1 Introduction
Les auteurs de la Grammaire critique du français critiquent le fait que "l'enseignement bétonne la limite territoriale du 'participe présent' invariable – le participe-verbe – et de l''adjectif verbal' variable – le participe-adjectif" [1] et que "le 'gérondif' devien[ne] simplement un 'participe présent précédé de la préposition en'" [2]. Le traité suivant montrera que la distinction entre ces trois formes grammaticales du système langagier français n'est pas si claire. D'abord, l'adjectif verbal (seulement celui avec la dési-nence en –ant sera d'intérêt), le participe présent dans ses différentes fonctions et – bien que plus briè-vement – le gérondif seront présentés. Ensuite on parlera des problèmes de distribution entre l'adjectif verbal et le participe présent et entre le participe présent et le gérondif. L'exposé tiendra toujours compte du contraste entre les systèmes langagiers français et allemand. Comme le corpus Maigret et l'Inspecteur Malgracieux de GEORGES SIMENON (indiqué dans le travail par M) contient seulement peu de participes présents, qui constituent cependant le sujet central ici, j'ai choisi en plus le roman Une Vie de GUY DE MAUPASSANT (indiqué par V), qui est plein de formes en –ant. Le premier chapi-tre de ce roman me permettra de présenter à la fin de mon exposé un dépouillement statistique des formes en –ant au vu de leur traduction. La version allemande du roman, Ein Leben, fournie par HANS KAUDERS me servira de traduction.
2 Les formes en –ant
2.1 L'adjectif verbal
L'adjectif verbal est un adjectif qualificatif dérivé d'un verbe. Il s'accorde comme tous les adjectifs en genre et en nombre avec son support et exprime un état ou une qualité. [3]
Dénué de fonctions verbales, l'adjectif verbal n'est pas accompagné de compléments verbaux, mais seulement de compléments d'adjectif comme adverbes ou particules de comparaison. Sa négation s'ex-prime par la particule pas. [4]
[1] WILMET, M. (1998), p. 296.
[2] Ibid. p. 297.
[3] Cf. RIEGEL/PELLAT/RIOUL (1999), p. 185 et 340 sq.
[4] Cf. DETHLOFF/WAGNER (2002), p. 289.
Table de matières
1 Introduction
2 Les formes en –ant
2.1 L'adjectif verbal
2.2 Le participe présent
2.2.1 Le participe présent en fonction épithète
2.2.2 Le participe présent en fonction de complément circonstanciel
2.2.3 La proposition participiale absolue
2.2.4 Le participe présent en fonction COD
2.2.5 La relation de temps
2.3 Le gérondif
2.4 Oppositions
2.4.1 Adjectif verbal vs. participe présent
2.4.2 Jeanne, souriante, regardait ce bon géant
2.4.3 Participe présent vs. gérondif
2.5 Etude des formes en –ant dans le premier chapitre de Une Vie
2.5.1 Adjectifs verbaux
2.5.2 Participes présents
2.5.3 Gérondifs
3 Conclusion
4 Appendice:
5 Bibliographie
5.1 Textes cités
5.2 Grammaires
5.3 Travaux consultés
1 Introduction
Les auteurs de la Grammaire critique du français critiquent le fait que "l'enseignement bétonne la limite territoriale du 'participe présent' invariable – le participe-verbe – et de l''adjectif verbal' variable – le participe-adjectif"[1] et que "le 'gérondif' devien[ne] simplement un 'participe présent précédé de la préposition en'"[2]. Le traité suivant montrera que la distinction entre ces trois formes grammaticales du système langagier français n'est pas si claire. D'abord, l'adjectif verbal (seulement celui avec la désinence en –ant sera d'intérêt), le participe présent dans ses différentes fonctions et – bien que plus brièvement – le gérondif seront présentés. Ensuite on parlera des problèmes de distribution entre l'adjectif verbal et le participe présent et entre le participe présent et le gérondif. L'exposé tiendra toujours compte du contraste entre les systèmes langagiers français et allemand. Comme le corpus Maigret et l'Inspecteur Malgracieux de Georges Simenon (indiqué dans le travail par M) contient seulement peu de participes présents, qui constituent cependant le sujet central ici, j'ai choisi en plus le roman Une Vie de Guy de Maupassant (indiqué par V), qui est plein de formes en –ant. Le premier chapitre de ce roman me permettra de présenter à la fin de mon exposé un dépouillement statistique des formes en –ant au vu de leur traduction. La version allemande du roman, Ein Leben, fournie par Hans Kauders me servira de traduction.
2 Les formes en –ant
2.1 L'adjectif verbal
L'adjectif verbal est un adjectif qualificatif dérivé d'un verbe. Il s'accorde comme tous les adjectifs en genre et en nombre avec son support et exprime un état ou une qualité.[3]
Dénué de fonctions verbales, l'adjectif verbal n'est pas accompagné de compléments verbaux, mais seulement de compléments d'adjectif comme adverbes ou particules de comparaison. Sa négation s'exprime par la particule pas.[4]
L'adjectif verbal est employé dans la langue écrite aussi bien que dans la langue parlée.[5]
Dans la plupart des cas, l'adjectif verbal a la même apparence que le participe présent qui lui correspond. Il y a pourtant des exemples où les deux formes diffèrent: Alors que le participe présent des verbes en –quer et –guer se forme par la désinence –ant ajoutée à la forme graphique du verbe –qu– et –gu–, on trouve chez les adjectifs verbaux de ces verbes la désinance –cant et –gant.
Rarement, participe présent et adjectif verbal sont absolument divers, ce que montre par exemple le verbe pouvoir (pouvant vs. puissant,e) ou le verbe savoir (sachant vs. savant,e).[6]
Que les adjectifs verbaux français soient complètement détachés du verbe se voit dans le fait qu'ils ont une entrée séparée dans les dictionnaires, ce qui n'est pas le cas des adjectifs verbaux en allemand.[7]
L'adjectif verbal peut avoir deux fonctions syntaxiques: D'un côté, il peut être un adjectif épithète, de l'autre côté, il peut prendre la place d'un attribut, soit du sujet, soit de l'objet direct. En fonction épithète l'adjectif verbal se trouve souvent comme la plupart des adjectifs à droite et parfois à gauche du group nominal auquel il fait référence. Cette "antéposition (…) parachève l'adjectivisation".[8]
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Tous les verbes français ne forment pas un adjectif verbal - tandis qu'ils ont tous un participe présent - et parfois l'adjectif verbal a une autre signification que le verbe sous-jacent:[9]
(3) une femme très regardante – knauserig, geizig (Klein/Kleineidam, p. 254)
En allemand, par contre, chaque verbe peut être converti en adjectif verbal, qui est marqué par le morphème –nd– et qui est presque toujours antéposé. Souvent, l'adjectif verbal français et l'adjectif verbal allemand ne se correspondent pas, comme montreront les exemples suivants tirés du corpus Maigret.
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Comme on voit, ce n'est que dans la moitié des cas que l'adjectif verbal français est traduit par l'adjectif verbal allemand correspondant. Dans l'autre moitié il est remplacé par un simple adjectif.
2.2 Le participe présent
Comme l'adjectif verbal, le participe présent dérive d'un verbe, se termine en –ant et a besoin d'un support nominal. Il se distingue de l'adjectif verbal, étant une forme impersonnelle du verbe qui peut se former à partir de tous les verbes et qui est toujours invariable (verbum infinitum). Ayant un caractère verbal, le participe présent peut prendre des compléments directs ou indirects - aussi en forme de pronom - en gardant la valence verbale, grâce à quoi il lui est permis d'être le noyau verbal d'une proposition subordonnée participiale.[12]
Le participe présent décrit en tant que forme verbale le déroulement d'une action qui entre en rapport sémantique avec l'action mentionnée par le verbe de la proposition principale.[13]
Une construction avec un participe présent permet de raccourcir une subordonnée relative ou circonstancielle. Les différents aspects de ce phénomène syntaxique seront expliqués dans le suivant.
2.2.1 Le participe présent en fonction épithète
En fonction épithète le participe présent se substitue à une subordonnée relative restrictive ou explicative introduite par le pronom relatif qui, ce qui rend nécessaire que le support du pronom relatif soit identique au sujet du participe présent. Le participe présent épithète est toujours postposé au nom, en antéposition on emploierait l'adjectif verbal.[14]
Pour que la substitution d'une proposition relative par un participe présent soit possible, il faut selon Confais remplir plusieurs conditions: Premièrement, le support du pronom relatif ne doit ni être un pronom personnel, ni ce/cela et en règle générale non plus un pronom démonstratif ou indéfini. Deuxièmement, le verbe de la proposition relative doit avoir au moins un complément direct ou indirect.[15] En ce qui concerne la deuxième condition, il faut remarquer que Confais est inexact et trop général dans ce qu'il dit. Togeby explique par rapport au "participe présent épithète postposé sans complément"[16] seulement que "dans cette construction, le participe présent invariable ne s'emploie presque pas"[17].
En traduction vers l'allemand il est déconseillé de transposer la construction française littéralement (a). Pourtant, plusieurs possibilités s'offrent au traducteur: Parfois, il convient d'employer un adjectif verbal ("adjektivisch gebrauchtes Partizip I"[18] ) pour le participe présent épithète (b) – il faut noter ici que l'adjectif verbal allemand est toujours antéposé, contrairement au participe présent épithète postposé en français – mais il vaut souvent mieux transformer le participe présent en une proposition relative (c).
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Dans l’exemple (14) on constate que la solution (b) (adjectif verbal) paraît lourde au niveau stilistique bien qu'elle soit grammaticalement correcte, alors que les solutions (c) (proposition relative) et surtout (d), où la construction participiale est transformée en un complément de nom (possessiver Genitiv) sont assez courantes en allemand. Une telle traduction dépend naturellement du contexte et n'est pas une règle.
2.2.2 Le participe présent en fonction de complément circonstanciel
Le participe présent ne peut pas seulement se substituer à une proposition subordonnée relative, mais il peut également acquérir une valeur circonstantielle et remplacer, par conséquent, une proposition subordonnée adverbiale. C'est presque uniquement dans la langue écrite qu'on utilise le partipe présent en fonction de complément circonstanciel.[19]
En allemand le nom de ce phénomène langagier exprime exactement sa nature: "satzwertige Partizipphrase"[20].
Ayant le status grammatical d'un participe conjoint, le participe présent se réfère dans cette fonction obligatoirement au sujet de la proposition principale, ce qui lui permet trois positions différentes dans le syntagme syntaxique: Il peut être antéposé (15) ou postposé (16) à la proposition principale ou alors se placer entre le sujet et le verbe conjugué de la principale (17).[21] Si l'on regarde la structure syntaxique à l'intérieur de la construction participiale, on se rend compte qu'en français la forme participiale se trouve en règle générale en tête de la construction participiale (cf. les exemples (15) à (16)), avec la seule exception qu'il est précédé des pronoms directs et indirects (17), tandis qu'on la rencontre à la fin de la construction participiale allemande (cf. (15') à (17')), ce qui met en évidence qu'il s'agit d'une construction équivalente à une véritable propostition subordonnée dont le verbe est à la fin en allemand.
La théorie offre les mêmes trois possibilités de placement à la langue allemande. Contrairement au français, seulement les participes présents antéposés et postposés à la proposition principale font référence au sujet de la principale, alors que le participe présent qui se trouve au milieu de la principale entre en relation sémantique avec le nom qui le précède.[22] Littéralement traduites en allemand, les exemples (15), (16) et (17) donneraient:
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Il faut remarquer qu'en allemand toutes les trois constructions avec des participes présents, mais surtout les deux dernières ((16') et (17')) semblent assez artificielles et stilistiquement peu aisées, bien qu'elles soient correctes sur le plan grammatical. On trouvera de meilleures traductions dont on parlera plus tard.
Le trait caractéristique du participe présent en fonction de complément circonstanciel est que le participe présent, tout en "se détachant un peu de son support, […] a tendance à être attiré dans l'orbite du verbe principal"[23] avec lequel il est connecté par un enchaînement logique, indiquant une circonstance de l'action exprimée dans la proposition principale. La graphique suivante veut montrer la double relation logique du participe présent qui se réfère donc en même temps au sujet et au verbe de la principale.
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La circonstance impliquée peut être de nature causale, temporelle, modale, concessive (parfois renforcée par la conjonction bien que)[24] et conditionnelle (quoique rarement, parce qu'on utilise plus souvent le gérondif dans ce cas). Parfois le participe présent contient simplement une circonstance concomitante par rapport au verbe principal.[25] Bien sûr, le participe présent peut être transformé en proposition subordonnée; les participes présents qui expriment la modalité figurent ici la seule exception parce que la langue française ne dispose pas d'une conjonction modale. Dans les autres cas, le participe présent se substitue à la fois à la conjonction qui introduit la subordonnée et au verbe conjugué de la subordonnée.
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Si l'on essaie de traduire un participe présent français en allemand en utilisant plusieurs types de phrases, on note une divergence du français vers l'allemand: Le participe présent français peut devenir (a) un participe présent allemand (traduction littérale), (b) une proposition subordonnée adverbiale, (c) un groupe prépositionnel ou (d) une proposition juxtaposée.
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Seul le participe présent qui exprime une circonstance concomitante ne peut être traduit que a) par une proposition juxtaposée ou b) par une proposition relative indéfinie introduite par wobei ("Präpositionaladverb"[26] ).
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[...]
[1] Wilmet, M. (1998), p. 296.
[2] Ibid. p. 297.
[3] Cf. Riegel/Pellat/Rioul (1999), p. 185 et 340 sq.
[4] Cf. Dethloff/Wagner (2002), p. 289.
[5] Cf. Klein/Kleineidam (1994), p. 251.
[6] Ibid. p. 292 sqq.
[7] Cf. Riegel/Pellat/Rioul (1999), p. 341.
[8] Cf. Klein/Kleineidam (1994), p. 253.
[9] Ibid. p. 254.
[10] Müller traduit la phrase "elle était en proie à un malaise grandissant" plus librement par "[ihr war] übrigens immer unangenehmer zumute geworden".
[11] Müller traduit l'adjectif verbal ici par un verbe conjugué: "malgré le regard encourageant" devient en traduction "weil der Blick (sie) ermunterte".
[12] Cf. Togeby, K. (1982), p. 48 sq.
[13] Cf. Riegel/Pellat/Rioul (1999), p. 341.
[14] Cf. Dethloff/Wagner (2002), p. 287.
[15] Cf. Confais (21981), p. 91.
[16] Togeby, K. (1982),, p. 65.
[17] Ibid.
[18] Duden (72005), p. 345.
[19] Cf. Klein/Kleineidam (1994), p. 371.
[20] Duden (72005), p. 866.
[21] Cf. Dethloff/Wagner (2002), p. 288 sq.
[22] Cf. Duden (72005), p. 866 sq.
[23] Frontier, A. (1997), Paris, p. 623.
[24] Cf. Schumacher, N. (1982), p. 82. On trouve un exemple pour cet emploi du participe présent même dans le corpus: bien que connaissant (M.p.74); traduction en allemand par une subordonnée: obwohl er kannte.
[25] Cf. Klein/Kleineidam (1994), p. 251.
[26] Duden (72005), p. 587.
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