Le début du babillage vocal chez l’enfant avant qu’il ne soit capable de prononcer des mots distinguables est une caractéristique essentielle du développement humain et on est d’accord sur le fait qu’il est en con-tinuité avec l’acquisition postérieur du langage. P&M indiquent que si on considérait le babillage enfantin comme un phénomène qui est dû à la maturation de la capacité langagière et aux mécanismes articula-toires responsables de la parole, il apparaîtrait uniquement dans les langues parlées. On a cependant ob-servé qu’également les enfants sourds exposés à des langues des signes dès la naissance babillent, mais en langues des signes. P&M supposent donc que la capacité humaine de parler n’est pas exclusivement liée à des mécanismes de productions spécifiques à la parole. L’idée est de dire que si le babillage manuel en langue des signes avait les mêmes caractéristiques que le babillage vocal (syllabique) (p. ex. usage d’un échantillon réduit des sons possibles, organisation syllabique, pas de signification ou de référent apparent, éduplication, âge déterminé de début), le babillage résulterait de la maturation d’une capacité langagière neuronale et serait lié à une capacité expressive permettant le traitement de différents types de signales (parlés ou signés). Dans ce cas, le babillage vocal des enfants entendants représenterait l’équivalent du babillage vocal des enfants entendants. Les auteures se proposent à confirmer ces hypothèses en compa-rant les deux types de babillage.
Table des matières
I Travail de texte
1 Présentation des auteures
2 Présentation de l’article
2.1 Thématique et plan
2.2 Hypothèses
2.3 Méthodologie
2.4 Résultats
2.5 Conclusion
3 Cadre de recherche de l’article
4 Avis personnel
5 Principales références bibliographiques données par les auteures
II Étude comparative
1 Aspects formels
2 Méthodologie
3 Babillage et gestes de pointage
Références bibliographiques (Partie I et II)
I Travail de texte
1 Présentation des auteures
psychologue spécialiste des neurosciences cognitives rable d’articles (et papiers de conférence) dont je vais aussi mentionner seulement lesquels qui sont d’une certaine importance pour ce travail.
- Marentette, P., E. Nicoladis & S. Pika. 2009. Do French-English bilingual children gesture more than mon- olingual children? Journal of Psycholinguistic Research 38. 573-585. - Marentette, P, E. Nicoladis, S. Pika & H. Yin. 2007. Gesture use in story recall by Chinese-English bilin- (langage et développement de l’enfant). Elle est professeur de psychologie et de biolo- gie du cerveau à l’université de Toronto, au Canada. Elle fait de la recherche dans de nombreux domaines dont seulement quelques-uns se- ront mentionnés ci-après. Elle est par exemple très connue pour ses contributions éclai- rées à la compréhension du langage humain, notamment concernant le bilinguisme et le langage gestuel. Ses études sur les similarités et les différences entre les gestes et le langage précoce (premièrs mots, pro- noms) chez les enfants sourds et entendants sont particulièrement à noter. En plus, elle étudie le babillage manuel des enfants sourds exposés à des langues des signes - dont traite l’article présenté dans ce travail - et l’acquisition, la grammaire et l’organisation cérébrale des langues des signes (surtout la langue des signes américaine) des personnes sourdes en général. En dernier lieu, il faut mentionner ses découvertes concernant la langue des animaux et la communication animale des chimpanzés.
Si on traduit son succès en chiffres, on peut constater que Petitto a écrit plus de 100 articles scientifiques, a obtenu trois distinctions majeures pour son enseignement exceptionnel et 25 prix et distinctions interna- tionaux pour ses découvertes scientifiques, incluant le prix Guggenheim. Vu le grand nombre d’articles (et papiers de conférence) écrits par cette chercheuse, je mentionne ici seulement ceux qui sont liés à la thématique traitée (ce qui est plutôt valable pour les plus anciens):
- Petitto, L. A. 1992. Modularity and constraints in early lexical acquisition: Evidence from children’s first words/signs and gestures. In M.R. Gunnar & M. Maratsos (eds.), Modularity and constraints in language and cognition: The Minnesota symposia on child psychology 25, 25-58. Hillsdale, New Jersey : Erlbaum.
- Petitto, L. A. & F. Charron. 1991. Les premiers signes acquis par des enfants sourds en langue des signes québécoise (LSQ): Comparaison avec les premiers mots. Revue Qu é b é coise de Linguistique Th é orique et Appliqu é e 10(1). 71-122.
- Petitto, L. A., & P. Marentette. 1990. The timing of linguistic milestones in sign language acquisition: Are first signs acquired earlier than first words? Presented at The 15th Annual Boston University Conference on Language Development conference, Boston, MA.
- Petitto, L. A. 1985. On the use of pre-linguistic gestures in hearing and deaf children . Presented at Boston University Conference on Language Development. Boston, MA.
Paula Marentette est docteur en psychologie particulièrement étudiant la psychologie cognitive comme Petitto. Elle enseigne à l’université d’Alberta (au Canada) la psycho- logie développementale et cognitive en mettant l’accent sur la psycholinguistique. Ses travaux de recherche traitent notamment le développement du langage enfantin et les gestes dans les langues des signes et parlées (par exemple leur usage dans des situations de narration de contes). En plus, elle s’intéresse à l’acquisition enfantine de l’ASL (langue des signes américaine) comme langue première. A partir des découvertes sur les gestes et les langues des signes elle espère mieux comprendre les fonctions du cerveau humain. Elle a également écrit un nombre considé- rable d’articles (et papiers de conférence) dont je vais aussi mentionner seulement lesquels qui sont d’une certaine importance pour ce travail.
- Marentette, P., E. Nicoladis & S. Pika. 2009. Do French-English bilingual children gesture more than monolingual children? Journal of Psycholinguistic Research 38. 573-585.
- Marentette, P, E. Nicoladis, S. Pika & H. Yin. 2007. Gesture use in story recall by Chinese-English bilinguals. Applied Psycholinguistics 28. 719-733.
- Marentette, P., S. Pika & E. Nicoladis. 2006. A cross-cultural study on the use of gestures: Evidence for cross-linguistic transfer? Bilingualism: Language and Cognition 9(3). 319-327.
- Marentette, P. & E. Nicoladis. 2010. Children ’ s use of gesture: Label or action associate? Paper presented at the International Society for Gesture Studies, Frankfurt (Oder), Germany.
- Marentette P. & E. Nicoladis. 2006. The origin of gestures in infancy . Poster presented at International So- ciety for Gesture Studies, Chicago, Jun 18-21.
2 Présentation de l’article
L’article est paru le 22 mars 1991 dans la revue Science , une prestigieuse revue scientifique américaine hebdomadaire qui publie des articles dans presque tous les domaines scientifiques, des sciences exactes (p. ex. biologie ou mathématiques) aux sciences humaines (anthropologie, archéologie, etc.).
Petitto, L. A. & P. Marentette. 1991. Babbling in the manual mode: Evidence for the ontogeny of language. Science 251. 1483-1496.
2.1 Thématique et plan
L’article ne dispose pas de table des matières ou d’intertitres, mais on peut bien y repérer les parties prin- cipales: le petit résumé au début, l’introduction théorique et la présentation des hypothèses, l’explication de la méthodologie, la présentation des résultats et la conclusion.
Comme le titre indique, les auteures supposent que l’étude du babillage manuel (babillage en langue des signes) éclaire le développement du langage chez l’enfant. À partir d’une comparaison entre le babillage vocal chez l’enfant entendant et le babillage manuel chez l’enfant sourd, Petitto et Marentette (dorénavant P&M) montrent que les deux types disposent d’importantes similarités, une observation qui donne des indications sur les fonctions neuronales permettant l’acquisition du langage. Les hypothèses qui sont à la base de l’étude sont présentées en plus grand détail dans le chapitre suivant.
2.2 Hypothèses
Le début du babillage vocal chez l’enfant avant qu’il ne soit capable de prononcer des mots distinguables est une caractéristique essentielle du développement humain et on est d’accord sur le fait qu’il est en con- tinuité avec l’acquisition postérieur du langage. P&M indiquent que si on considérait le babillage enfantin comme un phénomène qui est dû à la maturation de la capacité langagière et aux mécanismes articula- toires responsables de la parole, il apparaîtrait uniquement dans les langues parlées. On a cependant ob- servé qu’également les enfants sourds exposés à des langues des signes dès la naissance babillent, mais en langues des signes. P&M supposent donc que la capacité humaine de parler n’est pas exclusivement liée à des mécanismes de productions spécifiques à la parole. L’idée est de dire que si le babillage manuel en langue des signes avait les mêmes caractéristiques que le babillage vocal (syllabique) (p. ex. usage d’un échantillon réduit des sons possibles, organisation syllabique, pas de signification ou de référent apparent, réduplication, âge déterminé de début), le babillage résulterait de la maturation d’une capacité langagière neuronale et serait lié à une capacité expressive permettant le traitement de différents types de signales (parlés ou signés). Dans ce cas, le babillage vocal des enfants entendants représenterait l’équivalent du babillage vocal des enfants entendants. Les auteures se proposent à confirmer ces hypothèses en compa- rant les deux types de babillage.
2.3 Méthodologie
P&M ont collecté les dates de cinq enfants dont deux ont été des enfants sourds (D1 et D2) de parents sourds acquérant la langue des signes américaine (ASL). Les trois sujets de contrôle étaient des enfants entendants (H1, H2 et H3) de parents entendants acquérant la langue parlée sans exposition à une langue des signes.
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Tableau 1:Dates des enfants
Dans l’étude du babillage vocal, on transcrit habituellement toutes les formes acoustiques et sons produits dans une période de temps, et toutes les formes acoustiques qui ne sont pas de mots sont analysées afin de voir s’ils démontrent une organisation systématique. Dans le cas d’une organisation systématique, le chercheur détermine si elle dispose des caractéristiques phonétiques ou syllabiques communes à des langues parlées. Dans l’étude de P & M, les activités manuelles des enfants sourds et entendants ont été analysées de manière identique, mais en rapport avec la langue des signes. Le procédé appliqué est décrit dans ce qui suit :
1) Trois sessions d’enregistrement vidéo avec tous les enfants à l’âge d’environ 10, 12 et 14 mois.
2) Transcription et entrée des activités manuelles des enfants dans une base de données informatique avec un système de transcription qui a antérieurement été testé. Dans ce système, chaque configuration physique des activités manuelles de l’enfant (p. ex. la configuration de la main ou sa location dans l’espace) est codée avec des diacritiques. En plus, on a effectué une analyse précise de la manière d’usage de la main dans laquelle les paramètres suivants ont été déterminés:
- Activité avec ou sans objets dans la main ;
- Usage référentiel (activité manuelle utilisée en relation avec un référent dans le monde) ;
- Usage communicationnel (activité manuelle produite avec une intention communicative) ;
- Sens conventionnel (activité manuelle avec un sens culturel établi, mais qui n’est pas le signe standard dans l’ASL) ;
- Signe standard de l’ASL (le signe possède les caractéristiques linguistiques identiques qu’un mot dans la langue parlée).
Un sur trois enregistrements vidéo de chaque enfant (sélectionné des trois âges) a été transcrit par deux codeurs. La fiabilité de l’évaluation de deux codeurs indépendants s’est située entre 82 et 95%. Elle a été calculée sur la base du pourcentage des accords des codeurs sur la décision s’il y avait une activité manuelle ou pas et sur le contenu précis d’une activité manuelle.
3) Analyse de toutes les activités manuelles qui ne sont pas de signes ASL et qui n’ont pas été utilisées pour pointer vers des objets afin de déterminer s’ils disposent d’une organisation systéma-tique. Les signes qui remplissaient ces conditions ont été analysés afin de les classer en deux groupes : les signes avec d’uniques caractéristiques d’organisation et les signes avec une organi- sation syllabique et phonétique identique aux langues des signes. Seulement les formes qui rem- plissaient les mêmes critères que le babillage vocal ont été attribuées au babillage manuel. Cela a permis une comparaison directe des activités manuelles des enfants sourds et entendants.
[...]
- Citation du texte
- Elisabeth Buff-Scherrer (Auteur), 2011, Babbling in the Manual Mode (according to Laura Ann Petitto and Paula Marentette), Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/197961
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