Avec l’accélération de la mondialisation portée par l’interconnexion rapide des flux transnationaux de diverses natures, il devient quasiment effarant pour une unité sociale aussi minime fût-elle de vivre en vase close. Mieux encore, la mondialisation facilite au mieux la communication et la rencontre des unités sociales indépendamment des frontières étatiques d’appartenance. Au Cameroun, pays lancé dans un processus de décentralisation, les communes locales de plus en plus dotées de missions d’intérêts communs, incapables de répondre exclusivement aux besoins énormes des populations, sollicitent et même s’associent aux institutions étrangères pour la réalisation des travaux d’enjeux partagés entre les différentes parties.
Cependant, les communes dans la démarche de la coopération décentralisée bénéficient pour ainsi dire du lobbying des autorités traditionnelles locales, lesquelles, par leur capital social, manœuvres et stratégies attisent les partenaires étrangers en direction de ces dernières. Dans cette perspective, les chefs comme on le verra dans ce travail amorcé à partir du cas de Sa Majesté Djampou Tchatchouang Anick Julio de Bangoua et la Commune de Bangangté, deviennent des relais en puissance, des catalyseurs de la coopération décentralisée par divers répertoires d’actions. Entreprendre une réflexion sous cet angle revient à reconnaitre d’une certaine manière l’élargissement du spectre des fonctions latentes s’ajoutant à leurs fonctions manifestes originelles de dépositaires des pouvoirs coutumiers. Ce travail essentiellement basé sur des données empiriques récoltées sur le terrain s’appuie sur la méthode fonctionnaliste, notamment le fonctionnalisme renouvelé de Robert King Merton à travers les notions de fonction manifeste et de fonction latente, le tout se drainant vers la théorie transnationale des relations internationales (J. Nye, R. Keohane).
Résumé: Avec l’accélération de la mondialisation portée par l’interconnexion rapide des flux transnationaux de diverses natures, il devient quasiment effarant pour une unité sociale aussi minime fût-elle de vivre en vase close. Mieux encore, la mondialisation facilite au mieux la communication et la rencontre des unités sociales indépendamment des frontières étatiques d’appartenance. Au Cameroun, pays lancé dans un processus de décentralisation, les communes locales de plus en plus dotées de missions d’intérêts communs, incapables de répondre exclusivement aux besoins énormes des populations, sollicitent et même s’associent aux institutions étrangères pour la réalisation des travaux d’enjeux partagés entre les différentes parties. Cependant, les communes dans la démarche de la coopération décentralisée bénéficient pour ainsi dire du lobbying des autorités traditionnelles locales, lesquelles, par leur capital social, manœuvres et stratégies attisent les partenaires étrangers en direction de ces dernières. Dans cette perspective, les chefs comme on le verra dans ce travail amorcé à partir du cas de Sa Majesté Djampou Tchatchouang Anick Julio de Bangoua et la Commune de Bangangté, deviennent des relais en puissance, des catalyseurs de la coopération décentralisée par divers répertoires d’actions. Entreprendre une réflexion sous cet angle revient à reconnaitre d’une certaine manière l’élargissement du spectre des fonctions latentes s’ajoutant à leurs fonctions manifestes originelles de dépositaires des pouvoirs coutumiers. Ce travail essentiellement basé sur des données empiriques récoltées sur le terrain s’appuie sur la méthode fonctionnaliste, notamment le fonctionnalisme renouvelé de Robert King Merton à travers les notions de fonction manifeste et de fonction latente, le tout se drainant vers la théorie transnationale des relations internationales (J. Nye, R. Keohane).
Mots clés : Autorités traditionnelles, Commune, Coopération décentralisée, paradiplomatie.
Summary: With the acceleration of globalization driven by the rapid interconnection of transnational flows of various kinds, it becomes almost frightening for a social unit, however small, to live in a vacuum. Better still, globalization facilitates at best the communication and the meeting of the social units independently of the state borders of membership. In Cameroon, a country embarked on a process of decentralization, the local municipalities increasingly endowed with missions of common interest, unable to respond exclusively to the enormous needs of the populations, solicit and even join forces with foreign institutions to carry out the works. issues shared between the different parties. However, municipalities in the process of decentralized cooperation benefit, so to speak, from the lobbying of traditional local authorities, which, through their social capital, maneuvers and strategies attract foreign partners towards them. In this perspective, the chiefs, as we will see in this work initiated from the case of His Majesty Djampou Tchatchouang Anick Julio of Bangoua and the Commune of Bangangté, become potential relays, catalysts for decentralized cooperation through various repertoires of shares. Undertaking a reflection from this angle amounts to recognizing in a certain way the broadening of the spectrum of latent functions in addition to their original manifest functions as repositories of customary powers. This work essentially based on empirical data collected in the field is based on the functionalist method, in particular the renewed functionalism of Robert King Merton through the notions of manifest function and latent function, all draining towards the transnational theory of relations international (J. Nye, R. Keohane).
Keywords: Traditional authorities, Commune, Decentralized cooperation, paradiplomaty.
Introduction
De plus en plus, les résultats mitigés des projets pilotés par les agences de développement internationales en partenariat avec les structures étatiques ont attisé la méfiance des premières vis-à-vis des secondes. Ces dernières étant alors accusées de pratiques de corruption, néo patrimoniale, de détournement et le plus souvent de lenteur administrative dont le théâtre le plus explicatif demeure les lourdeurs bureaucratiques au point où, plus rares encore sont les projets qui arrivent à leurs termes dans les délais impartis. Fort de ce constat, les agences de développement se tournent progressivement plus directement vers les communautés locales en coopérant directement avec leurs responsables à travers la coopération décentralisée. Définie comme un « ensemble des programmes et des instruments d’action publique mobilisés par les collectivités territoriales pour développer des coopérations avec des pays en développement et/ou leurs collectivités territoriales »1, la coopération décentralisée qui émerge en France à partir des années 1980 à travers l’implémentation de la décentralisation, traduit un partenariat établi entre les communes d’au moins deux pays en vue de réaliser des projets profitables aux différentes parties.
Cependant, ce premier paradigme occulte quelque peu une face importante de l’iceberg qui, à bien des égards, recouvre d’autres réalités bien plus variées que les communes. C’est ainsi que les chefferies traditionnelles par leurs autorités se présentent progressivement comme des agents, mieux des acteurs de la coopération décentralisée. En effet, les démarches des dépositaires de la tradition auprès des partenaires internationaux sont essentiellement guidées par la quête des rentes capitalisables pour le développement de leurs terroirs. Néanmoins ce fait ne fait pas encore l’objet d’une abondante littérature en Afrique, si l’on occulte l’étude faite par Bertrand Salifou sur a coopération entre les institutions spécialisées des Nations-Unies et les chefferies du Burkina Fasso et du Benin. Sur la base des données fouillées, l’auteur fait observer que les chefs de ces deux pays apportent leur concours à la mise en œuvre des actions de ces institutions dans leurs localités respectives. Cela passe par la sensibilisation des populations à l’administration des vaccins par exemple2. Cette fonction est d’une grande importance quand on mesure le poids de la superstition autour des programmes de vaccination en contexte africain. L’analyse de l’action internationale des autorités traditionnelles camerounaises quant à elle reste cependant un chemin quelque peu en friche, un champ encore très peu exploré, mais dont on présume la fertilité dans le long terme, sur la base des faits. Par ailleurs, il revient de circonscrire l’analyse ici autour de l’exploration des activités internationales du Chef Bangoua capitalisées par la Commune de Bangangté. Pour le dire en d’autres mots, il s’agit de répertorier les initiatives prises par le chef Djampou, en faveur du rayonnement de cette Commune à l’international sous la gente de la coopération décentralisée. La présente réflexion essentiellement basée sur des données empiriques récoltées sur le terrain, s’appuie sur la méthode fonctionnaliste, notamment le fonctionnalisme renouvelé de Robert King Merton à travers les notions de fonction manifeste et de fonction latente, le tout se drainant vers la théorie transnationale des relations internationales (J. Nye, R. Keohane)3. Ainsi pourrait-elle s’étaler sur deux principales rubriques.
I-PRÉSENTATION DE LA CHEFFERIE BANGOUA ET IDENTIFICATION SOCIOPOLITIQUE DU CHEF DJAMPOU TCHATCHOUANG Anick Julio
Cette partie s’intéresse d’une part à la présentation de la chefferie Bangoua(1), et d’autre part à l’identification sociopolitique du chef Djampou Tchatchouang Anick Julio (2).
1-Présentation de la chefferie Bangoua
La fondation de Bangoua, socle de ce travail, chefferie de 2ème degré située dans l’Arrondissement de Bangangté, Département du Ndé, Région de l’Ouest-Cameroun remonte au 15e siècle. Elle serait l’œuvre d’un chasseur fougueux venu de Bandrefam du nom de Lekemegné. D’où le nom de baptême de « chefferie de chasseurs ». Cette dynastie rendue à sa 22e génération règne aujourd’hui sur une population estimée à près de 23. 000 habitants avec une carte scolaire assez lotie : 05 établissements secondaires, 10 écoles primaires, 04 écoles maternelles. Aussi, la prestigieuse carte sanitaire longtemps meublée par le célèbre hôpital protestant de Bangwa (1931) s’est vue élargir le spectre de sa capacité d’accueil avec la création et l’ouverture de deux centres de santé intégrés publics. Tout de même, le village connaît une économie florissante à travers l’installation d’une agence MC2 pour l’épargne et le crédit, d’une structure de transfert d’argent (express union). Ce secteur est animé par des populations vivant essentiellement de l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et le commerce étalé dans le célèbre marché colonial de Kamna.
Bangoua présente tout de même d’énormes attractions touristiques et culturelles que constituent entre autres : le projet de viabilisation de la colline écologique de Bangou (Baloué), des sites touristiques pittoresques, des danses et rites traditionnelles séculaires, mais aussi un musée communautaire assez fourni en objet d’expositions magnifiant les arts, la chasse et la tradition. Par ailleurs, le village est un pôle œcuménique avec des populations à la fois animistes (religion traditionnelle), protestantes, catholiques, musulmanes, pentecôtistes et témoins de Jéhovah. En plus d’être sous la protection des ancêtres ou même de l’arsenal royal, la sécurité des populations et de leurs biens à Bangoua est assurée par une brigade de gendarmerie supplée par un poste de police prioritairement orientée vers l’identification.
La dynastie Bangoua comme la plupart d’ailleurs au Cameroun a connu une rencontre aux expériences ambiguës avec l’extérieur, ce notamment avec l’administration française. En effet, si la pénétration française au Cameroun a permis l’installation dès 1931 d’un hôpital de référence, le plus équipé de la région à cette période, une retombée salutaire, il n’en a pas été toujours le cas pour d’autres initiatives. Car cette administration a entretenu des rapports houleux, tumultueux avec la dynastie allant comme ce fut le cas à Foumban jusqu’à déporter un roi pour le mettre en garde à vue à la prison de Dschang. Ainsi que le souligne le journal Festival Macabo 2017, 66e édition « l’immense histoire de Bangoua nous apprend que Foh NONO CHOTOUO, célèbre fondateur de la fête du macabo, arrière-grand-père du roi actuel Foh DJAMPOU TCHATCHOUANG Anick Julio, fut déporté à Dschang (chefferie Foto) par l’administration coloniale, le 18 décembre 1931. Il y séjournera pendant 18 ans loin de son peuple »4. Pendant ce temps l’administration coloniale qui croyait avoir dépecé par ce coup de force le dernier lierne de la dynastie rencontra la rudesse du conseil de 9 (conseil des notables) qui gardaient les meubles en assurant la gestion des choses courantes jusqu’au retour de Foh Tchotouo de l’exile le 19 février 1949. Heureusement pour ce dernier, il retrouvera son trône avant de le quitter définitivement en 1957 à sa mort qui mettait ainsi fin à 103 ans de règne. Son pair d’infortune Njoya ne connaîtra pas le même sort, il ne retournera plus à Foumban en vie car transféré à résidence surveillée à Foumban, il y décède le 13 Février 1933.
2-Identification sociopolitique du chef Djampou Tchatchouang Anick Julio
Avec l’arrivée au trône du jeune Djampou, le royaume connait une expérimentation progressive des relations harmonieuses avec les autorités françaises au premier rang desquelles les diplomates, les agences internationales de développement et même les personnalités d’autres pays. A la base de tout ceci, ce chef développe des stratégies en vue de capitaliser les plus des rentes en faveur du développement du terroir. L’un des référentiels de ces actions internationales demeure la quête de l’eau. D’où le titre donné à cette articulation. Nos informateurs et informatrices nous réconfortent dans cette position lorsque l’une d’elles affirme mordicus « l’eau potable coule à Bangoua à cause du roi » lors de nos enquêtes exploratoires en 2018. Mais qui est ce jeune chef aussi dynamique, quelle est sa trajectoire, et à partir de quels éléments procéder à son identification sociopolitique ?
Le prince Djampou Tchatchouang Anick Julio, avait débuté les cours en classe de 2nde au lycée classique de Bangoua avant d’être appelé à rejoindre les fonctions traditionnelles le 1er décembre 2001 à la suite du décès de son père. Son amour pour les études le conduit comme une foudre de guerre à se départir par moment de l’autel royal luxueux pour suivre des enseignements. Il le fait d’ailleurs avec succès qu’il complétera en un temps imparti son cursus scolaire en obtenant d’abord le probatoire et enfin cerise sur le gâteau le Baccalauréat. Fourbi de ces parchemins, notre Majesté ne se lasse pas. Comme tout bon chasseur elle veut davantage les glaner. Au fil du temps, il parviendra à allier ses hautes charges traditionnelles aux études supérieures en entament des études supérieures à l’Université de Dschang qui connaitront un succès fulgurant avec l’obtention d’un Master en 2019 en développement local, tourisme, développement durable. Ce cadre contractuel d’administration au Ministère de l’urbanisme et de l’habitat, en service à la délégation régionale de l’Ouest, n’entrevoit pas sitôt quitter définitivement les bancs. Dans un entretien que notre Majesté nous a accordé le 17-11-2019, il semble l’attester lorsqu’il affirme « pour moi, on apprend chaque jour » et plus encore « je continue à m’instruire Monsieur Arouna ». Auparavant, Sa Majesté a suivi une formation au cycle international spécialisé d’administration publique : option valorisation du patrimoine et aide au développement à l’ENA de Paris. Actuellement, elle entreprend prendre une inscription en thèse à l’Université de Dschang. Cette formation solide constitue sans doute une ressource qui lui permet dans un premier temps de courtiser des investisseurs pour capter des rentes pour le développement de sa chefferie supérieure.
II-LES DETERMINANTS DE L’APPUI DU CHEF BANGOUA A LA COMMUNE DE BANGANGTE EN MATIERE DE COOPERATION DECENTRALISEE
Le progressif déploiement du chef Djampou Tchatchouang Anick Julio sur la scène internationale est capitalisé par la Commune de Bangangté, qui s’y appuie énormément pour s’affirmer progressivement sur la scène internationale. Or, cette activité se présente en plusieurs volets même si la plus connue reste tournée principalement vers l’hydraulique. D’où l’articulation de cette partie en trois rubriques.
1- De la quête de l’eau potable comme enjeu du lobbying de Sa Majesté à l’international
Lorsque Sa Majesté accède au trône, il trouve une population gisant sur les maladies causées pour la plupart par la qualité de l’eau consommée. Des maladies hydriques dira-t-on. Prenant la mesure de cette situation l’autorité traditionnelle entreprit des initiatives propres ou en coaction. Comme le prescrit le proverbe biblique « aide toi et le ciel t’aidera », elle prêchera par le bon exemple en entreprenant par elle-même, la construction d’un captage d’eau sur la colline du lycée technique avant de solliciter l’aide des partenaires locaux et internationaux. Ainsi, lors de sa visite de prise de contact avec ses fils de France, elle préleva dans une bouteille une quantité d’eau consommée par les populations locales à Bangoua afin d’attirer l’attention de ses hôtes sur l’urgence d’agir dans le domaine de l’assainissement. Au départ, l’initiative ne rencontra pas l’adhésion de ses fils de cette métropole pour au moins deux raisons. Dans un premier temps, les enfants de la diaspore Bangoua vu la jeunesse du Chef et les dérives qui l’accompagnent souvent, redoutaient le détournement des fonds alloués à d’autres fins inavouées. Notre Majesté semblait en premier lire cela dans leur esprit. Pour cette dernière, « ils avaient peur que leur argent ne soit dilapidé avec les Nana5 ». D’autres par contre, se proposaient d’offrir un véhicule au Chef pour faciliter ses déplacements à son retour au pays. Le chef aurait pu valider la seconde proposition qui lui était au premier chef profitable. Mais comme un chef est appelé à veiller à la recherche du bien-être de la population, le chef manifesta son ire en claquant prématurément la porte de ses assises. Cette stratégie connut du succès, puisque ses interlocuteurs reviendront non seulement sur leurs points de vue divergents et même feront des tractations auprès des reines afin que ces dernières portent leur supplication à l’endroit du Chef. Ainsi prit progressivement forme le projet d’eau de Bangoua. Telles des étoiles oscillant autour de la lune, chacun à son niveau mobilisera des partenaires au service du Chef pour la réussite ce projet.
De son côté, le chef ne dormira pas sous ses lauriers. En 2007, il effectue un voyage de coopération dans le cadre de ce projet et de l’assainissement. C’est à travers cette initiative que la commune de Bangangté deviendra membre de l’Association Internationale des Mairies Francophones(AMIF), association dont la Maire de Bangangté Celestine Ketcha Courtès deviendra Présidente quelques années plus tard. Les premiers fruits de cette aventure sont la dotation de la Mairie de deux camions d’assainissement et l’aménagement de la voirie municipale. Promue, Ministre de l’habit et du développement urbain à la faveur du réaménagement gouvernemental du 04 Janvier 2019, cette dernière a prêté les services de ces camions pour l’épuration des caniveaux dans la ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun. Par cette initiative, on voit clairement que le chef chasseur sert d’entregent de lobbying sur la scène internationale en faveur de la Commune de Bangangté, et même du Département du Ndé. Par ailleurs, il n’est pas trop excessif de voir en cet emprunt des engins par l’État un symbole fort de positionnement de la Commune de Bangangté comme modèle de décentralisation avancée exhibé sur l’échiquier national. Cette labélisation ainsi construite à la base par la bravoure du Chef Bangoua améliorerait certainement l’appui des pouvoirs publics à la faveur de cette commune quand l’on sait la prédisposition de l’État camerounais à choyer son meilleur élève de la décentralisation.
A la vérité, tirant grand profit de la dextérité de son chef, le projet d’assainissement de Bangoua qui s’étendait sur toute l’étendue de la superficie de la chefferie à travers ses 18 quartiers a été soutenue par une multitude de partenaires internationaux à savoir: Veolia Environnement en France, la Ville de Paris, l’ONG les Enfants du Ndé, le Syndicat des eaux de l’Ile de France, l’agence Eau Seine Normandie, l’Association internationale des Maires Francophones, l’Union Européenne, le Programme route des chefferies, Europe Cameroun Solidarité, le label Co-développement sud de la ville de Paris… Lesdits appuis furent multiformes et variées, partant du concours financier et même de l’assistance technique pour la plupart. Les premières gouttes d’eau ont coulé des tuyaux longtemps avant l’inauguration officielle en 2015 par l’ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon.
Toujours sur le volet de l’hydraulique, notre Majesté a œuvré pour l’avènement du projet Water for life à Bangoua. Le Magazine Festival Macabo 2017 en sa page 10 nous promène dans ce projet.
« Le projet ‘Water for Life’(Wali) lira-t-on , est un projet initié par WebDev Foundation et ses partenaires de l’ONG ABARKA et TADEH et dont l’objectif principal est l’accès à l’eau potable aux plus défavorisés de la manière la plus durable, tout en incluant le volet entrepreneuriat rural dans le domaine de l’eau comme source de génération de revenue pour la société.
Ce projet initié en 2016 est rendu à sa phase test à Bangoua depuis le 15 Octobre 2017. Ce que nous retiendrons de cette initiative est qu’elle porte sur trois piliers fondamentaux à savoir : le transfert de technologie et de savoir, l’auto-emploi et la promotion de la santé.
Soutenu par la communauté Bangoua via sa Majesté Djampou Tchatchouang Anik Julio, le projet est en voie de produire une dizaine de techniciens en la matière. Un modèle test de la pompe a été monté avec du matériel acheté sur le marché camerounais (…), un système de captation des eaux de pluie [installé] chez le chef du quartier de Kamna.
Ces installations servent de lieux de pratique et d’expérimentation pour les participants et aussi pour le reste de la communauté ».
Par ceci, ce projet touche le ventre mou des grands projets de coopérations en Afrique en général et particulièrement au Cameroun. En effet, il est reproché aux différentes parties de ne pas tenir compte du volet transfert de technologie qui consiste à former une main d’œuvre locale capable d’assurer au départ des coopérants l’entretien des infrastructures. Un défi récurrent auquel succombent la plupart des projets. Par-dessous le marché, cela diminuerait le chômage dans les localités bénéficiaires.
A la question de savoir pourquoi s’attarder tant sur la quête de l’eau, ce leader institutionnalisé argue que l’eau est source de bénédiction. D’ailleurs, l’on note à la suite de Haman Mana à Bangoua, la célébration du festival de l’eau depuis 2005, au cours de laquelle « le royaume laisse couler de l’eau pendant une semaine à la place des fêtes. C’est le festival de l’eau, la représentation d’une terre qui se débarrasse de ses souillures et appelle les bénédictions éternelles »6. Même les chefferies du Tchad reconnaissent la pureté de l’eau car pour elles, « l’eau est un don de Dieu et l’accès à cette ressource ne doit pas faire l’objet de servitude »7.
La politique extérieure du Chef supérieure Bangoua ne se résume pas exclusivement à l’hydraulique, elle a aussi une dimension culturelle et touristique à explorer.
2-Les dimensions culturelles et touristiques de la diplomatie du roi chasseur
La diplomatie du roi chasseur a également une envergure culturelle et touristique. Or, la culture se définit d’après Clifford Geertz comme un « système de significations communément partagé entre les membres d’une collectivité sociales qui en font usage dans leurs interactions »8. C’est dans la même perspective que le Lexique de Science politique la perçoit. Selon ce manuel, la culture s’entend comme l’« ensemble de significations partagées( société, communauté, profession, pays, région, village, etc.) le caractérisant et le distinguant d’autres groupes sociaux »9. À la suite de ces deux définitions, il ressort clairement que la culture traduit des habitus, comportements durables renvoyant à une communauté précise. En effet, parce qu’elle structure les comportements de la plupart des membres d’un groupe, la culture constitue de ce fait un élément capital de leur identité. Ainsi, la quête de la connaissance de la culture des sociétés extérieures amène les individus à s’investir dans le tourisme définit par l’institut national de la statistique et des études économiques en France comme un en ensemble d’« activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu visité »10 .
Dans le contexte de la mondialisation, animé par le souci de la promotion de la culture Bangoua et camerounaise en général, le chef a procédé à le 17-06-2017 à l’inauguration officielle de la Kamerun-Haus-Berlin. L’idée d’une telle initiative lui serait venue à la suite d’une formation aux métiers du patrimoine à l’Ecole Nationale d’Administration de Paris-CISAP 2016. L’exploration sommaire de la macrostructure de cette infrastructure laisse voir 01 galerie d’art, 01 académie, 01 office de tourisme, un espace de jeux pour enfants. Son management quotidien est assuré par une équipe de talent composée de quatre personnes. En seulement deux années de vie, l’organisme implanté sur une superficie de 100m2 comptabilise déjà à son actif : près de 10 conférences organisées sur le tourisme et le patrimoine, plus de 30 entrevues avec les médias internationaux, 02 ouvrages publié sur le patrimoine culturel, 05 voyages de presse organisés et plus de 10 expositions et vernissages dans les galeries et salons de tourisme européen, d’innombrables rencontres d’échanges, d’idées et d’expériences. C’est donc une initiative à visée louable permettant de venter la destination Cameroun à partir de l’Allemagne, un instrument de conquête douce du monde, car selon un adage dont Majesté aime à le pasticher « mieux vaut s’imposer que de subir ».
Au niveau local, le fleuron le plus actuel d’exposition de la culture Bangoua est le Mussée baptisé « Musée de Chasse et des traditions Bamiléké ». Une œuvre gigantesque inaugurée pendant la fête de macabo 2011 par leur excellence, Messieurs les Ambassadeurs de l’Unesco, de la France au Cameroun et le Vice Premier Ministre, Secrétaire Général du RDPC.
Sous un angle tout à fait symbolique, des titres de notabilité sont accordés à titre honorifique aux partenaires, une reconnaissance de leurs œuvres sociales à Bangoua. Pour ne s’arrêter qu’à quelques exemples, l’Ambassadeur de France Bruno Gain a été élevé au titre de « Ghah Nkap », titre réservé aux grands notables à la cour royale. Tout de même, lors de l’édition 2007 du festival de l’eau, Madame Frédérique Hery de Veolia a été admise aux fonctions de Mefo Negong, titre très couru généralement décerné aux femmes bienfaitrices dans la communauté.
Par ailleurs, les nombreuses potentialités touristiques dont sécrètent cette localité constituent un objet d’attraction pour les nationaux et les expatriés avec une multitude de sites où peuvent être développées des activités de randonnée thématisée autour de la chasse et du végétal.
[...]
1 Nay, O.(dir)(2008), Lexique de science politique. Vie et institutions politiques, Paris, DALLOZ, 2008, p99.
2 Salifou, B. (2006-2007), Les chefs traditionnels et leur participation au pouvoir politique en Afrique : les cas du Burkina Faso et du Niger, Thèse de Doctorat en science politique, Université de Reims Champagne-Ardenne.
3 Roche, J.-J.(2010), Théories des relations internationales, Montchrestien, Paris, Montchrestien, 8e édition.
4 Festival Macabo (2017).4
5 Nana: Appellation réservée aux filles libres dotées de beauté dans le dialecte populaire au Cameroun.
6 Mana, H., Bisseck, M.(dir). (2010). Rois et Royaumes Bamiléké, Les éditions du Schabel, 206
7 Rôle de la chefferie traditionnelle dans le succès des initiatives locales de développement. Cas de la gestion des ressources durables, support séminaire organisé à Yaoundé par la GIZ, 04 décembre 2019, note no 38 infra P.24
8 Hermet, G., et al. (2007). Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Paris, Armand Colin, 8e édition,72
9 Nay, O.(dir), Op.cit., 144
10 https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1094 consulté le 16-12-2019 à 13h02
- Arbeit zitieren
- Arouna Mefire Nsangou (Autor:in), 2023, Autorités traditionnelles camerounaises et appui à la mise en œuvre des actions de coopération décentralisée, München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1328863
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