Les opinions autour de la relation entre cultures de rente et cultures vivrières sont nombreuses et diversifiées. Pour certains cette relation est positive et complémentaire. Pour d’autres elle est négative ; pour d’autres encore, il n’y a aucune concurrence entre produit vivrier et produit de rente. Notre travail analyse la relation qui existe entre les productions cotonnière et vivrière au Bénin à travers une étude de causalité en utilisant une modélisation VAR sur Panel (PVAR) sur 52 communes productrices des deux cultures au Bénin. Au regard de la littérature deux échantillons d’analyse ont été constitués à savoir les communes ayant une seule saison et celles caractérisées par deux saisons.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Chapitre 1 : Cadre théorique de l’étude
SECTION 1 : Problématique Erreur ! Signet non défini
SECTION 2 : Revue de littérature
Chapitre 2 : Cadre Méthodologique et Empirique
SECTION 1 : Cadre méthodologique
SECTION 2 : Cadre Empirique
Conclusion
Références Bibliographiques
ANNEXE
Table des matières
DÉDICACE
Je dédie ce travail A mon père, Daniel ADANGBEDOU ! A ma mère, Régina KPODO !
REMERCIEMENTS
Notre formation a été rendue possible grâce à l'appui du Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire PTCI. Nous adressons nos sincères remerciements au Directeur du programme prof Tito Nestor TIEHI et aux différents membres de son administration.
Nous tenons à remercier tout particulièrement le Professeur Albert HONLONKOU notre Directeur de mémoire qui, malgré ses multiples charges n'a manqué de s'impliquer totalement de par ses conseils, pour nous permettre de mener à bien cette étude.
Nous aimerions témoigner de notre gratitude à tout le corps enseignant de l'Ecole Doctorale des Sciences Economiques et de Gestion de même que tous les professeurs du CCCO Dakar 2018 qui, tout au long de notre formation, se sont attelés à nous dispenser les connaissances et à partager avec nous leurs diverses expériences.
Nous remercions également Monsieur Hamdy BONOU-GBO ainsi que tous nos collègues du Laboratoire d'Économie des Systèmes Socio-Ecologiques et de la Population (LESEP) pour l'esprit fraternité et d'entraide qui a prévalue pendant nos séances de travail.
RÉSUMÉ :
Les opinions autour de la relation entre cultures de rente et cultures vivrières sont nombreuses et diversifiées. Pour certains cette relation est positive et complémentaire. Pour d'autres elle est négative ; pour d'autres encore, il n'y a aucune concurrence entre produit vivrier et produit de rente. Notre travail analyse la relation qui existe entre les productions cotonnière et vivrière au Bénin à travers une étude de causalité en utilisant une modélisation VAR sur Panel (PVAR) sur 52 communes productrices des deux cultures au Bénin. Au regard de la littérature deux échantillons d'analyse ont été constitués à savoir les communes ayant une seule saison et celles caractérisées par deux saisons. Les résultats montrent qu'il existe une causalité bidirectionnelle et une relation négative entre les productions de coton et de vivriers dans les deux zones considérées. En terme de superficies, il ressort une relation positive entre les superficies de coton et de vivriers dans à une saison mais négative dans les zones de production à deux saisons.
Mots clés : cultures de rente, vivriers, coton, Panel VAR
Codes JEL : Classification Q15
ABSTRACT
The opinions around the relation between cash crop and food production are numerous and diversified. For some, this relation is positive and complementary. According to others, it is rather negative and some else think that there is no competition between cash crops and food productions. Our dissertation analyses the relation between cotton production and food production in Benin trough a causality study using Panel VAR (PVAR) modelling considering 52 towns that produce both cotton and food production in Benin. According to the literature, two samples will be considered. The first gathering the towns having one season per year, and the second those with two. The results of our analyses reveal the existence of bidirectional causality and negative relationship between cotton production-food producing in the two areas considered.it reveals a positive relationship between cotton area-food producing areas in the area having one season but a negative relationship in the areas having two seasons.
Keywords: cash crops, food-producing, cotton, Panel VAR
SIGLES ET ACRONYMES:
AIC: Akaike Information Criterion
COMPACI: Competitive African Cotton Initiative
DSA : Direction de la Statistique Agricole
DSGE: Dynamic Stochastic General Equilibrium
FAO: Food and Agriculture Organasation
GMM: Generalized Moment Method
INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique
IPS : Im Pesaran et Shin
IRF: Impulsion-Reaction Function
LLC : Levin Lin Chu
MAEP : Ministère de l'Agriculture et du Développement
MARI : Marge Après Remboursement des Intrants
MCG: Moindres Carrés Généralisés
MCO: Moindres Carrés Ordinaires
MW : Mandala et Wu
OCDE: Organisation de Coopération et de Développement Economique
ODD : Objectifs de Développement Durable
ONU : Organisation des Nations Unies
PIB : Produit Intérieur Brut
PVAR : Panel Variable Autorégressive
SOFITEX : Société Burkinabé des Fibres Textiles
VAR : Variable Autorégressive
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Statistique descriptive sur l'échantillon constitué des communes du Nord
Tableau 2 : Statistique descriptive sur les communes du Centre et du Sud
Tableau 3 : Stationnarité à niveau des variables dans les zones à une saison
Tableau 4 : Stationnarité à niveau des variables dans les zones à deux saisons
Tableau 5: Résume 1 du test de Causalité
Tableau 6 : Résume 2 du test de Causalité
Tableau 7 : Décomposition de la variance dans les zones à une saison
Tableau 8 : Décomposition de la variance dans les zones à deux saisons
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Production Cotonnière par département
Graphique 2: Production vivrière par département
Graphique 3 : Evolution de la production de coton par rapport à la superficie cultivée
Graphique 4: Evolution de la production vivrière par rapport la superficie cultivée
Graphique 5 : Résultat du test de stabilité du modèle dans les différentes régions
Graphique 6 : IRF production cotonnière & production vivrière (région I)
Graphique 7 : IRF production cotonnière & production vivrière (région II)
Graphique 8 : IRF superficie cotonnière & superficie vivrière (I)
Graphique 9 : IRF superficie cotonnière & superficie vivrière (II)
Graphique 10 : IRF production vivrière & production cotonnière (région I)
Graphique 11 : IRF production vivrière & production cotonnière (région II)
Graphique 12 : IRF superficie vivrière & superficie cotonnière (région I)
Graphique 13 : IRF superficie vivrière & superficie cotonnière (région II)
INTRODUCTION
L'agriculture reste et demeure un secteur clé de développement dans les pays les moins avancés. C'est pourquoi, autorités publiques et exploitants agricoles effectuent continuellement des choix entre différentes cultures en tenant compte des caractéristiques naturelles, historiques, idéologiques et culturelles propre de chaque région. L'Etat peut alors définir des cultures dites de rapport destinées à l'exportation et d'autres qualifiés de vivrières destinées en grande partie à la consommation locale. Au Benin, le coton reste la principale culture de rapport et il bénéficie d'un accompagnement technique et financier particulier comparativement aux autres cultures qui sont pour la plupart laissées pour compte. Cet état de choses conduit à un déclin des cultures vivrières et parfois un détournement des ressources normalement destinées à la production cotonnière à d'autres fins, Guenot (2014).
Différentes opinions fondées sur des résultats empiriques dans différentes régions s'affrontent en ce qui concerne la relation qui pourrait exister entre productions de rente (cas du coton au Bénin) et productions vivrières. Pour SCHWARTZ (2000), l'introduction de la culture cotonnière a eu des effets bénéfiques sur l'agriculture en générale et en particulier sur les céréales comme le maïs en termes d'encadrement, de mécanisation, d'accessibilité et d'utilisation des intrants. Mais qu'en est-il de la disponibilité en terre et la superficie affectée à chaque culture ? Pour Jayne et al. (2004); Kiriti et al (2003), la culture du coton est défavorable à la production vivrière en ce sens qu'elle se fait au détriment des cultures vivrières en raison du peu de surfaces exploitables disponibles d'une part et d'autre part, parce que plus la production commerciale augmente, plus la production vivrière est délaissée, ce qui peut conduire à une montée des prix sur les marchés locaux des produits alimentaires.
Ce travail vient donc compléter cette littérature empirique existante, en s'intéressant au cas du Bénin à travers une analyse de causalité entre production cotonnière et production vivrière en considérant des données de panel. Pour CHALEARD (2003), Il existe des régions où les cultures d'exportation entrent en concurrence avec les cultures vivrières : là où cultures vivrières et de rente se disputent la même superficie de terre disponibles, où les conditions naturelles sont difficiles. C'est pourquoi le Panel constitué de 52 communes productrices aussi bien du coton que de vivriers au Bénin est réparti en deux sous échantillons. Le premier sous échantillon regroupe les communes caractérisées par une seule saison c'est-à-dire une saison sèche et une saison pluvieuse et la deuxième, les communes ayant deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches. Au-delà d'une simple analyse de causalité au sens de Granger, ce travail étudiera également les interactions entre les différentes cultures à travers l'estimation des fonctions d'Impulsion-réponse et la décomposition de la variance des erreurs prévisionnelles. Les analyses univariée et bivariée, nous ont permis d'étudier l'évolution des différentes productions au cours du temps et par commune. L'estimation des différents modèles VAR sur données de panel est basée sur le programme développé par Inessa Love et al (2006).
Ce travail est structuré en deux chapitres. Le premier traite du cadre théorique de l'étude et contient la problématique et la revue de littérature. Le second aborde de cadre Méthodologique et Empirique.
Chapitre 1 : Cadre théorique de l'étude
SECTION 1 : Problématique : Contexte et Justification du Sujet Contexte
Le secteur agricole est d'une importance capitale pour le renforcement de l'économie de tout Pays et surtout ceux africains. Au Benin, d'après la revue sectorielle agricole, gestion 2017 le secteur agricole contribue à environ 20% du PIB en 2017, à plus de 50% aux emplois, 75% aux recettes d'exportation, et constitue la principale source de devises du pays. Il est donc considéré comme celui dont les nombreuses potentialités doivent être judicieusement exploitées pour soutenir la croissance économique nationale et contribuer ainsi à lutter efficacement contre la pauvreté. En effet, les ODD 1 « Eliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde », les ODD 2 « Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable » mettent l'accent sur le poids de l'agriculture dans le développement et la stabilité d'un pays, la pauvreté étant un facteur d'inégalité et d'instabilité politique et économique. L'agriculture a ainsi un double rôle ; celui d'accélérer la croissance et celui de réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire.
D'une manière générale, la production peut se définir comme un processus de transformation de facteurs de production (inputs) en produits (outputs) à travers une organisation efficace tenant compte des contraintes techniques et des prix relatifs (Zangré, 2005). Pour David Ricardo (1817), cette production suit une loi de rendements marginaux décroissants en raison des terres qui perdent de fertilité chaque année entrainant ainsi une baisse de leur productivité. Une telle baisse appelle à un programme de maximalisation (choix d'une culture) sous contrainte des ressources disponibles limitées (terre, et les autres facteurs de production, capital travail). Solow (1956), restent dans le schéma ricardien mais pour sortir de la conclusion pessimiste de Ricardo (pas de croissance à long terme) rajoute à son modèle théorique le progrès technique qui permet de sortir du sentier stationnaire de la production. Mais ce troisième facteur est considéré comme exogène. Au-delà de ces raisonnements classiques, Mahoney (2001) à travers la théorie de la dépendance des sentiers montre que la production d'aujourd'hui dépend non seulement des ressources présentes disponibles (facteurs de productions) mais aussi des productions antérieures. Le choix de produire le coton ou le vivrier résulte donc en plus des ressources disponibles, des expériences passées des producteurs traduisant la rentabilité d'une culture par rapport à l'autre. En terme empirique, l'évolution séparée ou conjointe de ces deux cultures à fait l'objet de plusieurs études. Le coton est un des rares produits pour lequel la part de l'Afrique dans les exportations mondiales a augmenté au cours des vingt dernières années (Goreux et Macrae, 2003 cité par Mesplé -somps 2008). Depuis le début des années 80, la production de coton a progressé deux fois plus vite en Afrique subsaharienne que dans le reste du monde et trois fois plus vite dans la zone CFA que dans le reste de l'Afrique subsaharienne. Les pays d'Afrique de l'Ouest comptent aujourd'hui pour plus de 4% de la production mondiale et pour environ 12% des exportations mondiales de coton (Sandrine Mesplé-Somps et al, 2008). Ce développement important du secteur cotonnier africain s'est accompagné d'une spécialisation et d'une augmentation de la dépendance des économies vis-à-vis des exportations de coton (Lagandre, 2005). Au Benin le cotonnier n'a cessé de s'améliorer d'année en année passant de 266.652 tonnes en 2015 à 451.210 tonnes en 2016 puis 597.986 en 2017 (INSAE 2018 et MAEP, 2018). Cette augmentation qui s'est accompagnée d'une hausse des superficies cultivées pourrait susciter assez d'interrogation quant à l'évolution des cultures vivrières dans un environnement où les questions de sécurité alimentaire deviennent de plus en plus préoccupantes.
En effet, des statistiques de la DSA il ressort que dans la plupart des zones cotonnières (Atacora, Borgou et la Donga), les producteurs du coton ne produisent pas que le coton. Les productions vivrières dans ces zones sont croissantes d'année en année et dépassent même les productions cotonnières. Pour expliquer cela, Diarrassouba (2014), montre que les coûts variables liés à la production cotonnière sont élevés et pour avoir accès au crédit, les agriculteurs sont amenés à produire d'abord le coton et ensuite les vivriers. Ainsi le coton est produit seulement pour avoir accès aux intrants et crédit. Il ne participe qu'à 2% du revenu du producteur alors que le vivrier y contribue à 98%. Ce qui montrent que les avantages (crédit et intrants) liés au coton ne se limitent pas qu'à lui seul mais qu'il profite également aux autres cultures. Il ressort alors qu'il existe réellement une relation entre coton et vivriers mais quelle est sa nature au Bénin où les ressources sont limitées et que toutes les cultures ne bénéficient pas du même traitement ? C'est à cela que nous interpelles cette étude dont le thème est « Production cotonnière et production vivrière au Bénin : Une analyse de causalité en Panel VAR ».
1- Questions de Recherche
Existe-t-il une relation de causalité entre production cotonnière et production vivrière au Bénin ? Cette question centrale appelle les deux spécifiques suivantes :
- La production cotonnière cause-t-elle la Production vivrière ?
- La production vivrière cause-t-elle la production cotonnière ?
2- Objectifs de l'étude
Analyser la relation de causalité entre production cotonnière et production vivrière au Bénin. Cet objectif se décline en deux plus spécifiques à savoir :
- Montrer que la production cotonnière cause la production vivrière dans toutes les zones de production
- Vérifier si la production vivrière cause la production cotonnière dans les deux zones de production
3- Hypothèses :
- La production cotonnière cause significativement la production vivrière au sens de Granger dans les deux zones de production.
- La production vivrière cause significativement la production cotonnière au sens de Granger dans les différentes zones de production.
SECTION 2 : Revue de littérature
Les relations culture de rente-culture vivrière constituent un thème récurrent de la littérature. Cette relation se base fondamentalement sur trois théories essentielles à savoir : la théorie économique de la production, la théorie de la dépendance de sentier et la théorie de l'asymétrie d'information.
Les Théories économiques de la production
Il s'agit de concepts généraux qui s'appliquent à tous les types d'exploitation économique.
David Ricardo (1817), économiste classique anglais cherche à expliquer la logique de la production. Selon lui, la production suit la loi des rendements marginaux décroissants. Par Page 5 exemple dans l'agriculture, les terres ne sont pas toutes de la même fertilité et de la même facilité à cultiver. Les agriculteurs vont donc logiquement d'abord exploiter les terres les plus fertiles. Pour accroître leur production (afin de répondre à la croissance démographique), ils vont ensuite défricher et mettre en culture d'autres terres mais de moins en moins fertiles, le rendement de l'hectare nouvellement cultivé va donc décroître. Les agriculteurs continuent cependant d'accroître la taille de leur exploitation agricole tant que le coût de la mise en culture de parcelles nouvelles est inférieur au rendement sur cette nouvelle parcelle ; au-delà ils cessent d'accroître leur production, ce qui engendre à terme, selon Ricardo un état stationnaire (stagnation de la production c'est à dire pas de croissance économique durable à long terme.
Les 19è et 20è siècles sont ceux des théories basées sur la croissance économique considérable (révolution industrielle). La théorie économique doit rajouter quelque chose à la théorie ricardienne pour expliquer cette nouvelle croissance. Les économistes néoclassiques (20è) notamment Solow (1956) restent dans le schéma ricardien des rendements marginaux décroissants. La croissance économique s'explique principalement par l'accroissement des facteurs de production (travail L et capital K) mais pour sortir de la conclusion pessimiste de Ricardo (pas de croissance à long terme) ils rajoutent à leur modèle théorique le progrès technique qui permet de sortir du sentier stationnaire de la production. Ce dernier est comme une « manne tombée du ciel » (modèle de Solow) car il est considéré comme étant exogène : d'où la croissance exogène.
Contrairement aux néoclassiques, les économistes de la théorie de la croissance endogène (fin du 20è) résolvent ce problème théorique de la source du progrès technique en l'incorporant dans les facteurs de production eux-mêmes. Le progrès technique s'incorpore et s'accumule dans le capital et le travail. En utilisant le capital et en travaillant apparaît ce qu'ils appellent le « learning by doing » ou « l'apprentissage par la pratique » qui permet d'engendrer du progrès technique pendant et dans la production. Depuis Marshall (1890), la microéconomie s'intéresse plus à l'entreprise en tant que système productif qu'en tant qu'organisation. La frontière entre la microéconomie et la gestion s'inscrit dans cette différenciation. Dans cette perspective, l'entreprise peut être réduite à une fonction dans laquelle les facteurs de production ou inputs, le travail (L) et le capital (K) constituent les variables indépendantes, et le volume de production (Q) ou output, la variable dépendante. Si l'entreprise ne génère qu'un seul produit, elle sera dit mono produit et multi produits si elle génère plusieurs types d'output. La Page 6 modélisation prendra une direction différente selon l'unicité ou la diversité des outputs. L'objectif du raisonnement microéconomique est de déterminer la quantité (ou les quantités) d'output que l'entreprise doit générer et quelle combinaison de facteurs doit-elle mettre en œuvre pour obtenir un tel volume.
A priori, il serait tentant de croire que la production d'une entreprise croît à mesure qu'elle augmente ses facteurs de production. Or la théorie microéconomique montre dans un premier temps que les rendements de productions sont tôt ou tard décroissants, c' est-à-dire qu'un accroissement des facteurs de production ne garantit pas à partir d'un certain volume une augmentation plus que proportionnelle ou proportionnelle de la production. Cette loi des rendements décroissants s'applique tout autant en courte période (rendements factoriels décroissants) qu'en longue période (rendements d'échelle décroissants).L'entrepreneur n'a donc pas intérêt, du moins tant qu'il ne modifie pas son organisation, à augmenter sa taille au- delà de ce qu'il est convenu d'appeler taille optimale.
En second lieu, il est nécessaire d'introduire les données financières de l'entreprise réduites à son budget aux prix des facteurs de production. Budget et prix sont supposés donner à l'analyste. L'entreprise doit alors choisir parmi les combinaisons de facteurs accessibles à son budget, celle qui lui permet d'obtenir la capacité de production maximale. L'entreprise choisit donc une taille efficiente (permettant d'obtenir la production maximale à moindre coût). Si la taille optimale est inférieure à l'espace budgétaire, l'entrepreneur choisira évidemment cette taille comme capacité de production et mettra en œuvre sa combinaison de facteurs.
En troisième lieu, l'ultime choix de l'entreprise sur son volume de production dépend de sa rationalité de maximisation du profit. Selon la structure de marché sur laquelle opère l'entreprise et selon les périodes d'étude, il est possible qu'elle cherche à définir un volume de production inférieur à celui que lui permet sa capacité de production, mais en aucun cas, elle ne pourra générer un volume supérieur à ce que lui autorise sa capacité.
Théorie de la Dépendance de sentier :
Elle stipule que la production d'aujourd'hui dépend des ressources présentes disponibles et des productions antérieures. Mahoney (2001), définit la dépendance de sentier comme une série séquentielle d'étapes ou d'évènements qui résulte de conditions historiques antécédentes, lesquelles définissent un ensemble d'options disponibles à un moment donné, appelé moment critique. Ainsi, les trajectoires de développement sont ponctuées de périodes critiques ou des Page 7 évènements mineurs ou contingents influençant profondément les évènements futurs et les modèles de changement. Le choix opéré durant le moment critique conduit à des modèles institutionnels et de séquences réactives durant lesquelles les acteurs réagissent par une série de réponses et de contre-réponses prévisibles. Ce développement de chaines réactives post moments critiques constitue le résultat final et conduit à une résolution des conflits générés. Le choix de produire le coton ou le vivrier résulte donc des expériences passées des producteurs traduisant la rentabilité d'une culture par rapport à l'autre.
Le moment critique désigne l'adoption d'un choix particulier parmi deux ou plusieurs alternatives possibles. Produire le coton ou les vivriers. Une fois qu'une option particulière est faite, il devient progressivement plus difficile de faire marche arrière quand bien même plusieurs alternatives demeures toujours disponibles et possibles. Deux éléments caractérisent les moments critiques. Le premier résulte du choix d'une option particulière parmi plusieurs alternatives, le second élément provient de l'irréversibilité de l'option choisie. Cela traduit la spécialisation que l'on remarque par région pour les cultures.
Par conséquent, si les alternatives de choix à opérer avant le moment critique offrent une large gamme de résultats possibles, au stade post moment critique, la trajectoire définie par le choix réellement fait réduit ce domaine de possibilité des résultats.
Mahoney (2000, 2001), montre que les options disponibles et les choix effectués aux moments critiques sont typiquement enracinés dans des événements antérieurs dont l'origine se trouve être souvent une crise structurelle, une guerre ou conflit majeur. Il utilise le terme de « conditions antécédentes » pour montrer le rôle de ces événements antérieurs dans la trajectoire suivie. Les conditions antécédentes déterminent les choix à effectuer. Leur degré d'impact varie et détermine souvent la vitesse du choix à opérer. Les moments critiques sont donc souvent ceux de contingences dans lesquelles des événements imprévus peuvent avoir des impacts significatifs.
L'Imperfection du marché agricole et la théorie de l'Asymétrie d'information
Trois prix Nobels doivent être mentionnés lorsqu'on aborde l'information asymétrique. Il s'agit de Georges Akerlof (1970), Michael Spence (1974) et Joseph Stiglitz (1981), tous prix Nobel en 2001. L'asymétrie d'information décrit une situation dans laquelle tous les participants à un marché ne disposent pas de la même information, ce qui conduit à un dérèglement du marché. Les exploitants agricoles ont des informations sur leur production et leur capacité de production que les autorités ou les institutions de suivi et d'accompagnement n'ont pas. C'est une imperfection du marché qui peut aboutir à une sélection adverse ou un aléa moral. L'imperfection ou la défaillance du marché se traduit par une situation dans laquelle, la régulation par le marché est inadéquate ou impossible, c'est-à-dire qu'elle ne permet d'atteindre une situation optimale. Dans le secteur agricole cette défaillance serait due à un meilleur encadrement et la promotion du secteur cotonnier au détriment des autres secteurs. Les producteurs du vivriers voulant donc également bénéficier des accompagnements financiers, techniques et intrants dont bénéficient les cotonculteurs sont parfois amenés à donner de fausses informations sur leur production et leur capacité de production. L'imperfection du marché pourrait également expliquer la diversité des résultats empiriques obtenus dans la littérature quant à la relation entre coton et vivriers. Comme source d'imperfection nous pouvons noter : les objectifs des producteurs qui diffèrent selon qu'ils soient grands producteurs disposant des moyens agricoles modernes ou qu'ils soient des petits producteurs pratiquant une agriculture traditionnelle ; la situation géographique, climatique et culturelle des producteurs ; la disponibilité ou non d'un accompagnement financier et technique etc.
La plupart de la littérature consultée dans le cadre de ce thème nous montre qu'il existe une forte relation entre les cultures vivrière et cotonnière. Pour certains auteurs comme R. DUMONT (1980) cité par SCHWARTZ (2000), S. BESSIS (1985) et C. ALBAGLI (1989), la culture du coton est d'une part préjudiciable aux cultures céréalières car elle se développe au dépend de celles-ci en s'accaparant pour elle seule la majeure partie des ressources naturelles (terres), de la main d'œuvre, et des facteurs de production (intrants, équipements), ce qui conduit à terme à une baisse importante des productions vivrières (relation de substitution). Et d'autre part, elle dégrade fortement les sols entraînant ainsi à long terme aussi bien son propre déclin que celui des autres cultures. Par contre, pour d'autres, cette relation doit être perçue en termes de complémentarité. En effet selon A. SCHWARTZ (2000), l'introduction de la culture cotonnière a eu des effets bénéfiques sur l'agriculture en générale et en particulier sur les céréales comme le maïs en termes d'encadrement, de mécanisation, d'accessibilité et d'utilisation des intrants et d'augmentation de la production; et qu'il existe en outre, une forte corrélation entre l'évolution des superficies de coton et l'évolution des superficies des cultures céréalières. Pour lui, le développement de la culture du coton ne se fait pas forcément au détriment de la culture vivrière et n'est également pas préjudiciable à l'environnement. Ainsi la relation coton-vivriers dans la savane de l'Afrique Subsaharienne doit être appréhendée en terme de complémentarité. Ce qui était quelques années plus tôt en 1995, prouvé par Fork qui a mené une étude sur le Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Togo en Afrique de l'Ouest, Cameroun et Tchad en Afrique Centrale. Il révèle une non-concurrence entre vivrier et Coton d'une part et d'autre part le constat d'une corrélation positive entre production cotonnière et vivrière Diarrassouba et al, (2014) ont étudié l'importance de l'introduction des cultures vivrières dans un système à base de coton dans le département de Sinématiali en Côte d'Ivoire. L'étude portant sur 40 exploitants répartis dans 8 villages révèlent qu'en terme de ratio de la marge brute, sur le coût variable totale, 1F investi sur les parcelles de vivriers rapportent respectivement 4,09F ; 1.54F ; 7.44F et 12.09F pour le riz, le maïs, l'arachide et le mil contre 0.36F pour le coton. Aussi de cette étude il ressort que les vivriers contribuent à hauteur de 98% au revenu des paysans et le coton à seulement 2%. La culture du coton n'est alors bénéfique aux producteurs qu'à travers l'accès aux intrants, aux matériels agricoles modernes et au crédit pour accroitre le rendement agricole.
En juin 2014, une étude réalisé par Aurore Guenot et Marilyne Huchet-Bourdon sur le rôle du coton sur la filière maïs au Burkina Faso s'est fixée pour objectif de déterminer, à partir d'une enquête menée sur 98 exploitations agricoles, les facteurs de développement de culture du maïs au Burkina Faso et notamment l'influence du système coton sur cette production de maïs. Deux régions caractérisées par un système coton différent, la zone Ouest et la Sissili, sont analysées. Cette étude révèle une concurrence entre les cultures vivrière (maïs) et de rente (coton) en matière d'accès aux moyens de production (main-d'œuvre et engrais notamment). Ainsi, lorsque le prix du coton baisse, les engrais distribués par la SOFITEX sont partiellement détournés au profit d'autres cultures plus rémunératrices telles que le maïs ou l'arachide ou au profit d'autres cultures vivrières telles que le mil et le sorgho. La méthode utilisée consiste notamment à comparer les deux zones en termes d'évolution de la superficie cultivée de coton et de maïs, et en se basant sur quelques caractéristiques intrinsèques des différentes zones à savoir : les contraintes du milieu (Sols érosifs, carence en matière organique ; feux de brousse, pression anthropique), la démographie, équipement disponibles, infrastructures, et l'industrie disponible dans la zone.
Roger Peltzer et Daniela Röttger, (2013) abordant les modèles d'organisation des filières cotonnières et leur incidence sur la productivité et sur le revenu de l'agriculteur ont non seulement analysé l'effet favorable ou non du coton sur la production vivrière mais également déterminé quel modèle d'organisation de la filière coton est le mieux à même de la promouvoir et comment. De cette étude il ressort que dans les pays partenaire de la COMPACI (Competitive African Cotton Initiative), la production de coton se fait généralement en culture pluviale et en rotation avec d'autres cultures. Ainsi, les cultures vivrières profitent des engrais résiduels présents dans les sols agricoles quel que soit le mode d'organisation de la filière, et particulièrement dans les pays où il existe des modèles d'agriculture contractuelle qui fournissent des engrais pour la culture du coton, par exemple en Afrique de l'Ouest et du Centre. Cette interdépendance de la production cotonnière et vivrière en Afrique de l'Ouest et du Centre fait que les phases d'affaiblissement des cours mondiaux du coton entraînent non seulement une baisse de la production de coton, mais réduisent également la production vivrière dans les zones cotonnières. Néanmoins l'asymétrie d'information rend la gestion des crédits destinés au coton peu efficace. Les producteurs dans le but d'obtenir des engrais et intrants pour d'autres cultures, fournissent des estimations exagérées concernant la taille des surfaces qu'ils réservent à la culture du coton en période de baisse des cours mondiaux. Ce qui entraine un risque de recouvrement des crédits et une accumulation des dettes. Ces mécanismes ont finalement contribué à alimenter la crise de la filière cotonnière et à réduire la production aussi bien cotonnière que vivrière.
Un rapport du ministère de l'environnement et du cadre de vie du Burkina sur l'analyse économique du secteur coton, liens pauvreté et environnement en 2011 révèle également une relation positive entre production cotonnière et culture vivrière à travers l'arrière-effet positif de l'engrais coton sur le rendement des cultures vivrières. Une analyse comparée des rendements observés sur les différentes cultures céréalières dans les exploitations productrices et non productrices de coton montre que dans les exploitations cotonnières, les rendements des céréales sont supérieurs à ceux des exploitations non cotonnières. De plus, d'après une enquête réalisée au niveau de l'observatoire SOFITEX entre 1999 et 2000 il ressort que dans les exploitations cotonnières de l'échantillon d'enquête, la superficie moyenne destinée aux cultures vivrières est quasiment en augmentation de 200%. Ce constat d'augmentation vaut pour les différents types de cultures vivrières à l'exception des tubercules.
PODA (2004), à travers ses études montre que la décision de produire du coton ou du vivriers varie selon les objectifs de chaque producteur. En effet les producteurs des villages de Daboura, Gombélédougou et Sidéradougou dans l'Ouest de Burkina opèrent des choix stratégiques et tacites tout au long de l'année selon qu'ils aient un objectif de besoins alimentaires ou de dépenses prévisionnelles. Les paysans ont su trouver un équilibre entre le coton et le vivrier (notamment les céréales) en ce sens qu'ils ne donnent pas toujours la priorité au coton dans les différentes étapes du processus de production. Mais force est de reconnaître que les parcelles de coton sont les premières à être installées et les mieux entretenues du moins dans les exploitations équipées. Par contre, chez les manuelles se sont les cultures céréalières qui sont prioritaires, les objectifs d'autosuffisance étant plus forte que ceux monétaire. Plusieurs méthodes ont été utilisées pour l'analyse compte tenu de la diversité des aspects traités. Des statistiques descriptives ont été utilisées pour l'analyse des données (qualitatives et quantitatives) en ce qui concerne la structure des exploitations, les systèmes de culture, les pratiques culturales paysannes et la gestion des exploitations (technico-économiques) etc. La méthode utilisée pour évaluer la situation alimentaire des exploitations repose sur l'évaluation des productions céréalières, les besoins alimentaires entre deux récoltes basés sur les consommations individuelles selon les normes de la FAO , les ventes et les rachats de céréales, l'interaction entre le coton et les céréales en termes de contribution de l'un à l'autre. L'approche économique est basée uniquement sur la détermination des Marges Après Remboursement des Intrants (MARI), des ratios coûts et avantages, des rapports prix unitaire/coût unitaire de production etc.
En 2003 un article publié dans Agricultural Economics par Jones Govereh et Thomas Jayne sur « Cash cropping and food crop productivity : synergies or trade offs » analyse comment les cultures commerciales pourraient affecter les activités des cultures vivrières et en mesurant de manière empirique ces effets à l'aide du cas du coton dans le District de Gokwe North, au Zimbabwe. L'étude est basée sur l'analyse des variables instrumentales des données d'enquêtes sur 430 ménages ruraux en 1996. Les résultats indiquent que, après contrôle des actifs, de l'éducation et des différences de localisation des ménages ; les ménages engagés de manière intensive dans la production du coton obtiennent des rendements céréaliers supérieurs à ceux des producteurs ne produisant pas de coton et les petits producteurs. A travers une régression linéaire simple il a en premier lieu mesuré les déterminants de la commercialisation du coton au niveau des ménages et en deuxième lieu, la contribution de la commercialisation du coton aux cultures vivrières. Au niveau de la synergie des ménages entre coton et céréales, la part du coton dans la production agricole totale n'est liée ni à une forte augmentation ni à un déclin de la production céréalière totale. La production céréalière des ménages est par contre liée de manière significative à la taille de la ferme et à la valeur des actifs agricoles accumulés. Les mêmes constats ont été faits au Guatemala avec la culture des légumes d'exportation. Quand bien même la superficie réservée aux cultures vivrières à l'introduction des légumes d'exportation était devenue moins grande, le meilleur accès aux intrants et au crédit faisait que leur rendement avait augmenté.
C. WETTA (1996) s'appuie sur les travaux de GRITEN, BRAUN, et KENNEDY (1984) qui ont fait une analyse sur 38 pays africains et remarque que parmi les pays considérés: 25 pays (soit 66 %) ont vu à la fois un déclin des cultures vivrières et des cultures de rente; 6 pays (soit 16 %) ont vu croître aussi bien les cultures de rente que leurs cultures vivrières; 5 pays (soit l3%) ont vu croître leurs cultures vivrières alors que les cultures de rente baissaient; enfin, 2 pays (soit 5 %) ont vu les productions de cultures de rente croître alors que les cultures vivrières baissaient. Cette hétérogénéité entre les pays ne permet pas de savoir ce qui se passe au sein des différentes régions d'un même pays mais elle a l'avantage de montrer que les relations entre cultures de rentes et cultures vivrières notamment céréalières dépendent du contexte environnemental, socio-économique et politique dans lequel elles sont appréhendées. Ces résultats viennent appuyer la thèse de Jean-Louis CHALEARD (2003) selon laquelle, il existe des cas où les cultures d'exportation entrent en concurrence avec les cultures vivrières : là où cultures vivrières et de rente se disputent la même superficie de terre disponibles, où les conditions naturelles sont difficiles (exemple : le Sahel). Néanmoins malgré tout cela, les cultures vivrières sont rarement abandonnées car l'objectif premier du paysan reste la survie du groupe. Avec l'essor du vivrier marchand, la culture vivrière devient parfois aussi une culture commerciale. On retrouve ainsi une bonne synergie entre cultures vivrières et commerciales car les ménages à la recherche de leur bien être à travers la disposition d'un revenu concours à l'intérêt commun.
Relativement à la méthodologie, la plupart des études citées se sont limitée à une statistique descriptive ou une étude basée sur la comparaison entre deux zones. Néanmoins Gökhan DÖKMEN (2012), en étudiant l'interaction entre la croissance économique et les taxes environnementales a utilisé une modélisation VAR sur panel qui a attiré notre attention. En effet, il a analysé la relation entre la croissance économique et les taxes environnementales sur 29 pays européens en utilisant des données annuelles de 1996 à 2010. La méthodologie utilisée par DÖKMEN (2012) s'avère être la mieux adaptée à notre présent travail, car non seulement elle permet de déterminer à partir d'une étude de causalité, la nature positive ou négative de la relation entre les productions vivrière et cotonnière. L'un des avantages de cette approche en comparaison aux modèles structurels se trouve dans sa capacité à pouvoir analyser les interactions entre plusieurs variables, sans aucune distinction a priori sur l'exogénéité ou l'endogénéité des variables.
Chapitre 2 : Cadre Méthodologique et Empirique
SECTION 1 : Cadre méthodologique
Dans cette section, il s'agira de présenter les variables d'analyse, les données utilisées, ainsi que la méthode d'analyse.
I.Les variables d'analyse :
Pour analyser la relation entre production cotonnière et production vivrière au Bénin, nous nous sommes servis de certaines variables qu'il faudra définir.
1- Productions cotonnière (prod co)
La production cotonnière est considérée comme une culture de rente. Les produits de rente sont des cultures qui peuvent générer des liquidités et de profits pour celui qui en est responsable. Ils sont souvent destinés à l'exportation c'est pourquoi on les appelle souvent des cultures commerciales ou des cultures marchandes. Comme Culture d'exportation, nous avons le café, le cacao, le Coton, etc. La production cotonnière correspond à la quantité en tonne de Coton produite par an. Il est produit dans 52 communes (Bembèrèkè, Kalale, N'Dali, Nikki, Parakou, Pèrèrè, Sinendé, Tchaourou, Banikoara, Gogounou, Kandi, Karimama, Malanville, Segbana, Boukoumbe, Cobly, Kerou, Kouande, Materi, Natitingou, Pehounco, Tanguieta, Toucountouna, Basila, Copargo, Djougou, Ouaké, Agbangnizoun, Bohicon, Cove, Djidja, Ouinhi, Zagnanado, Za-Kpota, Zogbodomey, Bante, Dassa-Zoume, Glazoue, Ouesse, Savalou, Save, Lokossa, Aplahoue, Djakotomey, Dogbo, Klouekanme, Lalo, Toviklin, Bonou, Adja- Ouere, Ketou, Pobe) et couvre 10 départements (Alibori, Borgou, Atacora, Donga, Zou, Collines, Mono, Couffo, Ouémé, Plateau) .
Production vivrière (prod_vi)
Elle est destinée habituellement à une consommation propre ou locale. L'agriculture vivrière associe en général des plantes qui fournissent la base des plats, céréales (mil, Sorgho, maïs) ou féculents (igname, manioc, banane), des légumes (piment, gombo etc.), et des plantes chargées de fournir des matières grasses. Les produits vivriers assurent ainsi l'objectif de sécurité alimentaire et vue la diversification et la modernisation de l'agriculture ils peuvent même faire l'objet d'une exportation, donc considérés comme des cultures commerciales. En ce qui concerne les vivriers, nous avons, compte tenu des habitudes de consommation des béninois et l'impossibilité d'additionner différentes productions n'ayant pas la même nature et la même base d'appréciation et de la littérature : Diarrassouba et al, (2014), Guénot et al, (2014), Poda (2004), Govereh (2003), effectué le choix de le représenter par la production céréalière (notamment le maïs).
2- Superficie en ha cultivée sup_co et sup_vi
Plusieurs études ont montré qu'il existe une forte corrélation entre la superficie cultivée et la production annuelle (Aurore Guenot et Marilyne Huchet-Bourdon 2014 ; Jean-Louis CHALEARD 2003 ; Jones Govereh et Thomas Jayne 2003 ; R. DUMONT 1980, S. BESSIS 1985 C. ALBAGLI 1989). Pour les pays en développement comme le Bénin où la mécanisation agricole est peu développée, l'intensification agricole s'explique souvent par une augmentation de la superficie cultivée. On ne peut donc analyser la relation entre les cultures vivrières et le coton sans prendre en considération la superficie cultivée de chacun de ces produits. On notera « Sup_vi » la superficie en hectare du vivrier et « Sup_co » la superficie en hectare cultivée du Coton.
II.Etapes d'analyse
1- Etude de la Stationnarité
Il est à remarquer que l'étude empirique doit commencer les tests de stationnarité des différentes variables que l'on voudrait introduire dans le modèle. En cas de stationnarité de toutes les variables il faudra donc estimer un panel stationnaire à travers des modèles de panels classiques. Utiliser un panel classique suppose que notre échantillon est cylindré (balanced) c'est-à-dire qu'il existe le même nombre d'observation pour tous les individus. En cas d'échantillon non cylindré il faut faire recours à d'autres modèles qui sont souvent dans la pratique difficilement applicables.
En cas de non stationnarité, les études empiriques commencent par la détermination du degré d'intégration des variables étudiées par l'application de divers tests de racine unitaire. On distingue essentiellement deux générations de tests : la première repose sur la prise en compte de l'hétérogénéité individuelle et sur les formes de dynamiques individuelles c' est-à-dire l'hétérogénéité des paramètres du modèle ; La seconde prolonge cette direction mais remet en cause l'hypothèse d'indépendance entre les individus. Dans la lignée des tests de première génération nous avons : les tests de Levin, Lin et Chu, (1999, 2002) (LLC) ; les tests de Im, Pesaran et Shin (2003) (IPS) ; les tests de Manddala et Wu (1999) (MW) ; les tests de Hadri (2000). En ce qui concerne les tests de racine unitaire sous l'hypothèse de dépendance entre les individus ou tests de deuxième génération nous pouvons distinguer : les tests de Bai et Ng (2001, 2004) ; les tests de Phillips et Sul (2003) et Moon et Perron (2004) ; les tests de Choi (2002) ; les tests de Pesaran (2003) ; les tests de Chan (2002) etc.
Dans un contexte multi-varié, les études cherchent souvent à mettre en évidence des relations d'équilibre de long terme entre les variables par l'application de tests de cointégration. Comme tests de cointégration les plus utilisés sont les tests de Pedroni (1995, 1999, 2004) et les tests de Kao (1999), auxquels s'ajoutent les tests de McCoskey et Kao (1998), Larsson, Lyagen et Löthgren (2001) et Breitung (2005). Les tests de cointégration permettent donc d'identifier les variables explicatives pouvant influencer l'évolution de la variable expliquée Y_it.
Après l'étude de stationnarité il faut tester la spécificité des modèles de Panel. On peut donc utiliser :
- Un modèle sans effets en utilisant simplement l'estimateur des moindres carrés ordinaires (MCO), ou
- On peut estimer un modèle à effets fixes en supposant l'uniformité des coefficients d'un individu à l'autre sauf le terme constant et définissant un estimateur appelé « Double Whithin. Ce modèle est tester à partir du test de Fisher, ou
- Un modèle à effets aléatoires en utilisant un estimateur des moindres carrés généralisés (MCG) à travers le test de Breusch-Pagan, ou encore
- Un modèle à coefficients variables en définissant un estimateur de Hsiao.
- Le Test de Hausman permet d'effectuer en fin un choix entre un modèle à effets fixes et un modèle à effets aléatoire.
2- Causalité au sens de Granger
Pour vérifier nos hypothèses qui postulent que la production cotonnière cause significativement la production vivrière et vice versa, nous allons effectuer un test de causalité au sens de Granger (1969) sur panel (un PVAR Granger). Le test de causalité de Granger teste la causalité dans les modèles économétriques. Les prémisses sous-jacentes de ce test reposent sur l'idée que si la variable X cause une autre variable Y, alors l'ajout de retards sur X dans une régression de Y sur ses propres valeurs retardées et d'autres variables explicatives devrait améliorer significativement le pouvoir prédictif du modèle. Dire que X cause Y signifie donc qu'il est préférable de prédire Y en connaissant X que le sens contraire. Si l'inverse est également vrai (c'est-à-dire que les valeurs retardées de Y améliore significativement les prévisions de X dans une régression de X sur ses propres valeurs retardées et d'autres variables exogènes) alors on dit qu'i existe un effet substantiel de rétroaction (feedback) dans le système.
Alors que le concept sous-jacente de causalité est bien établi, il est devenu usuel de tester l'amélioration de l'ajustement plutôt que le pouvoir prédictif d'un modèle, une fois que les valeurs retardées de la variable supposée causale ont été introduite dans la spécification autorégressive de la variable expliquée. Parfois l'analyse restreinte au test de deux variables, les autres variables explicatives étant exclues des régressions. Si l'accent mis sur l'estimation plutôt que sur le pouvoir prédictif du modèle est parfois rendu nécessaire du fait de certaines limités inhérentes aux données, l'exclusion de variables additionnelles de contrôle n'a pas de justification théorique et peut conduire à des biais importants dus à l'omission de variables. Le but de cette partie n'est pas d'effectuer un commentaire général sur les tests de causalité, mais d'adapter spécifiquement ce concept aux données de panel. L'idée originale de Granger pour tester la causalité est fondée sur le pouvoir prédictif relatif des modèles, et à ce titre relève intrinsèquement d'une approche de séries temporelles. Ainsi, si les séries temporelles relatives à chaque individu dans le panel sont d'une longueur suffisante pour assurer assez de puissance aux tests d'hypothèses, alors il est préférable de réaliser des tests de causalité séparés sur chaque individu et d'analyser les résultats individuels pour avoir une idée de l'ampleur de la causalité. C'est pourquoi dans le cas de notre étude deux échantillons seront considérés. Le premier sera constitué des communes caractérisées par une saison par an et le second, celles ayant une double saison. En particulier, si un chercheur utilise des données empilées, il doit être certain que, (1) la dimension temporelle n'est pas suffisamment importante pour mener une analyse individuelle ; et (2) contrôlé à l'aide d'un petit groupe de variables, que les mécanismes de base sous-jacents à l'étude sont similaire entre individus. Aussi, l'analyse sur panel ne sera pas appropriée quand il y a deux populations totalement distinctes : l'une qui se caractérise par une forte causalité entre deux variables et l'autre non. Ni l'une ni l'autre n'est souhaitable dans le cas où la variable causale possède un impact négatif pour quelques pays et un impact positif pour d'autres, même après avoir tenu compte des autres influences possibles. Le test proposé est conçu pour être uti1isé sur des panels dans lesquels la variable causale en question a un impact variant d'un individu à l'autre, mais devant avoir un effet théorique similaire sur la variable expliquée (i.e positif ou négatif).
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- Citation du texte
- Julien Adangbedou (Auteur), 2019, Production cotonnière et production vivrière au Benin. Une analyse de causalité en Panel VAR, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1222608
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