Doté d’une vingtaine d’années de mémoire de guerre contre son ennemi israélien, le Hezbollah ("parti de Dieu"), nommé également la résistance islamique, a commencé depuis l’année 2009 à affronter une nouvelle guerre contre son adversaire israélien après le statu quo qui a régné dans la région du Sud-Liban depuis la guerre de juillet 2006 entre les deux protagonistes. Cet article traite la problématique de la mémoire de guerre que le Hezbollah construit pour sa base populaire, dont la mission était de conserver cette mémoire à travers l’exploitation du patrimoine matériel (monuments, sites…) et immatériel (les productions artistiques, audiovisuelles…), qui seront utilisés comme des instruments dans sa guerre "souple" contre Israël. Suivant cette stratégie, il a ouvert ses monuments historiques aux visiteurs libanais et étrangers, il a organisé ses activités commémoratives pour ranimer la mémoire de la guerre, et enfin il a utilisé ses médias pour diffuser la culture de la résistance dans la société qu’il a créée: "la société de résistance".
Lorsqu’on aborde le mot guerre au Liban, on se réfère directement aux deux guerres qui ont marqué l’histoire du pays: la guerre civile éclatée en avril 1975, et la guerre contre Israël ou ce qu’on appelle "le conflit israélo-arabe" dans sa dimension libanaise, qui a commencé depuis la constitution de l’Etat hébreu en 1948 jusqu’à nos jours. La première catégorie de guerre est exclue de notre étude, puisque le Hezbollah n’y a pas participé de façon directe, elle a commencé en 1975 et a fini en 1990 avec l’accord de Taëf, alors que le Hezbollah est né en 1982 avec l’invasion israélienne du Liban.
D’un autre côté, le conflit Israélo-arabe a commencé depuis la fin de la première guerre mondiale avec la déportation des palestiniens de leur pays, accompagnée par les mouvements migratoires juifs vers la Palestine, et enfin avec la constitution officielle de l’Etat israélien en 1984. En effet, le Liban n’était pas loin de ces évènements, puisque plusieurs milliers des palestiniens ont été exportés vers ce pays, où ils ont construit des camps pour y réfugier.
Sommaire
Introduction
Première partie : Les monuments de la guerre : Conservation de la mémoire des lieux
Deuxième partie : Les activités commémoratives : Ranimation de la mémoire de guerre
Troisième partie : Les médias du Hezbollah au service de la mémoire
Conclusion
Bibliographie
Table des matières
Remerciements:
En préambule à ce mémoire, je tiens à remercier en premier lieu mon directeur de recherche, Madame le professeur Fadia Kiwan, qui m’a encouragé à accomplir ce travail, en m’offrant l’opportunité de traiter ce sujet assez controversé. Je lui remercie pour l’apport qu’elle m’a donné, tant sur le niveau académique qu’humain.
J’adresse mes remerciements à tous les professeurs du Master 2 sciences politiques de l’Institut des sciences politiques de l’USJ, qui m’ont enseigné durant l’année académique 2013-2014. Je remercie également les personnels des bibliothèques de l’USJ au Liban et de l’Université de Perpignan en France, où j’ai eu la possibilité d’accéder aux meilleurs ouvrages locaux et internationaux.
J’aimerai exprimer ma gratitude à toutes les personnes qui ont accepté d’être entretenues malgré la sensibilité du sujet de recherche, ainsi que les dirigeants du Hezbollah qui m’ont donné leur temps pour m’expliquer leurs points de vue et pour répondre à mes questions. Je cite en particulier le directeur du mémorial de Mlita Ahmad Mansour, pour sa modestie et sa générosité d’accueil.
Enfin je remercie ma famille, en particulier ma mère, qui m’a encouragé durant tous les mois de recherche et qui m’a donné le support moral pour compléter ce mémoire.
Résumé
Doté d’une vingtaine d’années de mémoire de guerre contre son ennemi israélien, le Hezbollah (parti de Dieu), nommé également la résistance islamique, a commencé depuis l’année 2009 à affronter une nouvelle guerre contre son adversaire israélien après le statu quo qui a régné dans la région du Sud-Liban depuis la guerre de juillet 2006 entre les deux protagonistes. Cet article traite la problématique de la mémoire de guerre que le Hezbollah construit pour sa base populaire, dont la mission était de conserver cette mémoire à travers l’exploitation du patrimoine matériel (monuments, sites…) et immatériel (les productions artistiques, audiovisuelles…), qui seront utilisés comme des instruments dans sa guerre « souple » contre Israël. Suivant cette stratégie, il a ouvert ses monuments historiques aux visiteurs libanais et étrangers, il a organisé ses activités commémoratives pour ranimer la mémoire de la guerre, et enfin il a utilisé ses médias pour diffuser la culture de la résistance dans la société qu’il a créée : « la société de résistance ».
Introduction
« Le Hezbollah est le parti des martyrs, des dirigeants martyrs, et des martyrs volontaires…l’esprit de martyrisme est celui qui a créé les victoires du Liban. La résistance a libéré le territoire en 2000 et a protégé le Liban en 2006, et cela n’a pas pu s’accomplir sans les sacrifices de ces martyrs1 … »,
Un court discours du Sheikh Nabil Kaouk, le responsable du département du Sud-Liban dans l’organigramme du Hezbollah, suffit pour résumer le sujet de notre recherche. Ce discours a eu lieu lors de la commémoration du « jour du martyr du Hezbollah », une cérémonie d’hommage aux martyrs du parti, qui correspond à la date d’une opération de suicide volontaire de l’un des combattants, laquelle était la première opération de genre annonçant le début de l’ère du Hezbollah. Cette commémoration constitue l’une des activités que le Hezbollah organise périodiquement dans le but de sauvegarder la mémoire de la guerre et de la résistance. En effet, et puisque la guerre continue contre son ennemi israélien, ce parti utilise cette mémoire en même temps comme un instrument de la nouvelle guerre souple contre son adversaire. La stratégie de construction de cette mémoire a eu recours à l’exploitation du patrimoine matériel de la guerre (les monuments et les sites historiques) comme moyen pour construire la mémoire des lieux, tout en ranimant cette dernière à travers les activités commémoratives et les médias.
- Contexte historique :
Lorsqu’on aborde le mot « guerre » au Liban, on se réfère directement aux deux guerres qui ont marqué l’histoire du pays : la guerre civile éclatée en avril 1975, et la guerre contre Israël ou ce qu’on appelle « le conflit israélo-arabe » dans sa dimension libanaise, qui a commencé depuis la constitution de l’Etat hébreu en 1948 jusqu’à nos jours. La première catégorie de guerre est exclue de notre étude, puisque le Hezbollah n’y a pas participé de façon directe, elle a commencé en 1975 et a fini en 1990 avec l’accord de Taëf, alors que le Hezbollah est né en 1982 avec l’invasion israélienne du Liban2.
D’un autre côté, le conflit Israélo-arabe a commencé depuis la fin de la première guerre mondiale avec la déportation des palestiniens de leur pays, accompagnée par les mouvements migratoires juifs vers la Palestine, et enfin avec la constitution officielle de l’Etat israélien en 1984. En effet, le Liban n’était pas loin de ces évènements, puisque plusieurs milliers des palestiniens ont été exportés vers ce pays, où ils ont construit des camps pour y réfugier. En octobre 1948, plus de soixante-dix libanais ont été exécutés par les groupes de Haganah qui ont attaqué le village du Houla au Sud-Liban3, ils ont détruit toutes les maisons de ce village et enlevé une dizaine d’hommes et de femmes. En plus, l’aéroport de Beyrouth a été bombardé en décembre 1968 par les avions israéliens, suite aux opérations militaires de l’OLP4 et à cause du danger que cette organisation avait représenté sur la sécurité nationale israélienne. Quatre ans plus tard, le Tsahal5 occupa une partie du Sud-Liban à travers l’opération de Litani, qui a consisté à éloigner les groupes des fedayiines de l’OLP jusqu’au nord du fleuve de Litani. En outre, la grande invasion a eu lieu en juin 1982, lorsque l’armée israélienne a traversé les frontières arrivant à la capitale libanaise, suite à une tentative d’assassinat de l’ambassadeur israélien à Londres, malgré que le but principal de cette opération fût d’éliminer le danger de l’OLP du territoire libanais de façon complète.
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Figure 1 Carte qui montre la zone Sud du fleuve du Litani au Sud-Liban, où s'y sont installés les casques bleus après les guerres successives- Source: WIKIMEDIA6
Cette invasion était la plus grande opération militaire dans l’histoire du pays, et ces conséquences étaient très graves : des milliers de morts et de blessés, une paralyse des secteurs économiques et une destruction de l’infrastructure du pays… Les libanais et notamment les habitants du sud ont souffert de cette opération nommée « la paix du Galilée », qui n’a pas visé seulement à chasser les palestiniens, mais à construire une zone de sécurité de trente kilomètres, laquelle s’est étendue sur toute la région du sud du fleuve de Litani. En addition, plusieurs crimes de guerre ont été commis, dont les plus célèbres étaient ceux de Sabra et Chatila, en septembre de la même année, où les camps des réfugiés palestiniens ont subi un embargo suivi d’une offensive militaire israélienne qui a été effectuée sous une complicité de quelques milices libanais.
À côté des massacres et des bombardements quotidiens, des milliers de libanais et d’arabes furent emprisonnés au camp de détention d’Ansar puis à celui du Khyam, sans aucun procès, et sans aucune accusation. Le sud était isolé du monde extérieur, l’Etat libanais était paralysé grâce aux conséquences de la guerre civile et l’armée était divisée et absente du sud. Suite à cette situation, divers partis politiques libanais, de toutes les communautés, ont commencé leurs opérations militaires contre les troupes israéliennes : le parti communiste libanais, le parti syrien social, le mouvement Amal, etc. Ils ont préparé et exécuté plusieurs opérations et ont causé plusieurs pertes à l’armée israélienne, laquelle retira ses troupes de la capitale, et s’installa dans la zone de sécurité au sud.
La période de l’occupation israélienne de cette région, de majorité chiite, fut en même temps l’apogée de la révolution islamique en Iran, qui a réussi à remporter le pouvoir. Ainsi le gouvernement islamique de l’Ayatollah Khomeiny succéda à la monarchie du Chah Reda Behlavi (en 1979). Cette révolution a fait ensuite un « tremblement » politique dans toute la région, et le Liban a été concerné en premier lieu par ce changement, puisque la majorité des chiites libanais a déclaré sa soutenance à cette révolution et à la pensée khomeyniste.
Ensuite, l’embryon d’un parti chiite islamique commença à se former, et après plusieurs aller-retour entre le Liban et l’Iran, et des aides militaires iraniens aux groupes armés pour défendre le territoire libanais, l’Ayatollah Khomeiny refusa d’envoyer en plus des combattants iraniens pour affronter les troupes israéliennes7, et préféra envoyer des instructeurs militaires iraniens à la Syrie et au Békaa pour entraîner les jeunes libanais, en créant « le parti de Dieu » ou le Hezbollah. Cependant, la création du parti n’était pas officielle que jusqu’au 16 février 1985, lorsque le Hezbollah adressa sa lettre ouverte « aux affaiblis », en annonçant son programme politique du : « Hezbollah – La révolution islamique au Liban8 ».
En effet, plusieurs raisons ont conduit à la montée considérable de la popularité du parti dans l’environnement chiite, comme l’enlèvement du chef d’Amal en Lybie Moussa El Sader, et la victoire de la révolution iranienne. Puis, au fur et à mesure, les gens ont commencé à connaître ce parti à travers «les opérations suicidaires » qui ont été commises contre les bases israéliennes au Sud, après que l’Imam Khomeiny avait donné sa bénédiction et sa déclaration de la légalité de ces opérations, tout en s’adressant aux dirigeants du Hezbollah :
« Revenez à votre pays et instaurez une résistance qui affronte cet ennemi et qui tremblera ses fondements…sachez que Dieu sera avec vous, et qu’il vous supportera9 ».
L’idéologie iranienne chiite commença à se propager dans cette société à travers les mosquées, les husunyates, et les instituts théologiques de chiisme (hawza) qui étaient les premières institutions à faire diffuser les idées de « la résistance » et du Jihad. En effet, ce soutien populaire a eu lieu aussi grâce aux divers services qui ont été offerts par le parti à ces sympathisants quelques années après sa naissance. L’hôpital Al Rassoul al a’azam a ouvert ses portes pour accueillir les familles des résistants et des martyrs, la fondation du martyr est instaurée pour aider les familles des combattants morts, et plusieurs autres fondations filiales des institution-mère iraniennes. En parallèle, le Hezbollah a accompagné ses travaux socio-politiques et militaires par l’ouverture de ses médias : une chaîne télévisée, un radio et un magazine, afin de transmettre la culture de résistance au grand public, et pour communiquer avec ses partisans.
Cependant, il a fallu attendre dix-huit ans pour que le Hezbollah obtienne sa grande victoire contre l’armée israélienne suite à ces opérations de Guérilla qui ont causé une grande perte pour l’armée israélienne et pour l’ALS. Ainsi, Le 25 mai 2000 était l’un des plus grands jours du parti depuis sa création : les israéliens ont retiré leurs troupes du territoire libanais10, et tous les prisonniers du camp de Khyam ont été libérés. C’était le jour durant lequel le Hezbollah a eu la plus grande unanimité nationale dans son histoire. Ensuite, la période qui a suivi cette date était la plus pacifique dans la région jusqu’au 12 juillet 2006, lorsque l’armée Israélienne déclencha une offensive militaire contre le Hezbollah suite à une opération durant laquelle ce dernier a enlevé deux soldats israéliens et a tué huit parmi eux sur la frontière sud du pays. Cette guerre a causé 1300 morts des civils libanais et des milliers de blessés, avec la destruction de l’infrastructure libanaise. Elle a fini par un l’occupation israélienne accord d’échange du « doyen » des prisonniers libanais Samir al Kentar contre les deux soldats israéliens enlevés.
La société du Hezbollah ou « l’environnement de la résistance » a été visé en premier lieu durant cette opération, et durant toutes les autres offensives et les attaques israéliennes, puisque le pouvoir politique israélien a voulu, depuis la montée du parti et la concentration de ces opérations militaires, de lui faire perdre « sa base populaire », laquelle était un élément de force et de succès pour lui11.
C’est sur ce dernier point que nous avons mené notre recherche, tout en décrivant, analysant et interprétant les moyens que le Hezbollah a utilisés (et utilise) pour construire la mémoire de la guerre et l’offrir à cette société, en s’interrogeant s’il a réussi à construire cette mémoire et à l’utiliser comme un instrument de guerre.
- L’objet d’étude :
La mémoire collective : Pour définir cette notion, on doit se référer en premier lieu au sociologue français Maurice Halbwachs, considéré comme le père fondateur des travaux sur cette notion. Il l’a définie comme « une théorie scientifique qui dit qu’on ne se souvient jamais seul », ce qui veut dire que notre mémoire et nos souvenirs sont en partie structurés par la société12. C’est une mémoire « partagée par un groupe, un peuple, une nation, un pays ou un regroupement de pays » […] Elle constitue et modèle « l’identité, la particularité, l’inscription dans l’histoire du groupe concerné13 ». Il y a donc une mémoire collective et une multiplicité de mémoires individuelles. Halbwachs ajoute « qu’il n’y a pas dans la mémoire de vide absolu », c’est-à-dire des régions de notre passé à ce point sorties de notre mémoire, que toute image qu’on y projette ne peut s’accrocher à aucun élément du souvenir […]. « On n’oublie rien14. »
Halbwachs définit la mémoire individuelle à partir de ses dimensions sociales :
« Si nous examinons de quelle façon nous nous souvenons, nous reconnaîtrons que le plus grand nombre de nos souvenirs nous reviennent lorsque nos parents, nos amis, ou d’autres hommes nous en rappellent […]. Cependant, c’est dans la société que, normalement, l’homme acquiert ses souvenirs, qu’il s'en rappelle, qu’il les reconnaît et les localise […] C’est en ce sens qu’il existerait une mémoire collective et des cadres sociaux de la mémoire, et c’est dans la mesure où notre pensée individuelle se replace dans ces cadres et participe à cette mémoire qu’elle serait capable de se souvenir15 » (Halbwachs, 1994, p. VI).
En effet, selon Laurent Mucchielli16, Halbwachs démontre aux psychologues de son époque « que le passé ne se conserve pas véritablement dans la mémoire individuelle et ne peut pas être revécu que tel […] Dans la mémoire, subsistent des fragments et des images, ce sont les représentations collectives qui constituent ces derniers à partir des nécessités du présent ». Il affirme que « le souvenir pur n’existe pas, et que la réflexion précède l’évocation des souvenirs17 ». En plus, dans l’Esquisse d’une psychologie des classes sociales (1938), Halbwachs compare la mentalité collective des paysans et des ouvriers en montrant que ces derniers « construisent leur mémoire de groupe autour des souvenirs qui les confortent dans le sentiment de ne pas participer à la vie collective, d’en être même constamment écartés ».
Il est certain que la construction d’une mémoire collective pour une société quelconque, pour une nation, ou pour n’importe quel groupe nécessite la présence d’un patrimoine matériel historique : des citadelles, des ruines, des prisons ou des mémoriaux, qui seront affectés pour servir cet objectif. Ce patrimoine aura un rôle primordial dans la création de cette mémoire, mais l’essentiel c’est dans la protection et la conservation de ce patrimoine pour les futures générations. Un peuple sans histoire, n’aura pas de futur, c’est pour cela que les pays occidentaux, ont commencé depuis une dizaine d’années à investir leur patrimoine historique dans la création de leurs mémoires nationales.
Cependant, « la mémoire n’est pas un simple reflet de l’histoire, mais un récit collectif du passé façonné par les problématiques, les idéologies et les rapports de force du présent18 », c’est pourquoi le passé difficile en France « est devenu enjeu politique important, ainsi, les politiques de mémoire relatives au période de l’esclavage colonial (XVIIème–XIXème siècles) connaissent depuis vingt ans d’importantes transformations19 » : et cela s’est traduit par la commémoration officielle du cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage (1998), le vote de la loi Taubira (2001)20, et l’instauration d’une commémoration annuelle depuis 2005. Au Rwanda par exemple, la politique du mémoire du génocide des Tutsi a été pensée dès ses débuts comme « un outil de reconnaissance internationale mais aussi de construction de l’unité nationale et plus largement de réconciliation21 », et après vingt ans d'évènements, la mémoire du génocide « a fait l’objet de plus d’attention que l’histoire du génocide elle-même»22.
Dans le cas de Hezbollah, les dirigeants du parti ont bien compris les leçons et les expériences des pays étrangers, avec une toute particularité que le Hezbollah est un parti politico-militaire, non pas un Etat comme ailleurs. Il a bénéficié de l’absence de l’Etat libanais dans ces régions, et s'est présenté comme une alternative, surtout après la retraite des troupes israéliennes du Sud-Liban. Il a commencé à utiliser le bagage de vingt ans de guerre comme un instrument pour la création d’une mémoire collective dans sa société et à ces partisans, mais aussi aux autres libanais qui sont visés à travers sa stratégie, par laquelle il a présenté ses travaux dans un contexte national, ce qui se traduit par « la libanisation » de plusieurs de ces activités commémoratives, tout en essayant de garder sa spécificité et son idéologie. Les étrangers ont été visés en même temps, en leurs envoyant un message pacifique, et en leurs invitant à découvrir la réalité de son mouvement à travers ces monuments de guerre. Enfin le Hezbollah a voulu envoyer un message de défi aux israéliens, par lequel il leur dit : nous sommes-là, nous écrivons l’histoire pour commémorer nos martyrs et pour documenter votre terrorisme, c’est là, notre vrai combat!
- Problématiques :
Nous sommes arrivés à proposer plusieurs problématiques concernant le sujet de notre étude, et qui seront traitées à travers notre plan. Tout d’abord, le Hezbollah en tant qu’un parti militaire qui dispose d’une longue histoire de résistance contre l’occupation israélienne et qui a libéré la partie sud du Liban, mais qui est aussi un parti politique représentant –avec le mouvement Amal- la grande majorité de la communauté chiite libanaise, ce parti, a-t-il construit une mémoire de la guerre pour la société dont il représente, connu comme « la société de résistance » ? Si la réponse est positive, quelle était sa stratégie pour que les gens de cette société se souviennent de la période de la guerre ?
En plus, l’Etat Libanais n’était pas censé d’accomplir son devoir de mémoire pour conserver la période de la guerre contre l’occupant d’une partie du territoire libanais, à travers des politiques mémorielles à l’instar des Etats occidentaux, lesquels ont commémoré cette année le centenaire de la première guerre mondiale, la vingt-cinquième année de la chute du mur de Berlin, et la soixante- dixième année de l’ouverture du premier camp de concentration juive en Europe, alors qu’au Liban, même un livre d’histoire unique n’était pas rédigé jusqu’à présent ?
Si c’est vrai que le parti de Dieu essaye de construire une mémoire pour « une société de la résistance », quel est son intérêt de dissocier cette société du tissu national et de la mémoire nationale collective ?
A-t-il réussi à former un réseau complexe de son patrimoine pour construire cette mémoire ? Comment a-t-il « exploité » cette mémoire pour l’utiliser comme un instrument de guerre contre ses adversaires ? Et enfin, est-ce qu’il a recouru à la propagande pour mobiliser et promouvoir sa mémoire sur le plan national ainsi qu’étranger ?
- Hypothèses :
À partir des problématiques que nous avons formulées, nous avons proposé quelques hypothèses, que nous avons testées à travers notre recherche :
1- Le Hezbollah a construit une mémoire collective de la guerre pour la société de résistance dans un double intérêt : l’utiliser comme un instrument de guerre contre tous ses adversaires, et sauvegarder et commémorer la période de lutte contre son ennemi israélien, en utilisant son droit légitime suite à la négligence de l’Etat libanais de son devoir de mémoire envers la société qui a souffert de la guerre contre Israël, et envers les combattants et les martyrs libanais qui ont sacrifié leurs vies, mais qui n’ont jamais été commémorés par l’Etat.
2-Le Hezbollah a construit une mémoire collective pour l’ensemble de la population libanaise, en prenant en considération la spécificité de la région qui a été occupée par Israël, de majorité chiite, et l’appartenance de tous les combattants à cette communauté. Ainsi, la mémoire construite correspond à tous les libanais qui ont résisté contre l’occupant, à tous ceux qui appartiennent à la culture de résistance nationale, qu’ils soient de n’importe quelle région ou confession.
3- Le Hezbollah n’a pas voulu construire une mémoire collective proprement dite, mais son but était plutôt de construire une propagande de guerre, et de confronter la guerre froide contre son adversaire, à travers la mobilisation de ses médias, et de son patrimoine, et à travers la promotion de la culture de résistance dans ses régions, mais en visant en même temps l’ensemble des spectateurs libanais, arabes et étrangers.
- Méthodologie de recherche :
Cette recherche a été effectuée à travers une méthodologie constituée par une description, une analyse et une critique des sources que nous avons obtenues durant notre recherche : les entretiens, les ouvrages, les documents, les visites aux sites et aux lieux de mémoires, et notre séjour en France pour s’inspirer de l’expérience occidentale de la construction de la mémoire collective de la guerre.
Nous avons décrit les sites et les objets de notre recherche, en les reliant à leurs contextes historiques à travers les études et les articles de presse, puis nous avons analysé les contenus de nos observations, en recourant aux ouvrages portant sur la mémoire collective et sur le Hezbollah, puis nous avons mis nos critiques et nos opinions de façon objective, en essayant de répondre aux problématiques posées et de tester les hypothèses formulées.
Concernant les sources, tout d’abord il faut noter qu’une grande partie de notre recherche a pu être réalisée suite à notre connaissance profonde de la société du Hezbollah, puisque nous sommes originaire du village de Jebchit au Sud-Liban qui était considéré comme « le fief » du parti lors de l’occupation israélienne jusqu’à 2000, il était aussi le village natal du Sheikh Ragheb Harb, le premier guide spirituel du Hezbollah et le premier à encourager les villageois à combattre l’ennemi, et qui a été assassiné ensuite par des collaborateurs libanais. En plus, les années durant lesquelles nous avons vécues là-bas, nous ont permis d’être en contact avec un grande nombre de gens et des fidèles du parti, ce qui nous a poussé à effectuer cette recherche.
Les entretiens : nous avons eu une certaine difficulté d’accéder aux responsables du Hezbollah, puisque certains d’eux ont été hostiles à ce type de recherche, refusant de façon complète, toute sorte de discours ou d’entretiens. En plus, ils ont refusé qu’on fasse des entretiens avec n’importe quelle personne considérée comme un partisan du Hezbollah, et surtout avec les familles des martyrs et leurs proches.
En effet, le Hezbollah a eu une méfiance à l’égard des travaux de recherche et d'études qui portent sur son idéologie et sur sa société, notamment après les mauvaises exploitations que les reporteurs ou les chercheurs fassent après les entretiens faits dans cette société ou avec les responsables du parti. Cependant, l’interview que nous avons fait avec la représentante de l’unité de communication de Hezbollah23 montre cette réalité, puisqu’elle nous a déclaré que le parti a par exemple interdit les entretiens de la presse avec les combattants du parti depuis le début du conflit Syrien et son intervention là-bas, et il a délivré des directives interdisant ses combattants de répondre aux questions de la presse, mais malgré cela, ils ont vu, chaque jour, des fausses entretiens publiés dans la presse locale et internationale. Cependant, on a ressenti une certaine « positivité » chez d’autres interviewés du parti24 en ce qui concerne les recherches et les études qui portent sur l’histoire et la mémoire de la résistance, lesquelles « pourront éclaircir la période de lutte contre l’occupant et justifier la cause que le parti défend depuis trente ans selon ses responsables », selon l’un des dirigeants.
Notre recherche a eu recours aussi à des entretiens avec les partisans du Hezbollah : étudiants, membres du scout, membres du parti, ainsi qu’avec des personnes indépendantes.
Les ouvrages : Nous avons observé une rareté d’ouvrages en langue française portant sur la mémoire collective de la guerre libanaise en générale, et sur celle du Hezbollah en particulier. En contrepartie, nous avons observé un excès d’ouvrages aussi bien locaux qu’étrangers portant sur l’histoire du Hezbollah, sur sa pensée, son idéologie et sa situation politique, mais sans qu’ils abordent le sujet de la société de résistance construite par le Hezbollah. On a trouvé en même temps plusieurs articles de presse, de petites tailles, qui traitent ce sujet mais sans en faire une étude profonde et détaillée. Le sujet reste –selon nous- un tabou, ou peut être un sujet difficile à étudier à cause de la difficulté du terrain, suite aux restrictions que le parti impose sur tout ce qui concerne les institutions et les fondations en relation directe avec les habitants de ces régions.
En revanche, et malgré la rareté de ces ouvrages et ces études, nous nous sommes référés aux ouvrages locaux et étrangers disponibles et portant sur notre sujet de recherche, Nous avons collecté des communiqués de presse, des discours des dirigeants du parti, des documents publiés sur les sites web, des films, des vidéos, des magazines et des journaux, ainsi que des ouvrages en langues françaises et anglaises. En plus, nous avons eu accès à la bibliothèque de l’université de Perpignan pour consulter les ouvrages qui portent sur la mémoire collective de la guerre en France et en Europe.
En addition, durant notre séjour en France, nous avons visité plusieurs expositions qui portent sur les deux guerres mondiales, nous avons assisté à des cours portant sur la protection de la mémoire de guerre en France et les politiques mémorielles françaises qui conservent le patrimoine de la guerre, et nous avons eu l’opportunité de participer à une cérémonie de commémoration de la centenaire de la première guerre mondiale et la vingt-cinquième année de la chute du mur de Berlin, qui ont eu lieu à l’université de Perpignan, durant lesquelles plusieurs films qui résument ces deux périodes ont été projetés avec l’exposition de plusieurs ouvrages historiques en relation avec l’expérience allemande de la guerre et la construction de leurs mémoires collectives.
- Annonce du plan :
Pour répondre aux diverses questions énoncées à travers nos problématiques, et pour tester les hypothèses que nous avons formulées, nous allons exposer les détails de notre travail, en commençant par un chapitre qui traite le sujet de la mémoire collective construite à travers le patrimoine matériel historique du Hezbollah, constitué de plusieurs monuments historiques (Première partie), où nous exposerons les efforts que le Hezbollah a faits par la construction de son premier mémorial de guerre « Mlita ». On aborde la reconstruction du camp de détention de Khyam et la restauration du château de Beaufort, qui symbolise une longue période de lutte contre l’ennemi. Nous montrons l’importance de ce patrimoine dans la construction de la mémoire pour les futures générations. Ensuite, nous présenterons les commémorations et les célébrations que le Hezbollah organise de façon périodique, pour commémorer ces grandes dates religieuses et politiques (Deuxième partie), où on aborde la spécificité de ces activités : leurs organisations, et la participation de différentes catégories de la société de résistance, ce qui constitue une complémentarité entre le parti et la base populaire. Enfin nous présenterons la diffusion de la culture de la résistance et de la guerre par les médias du Hezbollah. On montre comment ces divers outils de communication (les revues, la chaîne télévisée, les affiches et les vidéos) participent à la création de la mémoire collective et de la propagande. (Troisième partie).
Première partie : Les monuments de la guerre : Conservation de la mémoire des lieux
L’inauguration, l’instauration et la reconstruction des monuments de la guerre représentent l’étape la plus efficace dans la stratégie du Hezbollah pour reconstruire la mémoire de la guerre. Nous allons aborder dans cette partie trois sites, qui sont devenus des mémoriaux de guerre, à travers des observations personnelles suivant des visites effectuées sur ces sites.
On verra le site le plus célèbre Mlita, bâti récemment (Chapitre I), le deuxième est celui du camp de détention de Khyam, converti en musée après sa fermeture, mais détruit après par les israéliens, puis on aborde les tentatives de sa restauration ainsi que sa place dans la mémoire collective (Chapitre II) et le troisième est le château de Beaufort qui était un lieu de plusieurs évènements militaires, on aborde le projet de sa restauration et son retour à l’Etat libanais et sa relation avec la mémoire collective (Chapitre III) .
Chapitre I : Le site de Mlita : Premier mémorial de guerre du Hezbollah
“Les monuments maintiennent la présence du passé qu’ils entendent transmettre en raison de leur stabilité matérielle aux présents toujours nouveaux de la ville ; l’attention du passant, dans le cas des monuments, se concentre sur le nom et sur l’histoire qui prend en lui toute sa densité 25 "
Karlheinz Stierle
Dix ans après la retraite des troupes israéliennes du Sud-Liban en mai 2000, et quatre ans après la guerre de juillet 2006, et face à une attaque multidimensionnelle gérée par des forces de renseignements diverses qui ont visé « l’environnement de la résistance » en particulier26, le Hezbollah a inauguré le premier mémorial de guerre au Liban et dans la région, un site qui a représenté le début d’une nouvelle phase politique pour le Hezbollah. En effet, plusieurs années de travaux, d’études et de recherches ont fini par l’ouverture de ce musée au public. Dès ce moment, Le Hezbollah a commencé à résister contre la guerre « souple » israélienne, une guerre culturelle et intellectuelle « qui doit être confrontée par la mobilisation de tous les médias du Hezbollah et de ses moyens de communication », selon L’Ayatollah Khamenei, le guide spirituel du parti27. Cette guerre a été accompagnée de l’aide inconditionnelle et illimitée de l’alliance iranienne du Hezbollah, qui leur a apporté un support financier, technique et moral.
A- Que veut raconter ce site ?
La création d’un mémorial de la résistance était l’idée d’Imad Moghnieh28, par laquelle il a voulu commémorer « les deux victoires29 » du Hezbollah, dans le but de refléter en quelques sortes l'image des membres du Hezbollah et leur mode de vie, qui est conçu comme « une vie très simple et profondément inspirée de valeurs »30. Le logo du site symbolise cette idée, en montrant un épervier qui désigne la résistance qui ne recule pas face à l’obstacle, qui est sûr de lui et ne connaît pas la défaite.
Mlita veut raconter l’histoire de la terre au ciel (hikayat al ared lil sama’a) : chaque goutte de sang des martyrs tués lors des combats représente l’histoire de la terre qui la raconte au paradis (le ciel), où leurs esprits y montent. Cette idée relie la colline en haut du site, qui symbolise l’axe de la résistance et le choix des résistants à défendre leur patrie, au bas où se trouve « l’abîme » ou le bourrier (appellation des généraux israéliens qui désigne le sud du Liban après leur défaite en 2000), auquel se trouvent les casques des soldats du Tsahal jetées par terre avec des grandes lettres hébreux dispersées, qui symbolisent la chute des projets israéliens au Liban dès l’an 1982 jusqu’à la guerre de 2006. Ces lettres peuvent être vues par les avions israéliens qui montent au-dessus de Mlita.
Le but principal de la création de ce site, selon Ahmad Mansour, directeur de communication et des relations internationales du site31, est sans doute « la construction d'une mémoire de la résistance pour la transmettre aux générations futures », car c'est le premier site militaire de la résistance en général, et du Hezbollah en particulier. Mansour explique que ce parti n'a jamais provoqué une guerre contre Israël, mais il était toujours dans une position de défense contre les agressions israéliennes depuis sa création en 1982. En plus, les membres du Hezbollah n'ont jamais voulu sacrifier leurs vies pour rien, selon Mansour, car ils aimaient la vie comme tous les gens, mais la défense de la patrie, très chère pour eux, leur obligeait à résister contre l'ennemi.
Le projet a été conçu dans un contexte architectural de modernité, dont un grand nombre d'ingénieurs, d'artistes et de spécialistes ont participé à sa construction32. Il a fallu cinq ans de réflexion profonde et trois ans de travaux pour le réaliser, puis il a été ouvert au public le 21 mai 2010, date symbolique, qui correspond aux premiers jours de la libération du Sud-Liban en 2000. L'inauguration a été accompagnée d'un discours télévisé du secrétaire général du Hezbollah, durant lequel il a raconté l'histoire du site et son idée, un discours qui s’est ensuite intégré dans le film projeté à l'entrée du site.
La salle de projection est la première partie du site, il s'agit d'un espace à usages multiples qui est utilisé pour la projection des films, l'organisation des colloques et d'autres genres d'activités. Le film principal est un documentaire de court métrage qui raconte l'histoire de la résistance, tout en liant les victoires du parti aux divers discours du secrétaire général durant les combats. Ce film est organisé et planifié d'une façon très professionnelle, il résulte de l'expérience importante de plusieurs départements du parti33. Le film qui dure quinze minutes environ, attire l'attention du spectacle sur la réalité de ce parti comme un mouvement de résistance contre l'occupation israélienne, ce qui légitime son action au Sud même après le retrait des troupes Israéliennes en 200034.
Le Gouffre situé à l'ouest du site sur une étendue de 3500 m2, symbolise la défaite et le déclin de « l'occupant ». Il est constitué des véhicules blindés et d'armes abandonnés par l'armée israélienne et ses collaborateurs, puis récupérés par le Hezbollah entre 1982 et 2006. Au centre est exposé le fameux Char de Mer kava 4 « fleuron de l'industrie militaire israélienne » noyé dans la boue et dont le canon a été noué pour exprimer l'inefficacité de cette machine de guerre face à la résistance du Hezbollah. Ensuite, le chemin représente la zone où des milliers des résistants se sont positionnés durant des années, puis ont lancé différentes opérations militaires. On observe aussi plusieurs scènes panoramiques des combats du parti qui se sont présentées tout au long de ce sentier.
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Figure 2 Un char Mer Kava 4 exposé au gouffre et suspendu par un mur qui symbolise la résistance, et sur lequel est inscrite la signature d’Imad Moghnieh- Mémorial de Mlita-Photo personnelle
A travers les sections du musée, on trouve divers échantillons de butins de guerre qui ont été pris par les combattants du Hezbollah depuis le début des combats contre l’armée Israélienne, et surtout durant la dernière guerre de juillet 2006. Plusieurs citations des généraux et des chefs israéliens surmontent les photographies de la guerre pour montrer la défaite du Tsahal. Ensuite, le tunnel représente un des points clés que les soldats ont créé dans le but de se protéger. Selon le guide, plus de mille résistants ont succédé à creuser et fortifier ce tunnel durant trois ans. Profond de deux cents mètres, il est constitué de chambres et d'objets militaires variés. Enfin, on trouve la ligne de feu où y sont exposés les différents types d'armes utilisés par le Hezbollah sur un sentier long de deux cents mètres.
En quelques jours après l’ouverture, le public a été choqué : les élèves, les jeunes, les étrangers, les médias…tous sont venus de loin pour voir le site qui montre les secrets militaires de ce parti connu pour sa discrétion complète, un site qui va leur montrer une partie de l’histoire des combats historiques qui ont eu lieu dans cette zone du Liban. Cependant, et après quelques mois de l’ouverture, la tension avec Israël avait monté considérablement, le musée a commencé à déranger le pouvoir politique là-bas, car ce musée, qui a permis au Hezbollah de montrer son visage pacifique à travers les médias occidentaux, et à travers les milliers des visiteurs curieux, ne lui ai pas plu, surtout après les visites des ambassadeurs et des représentants diplomatiques européens, ce qui a créé des conflits entre Israël et ces pays, mais ce qui a enfin accompli les buts de Hezbollah de faire un chaos à travers ce site. En conséquent, les israéliens ont déclaré de façon indirecte, leurs intentions de détruire ce musée complétement lors de la première guerre qui pourra éclater contre le Hezbollah, selon Ahmad Mansour.
B- Vers un tourisme de résistance ?
En revanche, la construction de ce site a eu d’autres buts que de créer des nouveaux conflits. Selon les dirigeants du site, le plus important c’est la conservation de la mémoire de la résistance, et la préservation des endroits où vivaient « les résistants », afin que les gens puissent comprendre l'exceptionnel mode de vie de la résistance islamique contre l'ennemi israélien après l’occupation israélienne du Liban en 1982. En plus, la construction du site a eu pour but de « contribuer à l'épanouissement du tourisme au Sud-Liban35 », région privée, depuis l’occupation israélienne et depuis les guerres successives, de toutes sortes d’activités touristiques.
Ainsi, le secteur de tourisme était absent totalement jusqu’à la libération du sud en mai 2000, mais en revanche, et durant les dix ans qui ont suivi cette date, la situation ne s'est pas beaucoup améliorée à cause de la négligence de l’Etat de cette région, ce qui a conduit le Hezbollah à se présenter comme une alternative, en créant des activités économiques et touristiques pour les habitants de cette région. L’exemple le plus concret de cette situation est la construction du site de Mlita, qui a apporté beaucoup de bénéfices à la région (emplois, mouvement commercial, restaurants), ce qui a permis au Hezbollah de réaliser plusieurs buts en même temps: construction d’une mémoire collective, changement des règles du jeu avec Israël, et compétition avec ce dernier pour attirer l’attention de l’opinion internationale sur la légalité de ces travaux militaires durant l’occupation, en montrant le visage pacifique et humaniste de ses combattants, au contraire de l’image terroriste que les israéliens travaillent à diffuser.
En effet, et pour savoir la fonction que Mlita remplit, il convient de « relier la dimension topographique à son contenu, suivant en cela Johnson (1995), lequel précise que la localisation d’un musée mérite d’être prise en compte dans la mesure où elle conditionne le discours qui y est tenu (au niveau de son contenu) en tant que discours légitime, c’est-à-dire autorisé et devant faire autorité (Bourdieu,1982). En suivant Wahnich (2007), il convient de se demander quel est le message de ce musée, qu’est-ce qui y est narré et de quelle façon : à mi-chemin du lieu de mémoire (Petitier, 1989) et du discours de légitimation sur la résistance, sa fonction semble combiner le témoignage et l’affirmation identitaire36 ».
Il faut remarquer que Mlita est construit sur la montagne de Safi qui était un lieu de conflit direct contre une base militaire israélienne très proche. À côté de l’importance spirituelle et morale de cette montagne, elle constitue un lieu historique imprégné dans la mémoire de la génération qui a vécu la seconde moitié de l’occupation israélienne. Cette montagne était une zone avancée durant les combats, et Mlita en était une partie, où y sont installés quelques combattants du Hezbollah37 entre les arbres et sur les collines, pour préparer leurs opérations de Guérilla.
En effet, Le Hezbollah n’a eu rien à craindre par l’ouverture de l’une de ces anciennes zones militaires au grand public, surtout en ce qui concerne l’importance géostratégique de cette zone dans sa guerre probable contre les israéliens, car, militairement c’est une région un peu éloignée de la frontière israélienne, et le bénéfice qu’elle pourra apporter en la transformant en musée de guerre est beaucoup plus grand que de la laisser une zone peu utilisée. La mission était de conserver l’histoire de cette montagne qui résume une période de souffrance, de torture et de lutte contre l’occupant, d’un peuple qui mérite de conserver son patrimoine de résistance, pour commémorer ses martyrs, et célébrer ses victoires.
Selon Ahmad Mansour, « l'amour de la terre et de la patrie » incarné dans Mlita pourra instaurer un nouveau type de tourisme au Liban, qui montrera les valeurs sacrées et nobles de la résistance aux différentes catégories des visiteurs libanais et étrangers. Le tourisme « djihadiste » ne représente pas la vraie mission du site, car Mlita38 ne peut pas être identifié comme un site religieux, même s'il représente la mémoire d'un parti idéologique islamique, mais « nous n'aborderons pas la vision islamique du mouvement du Hezbollah, mais plutôt de la résistance nationale libanaise que nous avons voulu montrer par ce projet ».
C- L’idéologie du Hezbollah à travers ce site
D’un autre côté, Mlita a eu une importance religieuse, idéologique et spirituelle pour le Hezbollah. Selon les médias du parti, il était considéré comme « une école de foi » lorsqu’il était une base de lancement des opérations des combattants du Hezbollah à l'intérieur de la zone occupée.
Les points d’assimilation entre Karbala, le combat historique entre l’Imam Hussein, qui constitue l’image la plus douloureuse dans la conscience chiite et celle de leur résistance contre Israël étaient très forts. Le premier est sorti pour se révolter contre la corruption des Omeyyades en 640 après J-C, il a été tué avec sa famille durant un combat déséquilibré, il est considéré comme «le père des martyrs ». Ainsi, les événements de ce combat ont caractérisé la communauté chiite par des dogmes et des rituels annuels, durant lesquelles ils commémorent cette occasion, en considérant l’Imam Hussein et la souffrance qu’il a eue avec sa famille comme une partie principale de leur religion. De son côté, le Hezbollah, en tant qu’un parti chiite fondé par la République Iranienne sur des bases idéologiques de chiisme, est un parti conservateur qui considère l’Ayatollah Khomeiny comme le père fondateur, et son prédécesseur comme la personne capable de gérer leurs affaires politiques et religieuses. Il s’inspire fortement de la légende de Karbala. En addition, l’histoire de ce parti qui était née dans un environnement pauvre et marginalisé par l’Etat, puis attaqué par son ennemi israélien, lui rapproche à la situation de Hussein qui était seul dans son combat à Karbala. Par suite, Mlita39 qui symbolise toutes les régions du parti, représente un exemple concret de ce qui s’est passé avec « le père des martyrs ».
Toutefois, on observe cette remarque à travers les expressions religieuses exposées dans les différents coins du site, les livres du Coran mis dans les chambres de direction des opérations militaires, les signes de chiisme, les drapeaux qui commémorent le martyrisme de l’Imam Hussein et de sa famille, la mosquée bâtie au sein du site, le son enregistré des résistants faisant leurs prières, et les expressions de condoléances et de solidarité avec la tragédie de Karbala.
En plus, l’idéologie du parti se manifeste à travers les couloirs du musée, le tunnel, et partout. Un statut d’Abbas al Mosawi40, ancien secrétaire général du parti, s’installe dans un petit coin caché par les pierres et les arbres. Cet homme qui fut assassiné ensuite par les israéliens, se présente dans le site à travers ce statut qui le présente dans l’état réel, lorsqu’il a eu l’habitude de venir à cette place pour accompagner les combattants, organiser leurs affaires, et les soutenir moralement et spirituellement. On montre aussi sa voix en train de faire une prière avec la présentation de son costume militaire et son Kalachnikov à côté de lui.
En addition, le musée offre des souvenirs religieux et spirituels : des DVD et des CD variés qui rappellent les dogmes et les cultes chiites à travers des documentaires, des feuilletons, des films, et des chants, traduits aux différentes langues internationales. Le magasin des souvenirs offre aux visiteurs des bracelets et des signes sur lesquels figurent les icones des Imams chiites, leurs noms calligraphiés, l’épée d’Ali, les images de Nassrallah et des martyrs du Hezbollah, et plusieurs autres matériaux et souvenirs, comme les drapeaux du parti.
Cependant, la « libanisation » du parti est aussi présente, elle se manifeste dans le grand drapeau libanais installé à côté de celui du Hezbollah à la fin du tunnel dans une position panoramique qui montre les villages de la région d’Iqlim Al- Touffah et la montagne de Safi. En plus, le nom du ministère libanais de tourisme apparaît dans tous les panneaux et les tableaux qui promus le site. On observe aussi les drapeaux libanais au magasin des souvenirs, à côté du cèdre libanais, des signes traditionnels libanais, des jars sur lesquels figurent les citadelles de Baalbek et de Jbeil, etc. Ce qui prouve la volonté du parti de se présenter comme appartenant à la légalité libanaise et comme un constituant de ce tissu national.
D- Diffusion de la propagande
La propagande est connue à être la plus ancienne des techniques de mobilisation de l’opinion, il s’agit « d’imposer une vision unique afin de renforcer la cohésion du groupe et servir les buts de guerre »41. Toutefois il ne faut pas confondre entre propagande et désinformation. Malgré certains éléments qui semblent communs, mais en faisant la propagande, on sait qui émet et on sait qui est visé, « elle est claire », mais la désinformation consiste « à tromper, et à manipuler l’information »42.
Quant à Mlita, Le timing de la construction de ce site était l’un des éléments de la propagande du Hezbollah. Selon Mansour, il a suivi l'affaire d’Al-Manar43 en France, qui a résulté une interdiction de diffusion de la chaîne sur le territoire français, puis dans toute l'Union Européenne, pour des accusations anti-sémiques et des provocations de terrorisme. Mansour ajoute que le portail du Hezbollah vers l'extérieur fut à huis clos, mais l'ouverture de Mlita était le seul moyen disponible aux médias occidentaux pour transmettre les nouvelles de ce parti à leurs spectateurs. Le Hezbollah a voulu que l'occident soit informé sur ces activités à partir de leurs propres écrans, afin de démontrer que les conséquences de l'affaire d’Al-Manar étaient assez importantes. Par suite, chaque reportage, et chaque film effectué au sein de ce site constitue indirectement les éléments d'une propagande anti-israélienne. Il affirme enfin que « c’était l’un des résultats de ce projet même que ça n'était pas notre but principal ».
En outre, les étrangers ont eu une importance significative dans ce site. Ainsi, le film principal et tous les panneaux et les tableaux sont traduits en plusieurs langues internationales dans le but de mieux transmettre les idées du Hezbollah au monde extérieur. En plus, l'administration du site a mis en disposition des visiteurs étrangers un cadre professionnel de guides et de personnels chargés de les accueillir et de leur expliquer l'histoire de la résistance. Parmi les visiteurs étrangers qui ont visité Mlita, nous avons rencontré William, un jeune de 24 ans, de la République Centre Africaine, qui a déclaré son admiration de ce site, après son observation de près : « le Hezbollah a voulu défendre son territoire contre l'ennemi israélien », tout en affirmant qu’Israël doit respecter les droits des pays voisins, surtout de la Palestine, et qu’elle doit accepter le droit des palestiniens « de créer leur propre Etat pour arriver à une paix pertinente dans la région ».
Par contre, Jean-Baptiste, de nationalité française, voit dans ce site une propagande de la part du Hezbollah, et la visite du site n'a rien changé dans ces convictions, en affirmant que tout était prévu pour lui. Ce dernier exprime ses sentiments de peur dans toutes ses paroles et ses actions, il justifie cette crainte en disant qu’il ne pourrait pas revenir à son pays si les autorités découvrent qu’il a visité ce site, puisque le Hezbollah est classé comme une organisation terroriste dans son pays. En revanche, Ayman et Ahmad, deux égyptiens qui sont venus à Mlita dans le but de répondre à leurs curiosités de visiter un site appartenant au Hezbollah, ont eu peur aussi d'être interrogés par les forces égyptiennes en revenant à leur pays. Ils disent que la victoire du Hebzollah en 2000 était une source de fierté pour eux , Ahmad affirme qu'il a mis avec ses copains les portraits de Nassrallah dans leurs maisons lors de la libération du Sud-Liban, mais Ayman dit que le Hezbollah n'est pas actuellement vu de la même manière qu’avant selon les égyptiens, notamment après son intervention dans le conflit syrien.
Cependant, tout au long de l'année, le site accueille des groupes de touristes, des intellectuels, des étudiants, et des politologues des quatre coins du monde. Au niveau local, le site a accueilli le général chrétien Michel Aoun, l'ancien premier ministre Salim el Hoss, l’ancien président de la République Libanaise Emile Lahhoud, les ministres de tourisme, de travaux publics et de l’agriculture ainsi que des centaines de groupes de toutes les régions libanaises et de tous les partis, surtout ceux qui sont des pro-Hezbollah comme le CPL44, Al-Marada, le mouvement Amal, etc. Au niveau international, le site a accueilli les ambassadeurs de l’Inde, de la Chine, de la Hongrie, de l’Iran, et l’attachée diplomatique russe, à côté des visiteurs arabes comme l’icône de la résistance algérienne Djamila Boueired45.
[...]
1 Discours de Nabil Kaouk au jour du martyr du Hezbollah, L’agence nationale libanaise de l’information, traduit de l’arabe, publié le 11 novembre 2014, disponible sur le lien : http://www.nna- leb.gov.lb/ar/show-news/125796/ [Consulté le 22/01/2015]
2 Toutefois les années quatre-vingt-dix ont marqué une « mini-guerre civile » avec le mouvement chiite Amal dans la région d’Iqlim al Touffah au Sud-Liban, et durant laquelle plusieurs massacres ont été perpétrés entre les deux partis, tout en retraçant une image noire dans l’histoire de cette région du pays.
3 Sous le commandement de Menahem Begin, le premier ministre israélien.
4 Suivant l’accord de Caire de novembre 1969, l’OLP a eu une reconnaissance et une légalité pour préparer ces opérations militaires en utilisant le territoire libanais comme point de départ.
5 Appellation de l’armée de défense israélienne.
6 Photo disponible sur le lien : < http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/10/BlueLine.jpg> [consulté le 26/01/2015]
7 Puisque l’Iran était en état de guerre contre l’Irak
8 HARB (M), Le Hezbollah à Beyrouth, 1985-2005: de la banlieue à la ville, Editions Karthala 2010, P. 59
9 JAME’YYAT OULAMA’A AL BIKAA, al ounouf/al mouqawama/al irhab, (L’association des oulémas du Bekaa, la violence/la résistance/le terrorisme), ouvrage en arabe, Edition Dar al-mahajja al bayda’a, P.59
10 Cependant, le Hezbollah déclare l’identité libanaise des fermes de Chebaa qui ont resté sous
11 Puisque durant toutes les guerres israéliennes contre le Liban (juillet 1992, avril 1996 et juillet 2006), et durant toutes les attaques israéliennes, les massacres et les embargos, cette société a montré de plus en plus son allégeance au parti et notamment à son secrétaire générale Hassan Nassrallah.
12 Qu’est-ce que la mémoire collective ?, Monde en tête [En ligne], document disponible en version PDF sur ce lien : http://www.mondeentete.net/pdf/memoirecollective.pdf [Consulté le 22/01/2015]
13 Ibid.
14 Ibid.
15 DELOYE (Y) et HAROCHE (C), MAURICE HALBWACHS : Espaces, Mémoires et Psychologie Collective/Colloque des 15 et 16 décembre 2000, organisé par l’Ecole doctorale de sciences politiques et le département de sciences politiques de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
16 Ibid.
17 Ibid
18 Espaces des politiques mémorielles: Enjeux de mémoire, Droit et cultures, 66,2013/12, Revue international interdisciplinaire, Edition L’Harmattan. P72-80
19 Ibid.
20 La loi Taubira a été votée dans la continuité des célébrations de 1998, pour donner droit à la mémoire des victimes de drame historique.
21 Id. P88-101
22 Ibid.
23 Il faut noter, que toute sorte d’entretien officiel avec les responsables, ou n’importe quel membre du Hezbollah doit se passer par le département de communication du parti. Le chercheur doit remplir un document dans lequel il indique l’objet et le but de son recherche, accompagné de toutes ses informations personnelles, le département le contacte ensuite pour lui fixer une date pour l’entretien après une étude de son dossier.
25 CLAVARON (Y) et DIETERLE (B), La mémoire des villes, The Memory of Cities /Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2003, P 193
26 Article en arabe publié au quotidien libanais AL-Akhbar, le 30 novembre 2009, disponible sur le lien : http://www.al-akhbar.com/node/68542 [consulté le 22/01/2015]
27 Ibid.
28 Ancien chef djihadiste du Hezbollah assassiné en Syrie le 2 février 2008
29 La libération en 2000 et « la victoire divine » en 2006
30 Brochure informative du site
31 Entretien effectué le 15 mai 2015
32 Ibid.
33 toutes les unités ont travaillé et collaboré pour le réaliser, c'est une véritable propagande militaire qui résume l'histoire du conflit israélo-libanais dès la première invasion du Liban en 1978 en passant par l'occupation de Beyrouth, et la naissance du Hezbollah dans les années quatre-vingts, jusqu'à nos jours
34 Naim el Qassem: Un retrait de Chebaa n’arrêta pas la résistance, L’Orient-Le Jour, 17 aout 2005
35 Brochure du site
36 Par invité, Mleeta : Le Hezbollah en musée, Les carnets de l’Ifpo, publié le 03/05/2012, disponible sur ce lien : www.Ifpo.hypotheses.org/3385 [Consulté le 22/01/2015]
37 Plusieurs personnes d’entre eux ont été tuées là-bas, et parmi elles le fils du secrétaire général du Hezbollah Hadi Nassrallah
38 Il faut noter que ce mémorial de guerre est dirigé par l'association libanaise du tourisme et du patrimoine, association annexée au Hezbollah et formée de plusieurs associés et d'un PDG, et enregistrée au ministère de l'intérieur, à l'instar de toutes les associations Libanaises. Elle travaille sous la tutelle des ministères du tourisme et de la culture. Mais elle n’est pas autonome, car elle suit les politiques générales du Hezbollah
39 Selon leur idéologie, c’est une terre sainte, il faut la défendre et sacrifier leurs esprits au nom de Dieu, ce qui leur permet d’acquérir le destin le plus prestigieux qu’est le martyrisme : le meilleur destin qui leur rapproche de Dieu, et leur offre les paradis.
40 La période d’Al-Mousawi représente l’apogée de la transmission de la révolution iranienne et de sa pensée au Liban
41 LAMLOUM (O), AL-Jazeera, miroir rebelle et ambigu du monde arabe, La Découverte, 2004, P.56
42 Id. P.57
43 La chaîne télévisée du parti
44 Le pacte d’entente conclu entre le Hezbollah et le CPL, le grand représentant de la communauté chrétienne, a beaucoup influencé les échanges entre les deux partis, cela s’est traduit par le grand nombre de visiteurs du musée de la part du CPL et de son chef, le général Michel Aoun
45 Tous ces derniers reçoivent un accueil officiel : tapis rouges, bouquets de fleurs, avec la présenced’un représentant du parti, qui sera souvent un député ou un ministre, et qui accompagne le visiteur dans toutes les sections du musée
- Citar trabajo
- Hassan Fahs (Autor), 2015, Le Hezbollah a-t-il réussi à construire une mémoire collective pour la société de résistance?, Múnich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/501532
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