Afin d’analyser ce poème, on s’interrogera d’abord sur les deux différents états du magnolia : objet et texte. Cela mènera ensuite à l’examen de la durée d’un événement, en analysant l’impatience de l’homme en vivant un moment aussi bien que la résistance du poète contre celle-ci en fixant par image un petit instant. Tout ceci nous conduira enfin à une réflexion sur l’œuvre durable en connexion avec les arts plastiques.
Francis Ponge, un contemporain solitaire des surréalistes, né en 1899, en même temps poète-résistant et grand restaurateur des idéaux du classicisme et des valeurs de la francité, a créé un ensemble de poèmes. En 1961, apparaît son recueil « Pièces » qui représente une œuvre contenant des textes écrits dans les années cinquante. Les textes clos de « Pièces » s’apparentent à des fables : après une « définition-description », le poète tire, de la rencontre entre l’objet et les mots de l’objet, une « morale » qui est aussi une leçon rhétorique. Avec humour Francis Ponge rend alors la parole dans ces textes au monde muet. Les éléments de ce monde muet sont chez Ponge aussi bien des objets naturels ou « ordinaires », et délibérément « anti-poétiques », comme la Mousse, la Cigarette, le Cageot, que des phénomènes physiques (le Cycle des saisons) ou des êtres humains figés en stéréotypes (la Jeune Mère, le Gymnaste).
Le but de Francis Ponge est de créer un objet qui ait, dans le monde des paroles, la même densité, la même « manière d’être » que la chose dans le monde physique.
Faisant partie de ce recueil et ayant comme thème le phénomène physique du cycle de saison, « Le magnolia » représente un texte typique sur un objet naturel, structuré en vers libres, guidant le regard du lecteur sur la particularité de cette fleur.
Comme chaque poème de Francis Ponge, ce texte sur le magnolia a sa propre forme extérieure. Celle-ci est représentée par une coupure en quatre phrases dont une, entre parenthèses, servant à refléter les saisons et le développement de cette fleur tout au long d’une année (D’abord elle éclate (ligne 1), puis on décrit son épanouissement (ligne 6) et finalement la masse végétale s’exprime (ligne 7-8).)
Afin d’analyser ce poème, on s’interrogera d’abord sur les deux différents états du magnolia : objet et texte. Cela mènera ensuite à l’examen de la durée d’un événement, en analysant l’impatience de l’homme en vivant un moment aussi bien que la résistance du poète contre celle-ci en fixant par image un petit instant. Tout ceci nous conduira enfin à une réflexion sur l’œuvre durable en connexion avec les arts plastiques, c'est-à-dire : l’œuvre qui résiste au temps ne seulement comme parole « étant inscrit dans une pierre », mais comme image qui reste dans des têtes.
On examinera d’abord la représentation du magnolia dans ce poème en se focalisant sur la réalité de cette plante et sur sa description particulière. Afin de reproduire le monde extérieur à travers cette fleur, Francis Ponge impose une forme rhétorique particulière à son poème, ce qui permet de le « confondre » avec la réalité.
En utilisant des expressions végétales comme « la fleur » (ligne 1), « éclate » (ligne 1), « feuilles » (ligne 5), « arbre » (ligne 5), « épanouissement » (ligne 6), « masse végétale » (ligne 7) et en donnant à son poème le titre « Le magnolia », l’auteur donne au lecteur l’impression de lire une description scientifique et neutre de la plante, ce qui reflète la réalité de cette plante. On y décrit la plante grossièrement, sans aucune caractéristique, sans aucune individualité. Le magnolia n’est ici qu’un objet « normal » et « ennuyant » qui existe sans aucune signification spéciale, sans évoquer un seul sentiment.
Mais en ajoutant à chaque phrase des expressions subjectives comme « comme une bulle formée » (ligne 1-2), « sirop au caramel » (ligne 3), « à remarquer d’ailleurs la couleur caramélisée » (ligne 4), « un comble de satisfaction proportionnée » (ligne 6-7), l’auteur, en rôle d’observateur de la réalité, impose sa propre interprétation à cet événement, ce qui lui emmène à créer son propre image de cette fleur dans sa tête. La fleur devient alors individuelle, ayant des caractéristiques spéciales et évoquant des sentiments particuliers. Ayant d’abord été considérée comme objet naturel sans aucune importance, la fleur devient maintenant le centre d’intérêt de ce texte, une chose célébrée en forme de parole.
Le fait de décrire une petite fleur, qui n’a pas de grande importance pour l’homme, comme un « objet d’art », une chose singulière, un événement évoquant pleins de sentiments, Ponge impose de l’humour à son poème. Son objectif est alors entre outre de montrer que les petites choses quotidiennes peuvent amuser notre vie.
Cette parole particulière sur le magnolia montre qu’on ne peut pas tout à fait distinguer la réalité et la description du magnolia. En regardant et en décrivant cette fleur, chaque observateur se fait sa propre interprétation.
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- Citation du texte
- Jana Dietsch (Auteur), 2003, Commentaire composé sur le poème « Le magnolia » de Francis Ponge, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/44646
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