Le substrat gaulois
Définition substrat-subsubstrat
Aperçu historique
La romanisation
Pourquoi le latin a-t-il pu supplanter le gaulois?
Les traces qu'a laissées le gaulois au niveau de la langue latine
Le substrat gaulois
Définition substrat - subsubstrat
Le terme de substrat fut employé par G. I. Ascoli en 1864.
L´ on peut décrire un substrat comme suit: Une langue parlée dans une certaine région envahie par un autre peuple disparaît après un certain temps où les deux langues ont existé l` une á côté de l` autre dans une relation d´ adstrat. Cette phase d´ adstrat - qui entraîne souvent un bilinguisme- est succédée par le remplacement de la langue autochtone par celle des conquérants non pas sans laisser des traces dans la langue des conquérants qui subsiste dans la région concernée. Par conséquent, des langues caractérisées comme langues de substrat du point de vue rétrospectif, furent des langues d´adstrat pendant la période de l’influence mutuelle.
En ce qui concerne des langues parlées en Gaule avant l´ arrivée des Romains, l´ on n´ en sait que peu de choses. Mais en général, l´ on suppose 4 langues préromanes: le ligure, l´ibère, le grec et le celtique (dont le gaulois est d´une importance particulière). En raison de leur répartition géographique, les Ligures, les Ibéres et les Grecs n` influencèrent que le latin vulgaire du Sud (le futur occitan) et ne peuvent, par conséquent, être considérés que comme des subsubstrats du français (et comme substrat de l´occitan). Par contre, les Gaulois occupaient le Nord du pays et y exerçaient une influence considérable sur le latin vulgaire, base de la langue française. Ainsi, le gaulois peut être considéré comme substrat du français. Dans cette étude, il s’agit d´analyser les traces qu´ a laissées le gaulois sur le latin vulgaire du Nord de la Gallo-Romania, mais auparavant, il convient de donner un bref aperçu historique.
Aperçu historique
D´ après von Wartburg, les Ligures, venus du Nord-Est s´ établirent bien avant le 6 e siècle av. J. C. dans le Sud-Est de la Gaule. Chassés par les Celtes vers 300 av. J. C., ils s´ installèrent dans les Hautes Alpes. Leur langue est conservée surtout dans quelques toponymes (noms de lieux) en -ascus, a; -oscus, a; -uscus. Ce suffixe se trouve également dans des adjectifs tels que brigasque ou monégasque.
Au 6e siècle, les Ibères, peuple venu d´Afrique, traversèrent l`Espagne et finirent par s’établir dans le Sud-Est de la Gaule. Mais, ils furent, eux aussi, refoulés par les Celtes au 3e siècle av.
J. C.. Leur influence se restreint à quelques rares mots et est considérée comme négligeable.
D´ origine d` Asie, les Grecs fondèrent leur première colonie Massalia [en lat. Massilie] (> Marseille) en Gaule environ 600 av. J. C. D` autres colonies suivirent le long du bassin méditerranéen. La plupart de ces villes ont en gardé le nom, comme par ex. Nice (< Nikaia), Antibes (<Antipolis), Monaco (Herakles Monoikos). A part quelques toponymes, l` hellénisation dans la Gallo-Romania n` était pas très profonde (contrairement à l` influence que le grec a exercée plus tard sur le français par la voie savante). Ceci s´ explique par le fait que les Grecs n` avaient pas d´ intérêt de conquérir le pays et d´ y implanter leur civilisation, mais plutôt de l` exploiter commercialement. Mais, il faut souligner qu` ils introduisirent la viticulture [Weinbau], leur écriture et l` art de battre monnaie. Ainsi, ce ne sont que quelques mots qui ont subsisté dans la langue française, dont la plupart ont passé par les dialectes du Midi. Ces lexèmes appartiennent surtout aux champs lexicaux de la navigation (gr. gomphos> prov. gofon > fr. gond, gr. gampsos > prov. ganso > fr. ganse), et de la météorologie (gr. ta diktya chalan > apr. calar > fr. caler). La plupart des mots d` origine grecque que l´ on trouve en français moderne se sont, pourtant, introduit comme des mots savants par le latin (gr. blasphemein > lat. blasphemare > fr. blâmer).
Les Celtes, venus d` Allemagne ou bien des rivages de la mer du Nord, envahirent les derniers la Gaule à partir de 500 av. J. C.. D` abord, ils s´ imposèrent dans la Gaule septentrionale et se propagèrent ensuite vers le Sud.
Ils s` installèrent dans le Massif Central, le Midi, dans le Nord de l `Espagne (d`où naquit la population dite celtibère, car ces régions étaient occupées par les Ibères) et dans la plaine du Pô. Ils continuèrent leur marche vers l` Est où ils colonisèrent toute la région jusqu` à l` embouchure du Danube. Le territoire de la Gaule fut occupé par les Gaulois, une des tribus celtique (continentales).
Quand au 2 e siècle av. J. C. les Ligures menacèrent les colonies des Grecs, ces derniers appelèrent les Romains au secours, ce qui fut l´ événement qui provoque le début de la romanisation de la Gaule.
La romanisation
La romanisation militaire de la Gaule se déroula en deux étapes:
I Entre 154 et 121 av. J. C. les soldats romains conquirent la région qui sera plus tard appelée Provincia Gallia Narbonenis (d` où Provence)
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[L´ influence du latin sur les habitants des grandes villes fut déjà considérable pendant/après cette première étape de romanisation. Cette évolution fut encore renforcée par la deuxième étape de la romanisation.
II La deuxième étape de la romanisation eut lieu entre 58 et 51 av. J. C. sous Jules César et fut entreprise pour affirmer la Provincia Gallia Transalpina. Elle se termina, pourtant, avec la conquête de toute la Gaule.
Comparée à la conquête militaire, la romanisation linguistique prit énormément beaucoup de temps:
Après cette deuxième étape militaire suit une longue période de bilinguisme. Le latin ne fut d` abord parlé que dans les villes et ne se répandit que lentement à la campagne. Ainsi, le gaulois disparut vers le 3e siècle après J.C. dans les villes tandis qu` il ne s´ éteint qu`au commencement du 5e siècle à la campagne où bien encore plus tard dans les Alpes.
La Romanisation se déroula d´ abord dans le Sud de la Gallo-Romania (suite à la première étape militaire) pour s´ étendre peu à peu vers le Nord, ce qui fut renforcé par la deuxième vague de romanisation. Point de départ de la romanisation du Sud est, alors, la Provincia Narbonensis d` où sera romanisé d` abord l` ouest de la Gaule (jusque l`Atlantique, et -au Nord- jusqu’à Lyon) puis - à partir de Lyon - le Nord de la Gallo-Romania ( le long de la vallée de la Saône et à l` Est de la Rhône jusque dans la Suisse de l` ouest) (voir la coïncidence géographique concernant la théorie du substrat du changement de u > y).
Pourquoi le latin a-il pu supplanter le gaulois?
Le latin était la langue officielle du gouvernement et il représentait la civilisation. Par conséquent, le latin fut adopté très vite par la classe dirigeante gauloise, dont certains membres reçurent même le droit de cité.
Von Wartburg suppose que l` enseignement scolaire installé par les Romains est le facteur le plus important. Les Gaulois n` avaient aucune institution de ce genre et ceux qui aspiraient à un degré de civilisation plus avancé étaient obligés de recourir à l` instruction que l` on donnait dans les écoles romaines. Les principaux centres étaient Marseille, Autun, Bordeaux, Lyon et Trèves.
Les traces qu` a laissées le gaulois au niveau de la langue latine
L´ influence du gaulois se manifeste au niveau lexical aussi bien qu` au niveau phonétique. Contrairement au superstrat francique, le substrat gaulois ne laissa pas de traces dans la morpho-syntaxe.
Le lexique
1) Noms de lieux gaulois/toponymes
Les plus sûrs témoins de l´ extension du gaulois sont sans doute les noms de lieux. Aujourd`hui on peut les trouver partout en France, à l´ exception du département des AlpesMaritimes qui, selon von Wartburg, a été l´ un des derniers refuges des Ligures.
On peut distinguer deux modes de formation :
1) des toponymes issus des noms des tribus celtiques
2) des toponymes issus des compositions avec des éléments celtiques
ad 1) Les romains nommaient les villes selon la tribu qui habitait le pays environnant. Pour donner un nom aux villes, l´ on se servait de l` ablatif ou du locatif du pluriel. Ainsi s´ expliquent les -s finals:
(in) Remis > Reims
Parisiis > Paris (l`ancien nom de la ville était Lutecia, mais il fut remplacé par celui le nom de la peuplade gauloise suite à l` Edit de Caracalla)
Des noms de lieux tels que Amiens, Angers, Limoges, Poitiers, Rennes, Tours, Vannes en sont d` autres exemples.
ad 2) Plusieurs substantifs gaulois entrent dans la formation de noms de lieux composés.
LITERATURVERZEICHNIS
Allgemeine Literatur: (Auswahl)
Geckeler, H./Dietrich, W. (1995), Einführung in die französische Literaturwissenschaft, Berlin.
Rickard, P. (1977), Geschichte der französischen Sprache, Tübingen.
Wartburg, W. von (111988), Evolution et Structure de la Langue Française, Bern, S. 14-78.
Wartburg, W. von, (1950), Die Ausgliederung der romanischen Sprachräume, Bern.
Substrate:
Delattre, P. (1969/70), „La théorie celtique et les substrats“, in: Kontzi, R. (Hrsg.) (1982), Substrate und Superstrate in den romanischen Sprachen, Darmstadt, (Wege der Forschung; 475), S. 320-335.
Gebhardt, K., „A propos du changement u>ü. Mise au point des principales hypothèses“, in: Bulletin des Jeunes Romanistes, 15 (1968) S. 44-52.
Müller, B. (1982), „Geostatik der gallischen/keltischen Substratwörter in der Galloromania“, in: Festschrift Joh. Hubschmidt zum 65. Geburtstag, Bern/München, S. 603-620.
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- Citation du texte
- Angelika Felser (Auteur), 1998, Le substrat gaulois, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/338033