Herrschaft durch Sprache: Zur polyphonen "Linguistik des Lasters" in Les Liaisons dangereuses


Exposé Écrit pour un Séminaire / Cours, 2002

24 Pages, Note: 1,5


Extrait


Content

I. Le long travail vers un idéal libertin
1) La science du libertinage,
2) Une méthode basée sur l'observation,
3) L'épreuve de soi,
4) Rester ferme sur ses principes
- Les victimes

II. La conquête amoureuse
1) Le vocabulaire militaire
2) Le persiflage
3) L'alliance des libertins
4) Une méthode didactique de l'amour ?
- Les victimes

III. Les outils du libertin
1) La multiplicité des styles
2) Les vieux trucs
3) Un exemple : La lettre LXXXV
- Les victimes

Conclusion

Bibliographie

Dès la page de titre des Liaisons dangereuses, Laclos justifie la rédaction et la publication de son roman par un devoir d’information des « honnêtes gens » face au danger représenté par le libertinage.

« LES LIAISONS DANGEREUSES

OU

LETTRES

Recueillies dans une Société, et publiées pour l’instruction de quelques autres. »

Cet objectif, Laclos le conforte dans la Préface du rédacteur :

« Il me semble au moins que c'est rendre un service aux mœurs, que de dévoiler les moyens qu'emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes, et je crois que ces lettres pourront concourir efficacement à ce but. »[1]

Laclos se donne donc pour objectif, dans Les Liaisons dangereuses, de décrire le libertinage, les actions des libertins. On peut donc espérer, si Laclos reste cohérent, une somme d’information sur les buts et les moyens du libertinage. Mais tout d’abord nous devons préciser ce qu’est le libertinage : selon la plupart des commentateurs de l’œuvre de Laclos c’est un libertinage destructeur. C’est à dire ne visant qu’à vaincre et à réduire au néant social leurs victimes[2] (qu’elle soient elles-même libertines ou «d’honnêtes gens »).

« Le génie des libertins n'est pas, comme il le font croire, de mener à bien un dessein ample et subtil, mais de dominer, posséder et humilier en toutes les circonstances possibles. »[3]

Les libertins des Liaisons dangereuses tendront durant la majeure partie du roman vers cet idéal ; jusqu’à ce que la « guerre » éclate entre la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont (lorsque Valmont ne pourra plus nier son amour envers la Présidente de Tourvel). Cette confrontation est donc directement dûe à un dysfonctionnement du libertinage (puisque Valmont aime sa victime)[4]. Cet écart de Valmont de la droite ligne vers l’idéal libertin conduira à sa destruction puis à celle de son alliée : la Marquise de Merteuil. Le libertinage, c’est donc une domination mécanique; un exercice difficile envers soi-même et envers les autres (victimes ou simples témoins). Mais quels sont les moyens de cette domination libertine ?

Nous présenterons tout d’abord les différentes qualités requisses pour être libertin, puis nous analyserons les grandes lignes de la stratégie des libertins pour enfin présenter les résultats pratiques de cette préparation dans la conquête amoureuse. Nous placerons en exergue, à la fin de chaque partie la situation des victimes du libertinage.

Il nous semble nécessaire de préciser que ce devoir ne portera que sur les moyens linguistiques de la domination des libertins. Ainsi tous les moyens physiques (contrôle du corps, de l’expression du visage,...), de ruses (pavillon secret, utilisation d’espions tel Azolan,...) en sont exclus.

Enfin, il nous faut préciser le rôle de la polyphonie dans le roman car elle aide Laclos dans la description du libertinage ; en effet, elle nous permet de suivre, aussi bien le «travail» des libertins que sa réception par les victimes. La polyphonie étant, bien sûr, favorisée par la forme épistolaire adoptée par Laclos.

I. Le long travail vers un idéal libertin

Dans cette première partie nous allons étudier les qualités inhérentes à l’activité libertine, en effet un libertin n'est pas un être normal (il ne rentre pas dans la norme sociale), il se doit de surpasser sur certains points ses congénères pour se jouer d'eux. Quels sont ses éléments et comment les libertins les cultivent-ils ?

1) La science du libertinage

Le premier élément est la valorisation donnée par les libertins eux-mêmes au libertinage. Le libertinage n'est pas un jeu, un loisir, il est bien plus (ce qui se révèle vrai au vu du roman : mort de nombreux personnages, le libertinage est un jeu vraiment dangereux).

La Marquise parle même de science à propos du libertinage ; le choix du terme de science est extrêmement important pour deux raisons : tout d'abord il nous indique que le libertinage doit être le fruit d'un long apprentissage, deuxièmement que le libertinage est une activité exacte, c’est à dire que les actions et comportements humains peuvent être analysés, et que infailliblement certaines actions mènent à certains résultats. C’est une vision de la nature humaine très déterministe mais aussi très déshumanisée.

LXXXI, La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont : « Je ne me trouvais encore qu’aux premiers éléments de la science que je voulais acquérir. » 264[5]

2) Une méthode basée sur l'observation

Le premier devoir du libertin est d’observer ses victimes, l’observation est la base du travail du libertin, en effet elle détermine l’action du libertin.

« Les libertins des Liaisons dangereuses se targuent d'une connaissance du cœur humain fondée sur de profondes observations [...] qui se traduisent par des formules générales, aphorismes pessimistes et maximes pour l'action. »[6]

Ce mécanisme est la base du libertinage : observer, réfléchir puis seulement agir : tout acte sentimental (dans le sens où il serait irréfléchi, pris sur une impulsion du cœur) doit être exclut des actions du libertin, ce mécanisme est présenté par Valmont dans la lettre :

XCIX, Le Vicomte de Valmont à La Marquise de Merteuil : « Tout en me consolant, une main était restée dans la mienne ; le joli corps était appuyé sur mon bras, et nous étions extrêmement rapprochés. Vous avez sûrement remarqué combien, dans cette situation, à mesure que la défense mollit, les demandes et les refus se passent de plus en plus près ; comment la tête se détourne et les regards se baissent, tandis que les discours, toujours prononcés d’une voix faible, deviennent rares et entrecoupés. Ces symptômes précieux annoncent, d’une manière non équivoque, le consentement de l’âme. » 324

L’important pour le libertin est de savoir observer mais aussi de savoir décrypter ses observations, car tout le monde peut, plus ou moins, remarquer des symptômes par contre tout le monde ne peut en tirer des conclusions, c’est là une grande force des libertins, force que leur donne leur expérience mais aussi leur alliance (sur laquelle nous reviendrons dans la deuxième partie). Pour preuve, l’intérêt que porte la Marquise de Merteuil à la relation entre le Vicomte de Valmont et la Présidente de Tourvel :

XX, La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont : « Sérieusement, je suis curieuse de savoir ce que peut écrire une prude après un tel moment, et quel voile elle met sur ses discours, après n’en avoir plus laissé sur sa personne. » 117

L’observation prend tout son sens et montre tous ses atouts que si elle est conduite de façon à permettre, à conduire la suite de l’action libertine.

3) L’épreuve de soi

« Madame de Merteuil reconnaît son véritable ennemi : c'est la vertu, ou, pour employer des termes plus rousseauistes, la nature humaine. Sous ce point de vue elle est sa propre ennemie, car elle combat en elle ce qu'il y a de plus authentique pour s'imposer un "moi" contrefait. "Où nous mène pourtant un premier mouvement" s'écrie le vicomte. Le premier mouvement est ce sentiment dicté par la conscience et qui ne trompe jamais, dirait Jean-Jacques Rousseau. Paris fausse cette nature et apprend aux hommes à suivre leurs aberrations plutôt que la voie de la nature. »[7]

Cette vision de la nature humaine, séparant intellect et sentiment est une des différences fondamentales qui existent entre les libertins et les tenants du bien. En effet si les libertins se refusent à suivre leur cœur les victimes, elles, se placent sous sa tutelle ; sinon, comment expliquer, par exemple, que la Présidente de Tourvel cède aux avances de Valmont et s’offre à lui ?

Le libertin peut et doit se contrôler, cela lui permet d’assurer ses victoires mais aussi de rendre les défaites de ces victimes plus grandes :

XCIX, Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil : « Depuis quelques temps, assuré du succès un jour ou l’autre, et la voyant user tant de forces dans d’inutiles combats, j’avais résolu de ménager les miennes, et d’attendre sans effort, qu’elle se rendit de lassitude. Vous sentez bien qu’ici il faut un triomphe complet, et que je ne veux rien devoir à l’occasion. » 323

La dernière phrase de Valmont est la plus révélatrice de cet état d’esprit : il ne veut rien devoir à l’occasion ce qui veut dire que la chute de la Présidente sera son œuvre, il la mènera jusqu’au bout des ses possibilités de résistance face à ces avances : la Présidente est presque devenue une non personne à ce stade, sa destinée (c’est à dire sa chute) est uniquement entre les mains de Valmont.

[...]


[1] Préface du rédacteur, 74-75 (Les citations tirées des Liaisons dangereuses le sont de la version parûe aux éditions GF Flammarion, présentée par René POMMEAU)

[2] Jaton, Anne-Marie. Libertinage féminin, libertinage dangereux. 153

[3] Coulet, Henri. L’espace et le temps du libertinage dans Les Liaisons dangereuses. 185

[4] « Sur sa route de libertin triomphant, il a rencontré en cette femme vertueuse sa liaison la plus dangereuse. » : Pomeau, René. Présentation aux: Liaisons dangereuses. 48

[5] Les citations tirées des Liaisons dangereuses le sont de la version parûe aux éditions GF Flammarion, présentée par René POMMEAU ; la présentation des lettres dans notre devoir est la suivante : numéro de la lettre, expéditeur et destinataire, citation puis numéro de page.

[6] Coulet, Henri. Analyse et sentiment dans Les Liaisons dangereuses. 306

[7] Pappas, John. Le Moralisme des "Liaisons dangereuses". 285

La citation qui sert de base à la réflexion de John Pappas est le suivante :

XCIX, Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil : « depuis que j’y ai réfléchi, je ne reviens pas d’avoir eu l’idée de finir une aventure, avant d’avoir en main de quoi en perdre l’héroïne. Où nous mène pourtant un premier mouvement ! Heureux, ma belle amie, qui a su, comme vous, s’accoutumer à n’y jamais céder ! Enfin j’ai différé ma vengeance. » 322

Fin de l'extrait de 24 pages

Résumé des informations

Titre
Herrschaft durch Sprache: Zur polyphonen "Linguistik des Lasters" in Les Liaisons dangereuses
Université
University of Tubingen  (Neuphilologischen Fakultät / Romanisches Seminar)
Cours
Proseminar: Französische Briefromane der Aufklärung
Note
1,5
Auteur
Année
2002
Pages
24
N° de catalogue
V31530
ISBN (ebook)
9783638325103
Taille d'un fichier
646 KB
Langue
français
Mots clés
Herrschaft, Sprache, Linguistik, Lasters, Liaisons, Proseminar, Französische, Briefromane, Aufklärung
Citation du texte
Christophe Bernier (Auteur), 2002, Herrschaft durch Sprache: Zur polyphonen "Linguistik des Lasters" in Les Liaisons dangereuses, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/31530

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