Dans le cadre de ce travail, il s’agira d’évaluer les externalités environnementales des déchets d’équipements électroniques et électriques dans la ville de Cotonou par l’une des méthodes d’évaluation des externalités. Pour ainsi aboutir, on s’intéressera aux Consentements à Recevoir (CAR) des détenteurs exposés aux nuisances des DEEE mais qui acceptent de participer à un programme de gestion. Puis déterminer les facteurs qui expliquent ces CAR.
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 : Cadre théorique de l'étude
1.1- Problématique et questions de recherche
1.2- Objectifs et hypothèses de recherche
1.3- Revue de littérature
Chapitre 2 : Cadre méthodologique de l'étude et flux des DEEE au Bénin et dans la ville de Cotonou
2.1- Cadre méthodologique de l'étude
2.2- Flux des EEE et DEEE au Bénin
2.3- Flux des DEEE dans la ville de Cotonou
Chapitre 3 : Analyse des Résultats et suggestions
3.1- Analyse statistique des données de l'enquête
3.2- Analyse statistique et économétrique du Consentement à Recevoir par les réparateurs et maintenanciers
3.3- Suggestions
Conclusion
Références bibliographiques
Dédicace
A
AGNOUN Kossou Cossi KINGNIVO Philomène
Remerciements
Nous adressons nos sincères remerciements
- Au Professeur CHABOSSOU Augustin Foster, pour avoir accepté encadrer ce travail.
- Au coordonnateur du programme PTCI, le Professeur ALINSATO Alastaire, pour son engagement dans le respect des délais du programme.
- Au corps enseignant de l'école doctorale de la FASEG, pour avoir assuré nos deux ans de master en enseignement de qualité.
- Au professeur OMGBA Luc Désiré de l'Université Paris Nanterre, pour son encouragement et ses orientations.
- A nos amis de promotion du LEP et des autres laboratoires de l'école doctorale de la FASEG pour leurs conseils très instructifs.
- A monsieur PARAÏSO Aziz Armel pour l'encouragement, le soutien moral et surtout financier.
- A l'irremplaçable ami frère « hors Université », DEHOUE Odilon qui me permit d'être autre chose qu'un homo academicus; je n'ai pas de qualificatifs pour exprimer tout ce dont j'ai bénéficié de toi.
- A mes frères et sœurs Pétrosky, Thierry, Euloge, Gabin, Blandine, Diane et Donanice. A Pétrosky je dis merci pour son sacrifice. Et mes neveux et nièce Géraud, Yaniel et Ysaline.
- Au conseiller et bidouilleur polyvalent Yves de l'autre côté du septentrion, j'exprime toute ma gratitude pour ses multiples coups de main le long de cette formation.
- A ces personnes à qui je dois beaucoup à plus d'un titre. Je salue avec affection et un brin de nostalgie les frères EZIN, Jérôme, Benz, Durano, Enock, Habib, Bienvenu, Hospice, Esaïe, Nadège, Fréjuis, Angela-Kpèdétin et sa maman et tous les autres.
- A la famille GODONOU pour le soutien bénéficié de sa part. Et je me permets de rassurer le lecteur : si j'ai vécu ces deux années de master avec plaisir, je les clos avec un bonheur bien plus vif encore. Car Carine et Roméo-Cossi m'accompagnent désormais tous les jours.
Résumé
La présence d'externalités environnementales liées aux déchets d'équipements électroniques et électriques (DEEE ou e-déchets) dans la ville de Cotonou nécessite l'intervention des pouvoirs publics. La présence de quantités importantes des e-déchets a des effets négatifs sur l'environnement. Ainsi pour atteindre cet objectif, la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC) est utilisée. Certaines variables présentent d'effet seuil. La MEC a permis de déterminer les Consentements à Recevoir (CAR) moyens qui est de 2752,669 FCFA pour le kilogramme des déchets électroniques et de 1067,914 FCFA pour les déchets électriques. L'âge a une influence négative et significative sur le CAR pour les déchets électroniques et avant l'âge de 45 ans les réparateurs et les maintenanciers sont plus favorable à recevoir un montant pour les libérer. Le poids de déchets électriques a une influence positive et significative sur le CAR déclarés par les réparateurs et les maintenanciers pour les déchets électriques. Les réparateurs et les maintenanciers des équipements électriques sont moins prêts à libérer leurs équipements obsolètes en contrepartie d'une somme après 22 ans d'exercice dans le métier. Le modèle de Heckman est utilisé pour prendre en compte un éventuel biais de sélection.
Mots clés: externalités environnementales, DEEE ou e-déchet, évaluation contingente.
Codes JEL: D62, H23, Q51
Abstract
The presence of environmental externalities related to waste electronic and electrical equipment (WEEE or e-waste) in Cotonou requires according, the implication of public authorities. The presence of large amounts of e-waste has negative effects on the environment. Thus to achieve this objective, the Contingent Assessment Method (CEM) is used. Some variables have a threshold effect. The MEC made it possible to determine the average Consents to Receive (CAR) which is 2752.669 FCFA for the kilogram of electronic waste and 1067.914 FCFA for electrical waste. Age has a negative and significant influence on the CAR for electronic waste and before the age of 45 repairers and maintainers are more favorable to receive an amount to release them. The weight of electrical waste has a positive and significant influence on the CAR declared by repairers and maintainers for electrical waste. Electrical equipment repairers and maintainers are less willing to release their obsolete equipment for a fee after 22 years in the business. Heckman's model is used to take into account a possible selection bias.
Keywords: environmental externalities, WEEE or e-waste, contingent evaluation.
JEL Codes: D62, H23, Q51
Sigles
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Liste des tableaux
Tableau 1 : les variables de l'équation de sélection
Tableau 2 : variables de l'équation substantielle
Tableau 3a : poids moyen par équipement électronique
Tableau 3b : poids moyen par équipement électrique
Tableau 4 : quantités estimées des déchets par équipement auprès des enquêtés
Tableau 5 : CAR moyen par catégorie et type d'équipements
Tableau 6 : disparités au niveau des CAR pour les seuls participants
Tableau 7 : résultats de l'estimation pour les déchets d'équipements électroniques
Tableau 8 : résultats de l'estimation pour les déchets d'équipements électriques
Liste des figures
Figure 1 : consentement à recevoir
Figure 2 : récapitulatif des flux des DEEE
Liste des graphiques
Graphique 1 : masse des DEEE générés au Bénin par extrapolation linéaire
Graphique 2: masse des DEEE générés au Bénin par extrapolation linéaire
Graphique 3: composition des DEEE dans la ville de Cotonou
Graphique 4a : estimation du poids des déchets électroniques produits par les ministères
Graphique 4b : estimation du poids des déchets électriques produits par les ministères
Graphique 5 : quantité estimée des déchets électroniques au niveau des réparateurs et maintenanciers enquêtés
Graphique 6 : quantité estimée des déchets électriques au niveau des réparateurs et maintenanciers enquêtés
Graphique 7 : partenariat avec les recycleurs
Graphique 8 : existence de système de recyclage
Graphique 9 : réutilisation des DEEE
Graphique 10 : mode de gestion des EEE irrécupérables
Graphique 11 : connaissance de la dangerosité des DEEE par les réparateurs et maintenanciers
Graphique 12 : faits justificatifs de la connaissance des effets négatifs des DEEE
Introduction
L'influence de l'activité humaine sur l'environnement et sur les changements climatiques est une question de plus en plus préoccupante pour la vie sur terre. Dans le même temps, le déploiement des technologies de l'information et de la communication (TIC) s'accélère dans le monde entier. Ainsi, les citoyens sont de plus en plus nombreux à accéder à la société mondiale de l'information et à l'économie numérique et à bénéficier des opportunités qui en découlent (Baldé et al, 2017). Cette situation occasionne la production et l'utilisation sans précédent d'importants volumes des produits électriques et électroniques de consommation. C'est ainsi que les secteurs de l'industrie électrique et électronique nous séduisent avec des gadgets rendant notre vie plus pratique et ces activités sont en forte croissance. La croissance des activités de ce secteur devra servir de levier pour accélérer le développement économique et social (Diop et al, 2014). C'est dans cette logique que pour faire du Bénin, à l'horizon 2025 le quartier numérique de l'Afrique le gouvernement béninois a décidé d'exonérer toutes les taxes (fiscales et douanières) et s'est vu envahir par les équipements électriques et électroniques (EEE). Mais malheureusement, les équipements numériques récents ont une durée de vie de quelques années seulement, voire de quelques mois, et leurs technologies s'avèrent rapidement obsolètes puisqu'ils fonctionnent grâce à des courants électriques ou à des champs électromagnétiques (PNUE, 2005). Aussi, l'urbanisation et l'industrialisation dans de nombreux pays en développement entraînent une augmentation des quantités d'équipements électriques et électroniques et, par voie de conséquence, de plus grandes quantités de Déchets d'Equipements Electroniques et Electriques (Baldé et al, 2017).
Toutefois, une proportion aussi faible d'EEE peut produire des quantités considérables de Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques (DEEE) ou e-déchets. Outre les déchets électroniques produits par la consommation intérieure, une quantité non négligeable est importée volontairement ou involontairement à travers le commerce d'EEE usagés (Schmidt 2006). Enfin de cycle de vie, ces EEE sont classés dans la catégorie des déchets dangereux et présentent des impacts environnementaux significatifs, en termes d'utilisation de ressources, d'émissions de gaz à effet de serre ou encore de pollution des milieux par des substances toxiques.
La gestion de ces équipements quand ils sont en fin de cycle pose des problèmes sanitaires et environnementaux, en raison du caractère dangereux de leurs composants. Contrairement aux déchets classiques, la spécificité des DEEE n'est pas liée à leur quantité, mais est due à leur seule présence dans l'environnement (Williams, 2005). Bien qu'ils soient dangereux, les DEEE contiennent des métaux précieux entrant dans la fabrication de certains composants, comme le cuivre, l'or et du plastique. Ainsi la réduction de la pollution de l'environnement que provoque l'élimination ou le recyclage de ces déchets en augmentant la durée de vie des appareils et en améliorant la valorisation des matériaux qu'ils contiennent permettrait un développement durable pour nos communautés (PNUE, 2009).
Dans le cadre de ce travail, il s'agira d'évaluer les externalités environnementales des déchets d'équipements électroniques et électriques dans la ville de Cotonou par l'une des méthodes d'évaluation des externalités. Pour ainsi aboutir, on s'intéressera aux Consentements à Recevoir (CAR) des détenteurs exposés aux nuisances des DEEE mais qui acceptent de participer à un programme de gestion. Puis déterminer les facteurs qui expliquent ces CAR.
Chapitre 1 Cadre théorique de l'étude
Dans ce chapitre, il est question de présenter le cadre théorique de l'étude qui expose la problématique des déchets d'équipements électroniques et électriques sur l'environnement. Ainsi, afin de mieux cerner cette problématique, des questions de recherches ont été posées. Pour répondre à ces différentes questions, des objectifs ont été fixés puis des hypothèses ont aussi été formulées. Une synthèse des travaux antérieurs sur le sujet a été faite dans la revue de littérature.
1.1- Problématique et questions de recherche
1.1.1- Problématique
Les équipements électroniques et électriques occupent une place grandissante tant dans nos maisons que dans les bureaux. Leur durée de vie réduite se traduit par une accumulation de multiples appareils (ordinateurs, smartphones, routeurs, moniteurs, etc.) à peine utilisés, endommagés ou tout simplement obsolètes. Ces produits sont très demandés et payés à prix d'or à leur sortie mais terminent leur vie dans les dépôts de déchets occasionnant des nuisances à la nature. Ainsi, les externalités produites par ces équipements délaissés se définissent comme l'effet de l'action d'un agent économique en jetant par exemple son gadget obsolète dans un dépotoir sur un autre qui s'exerce en dehors du marché. Les externalités des déchets peuvent prendre plusieurs formes telles que les pollutions de l'air, de l'eau ou des sols et des effets négatifs sur la santé humaine.
L'utilisation des EEE génère des externalités négatives à travers les déchets qui y sont issus lorsqu'ils sont en fin de cycle de vie et sont abandonnés dans la nature sans aucun moyen de mise en valeur. Cependant, les externalités négatives portées par les DEEE peuvent être négligées lorsque les politiques misent en place prennent en comptes les principes développement durable. L'un des principes par exemple de ce secteur ayant un impact sur l'environnement est que l'on doit être en présence d'une économie qui a la capacité de mettre en place des systèmes de traitement et de valorisation de ces déchets générant ainsi des externalités positives (Parlement Européen, 2003). Au cours de la COP 23 (2017) il a été retenu que la prévention et la valorisation des déchets permettent d'éviter des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs de l'économie. Les réduire est donc primordial pour atteindre non seulement les objectifs fixés par l'Accord de Paris mais aussi les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU. D'autres mesures permettent la protection de l'environnement tel que l'utilisation des instruments économiques. Ainsi l'utilisation des instruments économiques dans un objectif de protection de l'environnement et de développement durable consiste à accroître les coûts des activités ayant des incidences négatives sur l'environnement, ou à réduire les coûts des activités bénéfiques à l'environnement. S'inscrivant dans la logique de l'atteinte des ODD et ayant pris conscience des externalités des déchets sur l'environnement, les pays ont institué des politiques de gestion des déchets surtout des Déchets Solides Ménagers (DSM). Mais des politiques de gestion de types de déchets dangereux entre autres les Déchets d'Equipements Electroniques et Electriques (DEEE) n'existent presque pas dans les Pays en Développement (PED). Ainsi, peu de décideurs voient le déchet en termes d'environnement, leur gestion devient l'affaire des municipalités (Waas, 1990). Le manque de politiques publiques exigeant des normes pour la gestion de ces déchets fait que le processus d'élimination se résume souvent à une combustion à l'air libre et un recyclage dans les circuits informels sans respect des processus de qualité, sécurité et environnement. Ces déchets sont soit enfouis ou incinérés, soit envoyés vers des pays émergents vers les PED (Yu, Williams, Ju, et Yang, 2010). La situation au Bénin est très alarmante puisque les problèmes environnementaux liés à ces déchets, jetés çà et là dans l'atmosphère sont la dégradation des sols, la pollution de l'air, la contamination des eaux (nappes phréatiques, rivières). Malheureusement ces DEEE se retrouvent sur les dépotoirs, aux abords des rues, sur le lieu d'enfouissement sanitaire de Ouèssè. Quelques études ont rapportés une pollution environnementale importante dans plusieurs régions du pays. Les plus connues sont celles qui ont abrité les dépotoirs à Cotonou (Agontinkon) et Abomey Calavi (Hêvié) (MEPN, 2011).
Au vue de cette situation, certains acteurs, aussi bien publics que privés, ont manifesté la volonté de proposer des services de collecte adéquats pour faire face à ce défi environnemental dû à cette augmentation importante de la quantité de déchets dangereux. Cette détermination s'explique par l'élaboration de nouveaux dispositifs réglementaires, la mise en place de nouveau programme, la forte intervention du secteur privé et l'appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). À ce titre il a été mis en place un programme décennal de la collecte, tri, stockage puis traitement des déchets électriques et électroniques sur toute l'étendue du territoire réparti en trois phases (Biaou, 2012). La première phase du programme de 2012 à 2015 est consacrée aux communes à statut particulier. La deuxième phase de 2015 à 2018 est axée sur les chefs-lieux des départements y compris Abomey-Calavi et la troisième prendra en compte les chefs-lieux de communes qui ne sont ni chefs-lieux de communes à statut particulier, ni chefs-lieux de départements, soient 65 communes, y compris Godomey. En effet, dans un univers où la consommation d'appareils électroniques est en hausse constante avec pour conséquence une pression sur l'environnement de plus en plus grande, il semble important de considérer dans la prise de toutes politiques de gestions des déchets de ce type l'influence de l'usager, depuis l'acquisition d'un produit jusqu'à son élimination. Ainsi l'influence de l'usager dans le cycle de vie d'un bien électrique et électronique peut être significative (Bhamra et al, 2011).
La question des déchets reste inquiétante à double titre : à la fois par leur quantité exponentielle et par la difficulté à les recycler. Le problème posé par ce type de déchet est apparu quand les municipalités se sont rendues compte qu'elles ne pouvaient pas gérer ce nouveau fardeau qui s'immisçait dans le flux d'ordures ménagères. Selon la Banque mondiale (2012), le volume des déchets générés par les citadins passera de 1,3 milliard de tonnes par an soit environ 1,2 kilogramme par tête par jour (kg/tête/jour) à 2,2 milliards d'ici à 2025. D'après le PNUE (2013), les DEEE constituent plus de 5% des déchets municipaux mondiaux, et constituent la catégorie de déchets qui croit le plus rapidement. Ces déchets ont un taux de croissance trois fois supérieur à l'augmentation moyenne des déchets municipaux. Notons que tous les pays du monde réunis ont généré une quantité stupéfiante de 44,7 millions de tonnes, soit l'équivalent de 6,1 kilogrammes par habitant (kg/hab) de déchets d'équipements électriques et électroniques par an en 2016, comparé aux 5,8 kg/hab générés en 2014 mais 20% seulement ont été recyclées par le biais de canaux appropriés (Baldé; Gray; Forti; Kuehr, 2017). A ce rythme ces déchets pourraient atteindre les 52,2 millions de tonnes (6,8 kg/hab) d'ici 2021. Le manque de données complètes a jusqu'ici rendu difficile à saisir l'ampleur du problème (Kuehr. 2013). Au Bénin, ce manque de données persiste et la prise de conscience par rapport au DEEE reste encore faible (MCVDD, 2016). Ainsi, une amélioration de la qualité des données représente une étape importante pour résoudre le problème que posent ces déchets. Grâce aux statistiques, il est plus facile de suivre l'évolution dans le temps, de définir et d'évaluer des objectifs et d'identifier les bonnes pratiques concernant les politiques. La disponibilité des données de meilleures qualités aidera à limiter la production de ce type de déchets, à empêcher les déversements illicites et le traitement inadéquat de ces déchets, à promouvoir le recyclage et à créer des emplois dans les secteurs du reconditionnement et du recyclage (Baldé; Gray; Forti; Kuehr, 2017). L'estimation de ces déchets peut être difficile dans les pays africains et au Bénin en particulier pour diverses raisons entre autres l'entrée frauduleuse de la plupart des équipements neufs comme de deuxième main, soit en provenance du Nigeria, soit d'autres pays et ne sont donc pas enregistrés dans les statistiques. Mais En 2010, le Centre d'Etudes, de Formation et de Recherches en Développement (CEFRED) a mené pour mieux saisir les avantages et les inconvénients des DEEI. Les résultats de cette étude ont permis de faire l'état des lieux de la situation des DEEI au Bénin et de fournir des connaissances sur les formalités adéquates de bonnes gestions, de réglementation et de valorisation de ces déchets pour un développement durable. Ainsi, Selon cette étude, 4100 tonnes des déchets proviennent des équipements issus de la consommation (ménages, grands consommateurs, cyber etc.) et 500 tonnes sont directement importés par an. Ainsi, 1840 tonnes de ces DEEE sont mis en décharge (dépotoir, stocké au magasin, incinéré, etc.). Seulement 1580 tonnes sont valorisés par les techniques traditionnelles de recyclages qui restent informelles.
Même s'il y a d'amples informations sur l'impact environnemental et sanitaire négatif des méthodes primitives de recyclage des DEEE. Les DEEE hors d'usage après maintes réparations sans succès ne subissent aucun traitement approprié dans les différentes régions du pays. Il faut remarquer que les résidus non valorisables de DEEE sont gardés dans les magasins, rejetés sur les dépotoirs sauvages, enfouis à proximité des ateliers de réparation ou brûlés. Au Bénin il n'existe aucune infrastructure de traitement des fractions dangereuses des DEEE. Le pays ne dispose donc d'aucune unité permettant de traiter ou d'éliminer les déchets dangereux dans les conditions respectueuse de l'environnement. Ces DEEE sont proliférés aux abords des rues ou dans les dépotoirs sauvages. Cette méthode de gestion des DEEE favorise les nuisances qu'ils occasionnent dans les milieux.
Les précautions environnementales liées à ces déchets n'ont pas pu être prises en comptes dans les différentes politiques au Bénin. Ainsi, la non-prise en compte de ces précautions face à la consommation exponentielle des EEE, entraîne des problèmes liés à l'environnement et à la santé publique (CEFRED, 2010) et ces problèmes sont principalement dus aux matériaux dangereux contenus dans ces équipements. Aussi faut-il dire que les déchets deviennent plus dangereux, lorsque sans aucun traitement, ils sont mélangés aux ordures et jetés dans les décharges non appropriées. De plus, les substances toxiques contenues dans ces déchets se retrouvent dans la chaîne alimentaire à travers les activités telles que l'agriculture, l'élevage et la pêche (Greenpeace International, 2007) et par ricochet, l'homme se trouve dangereusement contaminé (Grossman, 2006). Toutefois, les DEEE ne sont pas que dangereux pour l'homme et son environnement mais peuvent représenter des opportunités économiques infinies lorsque la gestion est basée sur l'économie circulaire dont l'un des piliers est la revalorisation des déchets (COP 21, 2015). Procédant à leur revalorisation on peut y tirer des métaux précieux entrant dans la fabrication de certains composants tels que le cuivre et l'or. Aussi, les matières plastiques peuvent-elles être utilisées à des fins énergétiques dans la mesure où leur brûlure ou combustion ne pose pas de dommage supplémentaire. C'est ainsi qu'à la COP 22 (2016) des pratiques faciles et économes de valorisation des DEEE ont été instaurées telles que la mise en place des bornes de tri séparées, l'assurance que les DEEE sont bien triés et confiés à un centre de recyclage adapté et le privilège de l'entretien et la réparation des DEEE à l'achat neuf pour soutenir la filière du recyclage. Au Bénin, cette mesure n'a pu être mise en œuvre malgré la volonté de certains acteurs tels que les réparateurs, les maintenanciers, les entreprises privées, et même certains ménages de faire recycler les déchets dont-ils détiennent. Cet état de choses est dû au manque d'un cadre règlementaire et juridique pour la gestion de ce type de déchets. Au regard de l'attention accordée à ce secteur, il s'avère donc important de poursuivre les études sur les réelles externalités environnementales causées par ces équipements obsolètes dans la nature. C'est dans cette perspective que dans le cadre de cette étude les questions suivantes ont été posées pour mieux comprendre et évaluer les véritables problèmes liés à la production des DEEE dans la ville de Cotonou.
1.1.2- Questions de recherche
Les interrogations suivantes ont été posées :
1.1.2.1- Question générale
Comment sont évaluées les externalités issues des déchets d'équipements électroniques et électriques dans la ville de Cotonou ?
On se pose plus spécifiquement les questions suivantes :
1.1.2.2- Questions spécifiques
- Comment déterminer auprès des détenteurs la valeur des externalités négatives causées par les e-déchets ?
- Quels sont les facteurs qui expliquent cette valeur ?
Pour répondre à ces différentes questions les objectifs suivants ont été fixés.
1.2- Objectifs et hypothèses de recherche
1.2.1- Objectifs
Les objectifs comportent un objectif général et des objectifs spécifiques
1.2.1.1- Objectif général
L'objectif général de cette étude est d'évaluer les externalités environnementales des déchets électroniques et électriques produits dans la ville de Cotonou.
1.2.1.2- Objectifs spécifiques
Spécifiquement il s'agit de :
- montrer que les détenteurs des DEEE sont prêts à recevoir une somme pour céder leurs équipements dans le cadre d'un programme de collecte et de valorisation,
- identifier les facteurs qui influencent le Consentement A Recevoir des détenteurs pour un programme de collecte et valorisation des DEEE par les recycleurs.
Pour atteindre nos objectifs nous avons formulé les hypothèses suivantes :
1.2.2- Hypothèses
Deux hypothèses serviront de base à cette étude :
- les détenteurs des DEEE sont prêts à recevoir une somme pour libérer leurs équipements.
- le revenu, explique le Consentement A Recevoir pour les déchets électroniques et pour les déchets électriques.
1.3- Revue de littérature
1.3.1- Clarification conceptuelle
Déchets d'Equipements Electroniques et Electriques (DEEE) ou e-déchets
Le déchet est constitué par le fait d'être jeté. Il est assujetti au processus d'abandon par des hommes qui ne voient plus dans ces objets que des restes, des rebus, des choses inutiles (Lhuilier et Cochin, 1999).
Ainsi, les DEEE sont « des équipements électriques et électroniques (EEE) qui ne sont plus aptes à l'usage et que le dernier propriétaire a mis au rebut » et sont classés dans la catégorie des déchets dangereux (SCB, 2012). Au Bénin ils ne sont pas mentionnés de façon spécifique dans l'inventaire national des déchets dangereux car il n'existe pas de cadres juridiques ou politiques sur les déchets électroniques.
Les équipements électriques et électroniques (EEE) sont des équipements qui fonctionnent grâce à des courants électriques ou à des champs électromagnétiques. Les véhicules de transport par exemple sont généralement exclus de cette catégorie d'équipements car ils relèvent d'une réglementation spécifique (INRS, 2006). Un EEE, à la suite de son utilisation, deviendra irrémédiablement à la fin de son cycle de vie, un DEEE. Il sera considéré ainsi lorsqu'il sera hors d'usage, ou bien lorsque la réparation bien que possible, aurait un coût bien trop important par rapport à la valeur initiale du bien. C'est ainsi qu'un EEE se distingue d'un DEEE. Nous nous baserons sur cette dernière définition dans le cadre de ce travail.
Selon l'INRS (2006), les raisons suivantes font qualifier un équipement électrique ou électronique de déchet :
- il devient hors d'usage ;
- dû à son coût de réparation prohibitif, il n'est pas réparé ;
- un ou certains des éléments qui le composent est ou sont défectueux ;
- il fonctionne, mais est obsolète et remplacé par un équipement plus récent
Se conformant à notre définition ces appareils sont marqués d'un "logo poubelle barrée" indiquant qu'ils ne doivent plus être jetés avec les déchets ménagers mais recyclables. On peut citer : les appareils électroménagers, l'électronique de loisir, les appareils informatiques et bureautiques, ceux utilisés pour les distributeurs de billets, les outils électriques, les installations de mesure, de commande et de réglage, les installations d'éclairage, les téléphones cellulaires, les jouets, les montres, les appareils de laboratoire et les appareils médicaux, les fours microondes, les appareils d'enregistrement et de reproduction d'images, etc., dans la mesure où ils contiennent des composants électriques ou électroniques (Welsau; Kraus, 1998).
1.3.2- Revues théorique et empirique
La première partie est consacrée à la revue théorique et la seconde à la revue empirique
1.3.2.1- Revue théorique
Le concept d'externalité a donné lieu à de nombreux développements et définitions dans la littérature économique. Ainsi, les contributions les plus marquantes ont été celles de Pigou (1920), Viner (1931), Ellis et Fellner (1943), Meade (1952), Scitovsky (1954), Bator (1958) qui ont permis de spécifier les effets comme des relations dans le marché concurrentiel par lesquelles des agents (producteurs ou consommateurs) affectent le résultat d'activités d'autres agents. Défini pour la première fois comme un défaut de marché par Pigou en 1932, le concept d'externalité correspond également à une situation où : « une personne A, alors qu'elle est en train de rendre un certain service, contre paiement, à une autre personne B affecte incidemment, en bien ou en mal, d'autres personnes (non productrices de services similaires), et cela de telle manière qu'un paiement ne puisse être imposé à ceux qui en bénéficient, ni une compensation prélevée au profit de ceux qui en souffrent ». A partir des années soixante il y a eu d'autres développement du concept en s'appuyant sur les travaux de Coase (1960), Buchanan et Stubbledine (1962) sur la théorie des biens collectifs impulsée par Samuelson et les développements de l'économie publique, de l'économie des institutions et droits de propriété. Coase (1960) apporte des précisions sur les conditions d'internalisation par marchandage. Meade (1973) définit le concept d'externalité comme un phénomène qui apporte un bénéfice appréciable (ou inflige un préjudice significatif) à une ou plusieurs personnes qui n'ont pas été parties prenantes et consentantes du processus de décision qui a abouti directement ou indirectement à l'effet produit. Cette définition de Meade ne tient pas compte d'un cadre institutionnel tel que le marché. Ainsi, dans la voie indiquée par Arrow (1970), les externalités sont placées dans un cadre institutionnel spécifique, celui des marchés de concurrence. Selon les néoclassiques, les effets externes sont considérés comme des défaillances dans le cadre de la concurrence parfaite. Pour eux, les problèmes environnementaux n'apparaissent que comme des cas particuliers d'externalités. De ce fait, les règles de gestion et d'allocation des ressources rares définies par l'économie politique et l'économie du bien-être sont ici difficilement applicables. La présence d'externalités invalide donc le premier théorème de l'économie du bien-être selon lequel l'équilibre de concurrence parfaite est un optimum de Pareto. En effet, le secteur des déchets comporte d'importantes externalités empêchant le marché d'atteindre lui- même l'optimum (Baumol & Oates ; 1988). Ces externalités se situent à un double niveau. D'une part le producteur de déchets ne fait pas face à l'ensemble des coûts techniques et environnementaux liés à son élimination. D'autre part, ceux qui ont en charge la gestion de ces déchets (les municipalités, ONG) ne tiennent pas compte des coûts environnementaux dans le recyclage, alors qu'il existe plusieurs méthodes pour les évaluer.
En effet, la monétarisation consiste à attribuer une valeur économique (monétaire) à l'effet ressenti. Les impacts environnementaux liés à la gestion des e-déchets se traduisent par des dommages tels la pollution des eaux, la pollution de l'air, la perte de biodiversité, etc, subis par différents biens environnementaux. Pour une valorisation monétaire de ces externalités environnementales il existe plusieurs méthodes d'évaluation qui sont classées en deux groupes.
D'une part, il y a les méthodes utilisant des préférences révélées et d'autre part celles qui utilisent les préférences exprimées ou déclarées. Les méthodes utilisant les préférences révélées stipulent que les préférences sont déduites des comportements effectifs des individus sur le marché. Il s'agit des méthodes des prix hédonistes, des coûts de transports, des dépenses de protection, des coûts des dommages. Quant aux méthodes utilisant les préférences exprimées, elles se basent sur les déclarations sur la valeur attribuée à l'environnement. C'est la méthode d'évaluation contingente. L'évaluation monétaire consiste à évaluer la perte de valeur. On distingue les valeurs d'usage et les valeurs de non-usage (Rotillon, 1998).
Ainsi, pour monétariser ces impacts environnementaux des déchets, plusieurs études indiquent les méthodes appropriées et ont dégagé les résultats y afférents.
A travers l'utilisation de la méthode du consentement à payer, Katosstky et Marical (2010) montrent comment approcher la valeur des marais du Cotentin et du Bessin. Ils découvrent par ces travaux que la valeur ainsi « révélée » dépend beaucoup du niveau d'étude ainsi que de la sensibilité environnementale préexistante des personnes interrogées.
Nicklaus (2010) s'appuyant sur la méthode du coût des dommages montre que le recyclage des déchets est en général plus favorable à l'environnement que leur stockage ou leur élimination. Il permet aussi de produire des matières sources de recettes financières. Le recyclage engendre ainsi des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux. Les déchets qui ont servi de cadre d'étude sont l'aluminium, le verre, les plastiques et les papiers et cartons.
Par ailleurs, la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC) permet d'évaluer les externalités liées aux déchets. Elle a été appliquée dans certains travaux. C'est une méthode qui ne repose pas sur une référence à des marchés existants, mais procède à une évaluation directe du consentement à payer ou à recevoir au moyen d'enquêtes et de questionnaires.
Plusieurs méthodes permettent l'évaluation monétaire des externalités environnementales. En effet, les impacts environnementaux liés à la gestion des e-déchets se traduisent par des dommages subis par différents biens environnementaux tels la pollution des eaux, pollution de l'air, perte de biodiversité etc. Ainsi pour une valorisation monétaire de ces externalités environnementales il existe plusieurs méthodes d'évaluation. L'évaluation monétaire consiste à évaluer la perte de valeur. On distingue les valeurs d'usage et les valeurs de non-usage (Rotillon, 1998). En effet, les différents types de coûts externes permettant d'appréhender l'impact d'une externalité engendrant cette perte de valeur sont : le coût des dommages, les coûts de réduction ou d'abattement et les consentements à payer (ou à recevoir). En outre, le choix d'un type de coût externe permet d'arrêter une approche pour l'évaluation des impacts d'une externalité sur la collectivité, mais il ne fixe pas de méthode pour les monétarisés. Ces procédés de monétarisation des externalités environnementales sont répertoriés comme suit :
- les méthodes de préférences révélées
Ce sont des méthodes de monétarisation basées sur l'observation du comportement des individus. On peut citer :
- la méthode des prix hédonistes : la méthode des prix hédoniques s'inspire fortement de la théorie des caractéristiques de Lancaster (1966). Elle a été initialement conçue pour montrer qu'il y a un lien entre le marché immobilier et les caractéristiques environnementales (Ridker et Henning, 1967). Elle consiste à chercher un marché de substitution sur lequel sont vendus et achetés des biens et services dont les avantages et les coûts environnementaux représentent des attributs ou des caractéristiques, c'est-à-dire un marché où l'environnement influence les prix. Il s'agit alors de donner une valeur aux bénéfices et aux coûts environnementaux au travers d'un marché de substitution. En effet, les biens environnementaux sont des biens non marchands, ils n'ont donc aucun prix. Pourtant, on peut facilement imaginer que ces mêmes biens peuvent avoir une influence sur le prix des biens marchands. C'est sur ce postulat que s'appuie la méthode des prix hédonistes. Si influence il y a, l'agent exprimera un consentement à payer (CAP) pour le bien marchand fonction du CAP pour le bien environnemental.
- la méthode des coûts de déplacement : cette méthode s'applique essentiellement aux activités récréatives comme la pêche, la chasse, le tourisme. Pour bénéficier des activités récréatives dans un site naturel, les individus consentent à faire des dépenses. Ces dernières constituent des prix implicites permettant d'estimer la valeur récréative du site. C'est le cas notamment des coûts de déplacement supportés pour se rendre à un site naturel. Cette méthode a été utilisée à deux finalités. L'approche originale consiste à déterminer la relation entre le nombre de visites et le coût (de déplacement) de chaque visite. Cette information peut être utilisée, par exemple, pour déterminer un droit d'entrée au site et connaître la manière dont ce droit va affecter la fréquentation. Une variante de cette méthode vise à comprendre les déterminants du choix d'un site (pour une activité de plein air) plutôt qu'un autre. D'un point de vue économique, ce modèle s'apparente à l'estimation d'une fonction de demande. La quantité demandée correspond au nombre de visites effectuées ; le prix représente le coût de transport.
- la méthode des coûts de transport : Elle est principalement utilisée pour estimer les bénéfices liés à l'usage récréatif des biens environnementaux. Elle évalue les valeurs d'usage d'un site en quantifiant les dépenses de transport engagées pour s'y rendre (Hotelling, 1947 ; Clawson et Knetsch, 1967). Tout comme la méthode des prix hédonistes, elle relève des marchés de substitution. L'idée de départ est qu'un individu, pour se rendre sur un site, supporte des coûts en termes de déplacements et de temps. Chaque individu supporte donc un coût individuel pour aller sur tel ou tel site. Ce sont ces coûts qui seront pris en compte pour estimer la valeur des sites récréatifs et l'évolution de leur qualité, et notamment l'évolution de la qualité environnementale. Cette méthode consiste ainsi à estimer le consentement à payer (CAP) des agents, reflétant leur demande d'usage du site récréatif, d'après le montant de monnaie et le temps qu'ils ont consacré à se rendre sur ce site.
- la méthode des coûts des dommages : Il s'agit d'une méthode de monétarisation basée sur les préférences révélées : la valeur des biens et des services nécessaires pour réparer les effets d'une externalité (coût des frais hospitaliers dus à la pollution de l'air par exemple) est directement déduite de l'observation de leur prix sur les marchés. Cette méthode du coût des dommages est donc simple à mettre en œuvre, à la condition d'avoir une bonne connaissance quantitative des effets de l'externalité. Elle est toutefois restrictive en ne proposant des valeurs monétaires que pour les effets marchands et en ignorant donc ceux pour lesquels il n'existe pas de marché.
- la méthode d'évaluation du rôle protecteur de l'environnement
Lorsque l'environnement fournit une protection face à un dommage potentiel (inondation, coulée de boue ou avalanche...), il est possible d'utiliser le type de méthode décrit dans cette section pour évaluer le service rendu par l'environnement. La valeur du service est alors égale au montant des dommages évités. Pour évaluer ce dommage évité, il est nécessaire d'estimer la modification du risque environnemental liée au changement de qualité de l'environnement (par exemple, l'augmentation du risque d'inondation suite à la destruction d'une forêt ripisylve), et de calculer le dommage économique associé.
- la méthode des coûts de réparation
Une autre méthode parfois utilisée, celle des coûts de réparation. Elle permet d'évaluer la perte de valeur d'un bien environnemental suite à une pollution, par les coûts nécessaires pour réparer cette pollution et restaurer la qualité environnementale initiale. La méthode des coûts de réparation doit être utilisée avec prudence, car elle mesure fondamentalement autre chose que la perte de valeur de l'actif naturel. Ainsi, si la question posée est de savoir s'il est souhaitable d'engager certaines dépenses pour restaurer un environnement dégradé, cette méthode est inopérante, puisqu'elle évalue systématiquement les dommages au niveau des coûts de réparation.
- La méthode impact-pathways
La méthode impact-pathways ou méthode du cheminement des impacts, se fonde sur la modélisation de la propagation des polluants dans les milieux naturels et leurs impacts sur la santé humaine. Elle mobilise surtout des compétences physiques et sanitaires puis en fin de chaîne, l'évaluation monétaire consiste à utiliser des valeurs tutélaires pour la mortalité et la morbidité.
- les méthodes de préférences déclarées
La méthode permet d'évaluer la valeur d'un bien environnemental en utilisant un marché substitut fictif, qui permet de pallier l'absence d'un marché réel sur lequel serait fixé le prix du bien environnemental. Il en existe plusieurs, notamment la méthode d'évaluation contingente et la méthode d'expérience de choix.
- la méthode d'évaluation contingente (MEC) : l'évaluation contingente est un outil issu dans les années 50 de la science économique, développé par les économistes opérant la jonction entre les théories proposées par le courant de l'économie de bien-être et les acquis des méthodes d'enquête. Cette méthode se base sur l'observation des préférences pour une variation hypothétique de la qualité du bien environnemental. La révélation des préférences des individus peut se faire de deux manières : au travers de la révélation directe et indirecte. La révélation indirecte utilise des informations sur des marchés proches du bien environnemental, c'est-à- dire sur des marchés où la valeur d'un bien est influencée par la qualité ou la quantité de bien environnemental. La révélation directe va plutôt tenter d'estimer la valeur de l'environnement au travers d'informations disponibles ou au travers d'opinions exprimées par des individus. La méthode d'évaluation contingente (MEC) repose sur ce second principe de révélation directe des préférences. La MEC consiste en la réalisation d'une enquête au cours de laquelle on cherche à apprécier le montant que chacun serait prêt à payer, ce que l'on appelle le consentement à payer (CAP), pour la préservation ou la restauration d'un bien environnemental. Toutefois, comme nous l'avons dit précédemment, il est parfois difficile, voire impossible, d'observer des comportements fournissant des éléments d'appréciation. C'est pourquoi il s'avère nécessaire de proposer aux enquêtés une situation hypothétique, également appelée contingente, de telle manière qu'ils se mettent dans un contexte des plus réalistes.
- méthode des choix expérimentaux : encore appelée méthode de l'analyse conjointe ou méthode des choix contingents. Elle consiste en l'évaluation d'un bien environnemental basée sur des enquêtes durant lesquelles plusieurs scénarii composites sont proposés aux agents. Ainsi, dans chaque ensemble de choix, deux alternatives sont proposées ainsi qu'une situation de référence qui est le statu quo. La personne interrogée choisit un scénario au sein de chaque ensemble ou classe les scénarios. L'analyse statistique permet ensuite d'attribuer une valeur à chaque niveau d'attribut du bien envisagé, et donc, en les sommant, au bien dans sa globalité.
1.3.2.2- Revue empirique
Les déchets provoquent généralement des externalités, en particulier, les DEEE issus de l'utilisation des EEE sont caractérisés par le fait qu'ils sont laissés à l'abandon car ils contiennent des substances toxiques qui peuvent générer des externalités négatives sur le cadre de vie, mais aussi des matériaux de valeur qui peuvent constituer des externalités positives. Par ailleurs, la Méthode d'Evaluation Contingente (MEC) peut ainsi permettre d'évaluer ces externalités. Elle a été appliquée dans certains travaux aux déchets et dans d'autres domaines que les déchets.
1.3.2.2.1- Les effets externes des e-déchets
Les e-déchets ont un double effet externe concernant l'environnement à savoir : les effets externes positifs et les effets externes négatifs.
- Les effets externes positifs
Dans le cas plus précis des déchets EEE, nous allons considérer comme effets externes positifs, tous les avantages issus de la production au recyclage des DEEE. Le secteur DEEE peut constituer des sources de revenus et être pourvoyeur d'emplois à travers les activités de recyclage. Selon le MEPN (2011), l'industrie pour la récupération et le recyclage des DEEE fait défaut au Bénin et se fait dans les fonderies artisanales. Le recyclage est très développé dans l'informel et concerne la récupération et le recyclage des circuits électroniques (diodes, transistors, haut-parleur, résistance, aimant, etc.) et d'autres pièces (aluminium, plastique, cuivre, etc.). L'extraction de l'aluminium, du cuivre, du bronze, du plomb des équipements électroniques et électriques constitue les principales opérations réalisées sur les sites de recyclage dans les trois grandes villes du Bénin dont la majorité dans la ville de Cotonou. D'autres activités de recyclage y sont constatées comme le déshabillage des câbles et les acteurs de ce recyclage artisanal assurent également des fonctions de collecteurs. Dans les bons jours, les ouvriers touchent 500 FCFA maximum et les quelques jeunes adultes qui travaillent pour leur propre compte ne s'en sortent guère mieux. En effet, les métaux précieux et spéciaux tels que le cuivre et l'aluminium contenus dans les DEEE sont vendus sous tonnage. Le prix du kilogramme de cuivre peut coûter en moyenne 2500 FCFA et celui de l'aluminium 600 FCFA.
- Les effets externes négatifs
Les externalités sont le plus souvent causées par l'action de plusieurs agents (pollution atmosphérique par exemple) et/ou affectent un grand nombre d'agents. Elles sont dites bilatérales lorsqu'elles résultent de l'action d'un agent sur le bien-être d'un seul autre agent.
Les externalités bilatérales sont réparties en deux catégories à savoir : les externalités privées ou rivales et les externalités publiques. Les externalités sont dites privées ou rivales lorsque le dommage subi par un agent réduit d'autant celui qui est subi par les autres cas de stockage de déchets, et elles sont dites publiques ou non rivales quand le montant d'externalité affectant un agent ne diminue pas celui qui est subi par les autres cas de la pollution atmosphérique.
Dans notre cas, les effets externes négatifs sont tous les désagréments que provoquent la production des déchets EEE aussi bien sur les agents économiques que sur l'environnement. Ainsi, selon Vermande (1992), la présence les déchets provoque de multiples nuisances sur l'environnement urbain et portent une atteinte profonde à la santé des habitants de la ville. A partir de ces quelques différentes définitions et catégorisations des externalités, il est plus aisé d'aborder les effets négatifs des DEEE sur l'environnement et la santé humaine.
- Effets sur l'environnement : l'impact environnemental des DEEE renfermant le plus souvent des substances chimiques dangereuses justifierait d'ailleurs à lui seul d'interdire leur stockage et leur incinération. En effet, lorsque ceux-ci sont mis en décharge, le contact de l'eau de pluie sur ces matériaux peut rendre lixiviables des polluants présents dans ces déchets, et provoquer la contamination des eaux (nappes phréatiques, rivières), des sols et de l'air et par évaporation le mercure contamine l'environnement (SCB, 2011). Aussi, le versement du liquide des bassines d'acide utilisées pour faire fondre les métaux précieux a des conséquences non négligeables pour l'environnement (Bensebaa, 2016). Ces substances toxiques contenues dans les DEEE, lorsqu'elles se retrouvent dans le sol et dans les eaux, peuvent également affecter la chaîne alimentaire et causer des dommages collatéraux à l'homme par le biais de l'agriculture, l'élevage et la pêche (Diop et al, 2014). Le mode de traitement par incinération en plein air engendre la diffusion dans l'atmosphère et dans les sols de polluants toxiques spécifiques à ce gisement de déchets, comme les retardateurs de flammes bromés ou les dioxines chlorées et bromées 27. Nous sommes en situation d'externalités publiques ou non rivales car le montant d'externalité affectant un agent ne diminue pas celui qui est subi par les autres. Ces différentes externalités des DEEE sur l'environnement peuvent être soit statiques, ou dynamiques. Les externalités statiques ont un effet réversible sur le bien-être des agents et peuvent être traitées par des accords entre agents économiques contemporains, tandis que les externalités dynamiques ont des effets persistants sur l'économie et ne peuvent être compensées par les mêmes méthodes (par exemple la diffusion dans l'atmosphère des polluants toxiques). Au Bénin les modes de traitement des DEEE étant artisanaux soit la mise en décharges ou soit l'incinération. Les effets externes de ces déchets sur l'environnement dans les villes sont donc identiques à ceux provoqués lorsque le traitement est manuel, car il n'existe aucune municipalité ne dispose de technologie de gestion et de recyclage. (MEPN, 2011)
- Effets sur la santé: ainsi, dans le cas typique des DEEE, lorsque les EEE obsolètes ou hors usage sont laissés dans la nature par leur détenteur initial, ils affectent l'utilité d'autres agents qui en subissent alors des nuisances d'ordre visuel, olfactif, d'hygiène publique et de santé publique. Il s'agit dans ce cas d'externalités privées ou rivales, puisque le propriétaire qui s'en débarrasse élève son utilité au détriment de celle des autres agents. Mais lorsque la source productrice de l'externalité n'est pas identifiable, ce qui est le cas de nombreuses situations de pollution globale, l'externalité est dite diffuse. En effet, les EEE comportent différentes substances ayant des conséquences néfastes sur la santé dont les plus dangereuses sont le plomb, le mercure, le cadmium, le chrome, l'amiante et l'arsenic. Si la manipulation des DEEE est sans protection et sans règles sécuritaires et sanitaires appropriées, les fumées cancérigènes des matières incinérées (plastiques et câbles isolants principalement), l'utilisation de bassines d'acides à l'air libre pour faire fondre les microparticules de métaux précieux contenus dans les composants électroniques et électriques, peuvent provoquer dommages physiques. Au nombre de ces dommages nous avons des problèmes respiratoires et cardiaques, des dysfonctionnements rénaux, des dommages irrémédiables sur le système nerveux et circulatoire, des cancers, de l'infertilité (par exemple, avortement des femmes vivant près des décharges) et autres pathologies (Durrant, 2009). Par exemple, le nickel et ses composés inorganiques, peuvent provoquer des cancers des sinus et des bronches par inhalation. Le plomb peut poser de sérieux problèmes autant pour la santé humaine (surtout celle des enfants), que pour les animaux et la végétation (Hoeveler, 2009).
1.3.2.2.2- La méthode d'évaluation contingente MEC
La méthode des marchés hypothétiques, encore appelée méthode d'évaluation contingente, ne repose pas sur une référence à des marchés existants, mais procède à une évaluation directe du consentement à payer ou à recevoir au moyen d'enquêtes et de questionnaires. Elle consiste à amener les personnes soumises aux enquêtes à révéler leur préférence en ce qui concerne la demande d'un bien environnemental (qualité de l'environnement comme l'air, le milieu de vie ; etc.) par le truchement soit du consentement à payer (CAP) pour bénéficier d'une amélioration de la qualité de l'environnement, soit du consentement à recevoir (CAR) comme compensation si le dommage dû à la dégradation de l'environnement est inévitable. Il s'agit d'une méthode qui permet, par interrogation directe des individus de générer une estimation des mesures compensées de variation du bien-être. Le Consentement A Recevoir est un concept fondé sur la notion de variation compensatrice du surplus du consommateur pour lequel il traduit l'équivalent monétaire minimal compensant la baisse de l'utilité que subit celui-ci suite à une modification de la qualité ou des conditions de fourniture des biens ou services publics qu'il utilise (en cas de dommages environnementaux par exemple).
- MEC appliquée aux déchets
Cette méthode a été appliquée à plusieurs catégories de déchets dans plusieurs travaux.
Koné (2016) a évalué le consentement à payer des ménages pour l'amélioration de la gestion des déchets dans les quartiers précaires d'Abidjan. L'application du MEC lui a permis de déterminer le comportement et le consentement des ménages à participer financièrement à la mise en place d'un programme de gestion des ordures ménagères. Quant à Gbinlo (2010), il a analysé l'organisation et le financement de la gestion des déchets ménagers à Cotonou. Il a utilisé la MEC pour l'évaluation monétaire des nuisances causées par les déchets ménagers. Celle-ci à travers les bénéfices liés à l'amélioration de la qualité du service d'élimination des déchets ménagers. Kah (2003) a appliqué cette méthode pour l'évaluation des déchets urbains, ce qui lui a permis de proposer un détournement de l'objectif économique de la méthode, vers la constitution d'indices géographiques, c'est-à-dire spatialisés, en vue de les confronter avec d'autres critères géographiques. Heintz (2002) a évalué l'amélioration du bien-être individuel issue d'une modification de la qualité du service d'élimination des déchets ménagers. Il montre que le service d'élimination des déchets ménagers présente divers risques environnementaux et sanitaires.
- MEC appliquée à autres domaines que les déchets
La genèse de la MEC s'étend sur un peu plus de trente-cinq ans entre son « invention » par Siegfried Von Ciriacy-Wantrup en 1952 et sa « stabilisation » par Robert C. Mitchell et Richard T. Carson en 1989. Entre ces deux dates, les auteurs ayant travaillé à son développement lui donnèrent un cadre théorique et définirent la plupart des enjeux méthodologiques. La méthode connut dans le même temps sa première reconnaissance et légitimation publique. L'étude de ces premières années d'élaboration de l'évaluation contingente montre que le développement scientifique de la méthode et celui de son usage public sont intimement liés et s'inscrivent dans un territoire particulier : les États-Unis d'Amérique.
L'invention et le développement de la MEC sont très étroitement liés à la montée en puissance de l'analyse coût-bénéfice (ACB) dans la décision publique (Ackerman et Heinzerling 2004). L'objectif de l'ACB est de rationaliser et d'optimiser la décision en l'a fondant sur une évaluation qui se veut objective des coûts et des bénéfices. Le problème essentiel d'une ACB ainsi définie est de mesurer les bénéfices ou les coûts induits situés hors de la sphère marchande. En matière d'environnement, ces gains ou pertes furent initialement mesurés à l'aide des méthodes dites des « coûts de transport » puis des « prix hédoniques » (Randall 1998) qui sont basées sur les « préférences révélées » par les individus, c'est-à-dire sur des choix déjà effectués sur des marchés réels (transport ou immobilier). Ces méthodes ont néanmoins comme défaut de ne pas pouvoir s'appliquer à tous les biens et, surtout, de ne pas mesurer ce que les théoriciens néoclassiques de l'environnement qualifient de « valeur de non-usage ».
C'est dans ce contexte que Ciriracy-Wantrup, un économiste de l'université de Berkeley, inventa en 1952 la MEC qui est fondée sur les « préférences déclarées » par les individus sur des marchés virtuels. Sans développer lui-même cette voie, il ouvrait un nouveau champ de recherche dont l'originalité résidait dans la rencontre entre théorie de l'économie du bien-être et apports des méthodes d'enquête par entretien ou questionnaire, et qui permet de proposer une mesure de la valeur d'existence de biens non marchands. C'est cette caractéristique qui fit, et qui fait encore, son succès par rapport à d'autres méthodes. La littérature retient généralement l'étude de Robert K. Davis (1963) sur les forêts du Maine, publiée dans son doctorat en 1963 comme la première application de la méthode. Les premières critiques vinrent en 1965 par Anthony Scott qui, en attaquant l'évaluation contingente sur son caractère hypothétique, inaugurait une longue série de remises en cause : « posez une question hypothétique et vous obtiendrez une réponse hypothétique les résultats de cette procédure d'évaluation contingente ont conduit à des évaluations extrêmement fantaisistes » (Mitchell et Carson 1989 : 172). Le nombre de ces évaluations se multiplia néanmoins dans les années suivantes aux États-Unis à des fins exploratoires et méthodologiques et sur une grande variété de sujets : pollution de l'air, risques médicaux, droits de chasse, congestion des chemins pour promeneurs, aménités de parcs en zone urbaine, programmes réduisant le risque de mort par attaque cardiaque, amélioration de la qualité de l'eau des plages, diminution du risque de mortalité en cas d'accident nucléaire, etc.
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- Ogouyomi Roméo C. Agnoun (Author), 2018, Externalités environnementales des Déchets D’Equipements Électroniques et Électriques (DEEE). La ville de Cotonou (Bénin), Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1262726
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