Dans ce mémoire il s’agit de l’oeuvre L’amour, la fantasia, un roman d’Assia Djebar, qui a été publié en 1985. L’auteure, Fatima-Zohra Imalayène, qui a vécu pendant la guerre d’indépendance algérienne, réunit le conflit colonial et des pensées féministes dans cet oeuvre. Les titres des différentes parties de l'oeuvre de Djebar révèlent la thématique de l'histoire principale : le conflit entre l'agresseur et l'agressé pendant la période coloniale, de la chute d'Alger aux mains des Français en 1830 jusqu’à la Révolution algérienne, mais nous avons aussi une histoire parallèle : à savoir le voilement des voix d'opposition. La lutte militaropolitique entre Français et Algériens est une allégorie de la lutte des femmes algériennes pour s'inscrire dans un espace qu'elles peuvent identifier comme le leur. Pour la femme dont la narratrice raconte c’est son histoire, son espace social, sexuel et historique dans une société genrée pour les hommes. Pour la narratrice et pour Djebar elle-même, c’est un espace d'écriture inscrit dans la langue écrite de l'adversaire.
Djebar relate le désir de l’indépendance algérienne avec le désir de la libération personnelle des femmes algériennes, qui se sentent cloîtrées dans leurs vies privées. Djebar crée un espace fictionnel de polyphonie où l'on entend des diverses voix féminines raconter les réalités passées et présentes de leur vie. Elle juxtapose la polyphonie des voix des femmes algériennes aux textes écrits par les colonisateurs français, créant une "dialectique" entre le passé et le présent, l'homme et la femme, l'écriture et l'oralité, qui examine la politique du langage d'une manière particulièrement convaincante.
1 Introduction
Dans ce mémoire il s'agit de l'reuvre L 'amour, la fantasia, un roman d'Assia Djebar, qui a été publié en 1985. L'auteure, Fatima-Zohra Imalayène, qui a vécu pendant la guerre d'indépendance algérienne, réunit le conflit colonial et des pensées feministes dans cet reuvre. Les titres des différentes parties de l'reuvre de Djebar révèlent la thématique de l'histoire principale : le conflit entre l'agresseur et l'agressé pendant la période coloniale, de la chute d'Alger aux mains des Francais en 1830 jusqu'a la Révolution algérienne, mais nous avons aussi une histoire parallèle : a savoir le voilement des voix d'opposition. La lutte militaro- politique entre Francais et Algériens est une allégorie de la lutte des femmes algériennes pour s'inscrire dans un espace qu'elles peuvent identifier comme le leur. Pour la femme dont la narratrice raconte c'est son histoire, son espace social, sexuel et historique dans une société genrée pour les hommes. Pour la narratrice et pour Djebar elle-même, c'est un espace d'écriture inscrit dans la langue écrite de l'adversaire. Djebar relate le désir de l'indépendance algérienne avec le désir de la libération personnelle des femmes algériennes, qui se sentent cloitrées dans leurs vies privées.
Djebar crée un espace fictionnel de polyphonie ou l'on entend des diverses voix féminines raconter les réalités passées et présentes de leur vie. Elle juxtapose la polyphonie des voix des femmes algériennes aux textes écrits par les colonisateurs francais, créant une "dialectique" entre le passé et le présent, l'homme et la femme, l'écriture et l'oralité, qui examine la politique du langage d'une manière particulièrement convaincante.
Selon Richter, Djebar décrit l'ensemble de son reuvre comme une série romanesque et une écriture autobiographique a la fois.1 Si nous voulons classer le discours de Djebar comme une forme d'autobiographie collective, nous pouvons nous tourner vers l'article de Patricia Geesey de 1996, dans lequel elle s'engage dans une discussion informée et approfondie sur les femmes, leurs histoires, leurs voix et sa représentation dans L'Amour, la fantasia de Djebar. Elle évoque que : « Given the cultural proscription against women's first-person narrative [...] Djebar recognizes that [...] she must renew her ties to the female collective and situate her discourse within the circle of Algerian women. »2 Pour Djebar, aborder la problématique du discours autobiographique des femmes postcoloniales exige un lieu d'inscription ou les aspects de sexe et de politique convergent et se recoupent, encadrant une stratégie complexe qui peut finalement donner du pouvoir au sujet feminin collectif. Son reuvre consiste a « uniting her own voice with those of the collective »3, elle fait donc un effort pour réinscrire les femmes dans l'histoire algerienne, en racontant leur vie personnelle.
Ce memoire explique que Djebar voulait liberer ces femmes longtemps muettes après avoir subi l'oppression patriarcale, en s'inscrivant dans un canon polyphonique postcolonial et donnant une voix a ces femmes encore oppressees.
En premier lieu, nous allons analyser la division de la narratrice entre les langues et les similarités entre l'histoire d'Algérie et la modération du corps féminin. Ensuite nous prendrons en compte comment le corps feminin était dominé et controle par son entourage. Enfin nous examinerons comment il tente de gagner plus de liberte.
2 Division
Prisonnière des deux langues, l'arabe, sa langue maternelle et le francais, la langue du colonisateur. Sa langue d'origine et le francais, aussi appelle la langue paternelle, semblent a diviser la narratrice désespérément. Les deux langues tentent de réparer son identité, et semblent d'un cöté lui permettre a s'épanouir et de la handicaper. Bien qu'elles constituent chacune son identité, elles semblent la tirer dans des directions opposées. Les termes de sexe utilisés pour décrire chaque langue affirment cette opposition, et pourtant ce n'est pas seulement une division entre les domaines masculins et féminins que Djebar souligne dans ce roman, c'est-a-dire une seule construction binaire. Nous avons aussi deux cultures patriarcales différentes : l'arabe et l'occidentale. La narratrice sert de médiatrice entre deux visions opposées de la réalité, deux cadres de référence qui sont culturellement des mondes a part. Ainsi, dans la réflexion sur son identité, Djebar doit faire converger ces diverses oppositions, créant un dialogue entre soi et l'autre, entre colonisateur et colonise, entre le francais et l'arabe, entre le passé et le présent.
En écrivant l'Amour la Fantasia, dans les années 84-85, je ne crois pas que mon but était de dénoncer la conquête coloniale. [... ] en tant que romancière, je questionne la langue que j'emploie. En évoquant ces images de guerre, de meurtres, de viols, ce qui me frappait, c'était que la langue entrait dans le pays par le sang et la mort, et qu'en même temps, a l'autre bout du trajet, j'écoute en tant que femme. [.] Je trace une sorte de champ dans lequel je dis qu'elle est mon hérédité. Mon hérédité, c'est d'une part les femmes de mon pays, de ma région, de ma famille, dont je partage la voix et l'oralité, que je dois amener dans mon livre. Et d'autre part, j'ai une autre hérédité qui est trouble, métissée, c'est la langue frangaise, cette langue des hommes occupants qui ont amené la mort. Pourtant, la mort et ce sang, cette dépossession se transforme en un legs d'une langue, par l'intermédiaire du père ; d'ou, a ce moment- la, les souvenirs d'enfance par rapport au père.4
Le roman de Djebar met en scène sa négociation d'une identité féminine postcoloniale tout en mettant en scène sa dispute avec le langage. En effet, le roman tourne autour des questions de langage. La voix du corps féminin, les implications et les complications de l'acte d'écrire, en particulier lorsque le colonisé prend la plume et écrit dans la langue de son colonisateur.
2.1 La voix et les langues
La première ambition de Djebar dans L'amour, la fantasia consiste a réécrire l'histoire de l'Algérie ainsi que celle des femmes algériennes. Elle tente de réveiller ces voix de femmes réduites au silence et de raconter leur histoire pendant la guerre d'indépendance. Elle déclare : « Ecrire m'a remenée aux cris des femmes sourdement révoltées de mon enfance, a ma seule origine. Écrire ne tue pas la voix, mais la réveille, surtout pour ressusciter tant de sreurs disparues. »5
Une femme sans voix est quelqu'un qui ne dispose pas de son corps, le silence de la voix signifie le silence du corps. Les femmes de la révolution n'ont pas le droit d'exprimer ou de défendre leurs droits. Ainsi, ce lourd silence restreint leurs mouvements, les prive d'actions et les laisse tomber dans la prison de l'oubli. Djebar établit un lien entre le corps féminin et l'écriture féminine. Cela signifie que l'idée du corps féminin restreint et la culpabilité féminine, causée par l'écriture, sont étroitement liées. Pour les femmes algériennes, l'acte d'expression de soi par l'écriture provoque des sentiments de honte comme l'exposition de son corps.
Dans L'amour, la fantasia, le corps s'exprime de différentes manières. La narratrice relie son corps a l'acte d'écrire dans sa première vie, lorsqu'elle découvre sa sexualité en éveil sous la forme d'une lettre d'amour qui lui a été écrite par un gargon.
Djebar insiste sur le pouvoir du corps de la femme comme quatrième langue de toutes les femmes algériennes, elle dit :
tandis que l'homme continue a avoir droit a quatre épouses légitimes, nous disposons de quatre langues pour exprimer notre désir, avant d'ahaner : le francais pour l'écriture secrète, l'arabe pour nos soupirs vers Dieu étouffés, le libyco-berbère quand nous imaginons retrouver les plus anciennes de nos idoles mères. La quatrième langue, pour toutes, jeunes ou vielles, cloïtrées ou a demi émancipées, demeure celle du corps que le regard des voisins, de cousins, prétend rendre sourd et aveugle, puisqu’ils ne peuvent plus tout à fait l’incarcérer ; le corps qui, dans les transes, les danses ou les vociférations, par accès d’espoir ou de désespoir, s’insurge, cherche en analphabète la destination, sur quel rivage, de son message d’amour.6
[...]
1 Richter, 2008, p. 11
2 Geesey, 2008, p. 153
3 Geesey, 2008, p. 159
4 Djebar, « Cologne », 2000, p. 36
5 Djebar, 1985, p. 285
6 Djebar, 1985, p. 254f.
- Quote paper
- Irina Herrspiegel (Author), Le roman "L’amour, la fantasia" d'Assia Djebar. Ecriture autobiographique post-coloniale, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1137567
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