Introduction
Si on a jamais voyagé en Corse, on se rend compte rapidement que la Corse n’est pas une région française comme les autres.
Pour y aller, il faut prendre l’avion ou un ferry-boat et c’est mieux de s’approcher du continent italien – c’est plus proche ! Une fois arrivé sur l’île de beauté, on remarque que la connaissance de la langue française n’est pas toujours utile parce que, surtout dans les villages, il y a des personnes âgées qui ne parlent pas le français mais le corse, une langue proche du toscan. Et ceux qui le parlent se fâchent si l’on s’adresse à eux en parlant français.
La situation corse est assez complexe et pour la comprendre, il faut revenir à la Révolution Française et suivre l’histoire jusqu’à nos jours. Et même si on fait ça, la situation est loin d’être claire.
Bref, la Corse doit son originalité à de multiples raisons : sa situation insulaire, sa situation économique difficile, sa situation culturelle originale avec sa propre langue, ses traditions sociales, ses structures claniques et son recours à la violence qui transforme la Corse en espace de « non droit ».
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Table des matières
Introduction
1. La France au XVIIIe siècle : conflit entre centralisme et décentralisme
2. La Corse entre indépendance et partie intégrante de la France
3. La radicalisation de la violence sur la Corse depuis 1975
3.1 Les Evénements d’Aléria
3.2 L’affaire Bastelica/ Fesch
3.3 L’assassinat du préfet Claude Erignac
3.4 L’affaire de la paillote : « Chez Francis »
4. Les mouvements corses
4.1 Les débuts du mouvement autonomiste en Corse dans les années 60
4.2 Tendances nationalistes depuis 1981
5. Les lois de décentralisation accordés aux particularités corses
5.1 Le statut Defferre de 1982
5.2 Le statut Joxe de 1991
5.3 Un nouveau statut pour la Corse
6. Quel avenir pour la Corse et la France?
6.1 Scénario A – La Corse comme région avec une autonomie administrative forte
6.2 Scénario B – Une Corse indépendante et la fin d’une France
6.3 Scénario C - La Corse, une région ordinaire de la France
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Si on a jamais voyagé en Corse, on se rend compte rapidement que la Corse n’est pas une région française comme les autres.
Pour y aller, il faut prendre l’avion ou un ferry-boat et c’est mieux de s’approcher du continent italien – c’est plus proche ! Une fois arrivé sur l’île de beauté, on remarque que la connaissance de la langue française n’est pas toujours utile parce que, surtout dans les villages, il y a des personnes âgées qui ne parlent pas le français mais le corse, une langue proche du toscan. Et ceux qui le parlent se fâchent si l’on s’adresse à eux en parlant français.
La situation corse est assez complexe et pour la comprendre, il faut revenir à la Révolution Française et suivre l’histoire jusqu’à nos jours. Et même si on fait ça, la situation est loin d’être claire.
Bref, la Corse doit son originalité à de multiples raisons : sa situation insulaire, sa situation économique difficile, sa situation culturelle originale avec sa propre langue, ses traditions sociales, ses structures claniques et son recours à la violence qui transforme la Corse en espace de « non droit ».[1]
1 La France au XVIIIe siècle : conflit entre centralisme et décentralisme
Pour comprendre le conflit fondamental entre les idées de centralisation et de décentralisation en France, il faut retourner au XVIIIe siècle où le conflit a éclaté.
A cette époque, les intellectuels se sont regroupés dans des « clubs » politiques – des lieux de réflexion - pour discuter leurs idées politiques.
Un des plus grands clubs était le club des jacobins, qui emprunte son nom au convent de la rue Saint- Honoré à Paris ou le club faisait ses réunions. L’intérêt des Jacobins était une république française, dirigée par Paris et avec un pouvoir venant de Paris, c’est à dire l’idée d’un pays centralisé.
Le groupe opposant était celui des « Girondins », des jeunes politiciens venant de la Gironde (d’où leur nom), qui ont lutté pour une plus grande autonomie des régions dans la politique française. Ils représentaient aussi les idées républicaines mais ont demandé une autonomie des régions vis-à-vis de la dictature révolutionnaire de Paris.
Le fait que les Girondins se soient opposés au procès de Louis XVI, avec lequel ils ont essayé de collaborer pour faire passer leurs idées, a provoqué des émeutes des représentants jacobins à Paris.
En résultat, vingt-neuf députés girondins ont été arrêtés et la plupart d’entre eux ont été guillotinés le 31 octobre 1793.
Le conflit fondamental a été fini, l’idée d’une conception unitaire et centralisée a triomphé. La défaite des Girondins caractérise une époque où les particularismes et différences, au sein de la France, étaient considérés comme contradictoires à l’idée de la révolution et des valeurs comme l’égalité, fraternité et liberté, qui en font partie.
La tendance d’une France centralisée a été renforcée aux siècles suivants par d’autres décisions au niveau du plan culturel et économique.
Sur le plan culturel, le décret Lakanal de 1794 faisait du français la seule langue d’enseignement, afin de rendre les enfants des citoyens d’une République française indivisible. Dès lors, l’usage du français dans des documents officiels a été prescrit.
Sur le plan économique, des routes et un réseau ferroviaire sont construits pour assurer l’accès direct vers la capitale.
Encore aujourd’hui, bien que les idées de décentralisation aient été assimilées par la France dans les années 1959-1964, 1972-1973 et 1982-1983, le redressement centralisé dans l’Hexagone reste omniprésent.[2]
2 La Corse entre indépendance et partie intégrante de la France
La période qui est considérée, par les séparatistes insulaires, comme modèle pour une Corse indépendante, est la période née sous Pascal Paoli, nommé « Père de la Nation Corse ».
En juillet 1755, après les révoltes des patriotes corses contre l’occupation génoise de l’île, Pascal Paoli est élu général en chef de la Nation Corse. Pour la première fois de son histoire, la Corse vraiment indépendante. Corte devient la capitale et une université corse y est créée en 1765.
Mais la période d’une Corse indépendante reste limitée et lors du traité de Versailles de 1768, Gênes, qui est en train de perdre son influence dans la région méditerranéenne, cède la Corse à la France.
En juillet 1768, les troupes françaises occupent le Cap Corse, la région située tout au nord de l’île. Les patriotes locaux résistent quelques mois contre les Français, mais quand en printemps 1769, 20.000 soldats de la métropole débarquent sur la Corse, la résistance ne peut pas être maintenue. Les patriotes corses sont vaincus le 8 mai à Ponte Nuovo. Après la défaite, Pascal Paoli se réfugie en Angleterre avec quelques fidèles, où il continue à s’occuper des affaires de l’île.
La Corse appartient alors à la France et comme pour les autres régions françaises, toute décision à l’égard des intérêts insulaires dépend de la volonté du roi et de ses commissaires. La plupart des postes administratifs en Corse sont occupés par des Français de la métropole, les Corses participent seulement à l’administration des villes et communes de leur île.
Bien qu’en 1793, Pascal Paoli ait essayé avec l’aide des anglais, de reprendre le pouvoir sur l’île de beauté, les intentions de rétablir une Corse indépendante restent sans succès et le déroulement de l’histoire française de la Corse n’est pas prêt de se terminer.[3]
3 La radicalisation de la violence sur la Corse depuis 1975
Depuis 1975, la Corse est confrontée à une série d’actes de violence incomparable dont l’origine reste souvent indéterminée.
La majeure partie de la violence est en rapport avec des mouvements nationalistes et autonomistes sur l’île, et la vendetta ainsi que la tradition des guerres clandestines restent omniprésentes. Cette façon de résoudre des problèmes quotidiens et souvent mineurs (par exemple des propriétés rurales, bornages), qui se règlent ailleurs devant les tribunaux, contribuent à l’image mythique de la Corse.[4]
3.1 Les Evénements d’Aléria
L’histoire des actes violents et brutaux a commencé avec les Evénements d’Aléria le 21 août 1975, sur la côte orientale de l'île. Une dizaine d’hommes, commandés par Edmond Siméoni, le leader de l’ARC (Action Régionaliste Corse), occupent une entreprise viticole pour protester contre le propriétaire d’origine franco- algérienne qui est suspecté d’être mêlé à un scandale de production artificielle de vin au dépit des petits vignerons corses.
En essayant de libérer l’entreprise des occupants, deux gendarmes sont tués à la suite d’une fusillade entre les forces de l’ordre et les agresseurs autour d’Edmond Siméoni.
Le 27 août 1975, l’ARC est dissolu par l’Etat français. Cela provoque des affrontements armés à Bastia, faisant un mort et des blessés, parmi lesquels des hommes des forces de l'ordre dépêchées de la métropole.
[...]
[1] R. FROMENT et S. LERAT, « La France – Tome 1. Fondements », p. 24
[2] Voir: http://www.webencyclo.com
[3] http://www.sitec.fr/iledebeaute/
[4] Jean- Patrick COURTOIS; René GARREC, « La sécurité en Corse : un devoir pour la République », version Internet
- Citation du texte
- Markus Klinger (Auteur), 2001, La question corse, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/3278