Nous nous sommes proposé de réaliser un entretien semi-directif (semi-libre) avec l’une de nos camarades d’études d’origine chinoise, venue pour un an à l’Université de Saint-Etienne. Ce qui nous intéresse, c’est de comprendre le mode de fonctionnement de la société chinoise par rapport aux statuts respectifs de l’homme et de la femme, la mesure dans laquelle cette société, réputée se situer loin de la nôtre, peut fonctionner selon des stéréotypes, surtout des stéréotypes de genre, et dans quelle mesure ces éventuels stéréotypes-là seraient identiques ou différents de ceux véhiculés par nos sociétés occidentales.
Nous nous proposons de réaliser une analyse de discours, type d’analyse qui nous paraît la plus édifiante dans le cas présent, étant donné que l’enquêtée est une personne d’origine étrangère venue en France pour un laps de temps limité, afin notamment de perfectionner son niveau de langue française. Nous nous pencherons donc moins sur l’aspect linguistique de cette interaction verbale pour justement en privilégier le contenu, en essayant de répondre à cette problématique que laissait supposer la thématique annoncée au début de ce travail : Quelle est la place des stéréotypes de genre dans la famille chinoise, ainsi que la position des hommes et des femmes au sein de la société chinoise contemporaine ?
Nous nous proposons d’effectuer notre étude en nous penchant sur différents domaines de la famille et de la société chinoise contemporaine, au travers de l’analyse de discours de l’entretien que nous avons transcris intégralement, sans pour autant avoir recours aux conventions de transcription en usage, car ce qui nous intéressait prioritairement était le contenu même de ce discours.
Table des matières
INTRODUCTION
I . GUIDE D’ENTRETIEN
II. DEFINITION DU STEREOTYPE
III. ANALYSE DE DISCOURS
a) La division sexuelle des tâches domestiques à l’intérieur du couple chinois
b) La transmission de l’héritage familial
c) La position des filles et des garçons dans la famille
d) La répartition sociale du travail dans la société chinoise
IV. CONCLUSION
V. BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
INTRODUCTION
Nous nous sommes proposé de réaliser un entretien semi-directif (semi-libre) avec l’une de nos camarades d’études d’origine chinoise, venue pour un an à l’Université de Saint-Etienne.
Ce qui nous intéresse, c’est de comprendre le mode de fonctionnement de la société chinoise par rapport aux statuts respectifs de l’homme et de la femme, la mesure dans laquelle cette société, réputée se situer loin de la nôtre, peut fonctionner selon des stéréotypes, surtout des stéréotypes de genre, et dans quelle mesure ces éventuels stéréotypes-là seraient identiques ou différents de ceux véhiculés par nos sociétés occidentales.
Nous nous proposons de réaliser une analyse de discours, type d’analyse qui nous paraît la plus édifiante dans le cas présent, étant donné que l’enquêtée est une personne d’origine étrangère venue en France pour un laps de temps limité, afin notamment de perfectionner son niveau de langue française. Nous nous pencherons donc moins sur l’aspect linguistique de cette interaction verbale pour justement en privilégier le contenu, en essayant de répondre à cette problématique que laissait supposer la thématique annoncée au début de ce travail :
Quelle est la place des stéréotypes de genre dans la famille chinoise, ainsi que la position des hommes et des femmes au sein de la société chinoise contemporaine ?
Nous nous proposons d’effectuer notre étude en nous penchant sur différents domaines de la famille et de la société chinoise contemporaine, au travers de l’analyse de discours de l’entretien que nous avons transcris intégralement, sans pour autant avoir recours aux conventions de transcription en usage, car ce qui nous intéressait prioritairement était le contenu même de ce discours.
I. GUIDE D’ENTRETIEN
[1]. Contextualisation
Type d’entretien : semi-libre
Enquêtée : une jeune femme chinoise, étudiante en France
Lieu de l’entretien : dans notre librairie, au calme et à l’abri des regards indiscrets
Stratégies d’écoute et d’intervention : la consigne, l’interrogation, la relance, la réitération
L’instance discursive visée : le registre modal, mais aussi référentiel
[2]. Consigne
Nous allons essayer de nous entretenir aujourd’hui du statut de l’homme et de la femme en Chine, de leur place à l’intérieur de la société chinoise contemporaine et à l’intérieur du couple, de la répartition des divers rôles dans la société et dans la famille.
[3]. Questions
- Est-ce que les statuts de l’homme et de la femme sont à égalité dans la société chinoise
- Existe-t-il des domaines privilégiés réservés aux femmes ou aux hommes ?
- Est-ce qu’il y a des tâches spécifiques réservées davantage aux femmes, davantage aux hommes ?
- En cas de succession, est-ce que les statuts de l’homme et de la femme sont à égalité ?
- Y a-t-il encore la politique de l’enfant unique en Chine ?
- Est-ce qu’il vaut mieux être un petit garçon ou une petite fille ?
- Quels sont les emplois réservés aux femmes dans la société chinoise ?
- Est-ce que les femmes peuvent occuper des postes de direction dans la société chinoise ?
II. DEFINITION DU STEREOTYPE
Le contenu et la signification du stéréotype, depuis le XVIIIe jusqu’à nos jours, ont fait bien du chemin. Si au début celui-ci désignait simplement un astucieux procédé typographique de reproduction, petit à petit, il fut d’abord utilisé pour désigner certaines anomalies psychiatriques, jusqu’à ce qu’il fît son entrée dans le champ des sciences sociales, pour faire fortune dans celui notamment de la psychologie et de la sociologie.
Dans la vision du journaliste américain Lippmann[1], le stéréotype évoquait « des images dans nos têtes » qui fonctionneraient comme des filtres entre la réalité objective et l’idée que l’on s’en fait, images se définissant comme consensuelles (socialement partagées), rigides (résistantes à la preuve du contraire), comme fausses ou mal fondées et comme des généralisations excessives.
A l’aube du XXIe siècle, le même stéréotype sera conçu comme une représentation « cliché » d’une réalité (individu, paysage, métier) qui réduit celle-ci à un trait, à une « idée toute faite », et donc une vue partielle et partiale de cette réalité. (Cuq, 2003)[2]. Dans cette nouvelle optique, il reposerait sur des opérations de simplification, de généralisation et de qualification par un nombre restreint de catégories de propriétés, et il se diviserait en hétéro-stéréotypes (visant une communauté étrangère) et en auto-stéréotypes (auxquels une communauté donnée s’identifie) ; à ces catégories on pourrait même en ajouter une troisième , le méta-stéréotype, beaucoup utilisée en psychologie sociale (ce que l’on imagine que les autres pensent de nous). Notons également que les stéréotypes peuvent être « positifs » (ils surestiment les propriétés attribuées à l’autre) ou « négatifs » (l’autre est considéré comme une menace), et que l’on peut distinguer plusieurs types de stéréotypes, selon le domaine dans lequel ils se manifestent : professionnels (les garagistes sont des voleurs), raciaux (les Noirs africains sont des sauvages), religieux (les Juifs sont des radins), nationaux (les Français ne se lavent pas), physiques (les blondes sont stupides), sexistes (les femmes ne savent pas conduire), sexuels (les homosexuels sont efféminés), etc .
Les stéréotypes les plus « puissants » sont ceux répandus par les médias sur les masses, et très souvent ils concernent des individus d’autres classes sociales, origines ou peuples que celle dont se revendique le média concerné. L’on peut rencontrer souvent des stéréotypes dans le cinéma, la publicité de toutes sortes, la littérature, le monde du travail, l’école etc., l’éducation étant l'un des principaux moyens permettant de les éliminer, notamment par le développement de l’esprit critique et de la morale.
Depuis quelques décennies, l’on se penche de plus en plus sur un certain type de stéréotypes, sur lequel toutes nos sociétés occidentales sembleraient en partie reposer, à savoir les stéréotypes de genre, autour desquels s’articulera l’entretien qui suit. Un nombre important de sociologues, psychologues, anthropologues se sont consacrés à leur étude, parmi lesquels nous citerons seulement quelques-uns, tels Judith Butler, Michel Foucault, Pierre Bourdieu, Sylviane Agacinski, Françoise Héritier, etc.
Si nous devions les définir, nous dirions, comme Françoise Héritier, que les stéréotypes de genre ce sont des « catégories cognitives, quel que soit leur contenu dans chaque culture, extrêmement durables, puisqu’elles sont transmissibles, inculquées très tôt par l’éducation et l’environnement culturel, et relayées par tous les messages et signaux implicites et explicites de quotidien. »[3]
Ces catégories-là instaurent un déséquilibre et une « hiérarchie » au sein de la société concernant la position des hommes et des femmes, et sous serions tentée, comme F. Héritier, d’appeler cette dissymétrie régissant toute société - (ce que Pierre Bourdieu nommait « la domination masculine ») - la « valence différentielle des sexes »,[4] qui est un artefact, (par conséquent, non un fait de nature), et qui exprime un rapport conceptuel orienté, sinon toujours hiérarchique, entre le masculin et le féminin, traduisible en termes de poids, de temporalité (antérieur/postérieur), de valeur. Et c’est justement ce rapport conceptuel qui se trouve être à l’origine de toutes sortes de discriminations dans la société : discrimination politique, professionnelle, éducative, scientifique, domestique, etc. Dans la vision de Sylviane Agacinski, le système reposant sur cette hiérarchisation-là portera l’appellation de système « androcentrique ».[5]
Enfin, nous soulignerions, comme Pascaline Gaborit6, que la conviction que les hommes et les femmes sont faits pour vivre dans des sphères séparées et de statut inégal est liée à la croyance selon lesquelles ils auraient, les uns et les autres, des traits de personnalité, des compétences et des comportements différents.
Quant à l’affirmation de stéréotypes de genre, nous dirions qu’elle est complémentaire d’une vision très homogénéisante des genres, qui revient à nier les possibles différences qui existent entre les femmes elles-mêmes et entre les hommes eux-mêmes. En ce sens, les stéréotypes « présentent une fonction normative en stigmatisant les déviances qui pourraient exister dans les comportements d’hommes et de femmes qui ne correspondraient pas au stéréotype dominant. »[6]
III. ANALYSE DU DISCOURS
Ce que nous nous proposons de déceler par le biais de l’entretien réalisé, c’est l’éventuelle existence (ou inexistence) du phénomène de stéréotypage à différents niveaux de la société chinoise contemporaine.
Ainsi serons-nous donc à la recherche de stéréotypes de genre concernant :
a) la division sexuelle des tâches à l’intérieur du couple chinois
b) la transmission de l’héritage familial (biens matériels, lignée)
c) la position des filles et des garçons au sein de la famille chinoise
d) la répartition du travail au niveau de la société chinoise
a) La division sexuelle des tâches domestiques à l’intérieur du couple chinois
Le début de cet entretien avec H. nous réservait une première découverte assez étonnante par rapport au fonctionnement de la famille chinoise contemporaine, avant que l’enquêtée ne nous précise que cette réalité-là serait typique uniquement de sa famille et de celles faisant partie de cette même région du sud de la Chine ; dans ces familles-là, l’on peut effectivement remarquer une « fluidisation »[7] de certains des rôles domestiques, dans le sens que c’est généralement l’homme qui assume une grande partie des tâches ménagères assignées en temps normal aux femmes ( le ménage, la lessive, la cuisine, etc.), alors que la femme, elle, peut facilement endosser le rôle habituellement assigné à l’homme, le père de famille, chargé de travailler à l’extérieur et d’assurer le bien-être de la famille. Dans la famille de H., effectivement, c’est la mère qui remplit le rôle de « l’entrepreneur », en choisissant l’activité qu’elle souhaite exercer en même temps que les horaires qui lui conviennent, alors que le père, lui, occupe un emploi dans la fonction publique. Il est également à noter que, même une fois rentrés de leur travail, c’est encore à l’homme de continuer d’assumer les tâches domestiques du ménage, alors que les deux autres femmes de la maison (sa compagne, sa fille) s’adonnent à leurs occupations favorites (en l’occurrence, lire ou regarder la télé). H. précise bien que cet état de fait, s’il est indéniablement une réalité dans sa famille, s’explique notamment par une attitude personnelle de son père, attitude dénotant d’un rapport d’affectivité élevée à sa famille (« c’est parce que mon père aime ma mère, et moi aussi »), mais aussi par une attitude plus généralisée dans sa famille élargie, puisque ses grands-parents et ses oncles fonctionnent selon le même schéma.
En revanche, en avançant un peu plus dans l’entretien, on réalise que la même situation ne se retrouve pas dans les autres régions de la Chine, qui est un territoire immense, et que, dans les contrées plus éloignées, celles du Nord du pays, par exemple, l’on peut constater la même division sexuelle des
tâches que dans nos sociétés occidentales, fonctionnant selon un modèle patriarcal (Bourdieu, P.) ou androcentrique (S. Agacynski, F. Héritier).
Dans ces régions-là, la femme va rester à l’intérieur de sa maison, son domaine réservé (féminin) (Héritier, 2012), pour s’adonner plutôt à ce que l’on appelle les tâches reproductives (Hartmann, cité in Gaborit, 2009), qui réunissent les tâches ménagères et l’éducation des enfants. L’on pourrait donc avancer, selon l’idée énoncée par Sylviane Agacinski, que l’espace domestique dans la Chine d’aujourd’hui reste encore l’espace de l’exclusion économique puisque, dans ce cas précis, la femme n’existe pas économiquement. Et en Chine, comme dans tous les pays du monde, on enregistre malheureusement la même exclusion du travail domestique de la sphère économique. Alors que l’homme, dont le domaine réservé (masculin) se situe à l’extérieur de la maison, celui qui de fait serait interdit à l’accès de la femme, il serait lui voué à accomplir des tâches plutôt productives, celles qui sont susceptibles de lui faire gagner beaucoup d’argent et de pouvoir assumer la charge de sa famille (sa femme et ses enfants). Et si par hasard la femme accède toutefois à un emploi à l’extérieur de sa maison, cette transgression lui coûtera cher, car elle devra assumer simultanément le rôle de femme d’intérieur et celle de femme travaillant à l’extérieur ; ceci instaurera un rapport de déséquilibre avec la position de l’homme qui, une fois rentré de son travail, se cantonnera dans un rôle de spectateur passif.
b) La transmission de l’héritage familial
L’entretien mené avec H. nous révèle également l’existence de stéréotypes de genre à l’intérieur des mentalités familiales chinoises, qui tendent à privilégier une vision patrilinéaire ( Héritier, 2012), dans le sens que la transmission de l’héritage familial se fait clairement en faveur de l’homme, du fils de famille, et donc en défaveur de la fille. Cette dernière ne pourra donc jamais hériter (si ce n’est devant la loi, mais en aucun cas au regard de la tradition) des biens familiaux, car elle ne peut non plus transmettre la lignée. C’est ainsi donc que tous les biens devant revenir à la fille, reviendront de fait à son mari, et donc à la famille de son mari, famille que l’épouse est d’ailleurs obligée de rejoindre après le mariage (les filles n’ayant donc aucune chance de vivre avec leurs parents, mais toujours avec leur belle-famille).
c) La position des filles et des garçons dans la famille
Ce statut réservé aux filles quant à l’héritage, à la succession familiale, infléchit également les mentalités chinoises vis-à-vis de la politique démographique, nettement en faveur du sexe masculin, surtout en milieu rural, en raison de sa supposée capacité à constituer, à l’âge adulte, une main d’œuvre plus efficace et peu onéreuse ; le sexe féminin, lui, est par conséquent sous-estimé, voire méprisé, car d’une part, il engendrerait des frais d’éducation et de dotation (le jour de son mariage) jugés exorbitants, et d’autre part, considéré comme plus faible et inefficace dans les travaux agricoles.
Même si H. insiste bien sur le fait que ces mentalités stéréotypées sont en train de changer depuis une vingtaine d’années, toujours est-il que cette situation perdure toujours en dehors du milieu citadin, avec des conséquences parfois tragiques, voire dramatiques sur la démographie féminine à cause de la pratique croissante d’avortements sélectifs au détriment des filles et d’une surmortalité féminine anormale, due à des négligences de traitement dans la petite enfance. Encore aujourd’hui, la Chine est le deuxième pays, après l’Inde, avec le plus fort taux de population masculine, justifié par les deux causes que nous venons d’évoquer.
De la même manière, lorsqu’il s’agit de l’éducation des petites filles, par rapport à celle des petits garçons, H. souligne que celle-ci est également soumise à l’action des stéréotypes, puisque les petites filles vont toujours être orientées et éduquées vers l’accomplissement des tâches ménagères, celles qui concernent la maison, son entretien et l’éducation des enfants, alors que ce ne sera jamais le cas pour les garçons, davantage élevés dans le culte des études, voire des études supérieures, des activités orientées exclusivement vers l’extérieur.
D’où notamment le constat étonné de H., à son arrivée en France, au regard de l’existence d’hommes s’occupant de l’éducation des enfants, voire des bébés, et de leur capacité à s’en acquitter de manière absolument autonome et…efficace !
d) La répartition sociale du travail dans la société chinoise
Ce qui ressort de l’entretien avec H., c’est que l’on peut constater, à l’intérieur de la société chinoise, l’existence de la même division du travail régie par les stéréotypes de genre qu’en Occident, et ceci même dans le cas où les femmes ont accès à l’éducation (et notamment à l’éducation supérieure) au même titre que les hommes. On voit de nouveau intervenir la même valence différentielle des sexes dont parle Françoise Héritier, dans le sens que certains métiers seront uniquement accessibles aux hommes (pilotes de ligne, policiers, officiers, etc., car « pour les femmes, c’est trop dur »), alors que les professions investies par les femmes seront souvent celles en lien avec l’éducation, les enfants, les services, ou encore celles liées à la mode, la beauté, la séduction (mannequins, actrices, etc.).
Déjà, à l’intérieur de la famille chinoise l’on peut remarquer une certaine discrimination éducative, car les petites filles seront généralement orientées vers les filières lettres, langues, sciences humaines, comme l’indique H. dans l’entretien, alors que les garçons seront systématiquement orientés vers les études scientifiques. Pour ce qui est des cadres, ces rôles-là vont être confiés prioritairement aux hommes, et H. de souligner que dans l’école où elle travaillait, où la majorité des enseignants étaient des femmes, il n’y avait que 3 ou 4 postes de direction détenus par ces dernières, contre une vingtaine détenus par les hommes.
IV. CONCLUSION
Nous conclurons cette petite analyse par le constat que, en dépit des apparences et des…idées reçues, la société chinoise contemporaine, ainsi que son modèle familial reposent paradoxalement sur le même type de stéréotypes que nos société occidentales, aussi bien au niveau de la division sexuelle des tâches domestiques, qu’au niveau de la répartition sociale du travail entre travail productif et travail reproductif, le premier étant réservé aux hommes et le deuxième aux femmes. Il s’agit donc de la même hiérarchisation des sexes et des rôles sociaux qui leur sont assignés en fonction de leur identité sexuelle d’appartenance attribuée ou revendiquée ; la même valence différentielle des sexes que nous constatons en Occident, et le même modèle patriarcal (ou patrilinéaire) dont parlent une Françoise Héritier, une Sylviane Agacinski ou un Pierre Bourdieu. Si à ce niveau-là, nous ne pouvons pas réellement parler de vraie distinction entre les deux types de société (occidentale et chinoise), ce qui vient aggraver le cas de cette dernière c’est le statut démographique de la femme et ce phénomène de société qui est la préférence pour les fils, maintenant les femmes en position secondaire dans la famille et la société. Il s’agit d’une véritable coercition imposée par la politique de contrôle des naissances, ainsi qu’une tendance assez récente du comportement de reproduction, engendrée par la libéralisation sociale et l’augmentation du coût de la vie, généralisant la famille de taille restreinte. C’est ainsi que, malheureusement, les filles deviennent indésirables du simple fait de priver leurs parents de la possibilité d’avoir un fils, ce qui explique le développement du nombre d’avortement sélectif en fonction du sexe. Ce déficit croissant de démographie féminine fait donc de cette société l’une des rares au monde, après la société indienne, à avoir une majorité masculine (105 hommes pour 100 femmes, en 2010).
V. BIBLIOGRAPHIE
- Agacinski, Sylviane, (2003, IIe éd.), Politique des sexes, Seuil
- Héritier, Françoise, (2012, tome I-II), Masculin/féminin, Odile Jacob
- Légal,J-B et Delouvée, S., (2008), Stéréotypes, préjugés, discrimination, Dunod
- Gaborit, Pascaline, (2009), Les stéréotypes de genre, Identités, rôles sociaux et politiques
publiques, L’Harmattan
- CUQ, Jean-Pierre, (dir), (2003), Dictionnaire de didactique du français langue première et
seconde, Paris, Clé International
ANNEXES
L1 = l’enquêteur
L2 = l’enquêtée
L1 : Alors, H., on a dit qu’on allait discuter un peu du couple chinois, du statut des hommes et des femmes, en Chine, est-ce que tu penses qu’ils ont un statut d’égalité ?
L2 : Non, je pense que les statuts sont différents, par exemple, chez moi, le statut est, dans ma famille : en premier, ma mère, en deuxième, c’est moi, en troisième c’est mon chat et en quatrième c’est…mon père !
L1 : (rires amusé) Ça, c’est l’ordre de l’importance ?
L2 : Oui ! (petit rire)
L1 : D’accord ! Et pourquoi tu dis ça ? (rires)
L2 : Mais…mais c’est un phénomène normal, dans notre région…ça dépend des régions. Dans notre province, les hommes toujours…euh…toujours font le ménage, à la maison…
L1 : Dans toute votre province ?
L2 : pas beaucoup, mais ils euh la majorité/ dans ma famille c’est comme ça…oui, tous mes oncles font ça/ (petit rire)
L1 : ah oui ? Et alors, qu’est-ce qu’il fait, ton papa, à la maison ?
L2 : Faire euh la vaisselle/ faire euh la cuisine euh/
L1 : l’aspirateur ?
L2 : oui ! Il lave les vêtements.
L1 : ah, il repasse aussi ? Il repasse, non ?
L2 : Il euh juste mettre les vêtements dans la machine à laver...
L1 : D’accord. Et…il cuisine ?
L2 : Oui, il cuisine, il aime bien la cuisine
L1 : Aaaah …il fait une bonne cuisine ?
L2 : Oui !
L1 : Incroyable !
L2 : Oui, et moi, ma mère et moi on regarde la télévision !
L1 : Pendant que lui il travaille ?
L2 : oui !
L1 : C’est incroyable ! C’est le rêve ! (rires)
L2 : C’est pas… C’est pas incroyable, c’est parce que mon père aime bien ma mère…et moi !
L1 : D’accord ! Donc c’est…sentimental…c’est…
L2 : Oui ! Il euh…il aimerait* faire des choses comme ça.
L1 : Ah oui, d’accord !
L2 : Oui, mais euh, dans d’autres régions, par exemple, dans le Nord de la Chine, j’ai un ami qui vient du Nord de la Chine, la ville s’appelle, la province s’appelle Chinja…il m’a dit, dans sa famille, l’homme gagne de l’argent, et la femme doit faire le ménage, à la maison…c’est l’inverse !
L1 : D’accord !
L2 : C’est la femme euh sa maman travaille pas et sa maman elle reste à la maison, et son père gagne beaucoup d’argent…
L1 : D’accord…et ça c’est un peu la règle, dans le Nord de la Chine ?
L2 : Oui, juste le Nord, oui, c’est…
L1 : Juste le Nord ?
L2 : Oui, juste euh mais je euh quand il m’a dit, j’ai été un peu étonnée, parce que chez nous, on n’est pas pareil.
L1 : D’accord…Hmmm…d’accord et donc ta… et ta maman travaille toute la journée, du matin au soir, elle est occupée ?
L2 : Euh…non, ça dépend. Parce qu’elle a sa propre boutique, c’est elle qui décide de la fermeture ou de l’ouverture. Et mon père travaille de 9 h à 17 h.
L1 : Jusqu’à 17 h ? D’accord…C’est incroyable ! Ça, je ne le savais pas du tout !
L2 : C’est incroyable ?
L1 : Ah oui, bien sûr, c’est incroyable ! (…) J’ai vu, il n’y a pas très longtemps, un film indien, où, j’étais frappée, parce que c’était une femme qui restait à la maison, son mari allait travailler toute la journée, en plus, il avait même une maîtresse, mais, dans les rues, et dans les endroits où l’on travaillait, on ne voyait que des hommes.
L2 : Ahh!
L1 : et les femmes, elles étaient à la maison !
L2 : Ça a changé, ça a changé …
L1 : Donc, en Chine, c’est pas le cas ?
L2 : Ça dépend…ça dépend…mais il y a des changements, maintenant…Et les femmes euh commencent à sortir euh à travailler et les hommes euh aussi mais dans les ménages, à la maison, on assume euh les deux euh…
L1 : Aha…Hmmm…donc une euh répartition des rôles euh égale…Mais euh tu m’as dit quand même au début, que les statuts de l’homme et de la femme ne sont pas égaux.
L2 : Ils ne sont pas égaux, non…surtout les cadres…
L1 : Les cadres ? D’accord !
L2 : Les cadres, ce sont pour la plupart des hommes
L1 : D’accord ! Dans les postes euh importants, on voit que des hommes ?
L2 : Oui !
L1 : A l’école, par exemple, parmi les professeurs ? On voit des hommes et des femmes, ou plus de femmes ?
L2 : Dans notre collège il y a plus de femmes…plus de femmes …plus de femmes profs mais euh les cadres pour la plupart ce sont des hommes…il y a deux ou trois femmes, mais euh une vingtaine …ce sont des hommes. La plupart des hommes considèrent que les femmes ne sont pas capables de euh devenir euh…
L1 : Aah oui, d’accord !
L2 : Directeurs, ou directrices, parce que les femmes doivent toujours travailler euh faire le ménage, s’occuper…des enfants…
L1 : Est-ce qu’elles font des études ?
L2 : Oui…
L1 : Longtemps ? Des études supérieures, par exemple ?
L2 : Oui !
L1 : et donc, elles font des études, et après, elles restent à la maison ?
L2 : Oui, la tradition de la Chine veut que la femme, une excellente femme, elle travaille dehors, qu’elle gagne de l’argent, et puis, à la maison, elle doit faire le ménage, s’occuper des enfants…c'est-à-dire, elle peut gagner de l’argent et elle peut faire le ménage, s’occuper de toute la famille…
L1 : Donc elle doivent tout faire !
L2 : Oui ! La tradition, c’est comme ça !
L1 : Et dans l’éducation des filles et des garçons, tu trouves qu’il y a des ressemblances ? Que l’on prépare les filles pour…quelque chose, les garçons pour…la même chose, ou pas ?
L2 : Oui, dans les spécialités scientifiques, la plupart sont des garçons, mais dans les spécialités de lettres et langues, la plupart, ce sont des filles…Par exemple, à l’Université, on était 34 collègues, mais seulement quatre garçons. Et les autres, c’étaient des filles…
L1 : Oh làa…
L2 : Dans notre Fac de lettres, on avait au total environ 200 personnes, mais il n’y avait qu’une dizaine de garçons…
L1 : Ah oui…D’accord. Mais là, ce sont les études supérieures…Mais est-ce que tu trouves, toi, que dans les familles euh il y a une éducation…spécifique, pour les garçons ou pour les filles ? Ou tu trouves qu’ils sont plutôt euh éduqués de la même manière, dans les familles ?
L2 : Euh…Dans les familles euh…
L1 : Est-ce qu’on demande aux filles euh : fais pas ça…parce que euh c’est pas digne d’une fille ?
L2 : Dans une famille, une fille est toujours enseignée à …faire le ménage, faire la cuisine, quand elle est petite, et les garçons n’ont pas besoin de faire ça…
L1 : Ah oui…
L2 : Oui !
L1 : D’accord !
L2 : C’est le truc euh toujours euh c’est considéré comme un truc de femmes, ou un truc d’hommes ! En Chine…J’ai euh j’ai noté un phénomène en France…j’ai vu …il y a toujours des hommes qui s’occupent de leurs bébés…pour faire le commerce…pour faire des promenades, mais en Chine il n’y a pas..
L1 : Ah oui… on ne peut pas voir ça ?
L2 : Oui, ce sont toujours…c’est les femmes, comme ça…L’homme, c’est RARE, de s’occuper du
bébé, mais en France, j’ai vu ça, j’étais…un peu étonnée ! Il s’en occupe très bien ! (rires), il s’en
occupe, seul, tu vois ? Seul !
L1 : Oui ! Il y a même des…des hommes qui demandent un congé parental, et ils peuvent rester à la
maison avec le bébé, oui, c’est vrai…C’est vrai, ils peuvent se partager, maintenant, le congé
parental…
L2 : Aah, c’est cool ! En Chine, non…
L1 : Et…est-ce que vous avez encore les uniformes, à l’école ?
L2 : Les uniformes à l’école ? Euh…
L1 : Vous êtes habillés d’une certaine façon ou…c’était comme ça, dans la Roumanie communiste…
L2 : Au collège…au collège et au lycée, on a un uniforme
L1 : Oui ?
L2 : Mais ils sont…trop trop MOCHES !
L1 : (rires)
L2 : JE DETESTE ! porter chaque jour un uniforme, pour aller à l’école !
L1 : Et c’est le même, pour les garçons et pour les filles ?
L2 : le même !
L1 : Le même uniforme ?
L2 : Même !
L1 : Mais c’est quoi ? c’est un pantalon ?
L1 : Le pantalon, et le vêtement.
L1 : Pour les garç…pour les filles aussi, des pantalons ?
L2 : Oui !
L1 : Ah bon ?!
L2 : Il y a juste dans quelques écoles, en été, des jupes…
L1 : Ah d’accord, donc on met pas de jupe !
L2 : Mais…on a vu euh au Japon, ou en Corée…les uniformes sont…très magnifiques ! Mais en
Chine, trop moche…
L1 : (rires) D’accord !
L2 : Mais à l’Université, il n’y en a pas…
L1 : D’accord…Et pour les bébés, alors, lorsque vous les habillez, est-ce qu’il y a de jolis vêtements ?
L2 : Bébés ?
L1 : Oui, pour les bébés, pour les petits enfants ?
L2 : Petits enfants ?!
L1 : Vous trouvez de jolis vêtements ?
L2 : Oui, oui, jolis mais euh chers !
L1 : Chers ?
L2 : Les vêtements de bébé…plus chers que pour les adultes…
L1 : Ah oui ? Et pour les filles, alors ? Vous avez des couleurs ?
L2 : Couleurs ? oui !
L1 : Lesquelles ?
L2 : euh…toutes les couleurs…
L1 : Les filles ? Et les mêmes pour les garçons ?
L2 : euh uniformes ?
L1 : Non ! Les enfants euh quand vous les habillez à la maison, quand vous achetez les
vêtements…vous achetez les couleurs pour les garçons, pour les filles euh
L2 : oui, pour les filles c’est les couleurs rouge, jaune euh et c’est les couleurs euh brillantes.
L1 : Brillantes ? Et les garçons ?
L2 : Les garçons… toujours du noir euh
L1 : toujours du noir ?
L2 : Non, c’est pas toujours…souvent, c’est noir, gris et…quelque chose comme ça…
L1 : Aah, parce que euh nous, nous avons le rose, pour les filles…
L2 : Rose ?! POUR LES GARCONS AUSSI ?
L2 : Et pour les garçons …le bleu (rires)
L2 : Ah oui, le bleu, le bleu, mais pas de rouge, pas de rose !
L1 : Ah oui, d’accord…d’accord ! Alors, comme on parlait de bébés, de petites filles de petits garçons, est-ce que tu dirais, toi, qu’en Chine, il vaut mieux être une petite fille ou un petit garçon ? Parce que j’avais lu, dans des livres que euh on ne voulait pas avoir de petite fille, on préférait un petit garçon, surtout à la campagne, par ce qu’on voulait avoir une aide pour les travaux dans les champs…
L2 : Il y a vingt ans, ce phénomène euh c’est comme ça, et maintenant, ça a changé.
L1 : Ah oui ? d’accord …
L2 : Oui…mais euh il reste encore euh dans des villages éloignées…et la famille ne veut QUE des garçons, et pas de filles…Si ils vont avoir une fille, ils vont la …laisser tomber, JETER A LA POUBELLE !
L1 : La laisser tomber ?!!! Mais j’ai lu ça dans des romans, tu sais ? Et que la maman est allée euh la mettre dans un orphelinat …oui, parce que c’est son mari qui l’y avait poussée, et ils vivaient à la campagne mais lui il voulait aller vivre en ville…
L2 : Oui, c’est vrai…
L1 : Et à la fin, il avait voulu un garçon pour l’aider dans les champs, et finalement il est allé en ville, et elle (la mère) était très fâchée, parce qu’elle s’est dit : « il m’a fait abandonner ma fille, alors qu’on ne vit même pas à la campagne…
L2 : C’est dans certaines familles…si on a une fille, le mari n’est pas trop content…
L1 : Ah oui ?
L2 : Oui, par ce que ils vont penser : le garçon va succéder à sa famille, mais la fille non..
L1 : Une fille ne peut pas hériter, non ? du nom ?
L2 : Oui, du nom…
L1 : Et puis, elle peut hériter des biens matériels, une famille, de la maison ou…ça elle peut hériter, de ça ?
L2 : Hériter ?
L1 : Hériter, c'est-à-dire avoir la succession…
L2 : Hmmmm….non…
L1 : Mais on donne à qui, alors ?
L2 : Selon la loin oui…mais selon la tradition, non ! la fille va se marier avec quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’a pas le nom de la famille, donc elle va devenir euh devenir la personne des autres…
L1 : Incroyable ! et donc c’est le mari qui va hériter des…des biens matériels de sa femme ?
L2 : Le garçon…par exemple, dans certaines familles, c’est…la famille a une entreprise propre… il vaut mieux un garçon…qu’une fille…oui, pour aider l’entreprise
L1 : Ah oui…d’accord…et il y a toujours la…politique de l’enfant unique ?
L2 :Hmmm…non, maintenant, ça a changé ! si on…vient d’une famille unique…chez moi si maintenant je suis fille unique, dans ma famille, si mon futur mari aussi est un enfant unique dans sa famille, on peut avoir deux bébés…Mais si mon euh futur euh futur mari ne vient pas d’une famille unique, alors c’est…oui !
L1 : Et même si vous avez une fille ? Vous avez euh le droit d’avoir un autre enfant ou pas ? c’est …indifférent, si vous avez une fille ou un garçon ?
L2 : C’est indifférent…mais maintenant, il y a de plus en plus de mamans qui aiment les filles…
L1 : Aah, elles préfèrent les filles…
L2 : Oui, parce que la fille peut porter des vêtement plus beaux.. .mais élever un garçon, ça coûte plus cher, en Chine …
L1 : Elever un garçon ça coûte plus cher ?!
L2 : Parce que, un garçon, la tradition c’est : les parents vont acheter la maison pour le garçon, mais pour la fille, non ! Pas besoin ! (rires)
L1 : Mais…si elle se marie ? On doit lui donner quelque chose, à la fille?
L2 : A la fille ? Oui, mais…élever un garçon… c’est pas pareil…c'est-à-dire, les parents, dans l’avenir, ils vont habiter avec leur fils, mais si c’est une fille, les parents n’ont pas besoin d’habiter avec leur fille : leur fille va habiter avec la famille de son mari…
L1 : Oui…
L2 : Oui, c’est ça
L1 : D’accord…et donc, pour les métiers, on en avait discuté tout à l’heure, donc, tu trouves qu’il y a des métiers qui sont accessibles aux femmes ?
L2 : Oui, ce sont les métiers spéciaux, par exemple, dans l’armée, par exemple, il y a aussi des femmes, mais pas beaucoup…
L1 : Pas beaucoup…
L2 : Oui, ce sont toujours les garçons…
L1 : Et dans la police ?
L2 : Dans la police il y a aussi des femmes, mais pas beaucoup, la plupart ce sont des hommes…
L1 : D’accord…et des métiers comme pilotes ?
L2 : Ouauh, pilotes, il y en a …rare, rare…
L1 : (rires) c’est très rare ?
L2 : Oui, très rare…et …dans la navigation, dans le métier de la navigation il y a que des hommes
L1 : Que des hommes…hmmm…oui…donc…finalement, ça reste des métiers d’hommes…
L2 : Hmmm…oui, parce que …ces métiers sont…sont très durs, pour euh pour une femme…donc euh ils recrutent euh seulement les hommes
L1 : hmmm…d’accord…eh bien, merci !
[...]
[1] Lippmann, cité in Légal - Delouvée, 2008, Stéréotypes, préjugés, discriminations, Paris, Dunod, p.
[2] Cuq, J-P., 2003, Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, Clé International, pp.224-225
[3] Héritier, F., 2012, Masculin/Féminin t. I, Paris, Odile Jacob, p. 28
[4] Héritier, F., 2012, Masculin/Féminin t. II, Paris, Odile Jacob, p.17
[5] Agacinski, S., 2001, Politique des sexes, Paris, Seuil
[6] Gaborit, P., 2009, Les stéréotypes de genre. Identités, rôles sociaux et politiques publiques, Paris, l'Harmattan, p.22
[7] Gaborit, P., Les stéréotypes de genre, op.cit. p. 26
- Quote paper
- Silvia Aulagnon (Author), 2015, La famille chinoise. Stéréotypes de genre dans la société chinoise contemporaine, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/367947
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