travailleurs immigrés d’origine turcs vivaient dans ce pays, Aras Ören s’est fixé comme objectif de plaider en faveur de cette minorité jusqu’à ce qu’elle soit reconnue comme partie intégrante de la société. Ainsi, il disait à ce propos que: „Nach der ‚Naunynstraße‘ wollte ich jedes Jahr ein Buch veröffentlichen, bis die Türken als Teil der Gesellschaft anerkannt sind.“xxx
Donc sa réaction, comme d’ailleurs celles de tous les auteurs de cette période des travailleurs immigrés, finit par forger, dans la période des années 1960 au début des années 80, une littérature locale au sein de la littérature allemande. Dix ans après, émergea dans celle-ci un autre sous-champ littéraire conduit par des migrants et qui s’oppose textuellement à son confinement formel et surtout thématique. On n’est passé à partir de cet instant d’une littérature dont le thème central était uniquement orienté vers les travailleurs immigrés à une littérature qui s’intéresse à l’ensemble des minorités étrangères en Allemagne. Nous assistons à un changement de perspective du point de vue thématique et structurel dans la littérature allemande.
Ce sous-champ nouveau devient, dès lors, un médium de communication pour toutes les minorités étrangères présentes en Allemagne dans différentes conditions. C’est le cas des migrants noirs africains. Ces derniers considèrent la littérature comme une affirmation et une prise de parole de la minorité noire africaine en Allemagne. Dès lors, elle devient un moyen de prévention et de conscientisation contre le racisme et la xénophobie contre les Africains. De ce fait, l’écriture devient chez ces migrants un moyen thérapeutique face à l’isolation dont la plupart est victime. C’est pour cette raison que la majeure partie écrivait.xxxi Disons, pour être beaucoup plus explicite que ces stigmatisations font parties de l’un de leurs motifs d’écriture. Parmi eux, nous pouvons citer Chima Oji qui, relatant ses mésaventures dans une société allemande des années 60, dépeint en même temps une face moins reluisante de cette société dans un style marqué par une passivité. Contrairement à Aras Ören qui plaide pour la cause des travailleurs immigrés turcs dans une société allemande « parallèle », Chima Oji s’abstient, lui, de focaliser sa narration uniquement sur la minorité noire africaine vivant dans une Allemagne multiculturelle. Ce qui fait que dans son œuvre « Unter die Deutschen gefallen » différentes minorités telles que la diaspora noire africaine, les couples binationaux, les enfants métisses, pour ne citer que cela, sont représentées. Chima Oji, dans une totale passivité, conscientise certes la diaspora noire africaine et les Allemands sur le racisme et la discrimination contre cette communauté noire en RFA, mais fait preuve d’une continuité au plan formel et thématique. La littérature allemande en générale et surtout celle des migrants en particulier est un instrument de dénonciation, de plainte et de conscientisation pour les migrants qui, depuis des années, ont usé de différentes formes de narration pour faire passer leurs messages. Et ce sont ces mutations sur le plan narratif qui nous intéresse ici. Notre réflexion s’élève à une analyse du changement de perspective dans la littérature allemande et plus particulièrement dans la littérature des migrants.
1.1 Justification de la recherche
L’objet de ce travail scientifique est d’étudier l’évolution de la littérature allemande et particulièrement celle des migrants sur le plan narratif. D’abord, nous nous contenterons d’analyser cette évolution au plan thématique et formel; c’est une analyse qui s’effectue sur deux œuvres, produites dans deux contextes différents: « Bitte nix Polizei » d’Aras Ören et « Unter die Deutschen gefallen » de Chima Oji. Ainsi, il sera question de montrer les différences et ressemblances des thèmes traités dans ces œuvres mentionnées ci-dessus, mais aussi de voir les motivations relatives aux choix des différents genres littéraires employés par ces auteurs. Pourquoi l’écrivain turque Aras Ören a-t-il choisi le genre du polar? Que cherche Chima Oji en nous présentant son œuvre sous la forme d’un roman autobiographique ?
Ensuite, nous allons montrer dans « Bitte nix Polizei », les facteurs qui poussent des immigrés illégaux, à l’image du personnage d’Ali Itir à commettre des bavures dans l’Allemagne de l’ouest et à s’enfermer dans un communautarisme provoquant ainsi une vie parallèle entre immigrés et Allemands. Nous étudierons aussi les réactions que ces attitudes ont suscitées chez les autochtones. Dans « Unter die Deutschen gefallen » l’attitude certes passive, mais réconciliante des migrants (économiques) comme Chima Oji est analysée, car ce dernier vise à conscientiser la société allemande des années 60 sur la diversité culturelle et identitaire.
Enfin, ce travail se veut d’analyser non seulement les représentations réciproques entre immigrés et Allemands mais aussi voir les impacts qu’ils ont sur leur vécu quotidien. Si nous parlons de la représentation des immigrés dans ce travail, il s’agit précisément de l’étude de l’image des travailleurs immigrés turcs et celle des migrants noirs africains dans les medias allemands. Nous pouvons dire, avec Ibrahima Diagne que cette image est dichotomique à plus d’un titre. Diagne dit:
« […] les perceptions actuelles des cultures africaines sont médiatisées dans l’opinion publique allemande […] et ne livrent le plus souvent qu’une actualité folklorique ou des images de famine, de guerre civile, de malnutrition et d’analphabétisme sur l’Afrique. »xxxii
Ces images naïves associées au continent africain, selon Amadou Oury Ba, ne montrent qu’une certaine caricature stéréotypée et généralsisée qui n’ont rien n’à voir avec la réalité.xxxiii
De ce fait, nous nous intéressons à ces images tronquées de l’homme africain et de son continent sur les médias allemands en générale et sur la presse écrite en particulier à partir des années 50 jusqu’à nos jours.
La littérature a la particularité non seulement de traiter des thèmes d’actualité, mais aussi sociologiques. C’est pourquoi « Bitte nix Polizei » d’Aras Ören et « Unter die Deutschen gefallen » de Chima Oji constituent des supports d’analyses complexes, qui ont suscité notre intérêt dans ce travail. Comment la littérature est-elle passée d’abord à une dénonciation des actes néfastes, causées par des ex- travailleurs immigrés (en situation irrégulière), ensuite à une passivité et enfin à une conscientisation sur les conditions de vie des minorités étrangères, plus précisément des noirs Africains en RFA? Quelles sont les facteurs qui ont conduit à de telles mutations dans la littérature allemande ? Quels sont les rapports socio-culturels entre Allemands et migrants depuis les années 50 jusqu’ à nos jours ?
C’est pour répondre à toutes ces différentes questions et étudier le changement de perspective au plan narratif que le choix est porté sur ces œuvres ci-dessous.
1.2 Choix des œuvres
De nos jours, la plupart des recherches scientifiques se fondent sur des objets d’études bien déterminés. Ces derniers servent souvent de supports d’analyse pour de nombreux scientifiques. C’est dans cette logique que la science littéraire, dans sa pluridisciplinarité, s’est intéressée à l’étude, non seulement des productions médiatiques, artistiques, mais surtout littéraires. L’ensemble de ces productions sont d’une part analysées sur la base de leurs formes, d’autre part, l’influence des cultures sur ces productions sont prises en compte.
Ainsi, dans ce travail de recherche, le choix est porté sur les œuvres littéraires suivantes: « Bitte nix Polizei » d’Aras Ören et « Unter die Deutschen gefallen » de Chima Oji. Ce choix s’explique pour trois raisons :
Premièrement, ces œuvres sont choisies du fait de la complexité de leurs formes. Ainsi, dans « Bitte nix Polizei » on a, sur le plan formel, le polar qui plonge les lecteurs dans une énigme criminelle, donnant de ce fait un aperçu sur les mobiles des crimes, sur les différents lieux d’actions et les attitudes des personnages face à un acte criminel. Par contre, dans « Unter die Deutschen gefallen » l’hypothèse d’un récit de vie apparaît le plus. Le narrateur, en tant que migrant noir africain, semble relater ses propres expériences dans la république fédérale de l’Allemagne durant ses années estudiantines, un pays qu’il décrit négativement et dans lequel il montre le vécu quotidien entre Allemands, noirs africains et les autres minorités.
Les symboliques et messages qui apparaissent de façon implicite sur les pages de couverture, sur les titres et sous titres, bref, dans les textes préliminaires de ces œuvres ont suscité notre intérêt à vouloir effectuer une analyse paratextuelle. Il ne s’agit pas pour nous dans ce travail de comparer polar et roman autobiographique, mais plutôt de nous intéresser aux choix d’Aras Ören pour le Polar et de Chima Oji pour un roman autobiographique. Nous cherchons à comprendre « le pourquoi » de l’utilisation de ces genres littéraires chez ces écrivains.
Deuxièmement, le choix de ces œuvres s’explique par la diversité de leurs contenus. Aussi bien dans l’œuvre d’Ören que dans celle d’Oji, les thèmes sociologiques et culturels y ont une place importante. D’une part, dans « Bitte nix Polizei », Aras Ören, met en exergue les conditions de vie des travailleurs immigrés tout en réagissant sur leur criminalité. Il plaide pour cette minorité et dénonce particulièrement les déboires qu’elle a commis dans une Allemagne des années 1960 et 70. Ce sont des tares qui, soulignons-le, sont causées en grande partie par une société allemande fermée.
D’autre part, l’auteur campe son texte sur une narration dichotomique dans laquelle la population autochtone allemande est opposée à celle des travailleurs immigrés turques. La particularité dans « Unter die Deutschen gefallen » qui a suscité notre intérêt, est la narration écrite par Chima Oji sur la rencontre entre Allemands, immigrés africains et d’autres minorités dans une société plurielle. Les conflits de cultures, les problèmes d’intégration et d’assimilation, les rejets qui, le plus souvent, résultent d’une rencontre entre personnes de cultures différentes, sont des phénomènes qui ont aussi motivé notre choix pour cette œuvre.
Troisièmement, le choix de cette littérature primaire nous permet dans cette thèse d’entrer dans la sphère de la littérature des migrants qui ne cesse d’intéresser les sciences littéraires et culturelles. Cependant, ce corpus nous donne l’occasion d’étudier de plus près la littérature allemande en générale et la littérature des migrants en particulier.
Et dernièrement, le choix de ces œuvres s’explique par l’actualité des thèmes traités. Apparus respectivement en 1983 et 1992, « Bitte nix Polizei » et « Unter die Deutschen gefallen » traitent des thèmes qui aujourd’hui font l’actualité dans la plupart des médias internationaux et dans le monde scientifique. Le thème de la migration et de l’insécurité, de l’hétérogénéité des cultures, les problèmes d’identités, le racisme, la xénophobie, la criminalité etc. constituent des faits socio- culturels qui ne laissent pas indifférent le monde médiatique et scientifique. Ainsi en tant que germaniste africain, ces livres constituent des supports adéquats pour l’analyse des phénomènes socio- culturels mais aussi un moyen pour nous, après un long et minutieux inventaire sur l’état de la recherche sur la littérature des migrants, d’apporter une contribution scientifique nouvelle sur ce champ qui ne cesse d’intéresser les scientifiques.
1.3 L’état de la recherche
La migration et les nombreux séjours des étrangers dans la république fédérale d’Allemagne depuis les années cinquante à nos jours est la conséquence de l’émergence de nombreuses productions littéraires reparties entre deux sous-champs majeurs formés par des migrants. Le premier (appelé la littérature des travailleurs immigrés) fut au centre de nombreuses réceptions aussi bien dans les recensions qu’au niveau des sites de vente de livre en ligne, dans les journaux allemandsxxxiv que dans des travaux scientifiques. Dans ce dernier, des universitaires comme des chercheurs se sont souvent intéressés à la représentation, aux conditions de vie, les problèmes d’intégration et d’adaptation des travailleurs immigrés. Dans ce contexte, nous pouvons citer le travail de J. Manuel Delgado „Die Gastarbeiter in der Presse“ (1972) comme l’une des premières études scientifiques, menées sur les travailleurs immigrés. Delgado, dans son travail, a fait une analyse thématique de 84 journaux allemands avec lesquels il cherchait à étudier les informations les plus diffusées sur cette première vague de travailleurs immigrés.xxxv
Dans les sciences littéraires, il y a une prolifération de productions scientifiques non seulement sur les situations socio-économiques et politiques de ces travailleurs immigrés, mais également sur leur étrangeté dans la société allemande. En 1984, dans la revue scientifique Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik, fut publié des contributions intéressantes sur la littérature des travailleurs immigrés.xxxvi Parmi celles-ci nous pouvons citer, en premier lieu, Irmgard Ackermann. Dans son article Integrationsvorstellungen und Integrationsdarstellungen in der Ausländerliteratur, Ackermann cherche à analyser comment le besoin d’intégration en Allemagne et la lutte pour la sauvegarde de sa propre intégrité culturelle se manifestent chez les travailleurs immigrés.xxxvii En deuxième lieu, nous avons une contribution pertinente de Peter Selber avec son article Zur ‘Rettung der Zungen’. Ausländerliteratur in ihren konzeptionellen Ansätzen.xxxviii Dans ce dernier, il analyse l’hétérogénéité conceptuelle de cette littérature des travailleurs immigrés.xxxix L’Italien Franco Biondi, a livré, dans sa réflexion Von den Tränen zu den Bürgerrechten. Ein Überblick in die italienischen Emigratenliteratur, une étude très détaillée sur l’évolution historique et les tendances thématiques des auteurs italiens de la littérature des travailleurs immigrés.xl En troisième lieu, nous pouvons citer Yüksel Parzarkayaxli et Georg Stanzalyxlii qui se sont tous les deux intéressés aux auteurs turcs en Allemagne. Au-delà de ces réflexions scientifiques, il existe d’autres publications dont les plus connues restent les travaux d’Antonio Hernando „Das Gastspiel eines Gastarbeiters“ (1980),xliii une coproduction de Rafik Schami et Franco Biondi „Literatur der Betroffenheit. Bemerkungen zur Gastarbeiterliteratur“ (1981),xliv Anna Picardi Montesardo „Die Gastarbeiter in der Literatur der Bundesrepublik Deutschland (1985)xlv, Sigrid Luchtenberg „Gastarbeiterliteratur in der Berufsschule: Zum Beispiel „Ich heiße Yusuf Toprakoglu (1986),xlvi Monika Frederking „Schreiben gegen Vorurteile. Literatur türkischer Migranten in der Bundesrepublik Deutschland“ (1985).xlvii Ulrike Reeg „Schreiben in der Fremde. Literatur nationaler Minderheiten in der Bundesrepublik Deutschland“ (1988),xlviii Heimke Schierloh „Das alles für ein Stück Brot. Migrantenliteratur als Objektivierung des „Gastarbeiterdaseins“ mit einer Textsammlung (1984),xlix ainsi que la thèse de doctorat de Horst Hamm „Fremdgegangen Freigeschrieben. Einführung in die deutschsprachige Gastarbeiterliteratur“ (1988).l
Vu ces premières publications scientifiques, nous pouvons constater qu’elles se sont focalisées essentiellement sur les conditions de vie des travailleurs immigrés et sur les questions interculturelles durant les années cinquante jusqu’aux années soixante-dix.
Il faut noter également qu’à partir des années 1990 qu’il y a eu des travaux sur les questions relatives à la crise identitaire des travailleurs immigrés. Et parmi les approches sur ces questions, nous pouvons mentionner la publication de Petra Thore „ Wer bist du hier in dieser Stadt, in diesem Land, in dieser neuen Welt. Die Identitätsbalance in der Fremde in ausgewälten Werken der deutschsprachigen Migrantenliteratur“ (2004).li D’ailleurs, dans ce même thématique, nous pouvons citer le texte de Heidi Rösch „Migrationsliteratur im interkulturellen Kontext. Eine didaktische Studie zur Literatur von Aras Ören, Aysel Özakin, Franco Biondi und Rafik Schami“ (1992).lii Dans cette thématisation des questions identitaires des migrants, nous avons, en outre, une publication parue en 2006 d’Özkan Ezli qui fut intitulée „Von der Identitätskrise zu einer ethnographischen Poetik. Migration in der deutsch-türkischen Literatur“ dans laquelle l’auteur s’est intéressé aux descendants de la première génération de travailleurs immigrés turcs.liii Dans ce travail, il analyse le changement d’identité de ces derniers dans une Allemagne multiculturelle.liv Selon Özkan, cette génération, qu’il qualifie d’hybride, cherche à situer leur identité qui s’est formée dans un « entre-espace », autrement dit entre leur origine turque et l’Allemagne.lv Concernant des études sur les questions relatives à l’esthétique des textes de ce premier sous-champ, nous pouvons citer le travail d’Immacolata Amadeo paru en 1996. Dans ce dernier ‘Die Heimat heisst Babylone.’ Zur Literatur ausländischen Autoren in der Bundesrepublik Deutschland, Amadeo analyse les structures narratives et esthétiques chez Aysel Özakin, Franco Biondi et Gino Chiellino.lvi
Quant au second sous-champ, c’est-à-dire la littérature des migrants, émerge plusieurs travaux scientifiques. Les plus récents sont entre autres les publications de Janos Riesz „Autoren/innen aus dem schwarzafrikanischen Kulturraum“ (2000),lvii le volume redigé par Albert Gouaffo qui s’intitule „Literaturen der Migration in Deutschland: Das Beispiel Afrika“ (2009)lviii et regroupant des contributions pertinentes sur les migrants africains en Allemagne. Il y a aussi une réflexion de Sara Lennox sur cette même thématique „Das afrikanische Gesicht, das in deinem Raum spricht. Postkoloniale Autoren in Deutschland: Kum’a Ndumbe III und Uche Nduka“ (2006).lix Nous pouvons aussi citer d’autres travaux menés sur ces migrants africains en Allemagne et leurs formes d‘écriture dans une période postcoloniale, comme c’est le cas de la co-production de Mamadou Moustapha Diallo et Dirk Göttsche « Interkulturellen Texturen. Afrika und Deutschland im Reflexionsmedium der Literatur » (2003).lx Dans ce contexte, nous pouvons également citer le texte de Dirk Göttsche « Cross cultural Self-Assertion and Cultural Politics. Africans Migrants’ Writting in German since late 1990s » (2010).lxi Le chercheur camerounais David Simo a également réfléchie et produit un article sur la littérature des migrants: „Migration, Imagination und Literatur. Die Literatur der Migration als Ort und
Mittel des Aushandelns von neuen kulturellen Paradigmen“ (2009/2010). Nous pouvons par ailleurs citer le volume scientifique dirigés par Leo Kreutzer et David Simo „Migrationen heute und gestern: Weltengarten 2009-2010. Deutsch-Afrikanisches Jahrbuch für Interkulturelles Denken“ (2010).
La liste est encore longue concernant les travaux effectués sur ces deux sous-champs dans la littérature allemande. Ce que nous avons remarqué, cependant, est que jusqu’à présent l’ensemble des études scientifiques sur ces deux sous- champs se sont focalisées essentiellement sur l’histoire, la situation socio-économique des migrants, leurs problèmes d’intégrations et d’identité. En ce qui concerne l’étude de l’évolution des thèmes de la littérature des travailleurs immigrés à la littéraure des migrants, il n’existe que peu de publications. Nous pouvons citer ainsi les travaux de Manfred Durzak et Nilüfer Kuruyazici „Die andere Deutsche Literatur“ (2004).lxii En plus, ce qu’il faut noter est qu’il n’y a aucun travail scientifique publié sur le changement de perspective au plan formel et thématique de la littérature des travailleurs immigrés à la littérature des migrants, plus particulièrement des migrants africains. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons à l’analyse de ce dit changement de perspective dans la littérature allemande. Au plan formel, notre analyse consistera à montrer le passage de l’utilisation des formes traditionnelles comme (l’épopée, le lyrisme et le drame) dans la littérature des travailleurs immigrés à l’adoption de nouvelles formes d’écritures telles que (l’écriture non-fictionnelle, particulièrement l’autobiographie) dans la littérature des migrants. Au plan thématique, notre travail consistera à étudier, d’une part, la manière dont la littérature réagit contre la criminalité des travailleurs immigrés, dénonce leur condition de vie en Allemagne et plaide uniquement en leur faveur. D’autre part, il s’agira d’étudier comment cette même littérature, une décennie après, cherche à s’ouvrir aux autres minorités, longtemps ignorées. Autrement dit, notre analyse vise à montrer comment la littérature des travailleurs immigrés passe d’une narration dichotomique, centrée sur des rapports sociaux binaires ou basée exclusivement sur un parallélisme culturel (comme Nous vs Vous, autochtones allemands vs travailleurs immigrés) à une narration décentralisée, ouverte et axée sur une pluriculturalité (Nous hybride). Cette nouvelle approche scientifique est davantage explicitée dans la problématique de notre travail.
1.4 Problématique du travail
Dans ce travail de recherche, l’accent est mis en premier lieu sur les phénomènes interculturels qui souvent ont une influence sur les productions littéraires des écrivains migrants en Allemagne. La rencontre avec d’autres cultures et les phénomènes qui en résultent sont thématisées par la plupart de ces écrivains. C’est dans cette logique qu’Aras Ören dans « Bitte nix Polizei » et Chima Oji dans « Unter die Deutschen gefallen » ont tenté de thématiser, dans des périodes et contextes différents, les phénomènes qui jaillissent d’une rencontre entre personnes de cultures différentes. La mise en texte des phénomènes de mélanges de cultures apparaît dans ces œuvres de façon différente, laissant apparaitre ainsi trois processus que Hans- Jürgen Lüsebrink répartit comme suit: « […] un processus d'interaction interculturelle, un processus de perception de l'autre, perceptibles dans l'interaction mais aussi façonnés et transmis par les médias, et un processus de transfert et de réception entre cultures. »lxiii
Durant ces processus, les cultures des autochtones et des communautés étrangères entrent en contact, provoquant ainsi un mélange des modes de vie, de pensées et de vision du monde. Toutefois, ces processus créent le plus souvent des formes d’expression identitaires, du communautarisme qui se manifestent par un narcissisme de soi, du « Nous » et de son appartenance culturelle. Et cela constitue un obstacle pour un dialogue des cultures. C’est dans cette perspective que ce travail de recherche tente d’analyser d’abord les phénomènes identitaires, mises en texte dans « Bitte nix Polizei » et dans « Unter die Deutschen gefallen ». Par conséquent la réponse à ces questions suivantes serait essentielle :
- Quelle identité les narrateurs principaux incarnent- ils durant les premières années de leur arrivée en Allemagne ?
- Ont- ils réussi à garder cette identité dans une société étrangère allemande ?
- Quel est le degré d’intégration ou d’assimilation de ces personnages ?
- Existe-t- il une acculturation chez Ali Itir aussi bien que chez Chima Oji ?
Ensuite nous aborderons la question de l’altérité dans les deux œuvres, basée sur l’expression de la différence culturelle et sur le rejet de « l’Autre ». Ainsi, nous essayons d’apporter des réponses aux questions suivantes :
- Comment les migrants à l’instar des personnages comme Ali Itir et Chima ont-t-ils vécu pour la première fois le sentiment de rejet dans la société allemande ?
- Quelles réactions cela a suscité en eux ?
- Quelles sont les conséquences sur le plan psychologique et comportemental ?
- Quel est le regard des allemands sur les ex- travailleurs immigrés et sur les migrants noirs africains?
En deuxième lieu, ce travail de recherche met l’accent sur la question de l’hybridité des cultures. Avec la globalisation et les nouveaux moyens de la communication et de l’information, les hommes sont en contact partout dans le monde. De nos jours, non seulement les cultures se rencontrent mais aussi les personnes. Dans ce contexte, il serait difficile ou presque quasi impossible d’avoir une identité culturelle propre, sans mélange ni infiltration des éléments culturelles d’une autre communauté ou d’un autre pays.
Dans ce cas, il serait difficile aussi pour les hommes de se différencier culturellement. Mais qu’entend-t-on par « hybridité culturelle » ? Homi K. Bhabha la définie comme suit:
« La notion d’hybridité […] contredit l’essentialisme d’une culture originale ou originaire donnée et antécédente […]. L’hybridité est pour moi le tiers-espace qui rend possible l’émergence d’autres positions. Ce tiers-espace vient perturber les histoires qui le constituent et établie de nouvelles structures d’autorité, de nouvelles initiatives politiques qui échappent au sens commun. […] Le processus d’hybridité culturelle donne naissance à quelque chose de différent, quelque chose de neuf, que l’on ne peut reconnaître, un nouveau terrain de négociation du sens et de la représentation. »lxiv
La naissance de ce nouvel espace, engendré par la rencontre entre cultures différentes, est facilitée surtout par la mobilité des personnes qui, aujourd’hui permet une prise de conscience des différences et similitudes culturelles. Cependant, dans de nombreux pays du monde des personnes sont discriminées à cause de leurs différences culturelles. En Allemagne, la plupart des étrangers qui sont présents depuis les vagues des travailleurs immigrés, arrivés dans les années 50 jusqu’aux flux migratoires des vingtièmes et 21 ème siècles, ont connu la discrimination et l’isolement de la part des sociétés d’accueil. C’est dans cette perspective qu’Aras Ören et Chima Oji ont tenté de représenter, dans leurs œuvres, la situation multiculturelle plus particulièrement hybride dans laquelle la société allemande se trouvait depuis les années 50 jusqu’à aujourd’hui. Ali Itir dans « Bitte nix Polizei » et Oji dans « Unter die Deutschen gefallen » sont deux personnages qui ont des comportements différents en Allemagne, leur terre d’accueil. Si le personnage Itir est lui un « conservateur turque » qui adopte un repli identitaire face à une société allemande, devenue xénophobe à l’égard des travailleurs immigrés, qui ont choisi de rester ou sont venus dans le pays après l’arrêt des recrutements en 1973, Chima Oji lui par contre cherche, au début, à s’identifier à la culture allemande et à s’intégrer dans la société. Toutefois, ils ne sont pas acceptés dans la société, car ils sont des étrangers qui menaceraient l’identité nationale du pays. Au fond, si on en croit Ulrich Beck, les hommes ne sont pas exclusivement si différent les uns des autres.lxv Par conséquent, pour Beck les différences culturelles n’ont pas leur place dans ce monde globalisé.lxvi C’est dans ce sens qu’il est important de répondre à ces questions :
- Existe-t-il une identité nationale purement allemande, si on prend en compte l’hybridité culturelle ?
- Quel effet la globalisation a-t-elle sur les comportements et habitudes aussi bien des Allemands, travailleurs émigrés que des migrants?
- Est-t-il possible depuis la fin de la seconde guerre de percevoir « l’autrui » comme « un étranger » ?
- Ali Itir et Chima Oji en tant qu’étrangers sont-ils différents des autochtones allemands du point de vue des comportements ?
En troisième lieu, il s’agit de mettre l’accent sur un point central dans ce travail : le changement de perspective du point de vue thématique dans « Bitte nix Polizei » et dans « Unter die Deutschen gefallen ». Ainsi la réponse à ces questions ci-dessous sera essentielle :
- Comment les thèmes et contenus ont- ils changé une décennie après, c’est-à-dire de la littérature des travailleurs émigrés à la littérature des migrants ?
- Comment la littérature (des travailleurs immigrés et des migrants) est-t-elle passée d’une réaction à la passivité, d’une narration dichotomique à un récit pluriel, d’une focalisation à une ouverture?
- Pourquoi ce changement de perspective ?
- Quelles sont les facteurs d’influence ?
- Est-t-il dû à une société allemande xénophobe et individualiste ?
- Quelle est le poids de l’appartenance religieuse et culturelle sur la perception des migrants dans la société ?
Telles sont les principales interrogations auxquelles ce travail de recherche veut apporter des réponses claires dans les chapitres ultérieurs.
À présent nous abordons dans le point suivant les objectifs que nous voulons atteindre avec cette production scientifique.
1.5 Objectifs de recherches
Dans ce travail de recherche nous nous fixons comme objectifs l’étude parallèle des phénomènes littéraires, sociologiques, civilisationnels et culturels:
D’abord, nous analysons le changement de perspective dans la littérature des migrants. Il s’agit surtout d’une étude comparative à l’exemple de « Bitte nix Polizei » d’Aras Ören et « Unter die Deutschen gefallen » de Chima Oji. Dans ces œuvres, nous visons à montrer durant notre analyse comment la littérature passe de la réaction à la passivité. La réaction de la littérature que nous voulons étudier est ici dichotomique. D’une part, il s’agit d’une critique de la criminalité, des fautes, de l’animosité des travailleurs immigrés dans la société allemande. D’autre part, c’est une réaction qui s’apparente à un plaidoyer pour montrer non seulement l’existence de la minorité de travailleurs immigrés comme une réalité dans le pays, mais aussi dénoncer les conditions de vie de ces derniers. La passivité dont nous faisons allusion est synonyme d’une conscientisation sur la diversité culturelle et identitaire et un appel pour un changement des comportements racistes contre les minorités particulièrement noire africaine en Allemagne. Ainsi, une élucidation des raisons de la criminalité, des replis identitaires d’ex- travailleurs immigrés, en passant par les problèmes de rejet, d’intégration et d’acculturation auxquels les migrants se voient confrontés, constitue l’un des objectifs de ce travail. C’est dans ce sens que nous cherchons à comparer les phénomènes interculturels et multiculturels dans ces dites œuvres. En plus de cela, il s’agit d’analyser de façon comparative les concepts d’identité et d’altérité, les stéréotypes, les préjugés etc. L’objectif est de montrer la mise en texte de ces concepts dans « Bitte nix Polizei » et « Unter die Deutschen gefallen ».
Ensuite ce travail veut étudier les contextes dans lesquels la littérature des travailleurs immigrés et celle des migrants sont produites. Il s’agit d’analyser d’une part, les situations sociales, politiques et économiques de l’Allemagne à partir des années 50 jusqu’au début des années 80 et d’autre part d’étudier ces dites situations de l’Allemagne, depuis les années 90 à nos jours. Le but c’est de voir leurs influences sur le changement de perspective sur le plan thématique des œuvres d’Aras Ören et de Chima Oji.
Et enfin ce travail de recherche, analysant d’une part, la représentation des travailleurs immigrés dans les médias, et d’autre part celle des migrants noirs africains, veut montrer le rôle des medias allemands sur la perception des migrants dans la société. À côté de celle-ci , il s’agit de voir de plus près les impacts des représentations aussi bien dans la société que dans les productions littéraires. Nous allons déterminer dans la section suivante la démarche qu’on va suivre pour la réalisation de cette recherche.
1.6 Méthodologie de la recherche
En science littéraire, les œuvres sont étudiées grâce à des procédures méthodologiques bien définis. Ainsi, de l’emploi des méthodes empiriques et analytiques, à l’utilisation de méthodes comparatives, les productions littéraires sont soumises à des schémas d’analyse précis. Concernant ce travail de recherche, nous utilisons la méthode comparative. D’abord, il est question de faire une comparaison de « Bitte nix Polizei » d’Aras Örens et « Unter die Deutschen gefallen » de Chima Oji. La comparaison s’effectue sur le plan thématique. Toutefois nous soulignons que la comparaison au plan formel dont il s’agit ici s’oriente plus vers une analyse de l’arsenal paratextuel de ces dites œuvres. Mais avant d’arriver à cela, nous étudierons les contextes socio-politiques et économiques dans lesquels ces œuvres sont produites afin de déterminer les facteurs d’influence qui ont poussé Aras Ören et Chima Oji à écrire.
Enfin, nous nous intéressons à la représentation des étrangers dans les médias allemands. Là aussi il ne s’agit pas de la représentation des tous les étrangers, mais uniquement celle des travailleurs immigrés des années 50 et des migrants noirs africains à nos jours. C’est une précision que nous jugeons nécessaire pour éclairer le travail. Cela l’est davantage avec l’élucidation dans la partie suivante, de certains concepts nécessaires pour comprendre notre problématique.
2. Elucidation des concepts
Dans ce chapitre, nous jugeons nécessaire de définir les termes clés en rapport avec notre problématique. Les concepts de l’hybridité, de la littérature des travailleurs immigrés, de la littérature des migrants, de l’intégration et de la criminalité seront élucidés à cet effet. Cette élucidation permet de cerner les contours de ce travail de recherche. Nous soulignons que la définition de ces concepts permet de rendre notre analyse plus explicite. Les textes étudiés renferment beaucoup d’éléments qui méritent d’être abordés à la lumière des notions et terminologies telle que celle d’ « hybridité » qui occupe une place importante dans ce travail.
2.1 L’hybridité
L’« hybridité » est un terme qui, d’origine, vient d’abord du mot latin « hybrida », qui veut dire « mélange », « bâtard », « croisements des variétés », « sangs mêlés » etc.lxvii Emprunté du vocabulaire de la biologie et de la botanique, cette notion désigne ensuite tout mélange entre deux corps différents et qui reproduit un nouveau corps.lxviii Et enfin dans les dictionnaires DUDEN 5lxix et Langenscheidtlxx, le concept d’hybridité n’a pas changé de signification. Il est synonyme de mélange ou croisement de tout genre. Nous pouvons dire, à partir de ce constat, que la définition de l’hybridité dans ces parties précédentes revêt à peine un caractère raciste. Cependant, au XIXe siècle le mot « hybridité » fut employé péjorativement surtout dans les théories raciales, où il désignait une union contre nature, un mélange des « races ».lxxi Un siècle plus tard, c’est- à dire au XXe siècle, plus précisément dans les années 1980, la signification du concept « hybridité » fut élargie et employée métaphoriquement dans les sciences culturelles et théoriques. Dès lors, le concept devient hybride et pluridisciplinaire. Son emploi et ses nouvelles interprétations dans les théories postcoloniales permettront de mieux comprendre l’importance et la pertinence du concept « hybridité ». Notre travail consiste ici à une élucidation du concept dans différentes approches postcoloniales.
Chez Michail Michailovič Bachtin, l’hybridité est analysée sur le plan sociétal et littéraire.
Sur le plan sociétal, l’hybridité renferme une signification spécifique dans les sociétés multiculturelles. La rencontre et le mélange des langages dans les lieux publics, dans les médias et réseaux sociaux montre le plurilinguisme social. Dans ces genres de sociétés multiculturelles, chaque expression linguistique est influencée, le plus souvent, par des langages avoisinants, ce qui déni l’essence des langages d’origines, fixes et homogènes; et favorise par conséquent la porosité des langues. Michail Michailovič Bachtin, dans sa philosophie sociolinguistique, conçoit et définit « hybridation » comme un mélange de deux langages sociaux et de deux consciences linguistiques différents:
“It is a mixture of two social languages within the limits of a single utterance, an encounter, within the arena of an utterance, between two different linguistic consciousnesses, separated from one another by an epoch, by social differentiation or by some other factor.”lxxii
Cette définition théorique et linguistique de Bachtin sur l’hybridité en tant que «mélange de deux sociolectes à l’intérieur d’une seule expression»lxxiii apparaît le plus souvent dans les contextes d’immigration, où la mobilité et la rencontre des personnes génèrent de nouvelles formes de langages hybrides. Cette transformation significative est un processus communicatif perceptible non seulement dans les sociétés multiculturelles mais aussi dans la littérature postcoloniale, où la majeure partie des discours littéraires sont devenus de plus en plus hybrides et influencés, de nos jours, par d’autres textes ou médias différents. À cela s’ajoute les effets de la globalisation qui ont causé des mutations sur les comportements des hommes et une hybridité des cultures. Ces changements significatifs n’ont pas laissé inertes la littérature qui s’approprie et thématise souvent ces phénomènes d’hybridité nouveaux dans leurs productions littéraires. Ainsi, c’est la raison pour laquelle la littérature est devenue un instrument qui est analysé dans les sciences littéraires. Dans cette perspective, Bachtin élargie d’ailleurs son analyse de l’hybridité du champ sociolinguistique au champ littéraire.
Sur le plan littéraire, nous pouvons distinguer deux sortes d’hybridité : une hybridité des contenus ainsi qu’une hybridité des formes.
Dans un contexte postmoderne, les productions littéraires sont souvent marquées par un mélange ou une similarité des thèmes. C’est dans cette perspective que Bachtin part de l’idée selon laquelle tout langage littéraire constitue un hybride linguistique.lxxiv Autrement dit, il existe, dans les productions littéraires, des mélanges et dialogues des discours littéraires. Cette hybridité peut être « intentionnelle » ou « non –intentionnelle », elle peut être provoquée de façon consciente ou inconsciente et souvent utilisée pour des objectifs bien définis. C’est dans cette logique que Bachtin définit cette notion en l’associant à deux autres concepts qu’il dénomme « hétéroglossie », et « dialogisme ». Ceux-ci sont pour lui indissociables du concept de l’hybridité dans les genres littéraires comme la poésie et la prose. Le premier concept, désignant une pluralité de langages dans les textes littéraires, montre une panoplie de discours notamment dans la poésie. Ces discours, même s’ils sont hybrides, restent en outre paradoxalement monologues, centralisés et constituent un système commun unitaire qui sert à unifier et à centraliser le langage européen.lxxv Plus particulièrement, pour Bachtin:
« La poétique d’Aristote, celle de Saint Augustin, la poétique ecclésiastique médiéval de ‘l’unique langage de la vérité’, la poésie cartésienne du néo-classicisme, l’universalisme grammatical abstrait de Leibniz (son idée de la ‘grammaire universelle’), l’idéologie concret de Humbolt, exprime avec divers nuances, les mêmes forces centripètes de la vie sociale, linguistique et idéologique… »lxxvi
Cette centralisation est selon Edward Said un système bien défini qu’il nomme l’Orientalisme qui a pour objectif d’assurer et de maintenir l’hégémonie des occidentaux au plan international.lxxvii Dans ce sens, Bachtin considère donc ce langage poétique comme regroupant des forces « centripètes » qui, tendent à s’approcher d’un centre et l’oppose aux réalités d’« hétéroglossie ».lxxviii
Le second concept, appelé par l’auteur « dialogisme », est présent cette fois dans la prose. Cette dernière est considérée comme une expression linguistique et un espace « centrifuge », où tous les discours sont non seulement désunifiés, décentralisés et voire même hybrides mais aussi entrent dans un processus communicatif et dynamique continuel.lxxix Disons que la prose représente un « microcosme » de langage divers. Ainsi, elle a une posture tridimensionnelle chez Bachtin, réunissant « dialogiquement » :
- le langage de l’auteur, qui, cherchant à se libérer d’un langage unique, fusionne plusieurs voix dans son récit,
- le langage du narrateur, un langage social, est transmis et représenté dans une forme esthétique,
- les paroles des personnages, qui, disposant à divers degrés d’indépendance littéraire et sémantique, constituent, dans une certaine mesure, le second langage de l’auteur.lxxx
Cette forme de prose tridimensionnelle est souvent utilisée dans la littérature des travailleurs immigrés produite en Allemagne de l’ouest. Comme c’est le cas avec l’auteur Aras Ören dans son roman « Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung », dans lequel le narrateur emprunte différentes perspectives pour raconter la rencontre entre Allemands et travailleurs immigrés dans leur quotidien où chaque communauté se méfie de l’autre dans les lieux de travail et partout dans la société. Ce dialogue montre non seulement le plurilinguisme et la « plurivocalité » du roman, mais aussi son hybridité.
L’hybridité est donc comprise comme une multiplicité et une interaction des phénomènes linguistiques aussi bien dans la société que dans la littérature. Cette approche d’analyse sociolinguistique et textuelle de l’hybridité chez Bachtin est à la fois critique et communicative. C’est en quelque sorte une approche qui montre le « dialogue des imaginations », autrement dit l’interaction entre différents langages au sein de la société mais aussi une réciprocité des sociolectes et des discours dans les textes littéraires.
Sur le plan formel, l’hybridité apparaît d’abord comme un mélange des genres littéraires. En effet, la littérature, dans une approche postmoderne, est un instrument qui est composé d’une pluralité de genres littéraires. Particulièrement dans la littérature des migrants, les textes littéraires, produits dans ce contexte ont cette capacité d’associer, d’une part, les caractéristiques des genres romanesques (par exemple la fiction, l’intrigue, l’invasion), autobiographiques (la réalité, l’autoportrait, la sincérité), policiers (crime, énigme, investigation…) sous une forme hybride et intertextuelle. Et d’autre part, elles peuvent fusionner, à l’aide des métaphores et proverbes du parlé traditionnel, l’Oralité et l’Écriture. Dans le premier cas, l’hybridité des genres dans les textes littéraires des migrants s’explique par le souci de ces derniers de vouloir dénoncer, conscientiser et transmettre des messages relatifs à leurs conditions de vie difficile dans une terre étrangère. Dans le second cas, cette hybridité ou métissage du texte littéraire comme le mentionne Maryse Condé, s’appuie chez l’écrivain « […] sur un effort d’être appréhendé dans sa double dimension culturelle. »lxxxi Le roman de Chima Oji « Unter die Deutschen gefallen » et celui d’Aras Ören « Bitte nix Polizei » sont des exemples patents de l’hybridité des textes de migrants. Dans une lecture profonde, nous avons constaté que ces auteurs traitent des thèmes qui nous supposons, du fait des références objectives, reflètent leur propre histoire.lxxxii Parfois, nous avons l’impression que les sujets dont ils parlent n’ont aucun rapport avec la réalité en raison de l’utilisation du roman (une fiction) comme moyen d’expression. La majeure partie des productions littéraires puise en effet leurs sources d’inspiration dans les réalités quotidiennes des sociétés; disons qu’elles reproduisent ou dépeignent relativement les sociétés. Cependant, elles ont peu d’effets dans la conscience collective des lecteurs. Car ces derniers conçoivent souvent ces productions comme de la fiction qui ne peut pas refléter la vie des populations d’un pays. C’était le cas fin des années 70 et début des années 80 en Allemagne. Ces périodes ont constitué un tournant dans la littérature allemande, particulièrement dans celle des migrants. Les textes littéraires de la première génération de ces migrants, plus précisément les thèmes comme l’isolation, la discrimination, et le rejet des travailleurs immigrés par les autochtones allemands, étaient perçus par ceux-ci comme des préjugés d’une minorité étrangère de travailleurs immigrés qui ne cherchent qu’à se victimiser. Cette perception de la littérature des travailleurs immigrés comme une expression fictionnelle fait partie de l’une des raisons qui ont provoqué le changement de perspective, déclenché par les auteurs de la seconde génération.lxxxiii Hans Vaihinger voit dans ce mélange dans la littérature entre réel, fiction et référentiel, une expression purement fictionnelle.lxxxiv Sigmund Freud quant à lui conçoit ce mélange de réalité et fiction comme un jeu (Spiel), surtout une « fantaisie » de l’auteur pour procurer plus de jouissance aux lecteurs.lxxxv Mais ce qu’il faut retenir dans cela est l’usage ou particulièrement la mixité que certains auteurs font de la réalité, et de la fiction dans leurs textes. Partant de ces constats précédents, nous pouvons dire que l’hybridité est comprise dans ce cadre comme une fusion des genres littéraires, plus précisément un mélange de leurs caractéristiques.
Ensuite, l’hybridité est comprise et définie en tant que construction hybride qui souvent se manifeste dans les récits autobiographiques. En fait, la fonction du récit, selon Gérard Genette « […] n’est pas de donner un ordre, de formuler un souhait, d’énoncer une condition, etc., mais simplement de raconter une histoire, donc de rapporter des faits (réels ou fictifs). »lxxxvi Pour ce faire, l’auteur adopte souvent différentes perspectives et des formes stylistiques diverses.
Cependant, le plus souvent, nous avons l’impression de lire la vraie histoire de l’auteur vu l’emploi du « je ». Dans d’autres cas, l’auteur emprunte une autre perspective pour raconter l’histoire. Dans ce cadre, il confère son rôle de narrateur à un autre personnage. Souvent il s’agit d’un narrateur à la troisième personne. Cette méthode de narration est considérée comme une construction hybride. Ainsi, citant les travaux de Bachtin, Norbert Mecklenburg définit une « construction hybride » comme une expression ou des passages de textes qui semblent appartenir à une seule personne or qu’en réalité elle réunit, différemment en son interne, deux expressions, deux formes de discours, deux styles, etc.lxxxvii Autrement dit, nous pouvons avoir dans un texte littéraire une combinaison de trois types de « situations narratives » que F.K Stanzel distingue comme suit:
- l’ auktoriale Erzählsituation, qui est celle de l’auteur « omniscient »
- l’ Ich Erzählsituation, où le narrateur est un des personnages dans le texte
- et enfin la personale Erzählsituation, un récit menée à la troisième personne.lxxxviii
Nous constatons que les textes littéraires, dans un contexte postmoderne, sont de plus en plus marqués par une « construction hybride » sur le plan formel. C’est ce que nous avons tenté de démontrer brièvement dans les passages ci-dessus. Maintenant qu’en est-il de l’hybridité des cultures?
Dans les sciences littéraires et culturelles, le concept « hybridité » est analysé et défini souvent en tant que notion désignant le mélange des cultures, la naissance de phénomènes culturels nouveaux. Pour Beat-Irene Hämel, le concept même de l’hybridité renferme une dimension politique, car il réagit de façon subversive contre les rapports de pouvoir (post) colonial.lxxxix
Mis à part des théoriciens, mentionnés ci-dessus comme M. Bachtine, Norbert Mecklenburg, d’autres chercheurs tels que Hans-Jürgen Lüsebrink, Homi K. Bhabha se sont intéressés au concept de l’hybridité.
L’approche de Hans-Jürgen Lüsebrink sur l’hybridité est d’une importance significative dans cette réflexion scientifique, dans la mesure où elle montre le caractère dynamique et hétérogène des cultures. Pour Lüsebrink, le concept d’hybridité n’a pas de différence majeure avec les notions telles que l’interculturalité et le métissage, car pour lui tous ces termes ne sont que différentes formes de nomination des mélanges de cultures.xc L’interculturalité est définie comme l’ensemble de phénomènes qui résultent d’une rencontre entre différentes cultures. Le métissage est compris comme une notion coloniale qui servirait à désigner un mélange biologique des ressortissants de différentes ethnies et qui, du fait de son poids colonial, est remplacé par le concept d’hybridité dans les théories culturelles postcoloniales.xci Ce qui nous parait intéressant dans cette approche de Lüsebrink est que cette trilogie de concept (Interkulturalität- Métissage-Hybridität) désigne non seulement un brassage de cultures distinctes mais aussi et surtout la naissance de subcultures qui se forment comme suit:
- sur le plan linguistique, le mélange des langues comme le français, l’anglais, l’espagnole et les langues africaines produit un nouveau phénomène linguistique parlé dans les caraïbes qu’il dénote le créole.
- sur le plan culturel, la fusion de différentes cultures, particulièrement le syncrétisme culturel donne de nouvelles formes d’expression culturelles qui sont perceptibles sur les styles d’habillement (Afrolook), sur l’architecture (spanisch-maurischer Stil) ou sur la musique (Reggae). Aussi, ce syncrétisme culturel donne lieu à « des processus d’intégration créatifs des éléments de cultures étrangères » dans la littérature, le théâtre et dans les arts.xcii
Nous pouvons donc déduire que l’hybridité est comprise par Lüsebrink comme l’émergence de nouveaux phénomènes linguistiques et culturels, issus d’une rencontre entre des cultures distinctes. Nous pouvons dire également avec Ulrich Beck que les différences religieuses, culturelles et politiques qui, autrefois différenciaient les hommes, se réunissent de nos jours chez la personne, dans une ville ou même au sein d’une famille.xciii C’est dans ce même constat que Homi K. Bhabha pense, dans son approche postcoloniale sur l’hybridité, que les cultures prises distinctement sont déjà dans un processus d’hybridation: „Hybridität ist eine Mischung zwischen den divergierenden Strömungen einer Einzelkultur und eine Mischung zwischen den verschiedenen Tendenzen verschiedener Kulturen“xciv, autrement dit, chaque culture, avant qu’elle n’entre en interaction avec une autre culture, est déjà constituée intérieurement par des croisements et oppositions de diverses tendances culturelles; elle est déjà mixte. Et Bhabha tente d’expliquer une telle hybridité au sein d’une culture par un contexte postcolonial, dans lequel les cultures de plus en plus se croisent et génèrent de nouvelles formes d’identité dans ce qu’il appelle un entre-espace (Zwischenraum). Ce dernier donne non seulement une possibilité d’un mélange culturel mais aussi de nouvelles formes d’interprétation de la différence et de l’identité culturelle. Bhabha dit dans Verortungen der Kultur:
„im Fin de siècle befinden wir uns im Moment des Übergangs, wo Raum und Zeit sich kreuzen und komplexe Konfigurationen von Differenz und Identität, von Vergangenheit und Gegenwart, Innen und Außen, Einbeziehung und Ausgrenzung erzeugen […] Die Bewegung und der Übergang in der Zeit, die es gestattet, verhindern, daß Identitäten an seinen oberen oder unteren Ende zu ursprünglichen Polarität festsetzen. Dieser zwischenräumliche Übergang zwischen festen Identifikationen eröffnet die Möglichkeit einer kulturellen Hybridität, in der einen Platz für Differenz ohne eine übernommene oder verordnete Hierarchie gibt.“xcv
Ce lieu hybride, analysé par Bhabha est une forme de rejet de la conception unitaire de la culture ou de la nation comme espace homogène. Ce genre de pensée nationaliste, nous dit Benedict Anderson, n’est qu’une invention de la société.xcvi Pour Bhabha, il est donc important aujourd’hui, pour vivre dans ce monde postcolonial sans conflits interculturels, de se distancier des barrières culturels ou limites du passé ; mais cela exige selon lui « der Akt des Darüberhinausgehens » qu’il explique comme suit :
„ˋDarüber hinausˊ bedeutet räumlichen Entfernung, zeigt Fortschritt an, verheißt die Zukunft; doch unsere Andeutungen eines Überschreitens der Barriere- der Akt des Darüberhinausgehens selbst- sind nicht zu verstehen, nicht zu repräsentieren ohne eine Rückkehr zur ˋGegenwartˊ, die im Prozeß der Wiederholung ihren Zusammenhalt und Ort verliert.“xcvii
Nous pouvons dire que l’approche de Bhabha sur l’hybridité est une approche qui stipule la naissance ou projection d’un troisième lieu neutre, suite à la rencontre au moins de deux cultures. Ce lieu, dans lequel les différences dichotomiques entre le centre et la périphérie n’existent plus et que les identités culturelles et personnelles sont devenues hybrides, poreuses, voire même « fissurées » et « démantelées » si on se réfère aux travaux de Myriam Louviot.xcviii Cette approche de Bhabha n’est donc pas du « nihilisme ». C’est une approche qui montre la mutation des cultures et identités tout en récusant une position figé de celles-ci. Cette approche peut bien s’appliquer sur le roman « Unter die Deutschen gefallen », dans lequel le personnage principal Oji brave les rejets et les discriminations de la société allemande pour attirer l’attention sur l’hybridité de leur culture.xcix
Ce que nous pouvons retenir en définitif sur la définition du concept « hybridité » dans cette partie est qu’elle est comprise en tant que brassage, mélange, métissage ou mixité d’éléments différents, c’est-à-dire une rencontre de deux langues, styles littéraires, discours, cultures qui originairement étaient différentes, et forment à l’issue de cette rencontre un ensemble hétérogène qui est difficile à définir. Il serait illusoire de vouloir restreindre l’Allemagne, sa langue et ses cultures, seulement aux autochtones allemands; également de vouloir fixer la littérature allemande ou là donner une dimension exclusivement nationale car en son sein nous avons d’autres sous-champs littéraires comme la littérature des travailleurs immigrés et celle des migrants que nous tenterons d’aborder dans les parties suivantes.
2.2 Littérature des travailleurs immigrés
Pour tenter d’expliquer ce qu’est la littérature des travailleurs immigrés, nous nous focalisons dans cette partie du travail sur les thèmes les plus courants, les genres et les modèles de personnages souvent utilisés par les auteurs de cette littérature. Ce choix permettra une compréhension assez nette de celle-ci.
La littérature des travailleurs immigrés est en effet une sous-catégorie de la littérature nationale allemande. A ces débuts, dans les années 1960-70, elle a été formée par d'anciens travailleurs immigrés, avant d’être élargie par des intellectuels et universitaires. Ces travailleurs immigrés, nous dit Franco Biondi proviennent souvent des pays du sud; ils ont subi un choc culturel qu’ils relatent dans leurs productions littéraires.c Et cela, afin d’attirer l’attention des autochtones allemands sur l’existence de cette minorité en RFA.
Sur le plan thématique, le « champ littéraire » de la littérature des travailleurs immigrés fut caractérisé dans sa première phase, c'est-à-dire, dans les années soixante à la fin des années soixante-dix, par des thèmes largement consacrés à la classe ouvrière étrangère et aux problèmes interculturels. Ces thèmes sont majoritairement racontés sous la perspective d’anciens travailleurs immigrés, mais aussi des artistes et intellectuels à qui la cause de cette main-d’œuvre intéressait. Dans cette perspective Nilüfer Kuruyazici souligne que cette littérature est produite à ses débuts essentiellement par des travailleurs immigrés.ci Par conséquent, la plupart des œuvres littéraires illustrent durant cette période les conditions de vie de cette masse ouvrière étrangère, leur nostalgie de la patrie et leur étrangeté en Allemagne de l'Ouest. Ces travailleurs immigrés, composés principalement de minorités turques, italiennes, grecques, etc., dominent cette forme de littérature qui, selon Franco Biondi et Rafik Schami, a une dimension multinationale.cii La littérature des travailleurs immigrés est selon Biondi un moyen de dénoncer la stigmatisation et l’isolation dont la classe ouvrière étrangère est victime, mais aussi une possibilité d’attirer l’attention sur leur existence dans la société allemande.ciii Pour mieux éclaircir cette littérature dans ce travail de recherche, nous avons distingué trois groupes d’écrivains différents:
Le premier groupe est ceux qui se déclaraient être concernés par la situation des travailleurs immigrés, même si toutefois il existe des auteurs parmi eux comme Aras Ören qui n’était pas des travailleurs immigrés, mais avait beaucoup écrits sur les conditions de vie de cette main-d’œuvre étrangère. Ces derniers, comme Bekir Yildiz, Franko Biondi, Rafik Schami et Georgos Matzouranis, pour n'en citer que quelque uns, racontent non seulement leurs chocs culturels et leurs problèmes linguistiques, mais aussi leurs inquiétudes relatives à la séparation entre travailleurs immigrés et autochtones sur les lieux de travail, dans la société et dans les services publics et administratifs. Une telle littérature qui s’est consacrée aux problèmes des travailleurs immigrés, peut être définie comme la littérature des «concernés».civ Dans cette perspective, les mouvements interculturels littéraires et artistiques étrangers tels que le PoliKunst (Polynationale Literatur- und Kunstverein), l'ALFA (Associazione Literaia e Falcolta Artistiche) et le Südwind s'intéressaient aussi aux problèmes de la classe ouvrière étrangère dans la République Fédérale Allemande.cv
Le deuxième groupe regroupe d’anciens travailleurs immigrés qui, dans leurs récits, essaient de se distancier des jugements collectifs sur les conditions de vie de la classe ouvrière étrangère en RFA. Ils se disent souvent n’être pas exclusivement concernés par l’ignorance que la majeure partie des travailleurs subissaient durant ces périodes. Hormis cela, ce groupe évite les préjugés directs entre les relations interculturelles entre les Allemands et les travailleurs immigrés. Cependant, Sargut Şölçün écrit que ces observateurs distants projettent paradoxalement leurs préoccupations sur leurs propres figures. À cet effet, il prend l'exemple d'un ouvrier industriel à Munich et écrivain turc Fethi Savasçi avec ces déclarations:
„Savasçi war ein produktiver Arbeitsdichter […]; in seinen scheinbar distanzierten Beobachtungen projizierte er seine eigene Betroffenheit auf seine Figuren, die hauptsächlich aus den ländlichen Gebieten der Türkei stammende Arbeiter waren.“cvi
Le troisième groupe ne comprend ni les « concernés » ni les « observateurs distants ». Il s'agit d'intellectuels qui n'étaient pas des travailleurs immigrés. Pour être plus explicite, disons qu’ils n'étaient pas directement concernés par la politique d'immigration de la République fédérale. Ils ont néanmoins écrit sur les conditions de vie des travailleurs immigrés en Allemagne. Les représentants les plus célèbres de ce groupe sont Yüksel Parzarkaya, Emine Sevgi Özdamar, Aras Ören etc. Le premier aborde souvent les problèmes d'adaptation des travailleurs immigrés turcs dans les usines allemandes faces aux machines hautement développées. La seconde écrit sur la vie des travailleurs immigrés dans un pays étranger. Et le troisième écrit souvent sur les rapports sociaux entre Allemands et immigrés et les conséquences qui en découlent. En dehors de ces groupes déjà mentionnés, les auteurs de la littérature des travailleurs immigrés réagissent au racisme et à la xénophobie contre les minorités turques, ce qui a déclenché une nouvelle perspective narrative dans cette littérature. Dès lors, l'accent est mis sur « l'hostilité contre les Turcs ». Vue ces perspectives, on peut dire que la littérature des travailleurs immigrés est une littérature qui s’est orientée principalement sur les conditions de vie et les expériences collectives des travailleurs immigrés dans la société allemande. Dans ce sens, Hansgeorg Schmidt-Bergmann écrit que même les thèmes de cette forme de littérature reflètent les expériences collectives des travailleurs immigrés dans une terre étrangère.cvii
Sur le plan formel, ces auteurs utilisent souvent les trois genres classiques littéraires comme l’épopée, le lyrisme et le drame. Dans ce cadre littéraire, ils créent des personnages principaux qui sont souvent issus des travailleurs immigrés. Ces personnages ne sont pas des héros comme dans les romans classiques, où le personnage principal est au centre de l’intérêt et protégé par le narrateur ;cviii avec ce genre de personnage l’auteur cherche à gagner la sympathie des lecteurs.cix En revanche, chez les écrivains de la littérature des travailleurs immigrés, les personnages sont souvent des travailleurs immigrés isolés et ne cherchent pas à entrer en contact avec la population locale de peur d’être rejetés ou discriminés par cette dernière. Ce sont des personnages immigrés qui, du point de vue politique et juridique sont considérés comme des étrangers légaux. Mais aussi le personnage peut être dans certains textes comme par exemple dans « Bitte nix Polizei. Eine Kriminalerzählung » d’Aras Ören, un travailleur clandestin qui, du fait de son illégalité, a des problèmes avec la police et avec le pays hôte. En outre, quand -t-on parle de la littérature des travailleurs immigrés on pense également aux nombreuses reportages qui ont été réalisés sur ces travailleurs. Comme c’est le cas en 1973 du reportage « Leben im gelobten Land » de Max von der Grün du groupe Dormund 61, ainsi que celui de Horst Kammrad « Gast- Abeiter-Report » en 1971. Nous pouvons aussi citer le reportage de Günter Wallraff « Gastarbeiter oder der gewöhnliche Kapitalismus », paru en 1972.
Nous pouvons donc retenir d’après ce qui précède que la littérature des travailleurs immigrés est une littérature produite au sein de la littérature nationale allemande. C’est un sous-champ littéraire qui est consacré exclusivement aux conditions de vie des travailleurs immigres dans l’Allemagne non réunifiée. La littérature des travailleurs immigrés est une littérature « de, pour, et à propos des travailleurs immigrés.»cx Elle se distingue cependant de la littérature des migrants que nous expliquons dans la partie suivante.
2.3 Littérature des migrants
La littérature des migrants constitue un terme générique pour désigner l’ensemble des productions littéraires développées par des étrangers en Allemagne. C’est un sous-champ dans la littérature allemande. Elle s’est développée à partir des années 80.cxi C’est un terme qui est difficile à définir en raison de sa complexité. Beaucoup le confondent avec la littérature des travailleurs immigrés. Elle est souvent source de controverses dans les sciences littéraires. C’est pour cette raison que Carmine Chiellino ne fait pas de distinction entre la littérature des travailleurs immigrés et celle des migrants. Il préfère utiliser le concept de « littérature interculturelle en Allemagne » pour désigner les productions littéraires d’anciens réfugiés, de demandeurs d'asile, de rapatriés, de migrants qui ont séjourné en Allemagne depuis 1955.cxii Heidi Rösch marque une différence entre « littérature de migration » et « littérature des migrants ». Pour elle, la « littérature de migration » serait synonyme de la littérature des travailleurs immigrés.cxiii Et par contre la littérature des migrants serait une littérature produite par des auteurs non allemands qui ont vécu en Allemagne en tant qu'étrangers ou migrants.cxiv Ce qui est intéressant pour Claire Horst est que cette littérature en tant qu’un produit culturel traduit le mode vie actuel, marqué par un mélange des cultures, des personnes, des comportements etc. Il ne s’agit pas pour elle d’une littérature consacrée pour une seule culture ou produite entre les cultures mais plutôt une littérature qui va au- delà de ces dernières.cxv Ce qui nous parait intéressant avec l’explication d’une telle littérature est qu’elle est racontée sous la perspective des migrants. Ainsi, sur le plan thématique, la plupart des œuvres de cette forme de littérature se démarquent des thématiques relatives aux problèmes des travailleurs immigrés de la première génération. Car la majorité des auteurs ne font pas partie de la classe ouvrière étrangère de cette première génération d'immigrés en République fédérale, qu’ils découvraient pour la première fois. Certains, grâce aux médias, avaient déjà une idée sur la société allemande. Cette dernière représente un pays florissant dans leurs imaginaires. Par conséquent, certains d'entre eux, comme Aly Diallo dans Die Täuschung (1987), André Ekama dans Schwarz sein im weißen Himmel (2007) ou Ama Darko dans Der verkaufte Traum (1991), ont été déçus par ce cliché, lorsqu’ils découvraient que l'Allemagne n'était pas un pays d'immigration et que les hommes noirs y sont moins aimés. Depuis lors, cette littérature est devenue non seulement un moyen d'expression pour les migrants et les minorités longtemps ignorés dans les textes des auteurs de la littérature des travailleurs immigrés, mais aussi une plateforme pour partager leurs expériences personnelles non seulement dans la société allemande mais aussi autrichienne et suisse. Dieter Burdorf décrit clairement les sujets les plus courants des textes de migrants:
„Von der Thematik her spiegeln viele dieser Texte die andere kulturelle Erfahrung der Autoren in ihrem Herkunftsland, ihre Identitätssuche und die Auseinandersetzung mit der Situation als Fremder in Deutschland, Österreich und der Schweiz sowie ihre individuellen und sozialpolitischen Probleme und Erfahrungen wider. […]. Wichtige Kriterien sind mehrkulturelle und mehrsprachige Erfahrungen in der Minderheitssituation […] sowie der meist bewusst vollzogene Sprachwechsel.“cxvi
La plupart des écrivains migrants se concentrent non seulement sur les questions interculturelles mais aussi sur les questions multiculturelles dans leurs œuvres, et récemment sur l'intégration et les discriminations raciales à l'encontre des minorités. Dans ce contexte, la littérature des migrants originaires d’Afrique noire a pris une forte présence dans la littérature germanophone. Elle s'est développée au cours des années 1980.cxvii Selon Jάnos Riesz, cette minorité noire africaine a commencé à écrire pendant leur séjour en Allemagne.cxviii Elle reflète cependant, à l'exemple de Hilare Mbakop et Chima Oji, les problèmes d'intégration de leurs ressortissants et la discrimination raciale contre les noirs Africains dans une société multiculturelle allemande.cxix
La littérature des migrants apparaît donc chez cette minorité noire africaine en Allemagne comme un moyen de prévention et de sensibilisation contre le racisme et la xénophobie, exercés sur les noirs Africains. Mais par quoi entendons-nous « racisme » dans ce contexte ?
Pour T. A Taguieff, le racisme se manifeste d'abord par une restriction de l'étranger; puis il est suivi d'un stigmate et finalement d'une conviction de supériorité.cxx Ce sentiment de supériorité de certains hommes blancs est, selon Noah Sow, un phénomène commun que les personnes de couleur noire vivent dans leur vie quotidienne en Allemagne.cxxi Par conséquent, le racisme signifie chez elle „eine „[…] Glaube, dass Menschen aufgrund ihrer genetisch bedingten ethnischen Merkmale bestimmte Prädispositionen (Veranlagungen) jedweder Art haben.“cxxii Partant de ce constat, le racisme est compris comme une certitude subjective et idéologique de supériorité entre les « races » humaine du monde.
Sur le plan formel, les genres littéraires comme l’épopée, le lyrisme, le drame sont aussi employés dans la littérature des migrants. Ils utilisent également de nouveaux genres littéraires modernes, notamment l'autobiographie. Aussi nous constatons de plus en plus l’apparition de formes de textes hybrides qui sortent exclusivement du cadre de la fiction et ne peuvent pas être classés parmi les genres classiques traditionnels. Il s’agit de la littérature non-fictionnelle. On appelle donc une littérature des migrants l’ensemble des productions littéraires, effectuées par des auteurs d’origines étrangères qui sont venus dans l’espace germanophone et particulièrement en Allemagne par diverses raisons grâce à une immigration légale ou illégale et dont la majeure partie peine à s’intégrer dans cette société car exclue et considérée comme des minorités.
2.4 L’intégration
Au sens étymologique, le terme « Intégration » est dérivé du mot latin « integrare » qui signifie « renouvellement, rétablissement ».cxxiii Le verbe « intégrer » est compris par l’action de faire entrer une partie dans un tout. La notion d’« intégration » est définie aussi dans les dictionnaires Wörterbuch der Soziologie (2007) cxxiv et dans Duden 6, Deutsches Universalwörterbuch (2007) cxxv. Dans le premier livre, le terme « intégration » est compris de trois façons. D’abord, chez la personne, elle constitue un ensemble de processus d’adaptation comportemental et moral de l’homme dans des structures de valeurs et dans des modèles de comportements étrangers.cxxvi Ensuite, dans la société, elle est définie comme une interaction entre les groupes, « races », classes et couches sociaux d’une même société.cxxvii Et enfin, le concept apparaît comme une collaboration entre différente société pour former de nouvelles structures communes sociales et ordonnées.cxxviii
Dans le second livre, l’intégration est expliquée, d’une part, comme une présence continuelle des mots étrangers dans le langage familier. Et d’autre part, elle signifie une fusion de nombreuses personnes ou groupes dans une unité sociétale et culturelle.cxxix Ce qui est intéressant dans ce manuscrit, est la définition qu’il donne d’une « personne intégrée ». Cette dernière est considérée comme « jemandem, der die Fähigkeit hat, unterschiedliche politische Richtungen, gesellschaftliche Gruppierungen o. Ä zu integrieren…»cxxx Le concept d’ « intégration » n’est pas seulement défini dans les dictionnaires. Il est aussi utilisé dans les organisations associatives comme l’association internationale pour la recherche interculturelle (ARIC) qui, donne une définition assez simple de ce terme :
„Unter Integration verstehen wir einen wechselseitigen Prozess, an dem einzelne Personen oder Gruppen und die so genannte Mehrheitsgesellschaft aktiv beteiligt sind. Er umfasst politische, rechtliche, wirtschaftliche, soziale, kulturelle und kommunikative Aspekte.“cxxxi
Dans un contexte de migration, l’intégration signifie un processus continuel qui repose souvent sur les droits et devoirs réciproques entre migrants et les sociétés d’accueil.cxxxii Partant de ces définitions, nous pouvons dire qu’il existe une diversité de signification du concept « intégration ». Il existe également différentes formes d’intégration, à savoir l’intégration d’un système, l’intégration sociale, politique, etc. C’est sur ces formes d’intégration que nous nous focalisons car cela rentre directement dans notre thématique. Cela ne veut dire en aucun cas que nous négligeons les autres formes d’intégration.
Pour expliquer l’intégration d’un système, il faut tout d’abord comprendre par système un ensemble, une unité bien structurée avec ces règles et valeurs. Il peut s’agir d’une organisation, d’un groupe ou d’une minorité ethnique comme par exemple celle des italienne, grecque, espagnole, turque, yougoslave, portugaise, marocaine, tunisienne des années 50-70 et des migrants noirs africains en Allemagne depuis les années 60 jusqu’ à nos jours. L’intégration de ces minoritaires et leurs adaptations dans un nouveau système social, comme dans ce cas la société allemande, échoue le plus souvent surtout avec les communautés turques et noires africaines. En effet, la minorité ethnique turque présente en Allemagne depuis des décennies fait face aux problèmes d’intégration. Cette communauté avait du mal à s’intégrer dans la société allemande. Cela s’expliquait, d’une part, par leurs convictions religieuses et culturelles, basées souvent sur une vie en communauté continuelle actée par des unions entre turcs, des pratiques et rituelles inconnus par les Allemands. D’autre part, ces problèmes étaient souvent causés par une politique discriminatoire et des lois restrictives contre les étrangers. L’Etat fédérale interdisait la plupart du temps cette communauté leurs pratiques culturelles comme les rituelles des « grillades », organisés à chaque été au Tiergarten ou bien les privaient dans certains cas du droit de possession de la double nationalité.cxxxiii Pour la majeure partie de l’opinion publique, les difficultés d’insertion de cette communauté sont surtout dues par leur faible qualification professionnelle. Ernest Hilledebrand partage ce même avis dans son analyse suivant:
« Les populations les moins bien intégrées sont d’origine turque. Nombre de ces personnes sont arrivées des régions les moins avancées de l’Est de la Turquie pour travailler dans l’industrie allemande, avec une très faible qualification scolaire ou professionnelle. Or, les jeunes de la génération suivante ne semblent pas très motivés par la poursuite des études scolaires ou universitaires non plus. Ils restent très durement touchés par le chômage. Le mixage avec le reste de la population, qui évolue de manière constante pour les autres groupes d’immigrés, ne semble guère progresser pour les personnes d’origine turque : 93 % de ceux qui sont nés en Allemagne épousent une personne de la même origine.cxxxiv
C’est pour cette raison qu’une partie de l’opinion publique allemande considère souvent cette minorité comme faisant partie des groupes de migrant dont l’intégration est difficile.cxxxv
Cependant, ce n’était pas seulement la communauté turque qui avait des problèmes d’intégration dans le système allemand, mais aussi celle des noirs africains. Celle-ci s’est aussi confrontée sous une autre forme aux problèmes d’intégrations. Aussi bien sur le marché du travail que dans le système éducatif allemand, les migrants noirs africains n’y sont pas entièrement intégrés. Entre 1998 et 2007, précise Rolf Benndorf, ces migrants africains étaient moins intégrés que les italiens et turques sur le marché du travail et dans le système de formations mis en place par l’Allemagne.cxxxvi Cela est causé par les facteurs tels que les lois restrictives qui réglementent l’accès au marché du travail pour ces migrants, l’absence de reconnaissance des diplômes de formation, la discrimination etc.cxxxvii
En ce qui concerne l’intégration sociale, il s’agit d’une insertion des acteurs ou membres des minorités étrangères dans un système social. Certaines institutions et structures comme l’agence pour l’égalité dans le fond européen pour l’Allemagne la définie comme un consensus social entre migrants et autochtones autour des domaines sociaux et culturels: „Bezogen auf Migrant/inn/en kann soziale Integration gefasst werden als eine weitgehende wirtschaftliche oder soziale Übereinstimmung mit der einheimischen Bevölkerung.“cxxxviii
Quant à l’office fédérale des migrations et réfugiés (BAMF en allemand), l’intégration est simplement un processus à long terme qui vise une participation équitable des migrants dans tous les secteurs de la société.cxxxix Cette forme d’intégration sociale est souvent confondue avec celle du système (groupe ethnique). L’intégration sociale ne concerne pas le système en tant que groupe ethnique mais plutôt les membres constituant de ce groupe. Elle ne pourrait réussir dans un contexte de migration que si les acteurs y participent activement.cxl
Dans ces formes d’intégration, les systèmes comme les différents membres d’une communauté entretiennent des relations d’échange réciproques. Hartmut Esser fait une définition détaillé et distinguées de ces deux formes d’intégration:
„Die Systemintegration bezieht sich also auf die Integration des Systems einer Gesellschaft als Ganzheit, die Sozialintegration dagegen auf die Integration der Akteure (bzw. der von ihnen gebildeten Gruppen) „in“ das System hinein. Das eine Mal ist das System der Gesellschaft der Bezugspunkt der Betrachtung, das andere Mal sind es die Akteure bzw. die Bevölkerung und die verschiedenen Gruppen.“cxli
L’intégration politique est définie de façon globale comme une participation des migrants dans le système politique de leur société d‘accueil ou bien dans des organismes socio-culturelles. Elle comporte ainsi au moins quatre dimensions:
[...]
i Nous traduisons: [S’il vous plait pas de police. Un polar]
ii Nous traduisons: [Entre les mains des Allemands. Expériences d’un Africain]
iii Nous disons Allemagne pour faire référence au pays germanophone situé à l’Europe centrale et qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale plus précisément à partir de 1955, a noué des contrats de travail (incoming) avec certains pays d’Europe de l’Est et d’Afrique du nord. Il s’agit de la république fédérale dans laquelle ont séjourné et produit des auteurs d’origines diverses. C’est de cette Allemagne donc dont nous parlerons tout au long de cette présente thèse.
iv Toutefois, il faut noter que la société devient de plus en plus vieillissante. En 2011, par exemple, le nombre de décès dépassait plus de 94000, celui des naissances dans l’ensemble de la république fédérale. Avec un taux de natalité de 1,36, l’Allemagne se situe dans le peloton de queue européen, juste devant l’Espagne (1,23) et au même rang que l’Italie. Ce qui explique pourquoi la pyramide des âges, en République fédérale, est de plus en plus préoccupante. L’allongement de l’espérance de vie (74, 78 ans pour les hommes et 80, 82 ans pour les femmes en 2000), montre ce vieillissement progressif de la population. Voire Jan Claude, Capèle: L’Allemagne hier et aujourd’hui. Hachette, Paris 2008, p. 123f.
v Alain, Mounier: « La population allemande va-t-elle diminuer ? » In: Allemagne, peuple et culture. Anne-Marie Le Gloannec (dir.). La Découverte, Paris 2005, p.31.
vi Bertelsmann Stiftung: „Deutscher Arbeitsmarkt auf außereuropäische Zuwanderung angewiesen.“ Online: https://www.bertelsmann-stiftung.de/de/themen/aktuelle-meldungen/2019/februar/deutscher-arbeitsmarkt-auf-aussereuropaeische-zuwanderung-angewiesen/, Zugriff am: 07/03/2019, um 16: 19.
vii Courier international: « Immigration. 800-000 migrants en 2015: l’Allemagne à l’épreuve des refugies.» Online: https://www.courrierinternational.com/article/immigration-800-000-migrants-en-2015-lallemagne-lepreuve-des-refugies, Zugriff am 03/11/2017, um 9: 47.
viii Beauftragte der Bundesregierung für Migration, Flüchtlinge und Integration: „Einwanderungsland Deutschland - Die Fakten im Überblick.“ Online: http://docplayer.org/22275572-Einwanderungsland-deutschland-die-fakten-im-ueberblick.html, Zugriff am 29/05/2017 um 10: 01.
ix Magueye, Kassé : « L’Allemagne vue par l’Afrique et les Africains. » In : Allemagne et l’Afrique hier à d’aujourd’hui. L’Allemagne d’aujourd’hui, Jean- Louis George et Jean Jacques Alcandre (dir.), n°217 juillet- septembre 2016. Jérôme Vailllant, Lille 2016, p.118.
x Ces « Gastarbeiter » sont des travailleurs immigrés qui constituent une forte main- d’œuvre étrangère, recrutée par la République Fédérale d’Allemande (RFA) afin de venir travailler dans les industries en Allemagne de l’Ouest. Cette appellation est traduite doublement dans le dictionnaire d’Eurobook. D’une part, c’est un concept qui signifie « main-d’œuvre étrangère », d’autre part, il est traduit par «travailleurs immigrés.» Dans ce travail de recherche, nous n’utilisons donc pas le terme d’origine de « Gastarbeiter » mais plutôt ses traductions. Voire EUROBOOKS. Dictionnaire Allemand. Wörterbuch französisch: « Gastarbeiter »: Lechner Eurobook, Schwitzerland 1996, p. 507.
xi Si nous parlons de travailleurs immigrés dans cette thèse, nous faisons allusions surtout et sans discrimination à la main-d’œuvre étrangère d’origine turque. Et cela pour trois raisons. La première est d’ordre géographique. En effet, la Turquie, parmi les autres pays ayant conclu un contrat de travail avec l’Allemagne est la nation la plus proche des Allemands. La seconde raison est relative à l’histoire. Au fait, Turcs et Allemands ont eu des rapports historiques datant des croisades notamment avec les confrontations entre l’Empire Ottoman et allemand. Le troisième motif reste d’ordre culturel. Les Turcs constituent la population étrangère la plus importante en Allemagne. Cette présence massive a occasionné des brassages interculturels, des relations binationales et permis une forte identification culturelle de descendants turques aux valeurs et standards de la république fédérale.
xii Jochen Blaschke et al. : Les travailleurs étrangers dans l’Allemagne réunifiée. In : Revue européenne des migrations internationales, vol. 7-N°2, L'Europe de l'Est, la communauté et les migrations. pp. 63-82. Online : http://www.persee.fr/docAsPDF/remi_0765-0752_1991_num_7_2_1293.pdf, Zugriff: am 11/04/2017, um 15: 43.
xiii Vgl. „Hallstein Doktrine.“ Online : http://encyclopedia2.thefreedictionary.com/Hallstein+Doctrine, Zugriff am 11/02/2017 um 00: 03.
xiv Il faut noter que c’est l’Italie en 1955, la Grèce et l’Espagne en 1960 qui furent les premiers pays à signer des contrats de travail avec la RFA. Cependant cette main- d’œuvre étrangère était insuffisante. Il fallait élargir les recrutements. C’est dans cette optique que de nouveaux contrats furent signés avec un certain nombre de pays comme: La Turquie (1961), le Maroc (1963), le Portugal (1964), la Tunisie (1965) et enfin la Yougoslavie (1968). Voire Sächsisches Staatsministerium für Soziales: „Kurze Migrationsgeschichte Deutschlands bis zur Wiedervereinigung.“ Online: http://www.hatikva.de/bildungsmodul/pdf/n2/migrationsgeschichte_deutschlands.pdf, Zugriff am 10/02/1017, um 23:39.
xv Klaus J. Bade : Un demi-siècle de migrations massives. In: Allemagne, peuple et culture, Anne- Marie Le Gloannec (dir.). La Découverte, Paris 2005, p.38.
xvi Vgl. Zeit Online: DDR, geschlossene Gesellschaft. Das Leben als Vertragsarbeiter in der DDR. Online: http://www.zeit.de/zeit-geschichte/2015/04/ddr-propaganda-auslaender-einwanderer/seite-2, Zugriff am 29/04/2017, um 18: 21.
xvii Bertelsmann Stiftung: Factsheet Einwanderungsland Deutschland. Online: https://www.bertelsmann-stiftung.de/fileadmin/files/Projekte/51_Religionsmonitor/BST_Factsheet_Einwanderungsland_Deutschland.pdf, Zugriff am 08/05/2017, um 17: 49.
xviii Daniel, Lallier: « La spécificité du "modèle" allemand : trois études sur la Rfa ». In: Statistiques et études financières. Hors série,1980, p.5.
xix Margarete, Jäger &Regina, Wamper : Von der Willkommenskultur zur Notstandstimmung. Der Fluchtdiskurs in deutschen Medien 2015 und 2016. In: Duisburger Institut für Sprach- und Sozialforschung, Duisberg 2017, p. 22.
xx Klaus J. Bade: a.a.O, p.39.
xxi Amin, Maalouf : Les identités meurtrières. Editions Grasset & Fasquelle, 1998, p.55f. Online : https://www.fichier-pdf.fr/2015/07/14/amin-maalouf-les-identites-meurtrieres/amin-maalouf-les-identites-meurtrieres.pdf, Zugriff am 13/02/2017, um 23: 56.
xxii Nadège, Compard: Immigrés et Romans Noirs (1950-2000). L’Harmattan, Paris 2010, p.92.
xxiii Nulüfer, Kuruyazici : „Türkische Migrantenliteratur unter dem Aspekt des Fremden in der deutschsprachigen Literatur.“ Online: http://www.journals.istanbul.edu.tr/iuaded/article/viewFile/1023013516/1023012735, Zugriff am 17/06/2017, um 06 :53.
xxiv Nadège, Compard., a.a.O., op.cit., 57.
xxv FHI: Bestände des Fritz-Hüserl Instituts für Literatur und Kultur der Arbeitswelt zum Themenfeld « Migration ». Online: https://www.dortmund.de/media/p/fritz_hueser_institut/pdfs_2/Einfuehrung_migration_schutz.pdf Zugriff am 18/05/2017, um 13: 55.
xxvi Dans une pluralité de traductions du terme „Gastarbeiterliteratur“ qui signifie l’ensemble des productions littéraires et artistiques des « Gastarbeiter » dans la littérature allemande dans les années 1950 jusqu’aux années 70 et début des années 80, nous préférons dans ce travail utiliser sa traduction. Nous l’utiliserons donc tout au long de ce travail.
xxvii Immacolata, Amadeo: „Migration, Literatur und sprachliche Kreativität: Zur interkulturellen Gegenwartsliteratur in Deutschland. In: Kulturelle Vielfalt deutscher Literatur, Sprache und Medien.“ Hiltraud Casper-Hehne / Irmy Schweiger (Hrsg.). Universitätsverlag, Göttingen 2009, p.117.
xxviii Ce terme „Literatur der Betroffenheit“ est développée en 1981 par Franko Biondi et Rafik Schami dans leur co-production Literatur der Betroffenheit. Bemerkungen zur Gastarbeiterliteratur . Nous traduisons: [Littérature de consternation]
xxix Haci Halil, Uslucan: „Akkulturationsstress und soziale Verunsicherung türkischer Migranten in Deutschland“. In: Die Situation der türkischstämmigen Bevölkerung in Deutschland. Gutachten im Auftrag des Sachverständigenrates für Zuwanderung und Integration. Berlin, März 2004, p.53. Online: http://www.bamf.de/SharedDocs/Anlagen/DE/Downloads/Infothek/Zuwanderungsrat/exp-oezdemir-zuwanderungsrat.pdf?__blob=publicationFile, Zugriff am 26/05/2017, um 11 : 10.
xxx Ruth, Wandenpohl: „Weggehen, ankommen, bleiben. Die Literatur von Aras Ören.“ Online: https://renk-magazin.de/die-literatur-von-aras-oeren/, Zugriff am: 30/04/2019, um 15: 27. Nous traduisons: [Après la publication de mon livre ˋNaunynstraße’, je voulais publier tous les ans un livre jusqu’à ce que les Turcs soient reconnus comme faisant partie de la société allemande.]
xxxi Mélanie, Potevin : « L’écriture migrante : une catégorie en devenir », Acta fabula, vol. 10, n° 2, Ouvrages collectifs, Février 2009. Online : http://www.fabula.org/revue/document4891.php, Zugriff am 15/02/2017, um 11: 13.
xxxii Ibrahima, Diagne: L’Afrique dans l’opinion publique allemande. Transferts culturels et forme de perception de l’Afrique dans l’Allemagne de l’entre- deux guerre et de la seconde guerre mondiale (1918-1945). LIT- Verlag, Berlin 2009, p.248-250.
xxxiii Amadou Oury, Ba: „Bilder Afrikas in Chima Ojis Werk ˋUnter die Deutschen gefallenˊ und Stadlers Werk ˋAusflug nach Afrikaˊ: ein Porträt zwischen Exotismus und Status quo.“ In: Annales de la faculté des Lettres et Sciences Humaines, n°41/A-, Dakar 2011, p.147.
xxxiv Voire Chapitre 8: Recéption des Œuvres « Bitte nix Polizei » et « Unter die Deutschen gefallen », p. 280-293.
xxxv J. Manuel, Delgado: Die „Gastarbeiter in der Presse. Eine inhaltanalytische Studie. Leske Verlag, Opladen 1972, p. 35.
xxxvi Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik (LiLi) 14, Heft 56, 1984, (Gastarbeiterliteratur).
xxxvii Irmgard, Ackermann: „Integrationsvorstellungen und Integrationsdarstellungen in der Ausländerliteratur.“ In: Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik (LiLi) 14…, p.23.
xxxviii Peter, Selber: „‘Rettung der Zungen’. Ausländerliteratur in ihren konzeptionellen Ansätzen.“ In: (LiLi) 14, a.a.O., p.40-60.
xxxix Ebd.,
xl Franco, Biondi: „Von den Tränen zu den Bürgerrechten. Ein Überblick in die italienischen Emigratenliteratur.“ In: (LiLi) 14…, p. 75-100.
xli Yüksel, Parzarkaya: „Türkiye, Mutterland- Almanya, Bitterland… Das Phänomen der türkischen Migration als Thema der Literatur. “ In : (LiLi) 14, 101-124.
xlii Georg, Stenzaly: „Ausländertheater in der Bundesrepublik und West-Berlin am Beispiel der türkischen Theatergruppen.“ In : (LiLi) 14, p.125-141.
xliii Antonio, Hernando: „Das Gastspiel eines Gastarbeiters“. In: Im neuen Land. Südwindgastarbeiterdeutsch. Franco Biondi/Jusuf Naoum/Rafik Schami (Hrsg.), Bremen 1980, p. 15.
xliv Franco, Biondi/ Rafik, Schami: „Literatur der Betroffenheit. Bemerkungen zur Gastarbeiterliteratur.“ In: Zu Hause in der Fremde. Ein Ausländerlesebuch. Christian Schaffernicht (Hrsg.). Fischerhude, Hamburg, 1981, p. 136-150.
xlv Anna Picardi, Montesardo: Die Gastarbeiter in der Literatur der Bundesrepublik Deutsch-land. Berlin 1985.
xlvi Sigrid, Luchtenberg: „‘Gastarbeiterliteratur’ in der Berufsschule: Zum Beispiel ‘Ich heiße Yusuf Toprakoglu.’“ In: Sprache und Beruf . 2, 1986, p. 37-52.
xlvii Monika, Frederking: Schreiben gegen Vorurteile. Literatur türkischer Migranten in der Bundesrepublik Deutschland. Berlin 1985.
xlviii Ulrike, Reeg: Schreiben in der Fremde. Literatur nationaler Minderheiten in der Bundesrepublik Deutschland. Essen 1988.
xlix Heimke, Schierloh: Das alles für ein Stück Brot. Migrantenliteratur als Objektivierung des „Gastarbeiterdaseins“ mit einer Textsammlung. Frankfurt a. M., Bern, New York 1984.
l Horst Hamm: Fremdgegangen - Freigeschrieben. Einführung in die deutschsprachige Gastarbeiterliteratur. Würzburg 1988.
li Petra, Thore: Wer bist du hier in dieser Stadt, in diesem Land, in dieser neuen Welt. Die Identitätsbalance in der Fremde in ausgewälten Werken der deutschsprachigen Migrantenliteratur.“ (Univ.Diss). Acta Universitatis Upsaliensis, 2004.
lii Heidi, Rösch: Migrationsliteratur im interkulturellen Kontext. Eine didaktische Studie zur Literatur von Aras Ören, Aysel Özakin, Franco Biondi und Rafik Schami. Frankfurt a. M. 1992.
liii Ezli, Özkan: Von der Identitätskrise zu einer ethnographischen Poetik. Migration in der deutsch-türkischen Literatur. In: Literatur und Migration. Heinz Ludwig Arnold (Hrsg.). Richard Boorberg Verlag, München 2006, p. 61-73.
liv Ebd., p. 61ff.
lv Ebd., p. 73.
lvi Immacolata, Amadeo: ‘Die Heimat heisst Babylone.’ Zur Literatur ausländischen Autoren in der Bundesrepublik Deutschland (Univ.Diss). Westdeutscher Verlag, Opladen 1996, p.137-193.
lvii Janos, Riesz: Autoren/innen aus dem schwarzafrikanischen Kulturraum. In: Interkulturelle Literatur in Deutschland. Ein Handbuch.Carmine Chiellino (Hrsg.). J.B. Metzler, Stuttgart 2007, p. 248-262.
lviii Albert, Gouaffo (Hrsg.): Literaturen der Migration in Deutschland: Das Beispiel Afrika. N°6, Mont Cameroun. Zeitschrift für interkulturelle Studien zum deutschsprachigen Raum, Cameroun 2009.
lix Sara, Lennox: Das afrikanische Gesicht, das in deinem Raum spricht. Postcoloniale Autoren in Deutschland: Kum’a Ndumbe III und Uche Nduka. In: Literatur und Migration. Heinz Ludwig Arnold (Hrsg.). Richard Boorberg Verlag, München 2006, p.167-176.
lx M. Moustapha, Diallo und Dirk Göttsche (Hrsg.): Interkulturellen Texturen. Afrika und Deutschland im Reflexionsmedium der Literatur. Biefeld: Aisthesis Verlag.
lxi Dirk, Göttsche: “Cross-cultural self-assertion and cultural politics: African migrants' writing in German since the late 1990s.” In: German Life and Letters, 63 (1), 2010, p. 54-70.
lxii Manfred, Durzak/ Nilüfer, Kuruyazici (Hrsg.): Die andere Deutsche Literatur. Königshausen & Neumann. Würzburg 2004.
lxiii Hans Jürgen- Lüsebrink: « Les concepts de “Culture” et d'“Interculturalité”. Approches de définitions et enjeux pour la recherche en communication interculturelle », Bulletin no 30 – Avril 1998, Université de Saarbrücken, Allemagne. Online : http://www.unifr.ch/ipg/aric/assets/files/ARICBulletin/1998No30/06LusebrinkHJ.pdf, Zugriff am 15/02/2017, um 12: 51.
lxiv Jonathan, Rutherford : Homi K. Bhabha : Le Tiers-espace de Bhabaha, Homi. Entretien avec Jonathan, Rutherford. Online : https://focusderguini.wordpress.com/2013/11/22/le-tiers-espace-de-bhabha-homi-entretien-avec-jonathan-rutherford/, Zugriff am 16/02/2017, um 22 : 43.
lxv Ulrich Beck cité par Sarah, Heinz: „Vernetzt denken: Aspekte einer kulturwissenschaftlichen Sicht auf Globalisierung.“ In: Globales Denken: kulturwissenschaftliche Perspektiven auf Globalisierungsprozesse. Silvia Marosi et al. (Hrsg.). Peter Lang, Frankfurt am Main 2006, p.24.
lxvi Ebd., loc.cit.
lxvii Dudenredaktion: Duden. Das große Fremdwörterbuch: Herkunft und Bedeutung der Fremdwörter. Mannheim: Dudenverlag, 1994, p. 584.
lxviii Ansgar, Nünning (Hrsg.): „Hybrisierung“. Metzler Lexikon. Literatur- und Kulturtheorien. Ansgar Nünning (Hrsg.). J.B Metzler, Stuttgart- Weimar 2013. S. 314.
lxix Werner Scholze et al. : « Hybridisierung » .DuDen 5.Das Fremdwöterbuch. Band 5. DuDenverlag, Mannheim 1997, S. 333.
lxx Manfred, Bleher et al.: « Hybridation ». Langenscheidt KG. Berlin-München 2003, p. 377.
lxxi Peny, Papadogeorgi: L'ambiguité de la notion d’hybride et l’obstacle de l’utilité. Online: http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/8640/ASTER_1995_21_161.pdf;jsessionid=62B658C6DD9329C50FEF99EAA98CB9D8?sequence=1, Zugriff am 29/06/2017, um 12 : 16.
lxxii Michael M., Bachtin: The dialogic imagination. University of Texas Press, Texas 1981, p.358 Nous traduisons: [Il s'agit d'un mélange de deux langages sociaux dans les limites d'un énoncé unique, c’est une rencontre, dans un énoncé entre deux consciences linguistiques différentes, séparées l'une de l'autre par une époque, par une hiérarchisation sociale ou par un autre facteur.]
lxxiii Ansgar Nünning: a.a.O., p.314.
lxxiv Moustapha, Trabelsi: La question de l’hybride. Online: http://www.fabula.org/actualites/la-question-de-l-hybride_39097.php, Zugriff am 29/06/2017, um 10 : 52.
lxxv Michael M., Bachtin: a.a.O., p.271.
lxxvi Mikhael M., Bakhtine: Esthétique et théorie du roman, trad. du russe par Daria Olivier, Gallimard, Paris, 1975, P.96
lxxvii Edward W., Said: L’Orientalisme. L’orient créé par l’occident. Édition du seuil, Paris 2005, p.55ff.
lxxviii Michael M., Bachtin: a.a.O., p.270.
lxxix Ansgar, Nünning (Hrsg.): „Dialogizität“. a.a.O., S. 135.
lxxx Mikhael M., Bakhtine: Esthétique et théorie du roman…, p.89.
lxxxi Maryse, Condé: « Le métissage du texte ». In: Discours sur le métissage, identités métisses, Sylvie Kandé (ed.). L’Harmattan, Paris 1999, p.211f.
lxxxii Dans „Bitte nix Polizei“, Aras Ören utilise souvent des dates réelles et décisives qui ont marqué l’histoire de la politique migratoire de l’Allemagne. Comme la date de 1973 qui a marqué la fin des recrutements de la main- d’œuvre étrangère en RFA. Dans « Unter die Deutschen gefallen », Chima Oji lui insiste tout au début de son livre à la page 7 sur la réalité des faits qu’il raconte : „Aber, was uns da den Atem stocken ließ, war keine Kriminalgeschichte; es war erlebte Wirklichkeit“ que nous traduisons: [Mais ce qui nous a choqué n’était pas une histoire criminelle mais une réalité vécue.]. D’ailleurs, il présente ses expériences personnelles sous la forme d’un mémoire qui contient une préface, un plan, une épilogue, une annexe, une liste abréviation et des références.
lxxxiii Nous reviendrons de façon détaillée, dans le chapitre 4 de notre travail, sur ces changements de perspective dans la littérature allemande, précisément de la littérature des travailleurs immigrés à la littérature des migrants.
lxxxiv Ansgar, Nünning: Hans Vaihinger. a.a.O., p. 214.
lxxxv Sigmund, Freud: l’inquiétante étrangeté et autres essaies. Editions Gallimard, Paris 1998, p. 34f.
lxxxvi Gérard, Genette: Discours du récit, essai de méthode. Edition du Seuil. Paris 1972, p.167.
lxxxvii Michael Bachtin cité par Norbert, Mecklenburg: Das Mädchen aus der Fremde. Germanistik als interkulturelle Literaturwissenschaft. IUDICIUM, München 2008, p. 116.
lxxxviii F.K Stanzel cité par Gérard, Genette: Discours du récit…, p.190.
lxxxix Beate- Irene, Hämel: Textur- Bildung. Religionspädagogische Überlegenheit zur Identitätsentwicklung im Kulturwandel. Schwanbenverlag AG, Ostfildern 2007, p. 52.
xc Hans-Jürgen Lüsebrink: Interkulturelle Kommunikation. Interaktion, Fremdwahrnehmung, Kulturtransfer. Verlag J.B. Metzler, Weimar 2012, p.16.
xci Ibid., loc.cit.
xcii Ibid., p.15
xciii Ulrich Beck cité par Sarah, Heinz., a. a.O., p.24.
xciv Homi K. Bhabha cité par Michael, Hoffmann: Interkulturelle Literaturwissenschaft. Eine Einführung. Wilhelm Fink Verlag, München 2006, p.28. Nous traduisons [L’hybridité est un mélange entre les divers éléments d’une culture donnée et un mélange entre les différentes tendances de différentes cultures.]
xcv Homi, K. Bhabha: „Verortungen der Kultur“. In: Hybride Kulturen. Beiträge zur anglo- amerikanischen Multikulturalismusdebatte. Elisabeth Bronfen, Benjamin Marius und Therese Steffen (Hrsg.). Stauffenburg Verlag, Tübingen 1997, p.123, 127. Nous traduisons [Nous nous trouvons en fin de siècle où l’espace et le temps se croisent et produisent des configurations complexes de différence et d’identité, du passé et du présent, du dedans et du dehors, de l’intégration et de l’exclusion. […] La mobilité et le passage dans le temps empêchent que des identités soient fixées entièrement à leur polarité originelle. Ce passage transitoire entre des identifications fixes ouvre la possibilité d’une hybridité culturelle dans laquelle il y’a une place pour la différence mais sans une hiérarchie héritée ou imposée.]
xcvi Benedict Anderson cité par Elisabeth, Bronfen und Benjamin, Marius: „Hybride Kulturen. Einleitung zur anglo-amerikanischen Multikulturalismusdebatte“.In: Hybride Kulturen. Beiträge zur anglo- amerikanischen Multikulturalismusdebatte. Elisabeth Bronfen, Benjamin Marius und Therese Steffen (Hrsg.). Stauffenburg Verlag, Tübingen 1997, p.2.
xcvii Homi, K. Bhabha, a.a.O., p.127. Nous traduisons [ˋDarüber hinausˊ signifie une distance spatiale, montre le progrès, suscite le future; pourtant notre entendement de franchir les barrières- c’est-à-dire l’acte d’aller au-delà même- ne sont ni à comprendre ni à représenter sans un retour vers le ‘présent’, qui dans le processus de répétition perd sa cohésion et son lieu.]
xcviii Myriam, Louviot: poétique de l’hybridité dans les littératures postcoloniales. (Univ.Diss) Volume 1, université Strassbourg, Septembre 2010, p.29.
xcix Voire Chapitre 7: Au cœur de la problématique du changement de perspective dans les œuvres, 7.2 L’Analyse thématique, p. 233-289.
c Biondi, Franco / Schami, Rafik: „Literatur der Betroffenheit. Bemerkungen zur Gastarbeiterliteratur.“ a.a.O., p. 124f.
ci Nilüfer, Kuruyazici: „Stand und Perspektive der türkischen Migrantenliteratur.“ In: Akten des VIII internationalen Germanistenkongresses, 1991, S.95f.
cii Biondi, Franco / Schami, Rafik: „Literatur der Betroffenheit…p. 142.
ciii Interview mit Franco Biondi: „Literatur ist Gedächtnis.“ In: Migrationsliteratur. Eine neue deutsche Literatur? Sibel Kara (Hrsg.). Heinrich-Böll-Stiftung, Berlin 2009, p.9-11.
civ Pimonmas, Photong-Wollmann: Literarische Integration in der Migrationsliteratur anhand der Beispiele von Franco Biondis Werken (Diss.). Online: http://webdoc.sub.gwdg.de/ebook/dissts/Siegen/Photong1996.pdf, Zugriff: am 28/09/2017, um 10:31.
cv Vgl. Sabine, Fischer: Franco Biondi 1947. Online: http://www.franco-biondi.de/media/pdf_werk/sabine%20fischer%20ueber%20biondi%20englisch.pdf, Zugriff: am 28/09/2017, um 12: 47.
cvi Sargut, Şölçün: Literatur der türkischen Minderheiten. In: Interkulturelle Literatur in Deutschland. Ein Handbuch.Carmine Chiellino (Hrsg.). J.B. Metzler, Stuttgart 2007,S.136. Nous traduisons: [Savasçi était un travailleur et également un écrivain productif […]; il projetait dans ses soi-disant observations distantes son implication personnelle sur ses personnages qui principalement étaient des travailleurs immigrés d’origine turque.]
cvi Ebd., 137.
cvii Hansgeorg, Schmidt-Bergmann: „Von der ˋGastarbeiterliteraturˊ zu einer ˋneuen deutschen Literaturˊ.“ Migration und Integration in der deutschsprachigen Literatur. Online: https://www.uni-trier.de/fileadmin/fb5/inst/IRP/BG_Einzeldokumente_ab_2010/Bitburger_Gespr_2010_I_Schmidt-Bergmann_99-107_geschuetzt.pdf, Zugriff: am 02/10/2017, um 10: 11.
cviii Sigmund, Freud., a.a.O., p.41.
cix Ebd., loc.cit
cx Nasarre Lorenzo, María: „Heimat, Fremde und Dritter Raum. Der Einfluss der Migration in den Werken der Autoren Víctor Canicio und José F.A. Oliver.“ Magazin, n. 21, Dezember 2013, p. 44.
cxi Dirk, Göttsche: „ˋEine eigene Mischung aus Identität und Kulturˊ. Afrikanische Migrantenlitertaur in deutscher Sprache zwischen Diaspora und Trankulturalität.“ In: Literaturen der Migration in Deutschland: Das Beispiel Afrika. Albert Gouaffo (Hrsg.) N°6, Mont Cameroun. Zeitschrift für interkulturelle Studien zum deutschsprachigen Raum, Dschang, décembre 2009, p. 29.
cxii Carmine, Chillieno: „Einleitung: Eine Literatur des Konsens und der Autonomie- Für eine Topographie der Stimmen.“ In: Interkulturelle Literatur in Deutschland. Ein Handbuch. Carmine Chiellino (Hrsg.). J.B. Metzler, Stuttgart 2007, p. 51.
cxiii Heidi, Rösch: „Migrationsliteratur im interkulturellen Diskurs.“ Der Text basiert auf dem Vortrag zu der Tagung Wanderer - Auswanderer - Flüchtlinge 1998 an der TU Dresden. Online: http://docplayer.org/9560797-Heidi-roesch-migrationsliteratur-im-interkulturellen-diskurs.html, Zugriff: am 06/10/2017, um 11: 53.
cxiv Ebd., loc.cit.
cxv Claire, Horst : « Raum- und Körperbilder in der Migrationsliteratur ». In: Migrationsliteratur…, p.76.
cxvi Dieter Burdorf, Christoph Fasbender, Burkard Moennighoff: „Migrantenliteratur.“ Metzler Lexikon Literatur. J.B Metzler. Dieter Burdorf et al. (Hrsg.), Stuttgart 2007, p. 498. Nous traduisons: [Beaucoup de textes de ces auteurs ont pour thème l’expérience culturelle vécue dans le pays d’origine, leur recherche d’identité et la réflexion sur leur situation en tant que étrangers en Allemagne, en Autriche et en Suisse, ainsi que leurs problèmes et expériences individuels et sociopolitiques. […] Il y a également d’autres critères importants tels que des narrations sur leurs expériences pluriculturelles et plurilinguistiques dans une situation où ils sont minoritaires […], s’y ajoute le changement de langue auquel ils se confrontent.]
cxvii Dirk, Göttsche: “Cross-Cultural Self-Assertion and Cultural Politics: African Migrants’ Writing in German Since the Late 1990s.” Online: http://eprints.nottingham.ac.uk/30519/1/Cross-Cultural%20Self-Assertion%20DG.pdf, Zugriff am 06/10/2017, um 12:18.
cxviii Janos, Riesz: Autoren/innen aus dem schwarzafrikanischen Kulturraum…, p. 248.
cxix Romuald Valentin, NKOUDA SOPGUI: De la rencontre adversative entre Blancs et Noirs aux enjeux de la compétence interculturelle chez les Ècrivains de la diaspora africaine en Allemagne : l’exemple de Unter die deutschen gefallen de Chima Oji et de Les Ètrangers noirs africains d’Hilaire Mbakop. Revista de FilologÌa Alemana, Madrid 2015, vol. 23 117-133, p. 119.
cxx T. A Taguieff cité par Nadege, Compard: Immigrés et Romans Noirs (1950-2000). L’Harmattan, Paris 2010, p. 28.
cxxi Noah, Sow : Deutschland Schwarz Weiß. Der alltägliche Rassismus. C. Bertelsmann, München 2008, p.77.
cxxii Ebd., loc.cit. Nous traduisons: […(Le racisme) est une croyance relative aux caractéristiques ethniques dont disposeraient certains individus les poussant à croire qu’ils ont des prédispositions génétiquement différentes des autres.]
cxxiii Centre nationale de ressources Textuelles et lexicales (CNRTL) : « Intégration ». Online: http://www.cnrtl.fr/etymologie/int%C3%A9gration, Zugriff am 06 /12/2017, um 12: 04.
cxxiv Karl- Heinz, Hillmann (Hrsg.): „Integration“. Wörterbuch der Soziologie, Alfred Kröner Verlag, Stuttgart 2007.
cxxv „Integration“. Duden 6, Deutsches Universalwörterbuch, Dudenredaktion (Hrsg.). Dudenverlag, Mannheim 2007.
cxxvi Karl- Heinz, Hillmann, a.a.O., p.383.
cxxvii Ebd., loc.cit.
cxxviii Ebd.,loc.cit
cxxix Dudenredaktion (Hrsg.): „Integration“. Duden 6, Deutsches Universalwörterbuch, Dudenverlag, Mannheim 2007, p. 888.
cxxx Ebd., loc.cit. Nous traduisons: [(une personne intégrée est) quelqu’un qui a la capacité d’intégrer les différentes directions politiques et groupes sociaux]
cxxxi ARiC Berlin e.V: „Integration. 204 Berliner ausländischer Herkunft geben Auskunft Positive Integrationsverläufe von Migrantinnen und Migranten in Berlin.“ Online: http://www.aric.de/fileadmin/users/aric/PDF/integration.pdf, Zugriff am 06/12/2017, um 12: 35. Nous traduisons: [Par intégration, nous comprenons un processus réciproque dans lequel des individus ou des groupes de personne et la société d’accueil interagissent activement. Ce processus inclut les aspects politiques, juridiques, économiques, sociaux, culturels et communicatifs.]
cxxxii Jonathan Faull: Vorwort: Handbuch zur Integration für Entscheidungsträger und Praktiker. Europäische Gemeinschaften (Hrsg.). Brüssel 2005, p.6.
cxxxiii Michel, Verrier: « Cinquante ans après, l’intégration des turcs est en panne. » Online: https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Cinquante-ans-apres-l-integration-des-Turcs-est-en-panne-en-Allemagne-_NP_-2011-10-30-729576, Zugriff am 06/12/2017, um 16: 58.
cxxxiv Ernest, Hilledebrand: « L’Allemagne face à l’immigration et l’intégration. » Online: https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2009-2-page-172.htm, Zugriff am 06/12/2017, um 16 : 49.
cxxxv SWR: „Türken sind schlecht integriert gedenkt Holocaust-Opfer.» Online: https://www.swr.de/international/de/rueckblick/-/id=2900538/nid=2900538/did=4464194/1v9he5e/index.html, Zugriff am 06/12/2017, um 20: 56.
cxxxvi Rolf, Benndorf: Afrikanische Migranten in Deutschland und die gesellschaftliche Integration, Vortrag auf dem 1. Nürnberger Afrikakongress (30.10.2010), p.9. Online: http://www.afrika-kultur-zentrum.de/aktiv/Benndorf-Vortrag.pdf, Zugriff am 06/12/2017, um 19: 39.
cxxxvii Ebd., op.cit., p.5ff.
cxxxviii Agentur für Gleichstellung im ESF: „Soziale Integration von Migrantinnen und Migranten“. Petra Ahrens (Hrsg.). Berlin, April 2011, p.4. Online: http://www.esf-gleichstellung.de/fileadmin/data/Downloads/Aktuelles/expertise_soziale_integration_migrant_innen.pdf, Zugriff am 06/12/2017, um 22: 04. Nous traduisons: [L'intégration sociale des migrants peut être comprise comme une large conformité économique ou sociale des migrants avec la population autochtone.]
cxxxix Bundesamt für Migration und Flüchtlinge: Glossar. „Integration“. Online: https://www.bamf.de/DE/Service/Left/Glossary/_function/glossar.html?lv3=1504494&lv2=5831826 , Zugriff am 06/12/2017, um 22: 47.
cxl Rolf, Benndorf., p.2.
cxli Hartmut, Esser: „Integration und ethnische Schichtungen“. In: Arbeitspapiere - Mannheimer Zentrum für Europäische Sozialforschung, Nr. 40, 2001, p.3. Nous traduisons: [L'intégration du système renvoie donc à l'intégration du système d'une société dans son ensemble, alors que l'intégration sociale fait référence à l’insertion des acteurs (ou des groupes qui le forment) dans le système. D'une part, c’est le système social qui est le point de référence, d'autre part, ce sont les acteurs, respectivement, la population et les différents groupes.]
- Quote paper
- Mouhamed Sarr (Author), 2019, De la littérature des travailleurs immigrés à la littérature des migrants, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/520967
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