Que pouvons-nous donner que nous n’ayons reçu ? « La vocation est un don et un mystère ». Elle est relation et expérience. Servir Dieu, lui consacrer ce que nous avons de plus cher, notre vie, est l’ultime consécration d’une vie toute donnée et toute reçue. Cette marche dans l’intimité du Dieu d’Amour n’est possible qu’au travers d’une rencontre, d’une histoire. Ceci est d’autant plus vrai que l’identité du chrétien qui est un appel, n’est pas d’abord l’assimilation quelque fois insipide et intellectuelle de dogmes et de principes moraux, mais l’expérience d’une rencontre, la connaissance d’une personne. Ce mystère aussi déroutant qu’il puisse paraître est la toile de fond de la vocation sacerdotale. En effet, le prêtre n’est-il pas l’expression, la rencontre d’un Amour, d’une Miséricorde ? Etre prêtre, vivre en prêtre, c’est témoigner d’une part de l’existence d’une personne, d’un Dieu qui est tout Amour et toute Miséricorde et d’autre part d’en faire l’expérience.
Tendresse et miséricorde sont les axes que Saint Paul emprunte pour traduire cette relation entre Dieu et nous. Dieu est d’abord un Dieu de tendresse et de miséricorde. Le prêtre vit cette expérience à un degré plus élevé eu égard à sa donation totale au Dieu de tendresse et de miséricorde. « Le poids de l’homme de Dieu est sa capacité d’intercession, et sa faiblesse ne sera que force » . Profondément émerveillé, radicalement marqué et « blessé » par cet amour inconditionnel et cette miséricorde suprême, le prêtre se fera le héraut de cette intensité d’amour et de vie. Par conséquent, sa mystérieuse et constante communication avec Dieu enrichit et amplifie le peu qu’il est et le peu qu’il a. C’est bien un grand mystère, le prêtre !
Que pouvons-nous donner que nous n’ayons reçu ? C’est de cette consolation reçue depuis son « fiat », c’est de cette consolation dont il est le bénéficiaire quotidien et inconditionnel que le prêtre pourra consoler tous ceux qui sont dans la détresse. Les défis de la raison d’être prêtre et de la raison d’être du prêtre se vérifient à mesure que son attention aux réalités de son humanité s’aiguise. Malheureusement, notre société est le symbole d’un paradoxe assez curieux. La hantise d’en découdre avec toute référence à Dieu, le dégoût pour le religieux qui côtoie dans un conflit perpétuel l’antique soif des hommes pour le transcendant.
PLAN
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : BREF APERÇU DE 2 Co 1, 3-5
I. PRÉSENTATION ETÉTUDE DE 2 Co 1, 3-5
A. BREF APERÇU DE LA VIE DE SAINT PAUL
B. DÉLIMITATION DU TEXTE
C. ÉTUDE SÉMANTIQUE ET TEXTUELLE
II. COMMENTAIRE DE 2 Co 1, 3-5
A. PORTÉE THÉOLOGIQUE
B. REGARS ET ACTUALISATION
CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE DEUXIÈME : LE PRÊTRE FACE AU DÉFI DE LA
MISÉRICORDE
I. LE PRÊTRE AU CŒUR D’UN MONDE EN QUÊTE DE MISÉRICORDE
A. LE PRÊTRE, OBJET DE MISÉRICORDE AU REGARD D’UNEHUMANITÉ ASSOIFFÉE D’ATTENTION ET D’ÉCOUTE
B. L’ABAISSEMENT DU « JE » POUR UNE AFFIRMATION DU « TU » ET DU « NOUS »
1. « "JE SUIS" PARCE QUE NOUS SOMMES »
2. MISÉRICORDE, PUISSANCE CRÉATRICE ET NON FAIBLESSE
II. AMOUR ET MISÉRICORDE, EXPÉRIENCE VITALE
A. À L’ÉCOUTE DE DIEU, DE L’HUMANITÉET DE SOI-MÊME
B. MÉDECIN DES CORPS ET DES ÂMES
1. MINISTRE DE LA MISÉRICORDE
2. « CHIRURGIEN » ET « PSYCHOLOGUE » DES CŒURS
III. À LA DÉCOUVERTE DE L’ALTÉRITÉ : SENTIR ET VIVRE AVEC
A. DIEU, L’ALTÉRITÉ PAR EXCELLENCE, SOURCE ET AUTEUR DE TOUTE MISÉRICORDE ET CONSOLATION
B. LE PRÊTRE, UN AMI QUI AIME AUTREMENT
CONCLUSION GÉNÉRALE
INTRODUCTION
Que pouvons-nous donner que nous n’ayons reçu ?1 « La vocation est un don et un mystère ». Elle est relation et expérience. Servir Dieu, lui consacrer ce que nous avons de plus cher, notre vie, est l’ultime consécration d’une vie toute donnée et toute reçue. Cette marche dans l’intimité du Dieu d’Amour n’est possible qu’au travers d’une rencontre, d’une histoire. Ceci est d’autant plus vrai que l’identité du chrétien qui est un appel, n’est pas d’abord l’assimilation quelque fois insipide et intellectuelle de dogmes et de principes moraux, mais l’expérience d’une rencontre, la connaissance d’une personne. Ce mystère aussi déroutant qu’il puisse paraître est la toile de fond de la vocation sacerdotale. En effet, le prêtre n’est-il pas l’expression, la rencontre d’un Amour, d’une Miséricorde ? Etre prêtre, vivre en prêtre, c’est témoigner d’une part de l’existence d’une personne, d’un Dieu qui est tout Amour et toute Miséricorde et d’autre part d’en faire l’expérience.
Tendresse et miséricorde sont les axes que Saint Paul emprunte pour traduire cette relation entre Dieu et nous. Dieu est d’abord un Dieu de tendresse et de miséricorde. Le prêtre vit cette expérience à un degré plus élevé eu égard à sa donation totale au Dieu de tendresse et de miséricorde. « Le poids de l’homme de Dieu est sa capacité d’intercession, et sa faiblesse ne sera que force »2. Profondément émerveillé, radicalement marqué et « blessé » par cet amour inconditionnel et cette miséricorde suprême, le prêtre se fera le héraut de cette intensité d’amour et de vie. Par conséquent, sa mystérieuse et constante communication avec Dieu enrichit et amplifie le peu qu’il est et le peu qu’il a. C’est bien un grand mystère, le prêtre !
Que pouvons-nous donner que nous n’ayons reçu ? C’est de cette consolation reçue depuis son « fiat », c’est de cette consolation dont il est le bénéficiaire quotidien et inconditionnel que le prêtre pourra consoler tous ceux qui sont dans la détresse. Les défis de la raison d’être prêtre et de la raison d’être du prêtre se vérifient à mesure que son attention aux réalités de son humanité s’aiguise. Malheureusement, notre société est le symbole d’un paradoxe assez curieux. La hantise d’en découdre avec toute référence à Dieu, le dégoût pour le religieux qui côtoie dans un conflit perpétuel l’antique soif des hommes pour le transcendant. Ce conflit est représentatif de tous les conflits dont notre humanité est le théâtre.
Le prêtre, fils de cette société et épris de miséricorde et d’amour n’est pas indifférent à ce monde déchiré. Ce type de société, cette humanité, est celle dans laquelle le prêtre se consume, brûlé par cet incandescent feu d’amour et de compassion, de miséricorde et de tendresse. Cette société ne désire qu’être écoutée et consolée. Une tâche qui malheureusement ne fait plus la priorité d’un grand nombre d’âmes consacrées or l’écoute de tant de cris trouve un écho vibrant dans le cœur du consacré. C’est aussi à travers cette écoute qui est d’abord écoute divine que le prêtre transmet l’expérience de la proximité d’un Dieu de tendresse et de miséricorde, auteur et source de toute consolation.
Devenir prêtre, n’est-ce pas reconnaître que le Dieu qui nous a appelés est un Dieu de miséricorde et d’amour ? Être prêtre, n’est-ce pas recourir à Dieu, auteur de tout réconfort ? Vivre en prêtre, n’est-ce pas ouvrir son cœur pour écouter le cœur de Dieu et celui des hommes et dire à l’humanité que Dieu passe par lui pour la réconforter ? Imiter le Christ en tant que prêtre, c’est s’émerveiller de la proximité et de l’intimité transformatrice de la présence et de l’écoute divine. La grandeur et la petitesse du prêtre revêt pour nous une signification irrévocable par le truchement de la méditation de 2 Co 1, 3- 5.
L’ensemble de ses interrogations posent le problème de l’être du prêtre et de l’actualité de sa vocation dans l’humanité aujourd’hui, un « blessé » d’amour et de miséricorde. Il s’agit d’explorer la manière selon laquelle l’être du prêtre est œuvre d’amour et de miséricorde. C’est une préoccupation cruciale car le ministère sacerdotal implique l’exercice audacieux de l’amour et de la tendresse du Christ dans une passion pour Jésus et pour l’humanité. Ce travail se fera en deux parties : dans une première partie nous nous intéresserons à la présentation de 2 Co 1, 3 – 5 avec des précisions bibliques. Dans notre méditation, en effet, sur le mystère du prêtre comme configuration au Père de tendresse et de miséricorde, la 2 Co 1, 3 -5 est pour nous une lueur dans notre réflexion. Le prêtre est à même d’être un blessé d’amour et de miséricorde parce qu’avec Dieu, il en a fait la profonde expérience. Ainsi, dans la deuxième partie, nous mettrons en lumière cette indéniable réalité du prêtre comme témoin de consolation reçue et donnée au cœur de cette société qu’il est appelé à servir.
CHAPITRE PREMIER : BREF APERÇU DE 2 Co 1, 3-5
Notre parcours s’étendra sur deux chapitres. Dans cette première partie, il s’agira de présenter la deuxième lettre de Saint Paul aux Corinthiens. Cette présentation nous permettra de mettre en lumière les principaux points et les différentes articulations nécessaires pour notre développement. Nous nous intéresserons donc à un bref aperçu de la vie de Saint Paul et nous ferons une étude de ce passage, objet de notre travail et nous en aborderons enfin la dimension théologique et spirituelle.
I. PRÉSENTATION ET ÉTUDE DE 2 CO 1,3-5
Nous présenterons un bref aperçu de la vie de Saint Paul et nous situerons la deuxième lettre aux Corinthiens au cœur des lettres de saint Paul.
A. BREF APERÇU DE LA VIE DE SAINT PAUL
Dans les recherches et essais biographiques des saints ou de personnages célèbres, le recours à leurs propres écrits a souvent été une source de première classe et d’une précieuse valeur. Cette réalité est d’autant plus vraie que nous ne saurions prétendre peindre le tableau biographique de Saint Paul sans recourir à ses écrits. Ainsi, en parcourant les épîtres de Saint Paul et en faisant recours à des biographies de l’apôtre des Gentils, le sentiment qui transparaît est profond et pareil d’une lettre à une autre, d’une biographie à une autre. C’est le sentiment de quelqu’un qui s’exprime avec sympathie et dont les épîtres nous apportent réconfort, lumière et paix3. La densité et la richesse de ses épîtres nous obligent à nous y pencher. Par ailleurs, pénétrer le sens et l’esprit des lettres revient à nous laisser éclairer par la personnalité de l’auteur, une personnalité éprise de tendresse et d’amour. Il est l’exemple le plus éloquent d’un homme de pensée et en même temps d’action. Fondateur d’églises, il est un théologien qui a édifié une œuvre doctrinale d’une importance capitale et toujours d’actualité. Grâce à sa grande sensibilité, il sut pénétrer en profondeur le mystère du Christ dans son dessein de salut. Sensibilité frémissante, son cœur était totalement livré pour l’œuvre missionnaire. A chaque page, « sa personnalité se révèle et dans toute son originalité et sa vigueur, dans ses attachements, dans sa tendresse et dans ses colères aussi »[4].
L’effort de Paul est d’amener à la foi. Il est de ce fait le type même du théologien comme Ezéchiel (Ez 18,33), l’auteur de Job et celui du livre de la Sagesse dans l’Ancien Testament4. Il hérite de toute la tradition chrétienne primitive et d’une connaissance profonde de l’Ancien Testament. En définitive et toutes considérations faites, on ne saurait lire les Epîtres de Saint Paul sans se reporter constamment à sa vocation et surtout à cette intervention du Christ dans sa vie : là où tout a commencé, l’expérience de la Toute-Puissance du Christ ressuscité.
La vision de Damas est l’évènement spirituel le plus capital et le plus fécond de toute son existence. Juif de la diaspora, Paul est né à Tarse, en Cilicie (actuelle Turquie)5. Il est issu d’une famille attachée aux traditions de son peuple. Vers l’âge de 13 ans, alors que le jeune israélite devenait « fils de la loi », Saul fut envoyé à Jérusalem pour parfaire ses études. En plus de son nom hébreu Shaoul (Désiré), il portait un nom latin Paulus : petit. Celui sous la direction de laquelle, il reçut son enseignement est le célèbre pharisien Gamaliel (cf. Ac 5, 34 ; 22, 3), membre du sanhédrin. Le plus grand trait caractéristique de sa personnalité est son histoire. Il s’illustra comme persécuteur de l’Eglise naissante (Ga 1, 13-17). Sous la férule de Gamaliel, héritier du rabbi Hillel6, il se pénétra dans la Bible et dans sa doctrine. De sources certaines, il serait retourné dans sa patrie après son passage à Jérusalem. Fabricant de tentes, la vocation de Paul est un fait unique et providentiel. Il s’identifie à la figure de Jérémie, mise à part dès le sein maternel comme prophète pour les nations7. Cependant, son passé pèsera lourd dans l’accomplissement de sa vocation. Il est hanté par l’urgence de la mission, mais plus encore pressé par l’amour du Christ qui a donné sa vie pour tous (2 Co 5,14). Il joua un rôle de premier plan dans plusieurs communautés et se verra assigner des missions pour l’établissement de communautés chrétiennes.
Après son baptême, il rencontra Pierre et Jacques. Il reçoit sa première mission à Chypre et en Asie Mineure et entreprit une série de voyages pour répandre la Bonne Nouvelle. L’établissement de communautés chrétiennes en Pisidie et en Lycaonie est une œuvre à laquelle l’Apôtre se consacra. Après trois ans de voyage, il revient à Antioche d’où il part pour l’Assemblée de Jérusalem en 49. Il passera en Europe, par la Macédoine, il gagne la Grèce, Athènes et séjourne pendant quelques temps à Corinthe. De là, il écrit ses deux lettres aux Thessaloniciens et rentre à Antioche en 52. Entre 53 et 57/58, au cours de sa troisième mission, Paul fait un long séjour à Ephèse et il y écrit la Première Lettre aux Corinthiens et la deuxième à Macédoine. Il séjourne plus tard à Corinthe où il écrit la Lettre aux Galates et celle aux Romains. A Jérusalem, il est mis en état d’arrestation, c’est le début d’une captivité qui s’étendra sur deux ans en Palestine (58 - 60) et deux ans à Rome (61 - 63). Pendant cette captivité, il écrit les Lettres aux Philippiens, Colossiens, à Philémon et aux Ephésiens. Libéré en 63, il est de nouveau arrêté à Rome en 67. Nous connaissons très peu de choses sur ses dernières. Il meurt martyr à Rome en 67 sous Néron entre 64 et 688.
Dans ses lettres, Saint Paul se dit le dernier des apôtres, indigne de porter ce nom de chrétien qui ne convient pas à un ancien persécuteur. Ces réserves et attitudes empreintes d’humilité se traduisaient-elles par des regrets infinis de sa conduite passée (2 Co 15, 9) ? Mais il assure qu’il lui a été fait miséricorde parce qu’il agissait « sans savoir, n’ayant pas encore la foi » (1 Tm 1, 13). « C’est par une grâce que je suis ce que je suis » (1 Co 15, 10), dira-t-il. La vie de Saint Paul, son itinéraire et l’histoire de sa vocation sont l’éloquente preuve de cette miséricorde dont tout homme et en particulier tout serviteur de Dieu est l’objet et le sujet. C’est ce qui se révélera avec une lumineuse insistance dans 2 Co 1, 3-5.
B. DÉLIMITATION DU TEXTE
La lettre a été écrite dans des circonstances difficiles à élucider. Il n’est pas facile de classer cette lettre dans un genre. C’est une lettre suscitée par de pressantes contingences vitales et non une « épître » au sens littéraire9. Pour comprendre cette lettre, il faut entrer au cœur de la forêt émotionnelle et sentimentale de Paul.
Cette lettre vise une intention toute simple, celle de convier des disciples très chers à se réjouir avec lui de ce qu’il vient d’échapper à un péril mortel. L’auteur nourrit le désir de rétablir son autorité de père sur l’église de Corinthe. Dans cette situation de crise, Paul travaille à reconquérir la confiance de Corinthe non pour sa satisfaction personnelle mais afin de pouvoir procéder avec l’appui d’une communauté redevenue bien docile au redressement parfait des mœurs chrétiennes et à de nouveaux succès apostoliques où les fidèles l’aideront en ses conquêtes ambitieuses[11].
La délimitation de l’unité textuelle de 2 Co 1,3-5 revient à déterminer les contours : le début et la fin du texte par rapport à des textes en amont et en aval en tenant compte du lieu, du temps, des personnages, du style, du vocabulaire et de la thématique.2 Co 1,1-2 est la péricope en amont, elle précède 2 Co 1,3-5. Dans cette péricope, il s’agit de la salutation à l’Eglise de Dieu à Corinthe. Même s’ils ne sont pas tous actifs, nous pouvons évoquer quatre catégories de personnages : Paul, Timothée, Fidèles de Corinthe et Fidèles de la Grèce. Les « destinataires de cette adresse sont les Juifs et les Grecs »10. Le vocabulaire utilisé tourne autour d’une salutation adressée (2 Co 1,1) et des souhaits de bénédiction (2 Co 1,2). Paul, avec Timothée coexpéditeur de la lettre, se présente comme apôtre du Christ et s’adresse à « l’Eglise de Dieu » et mentionne Corinthe. De plus, la salutation « À vous grâce et paix » est devenue liturgique, et combine « grâce », proche de la salutation grecque « réjouis-toi » ( khairé ) et « paix » ( shalom ). À part la présence des noms de lieux : Corinthe et Grèce, rien ne nous renseigne sur le lieu de la rédaction mais plutôt sur le lieu vers lequel la lettre est destinée.
Cependant, en se penchant sur la péricope 2 Co 1,6-11, la thématique est différente de 2 Co 1, 1-2. Paul relate un épisode où il a échappé à la mort. Le « nous » employé par Saint Paul tout au long de ces versets nous laisse penser à lui et à Timothée. Cependant l’imprécision du contenu de ce « nous » ne nous autorise guère à l’adopter comme certitude. Ces personnages pourraient être encore plus nombreux ou encore moins. Le temps n’est pas déterminé. En considérant la continuité de la thématique de 2 Co 1, 3-5 dans les versets 6 et 7, ils peuvent être rattachés à 2 Co 1, 3-7 pour réaliser l’unité textuelle. 2 Co 1, 8-11 nous précise que ce que narre Saint Paul se passe dans la province d’Asie (2 Co 1, 8). Contrairement à la péricope en amont, le style et le vocabulaire ici, traduisent un ton affectif où les mots sont pleins de sentiments et d’émotions.
La thématique de 2 Co 1, 3-5 est la bénédiction de Saint Paul pour le partage des détresses et des réconforts. Ce vocabulaire et ce style sont assez suggestifs. En définitive, de la première péricope à celle en aval, nous avons des changements de lieu, le vocabulaire et le style qui diffèrent et une variation au niveau des personnages. Quel est le contenu de 2 Co 1, 3-5 ?
C. ÉTUDE SÉMANTIQUE ET TEXTUELLE
En parcourant 2 Co 1, 3-5, la multiplicité des thèmes dénote de la richesse et de l’abondance des enseignements condensés dans ces quelques versets.11 Cependant trois thèmes reviennent avec insistance dans cette bénédiction. Ces expressions : réconfort, réconforter (10 fois), détresse, être en détresse (3 fois), souffrance, souffrir (4 fois).
La première partie du verset autorise à préciser la traduction du verset 2 : Dieu de Jésus-Christ et souligne un aspect théocentrique de la spiritualité paulinienne. Les qualificatifs qui suivent, « Dieu de toute consolation », « Père des miséricordes » sont choisis en harmonie avec le contenu de cette action de grâces, qui est comme la vérification de la béatitude promise à ceux qui pleurent.
Ainsi, la miséricorde infinie du Père est non seulement source de consolation et de réconfort de toutes sortes, mais au point de départ de son dessein de salut sur le monde. Les mots ʌĮȡĮțĮȜİȚȞ et ʌĮȡĮțĮȜȘıȚȢ, qui reviennent près de dix fois en cinq versets, traduisent le sentiment dominant de l’âme de Paul.
Dans l’Ancien Testament, en effet, l’histoire d’Israël est perçue comme une longue tribulation. Ce peuple nourrit la conviction que toutes ces épreuves sont voulues par Dieu comme châtiment de l’infidélité de son peuple et pour disposer celui-ci à une obéissance exacte. Pour Saint Paul, héritier de la tradition juive et de cette tradition biblique, la tribulation est inséparable de la vie chrétienne en ce monde ; elle est une nécessité pour l’Église, les fidèles et surtout les apôtres (1 Co 1, 3 ; 2 Co 4, 8-11). Ces souffrances du Christ ȉĮʌĮșȘȝĮIJĮIJȠȣȋȡȚıIJȠȣ sont identiques aux șȜȚȥİȚȢIJȠȣȋȡȚıIJȠȣ et désignent sans doute les souffrances que supportent les membres du corps mystique du Christ, mais d’une façon plus précise toutes les épreuves endurées pour la diffusion de l’Évangile.
Dans le Nouveau Testament, les souffrances du chrétien sont liées à celles du Christ d’une triple manière : d’abord ce sont des épreuves analogues à celles que le Christ a endurées et elles comportent une vertu de résurrection, donc de consolation et de salut (cf. Mc 10, 38 ; Rm 6, 4). Ensuite, elles adviennent au chrétien de par la volonté de Dieu et du Christ (cf. Mt 5, 11) et enfin le chrétien souffre en communion avec le Christ, comme membre du Christ, et le Christ souffre en lui. Ce qui est une conséquence de la doctrine de l’union du Christ contractée au baptême. Il ne s’agit donc pas de souffrances endurées comme le Christ, mais bien des souffrances du Christ lui-même dans ses apôtres. Cette étude s’insère dans une compréhension plus précise et complète de 2 Co 1, 3-5 dont nous tenterons un commentaire.
II. COMMENTAIRE DE 2 CO 1, 3-5
Le commentaire de 2 Co 1, 3-5 ne se limitera pas à une interprétation purement biblique de ce passage mais s’identifiera avec sa portée théologique. Nous aborderons ce commentaire dans une perspective d’actualisation.
A. PORTÉE THÉOLOGIQUE
Nous avions évoqué dans l’étude 2 Co 1, 3-5, la récurrence de certaines expressions qui nous renseignent sur le champ sémantique. L’auteur après avoir béni Dieu se présente comme recevant de Dieu toute consolation surtout lorsque les affres de la détresse affligent le cœur. La détresse, en effet, décrit les difficultés de tous ordres qui surviennent à tout être humain et plus encore à celui qui appartient au Christ. Cette détresse peut se conjuguer en faim, dénuement, précarité, pauvreté, persécutions, incertitudes. Saint Paul dira que cette détresse n’est pas assez suffisante pour nous éloigner de l’amour du Christ (Rm 8, 36-38). Elles (ces détresses) sont signe de l’appartenance au Christ et ainsi un sujet de joie. Par ailleurs, le réconfort reçu de Dieu : il est un encouragement à éclairer les situations : l’apôtre communique aux Corinthiens ce qu’il a reçu de Dieu, le réconfort, et, en échange, eux apprennent à supporter les mêmes souffrances que celles subies par l’apôtre. Le ministère apostolique que Paul exerce parmi les Corinthiens met en valeur cette tension réciproque entre détresse et réconfort12.
En outre, la pensée centrale apparaît avec vigueur en 1, 5 : « De même que nous avons largement part aux souffrances du Christ, de même par le Christ, nous sommes largement réconfortés ». Corinthe, capitale de la province romaine d’Achaïe, et centre de l’administration provinciale comme de l’organisation judiciaire et financière, était un foyer de rayonnement exceptionnel dans toute la Grèce. Nous concevons donc que l’Église de Corinthe devenue le centre religieux des communautés chrétiennes de la Grèce méridionale ; aussi l’épître, qui a déjà un caractère encyclique (cf. Col 4, 16) est-elle non seulement adressée à l’Église « métropolitaine » mais aussi aux communautés environnantes (cf. 1 Th 1, 7, 8 ; 1 Co 11, 10). Avec Saint Thomas dans son commentaire de cette péricope, nous convenons qu’un homme en console un autre lorsqu’il lui apporte comme un rafraîchissement au milieu de ses épreuves. C’est là proprement consoler, car si l’homme n’avait pas où apaiser son cœur lorsque les maux l’accablent, il succomberait. Bien que pour certains maux l’homme puisse être consolé, apaisé et soutenu par son prochain, Dieu, cependant est le seul et parfait consolateur. La véritable consolation, celle qui dure et nous apaise totalement irait prendre source en Dieu. Si nous commettons des péchés, Dieu nous console car il est miséricordieux. Si nous sommes affligés, il nous console en nous faisant surmonter par sa puissance ou en nous réhabilitant par sa justice. Si nous peinons à la tâche, il nous console en nous rétribuant de nos efforts. Si Dieu agit ainsi envers nous, c’est aussi pour que nous le fassions envers les autres. Dans 2 Co 1, 3-5, les Corinthiens reçoivent encouragement par la constance et la joie que Saint Paul manifeste dans les mêmes épreuves qui les accablent ; mais Apôtres et fidèles, en vertu du plan providentiel, sont unis spirituellement les uns aux autres au service du Christ. Ils partagent les mêmes souffrances pour le profit commun de l’Église et pour avoir part à une même récompense (Rm 8, 17). La profondeur de ces versets au regard de la pensée de Saint Paul qui parle à travers son cœur nous fait évoquer l’actualité de la tendresse et de la miséricorde. Peut-on transmettre une expérience d’amour de Dieu en faisant fi de la tendresse, de la miséricorde et de la consolation ? Notre humanité avec ses caractéristiques de plus en plus hostiles à toute image d’une religion pleine d’humanité ne sent-elle pas le besoin de guérir par le recours au remède : Tendresse, Miséricorde, Consolation. De plus, nous éloignant de l’auteur de Tout, ne recourons-nous pas à tout, oubliant que Dieu est le seul qui puisse nous consoler au cœur des adversités qui semblent donner un goût fade et amer à notre angélique et belle existence.
B. REGARDS ET ACTUALISATION
Nous ne finirons jamais de creuser et de nous désaltérer à cette source précieuse que nous offre 2 Co 1, 3-5. Tout au long de cette première partie, nous évoquions des lueurs. Plus nous pénétrons dans le cœur de ces splendides versets, plus nous nous rendons compte de sa grande profondeur. Dans la Bible, et au cœur des multiples expériences religieuses et mystiques, Dieu est dépeint comme un être débordant de tendresse et de miséricorde et par conséquent compatissant et consolateur. Des traits de Dieu, Saint Paul plus que quiconque en avait pleinement conscience et invitait les Corinthiens à y croire tout en faisant l’expérience. Aujourd’hui encore beaucoup de cœurs doivent entendre à nouveau cette belle invitation. Quelle image de Dieu avons-nous aujourd’hui ? Quelle image de Dieu nous imprime notre rencontre avec le prêtre, alter Christus ? Peut-on facilement encore aujourd’hui prêcher la Bonne Nouvelle de la tendresse et de la miséricorde de Dieu ?
Le monde souffre et est gravement malade de miséricorde et de consolation, il emprunte malheureusement « une multiplicité de sentiers qui ne conduisent pas à un but certain et qui prennent plutôt l’aspect d’un labyrinthe »13. Toute référence à Dieu doit être bannie, voilà le slogan d’une majorité d’hommes dont l’idéologie fait de plus en plus école. Or si nous ne voulons faire confiance à Dieu, nous devons écouter d’autres voix. Si croire signifie s’en remettre à un amour miséricordieux qui accueille toujours, pardonne et même console, alors nous aurons une grande peine à ne pas penser à Dieu comme Père de toute miséricorde et de toute consolation et à ne pas témoigner d’une pareille expérience vécue.
Fondre en bénédiction pour Dieu, Père de toute miséricorde et de toute consolation, le seul qui peut nous consoler afin que nous témoignions de cette consolation envers les autres, nous destine à une attitude d’espérance joyeuse. Par contre, « le grand risque que notre monde court aujourd’hui est son idéologie de consommation, sa recherche de plaisirs superficiels et une tristesse individualiste »14. « Cette société technique a pu multiplier les occasions de plaisir, mais elle a bien du mal à secréter de la joie »15.
Notre humanité, fière de ces multiples sécurités, n’observe plus au cœur de toute vie, ces cœurs qui crient et attendent un regard plein de miséricorde et de compassion. Cependant ce grand risque n’a pas épargné ou plutôt n’épargne pas l’Église et ses pasteurs à telle enseigne que le Pape François, alors archevêque de Buenos Aires, s’exclamait en ces termes : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités »[18]. De toute évidence pareille humanité, pareille Église, ne peut que se désaltérer à la source de la miséricorde et de la consolation puisqu’au cœur de ses épreuves, de ses blessures, elle a rencontré ce Père miséricordieux et consolateur et peut par ricochet en être le héraut.
Notre observation et réflexion nous permet de comprendre que l’actualité de cette péricope se fait plus évidente quant aux défis auxquels nous sommes confrontés. Les progrès témoignent du virage historique que le monde a emprunté. Virage qui a beaucoup amélioré le quotidien de l’humanité mais qui a aussi fait sombrer une multitude dans la précarité, l’indifférence et l’insouciance des hommes. Beaucoup d’hommes s’identifient aujourd’hui à la crainte, la désespérance, la violence, la méchanceté, la vengeance, la haine, à la perte d’une dignité pour laquelle il faut lutter en vain. Par ailleurs, notre société dans sa nouvelle forme d’expression a développé « une mondialisation de l’indifférence et presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tous nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort »16. Nous avons anesthésié en nous tout sentiment qui fait de nous des humains avec un cœur. « Derrière tout cela se cachent le refus de l’éthique et le refus de Dieu »[20]. La barbarie de l’économie du marché a engendré une disparité sociale sans précédent qui entraîne une violence exponentielle que la course à l’armement ne fait qu’attiser. En face de ce vaste éventail de sentiments à la limite inhumains, l’idéal est de proposer une spiritualité dénuée de toute référence divine.
Mais à tout moment de cette histoire, de ce tableau dépeint, la fragilité humaine est présente, l’homme au cœur de toutes ces luttes et recherches et égarements est exposé. C’est davantage dans ces situations que résonnent plus fortement ces paroles de Saint Paul : « Béni soit le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions consoler les autres, en quelque tribulation que ce soit ». En définitive, il serait ici prétentieux de vouloir retracer et faire ressortir tous les traits caractéristiques de notre société, toutefois notre monde est particulièrement marqué par la miséricorde et par le besoin de miséricorde et de consolation. C’est au cœur de cette société, que le prêtre, reçoit comme une tendre blessure qui fait de lui objet et sujet de miséricorde. Toute l’histoire de la vocation de Saint Paul en témoigne : « tout ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu qui n’a pas été vaine en moi ». Le prêtre, un blessé d’amour et de miséricorde, que revêt ce mystère ?
CONCLUSION PARTIELLE
La péricope 2 Co 1, 3-5, loin d’être un passage choisi pour faire œuvre d’une réflexion purement intellectuelle et biblique, répond à une aspiration profonde qui nous laisse percevoir le prêtre, comme un « blessé » d’amour et de miséricorde. Dans cette première partie, nous nous sommes attelés à comprendre le passage de 2 Co 1, 3-5 pour le situer dans le cadre précis de notre réflexion. Ce travail biblique nous permet ainsi d’appréhender les appels lointains à une attention plus soutenue à la réalité que revêt le prêtre dans son sens et son être profond.
CHAPITRE II : LE PRÊTRE FACE AU DÉFI DE LA MISÉRICORDE
Dans cette deuxième partie qui n’est que le prolongement de la précédente, nous essayerons de présenter le prêtre, dans tout son mystère et dans toute sa petitesse. Toujours connecté à la source de son existence, il vêtira dans le manteau de prophète au cœur de cette société assoiffée de miséricorde et de tendresse.
I. LE PRETRE AU CŒUR D’UNE HUMANITE EN QUETE DE MISERICORDE
L’effroyable réalité évoquée de notre monde en passe non seulement à une crise économique mais aussi d’identité et de non-référence aux valeurs humaines, ne peut que hanter toute âme ivre d’amour pour Dieu et pour les hommes. L’appel incessant à la miséricorde que notre monde lance au cœur de toute créature résonne avec plus d’acuité dans le cœur du prêtre « tout donné », « tout-amour » et « toute-donation ». Nul ne saurait regarder notre terre sans se convaincre de la nécessité inéluctable d’une redécouverte de la miséricorde. Ainsi, le prêtre se trouve au cœur de cette humanité qui est sans cesse assoiffée. Sa course, en effet, effrénée vers toutes les idoles des temps modernes n’est que l’expression de cette insatisfaction sans cesse grandissante et obsessionnellement ressentie. Comment le prêtre peut-il éprouver ce manque si sa vie et son expérience avec Dieu n’a jamais été l’évocation d’une aventure de miséricorde ? Comment le prêtre pourra dire et chanter la miséricorde s’il n’a pas déchiffré sur les partitions de son existence, les notes de tendresse ressentie et vécue de la part du tout-puissant, l’unique et véritable Bien ?
A. LE PRÊTRE, OBJET DE MISÉRICORDE AU REGARD DUNE HUMANITÉ ASSOIFFÉE DATTENTION ET DECOUTE
Aujourd’hui, comme dans les siècles passés, l’identité du prêtre a été éprouvée au feu de l’instabilité de la société, de ses multiples changements et de ses irrévocables défis. Si nous avions précédemment présenté le prêtre comme vivant dans une société, avec son histoire d’une part et comme un acteur indispensable dans la réalisation du dessein de cette société d’autre part, alors tout ce qui s’y meut ne peut pas le laisser indifférent. Ainsi, devant une humanité assoiffée, il admet n’être comblé qu’à la source inaltérable de tendresse qui s’est constamment déployée dans tout son parcours. Partant de cette certitude, dirons-nous que la vocation est un don ou un mystère ? Plus qu’une simple interrogation, la vocation, don ou mystère, nous lance au cœur d’un débat dans lequel nous ne nous aventurerons guère. Nous nous rendrons plutôt compte d’une certitude, d’une conviction qui perçoit la vocation comme tout un long déploiement de la tendresse de Dieu.
Saint Paul a sans cesse rappelé que sa vie, l’histoire de sa sublime et inoubliable rencontre avec le Christ n’est que le fruit d’une pure grâce. Chaque création appelée s’est toujours confondue en indignité face à cet appel, à cette grave mission. Nous en voulons pour preuve le récit de la vocation et de l’appel de Moïse par le Seigneur (cf. Ex 3, 11). Cette expérience sera identique avec le prophète Jérémie (cf. Jr 1, 6). Même si les appels et les dons de Dieu sont irrévocables, ils ne suppléent pas les insuffisances et les fragilités humaines. Le prêtre, l’être appelé ne se trouve à même de répondre convenablement à ce dessein de Dieu sur lui qu’en regardant cet appel avec des yeux de miséricorde ; il est constamment objet de miséricorde. Le Père Jean GALOT fera une pertinente remarque ici par rapport à l’ordination : « (…) le caractère, en conférant le pouvoir sacerdotal, n’apporte pas avec lui les conditions humaines d’exercice fructueux de ce pouvoir »17. Incapacités, fragilités, limites, défauts, faiblesses font partie du lot quotidien de l’appelé à un si grand mystère. Si le prêtre manquait à percevoir son itinéraire vocationnel sous l’angle de la miséricorde, il en deviendrait inopérant.
Par ailleurs, à l’occasion du cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale, Jean-Paul II a donné le témoignage sur sa vocation, non pas tant pour raconter sa vie que pour chanter la miséricorde de Dieu : « Don et Mystère qui sont la clef de son histoire »18. Les paroles dusaint Pape Jean-Paul II nous édifient sur la gratuité et la sublimité de ce mystère : « l’histoire de ma vocation sacerdotale ? C’est Dieu surtout qui la connaît. A son niveau le plus profond, toute vocation sacerdotale est un grand mystère, c’est un don qui dépasse l’homme infiniment. Nous tous, prêtres, nous en faisons clairement l’expérience dans toute notre vie. Devant la grandeur de ce don, nous sentons combien nous sommes déficients. La vocation est le mystère de l’élection divine : ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure. (Jn 15, 16). Nul ne s’arroge à soi-même cet honneur, on y est appelé par Dieu absolument comme Aaron (He 5, 4) »[23]. Quelle averse de grâces se répand sur la vie de celui qui se sait aimer d’un Dieu auteur de tout bien et de toutes grâces ? Quelle merveille devant le sublime mystère qu’est Dieu ? Le cœur de l’homme ne pourra jamais sonder le cœur de Dieu aux profondeurs du mystère des multiples appels qu’il reçoit de Dieu. Etre appelé par Dieu pour se configurer à lui, être appelé par Dieu pour participer à l’élogieuse œuvre de la création et de la rédemption n’est aucunement le fruit d’un mérite, « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu, avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré, comme prophète des nations, je t’ai établi » (Jr 1, 5).
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1 François VARILLON, La souffrance de Dieu, Le Centurion, 1975, pp. 99-100.
2 Guy GILBERT, Mes plus belles, éditions Philippe Rey, Paris, 2008, p. 277.
3 Charles AUGRAIN, Paul, maître de vie spirituelle, tome II, Editions Fleurus, Paris, 1961, p. 5. 4 Ibid., p. 7.
4 Ibid., p. 8.
5 Michel QUESNEL - Philippe GRUSON, La Bible et sa culture, Jésus et le Nouveau Testament, Desclée de Brouwer, Paris, 2000,p. 181.
6 François AMIOT, L’enseignement de Saint Paul, tome I, Librairie LECOGGRE, Paris, 1938, p. 6-7.
7 Michel QUESNEL - Philippe GRUSON, La Bible et sa culture, Jésus et le Nouveau Testament, p. 183.
8 Cf. Michel QUESNEL - Philippe GRUSON, La Bible et sa culture, Jésus et le Nouveau Testament, p. 193.
9 Cf. E. B. ALLO, Seconde Epître aux Corinthiens, Mesmil, France, 1936, p. 14. 11Ibid., p. 15.
10 Paul DE SURGY - Maurice CARREZ, Les épîtres de Paul : I Corinthiens, Bayard Editions, Paris, 1996, p. 141.
11 Ibid., p. 142.
12 Paul de SURGY – Maurice CARREZ, Les épîtres de Paul : I Corinthiens, pp. 142-143.
13 Pape François, Lettre encyclique Lumen Fidei, Éditions La Croix du Bénin, Juillet 2013, p. 13.
14 Pape François, Exhortation apostolique EvangeliiGaudium, Éditions La Croix du Bénin, Novembre 2013, n°2.
15 Pape Paul VI, Exhortation apostolique Gaudete in Domino, 9 mai 1975, n°8 : AAS 67 (1975), 292. 18Pape François, Exhortation apostolique EvangeliiGaudium, n° 49.
16 Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, n° 54. 20Ibid., n° 57.
17 Jean GALOT, Prêtre au nom du Christ, CLD, Paris, 1985, p. 125.
18 Pape Jean-Paul II, Ma vocation don et mystère, Bayard Editions, Cerf, Fleurus Mame, Téqui, 1996, p. 11. 23 Ibid., pp. 15-16.
- Quote paper
- Bachelor Pierre Mvogo Amougou (Author), 2016, Le prêtre, un "blessé" d'amour et de miséricorde au service de l'humanité. Méditation à partir de 2 Co 1, 3,5, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1142087
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