Louis XIV et la Papauté


Intermediate Examination Paper, 2005

22 Pages, Grade: 1,1


Excerpt


Plan :

Introduction

1. Les structures générales
1.2 Les protagonistes et les canaux de communication
1.2 Les enjeux principaux

2. Les temps de crises 1661-1689
2.1 Les premières tensions : La prééminence française et l’incident de la Garde corse
2.2 La lutte contre le Jansénisme et la guerre de Hollande
2.3 Louis XIV contre Innocent XI

3. La lutte commune 1689-1715
3.1 La réconciliation avec le pape et la guerre de la Ligue d’Augsbourg
3.2 La guerre de la succession d’Espagne

Conclusion

Bibliographie:

Introduction

Les relations entre Louis XIV, roi de France et « fils aîné de l’Eglise », et ses « pères » papaux à Rome n’étaient pas toujours faciles. Certes, quand en 1661 le Roi-Soleil commença son règne personnel après la mort du cardinal Mazarin, les temps des grands combats médiévaux pour la prépondérance du spirituel ou du temporel entre les papes et les princes d’Europe – tout d’abord les Empereurs Romains – étaient depuis longtemps passés. La naissance de l’Eglise anglicane et la Réforme du 16èmesiècle avaient mis fin au rôle de l’Eglise catholique comme autorité universelle – elle n’était plus sans alternative dans l’Occident chrétien. Mais aussi « par leur comportement dans les affaires italiennes les papes se ravalent eux-mêmes au rang des princes temporel entre beaucoup des autres »1. Quand même, le pape cherchait toujours à conserver un certain poids sur le plan de la diplomatie internationale – au moins en ce qui concerne le monde catholique

Par contre, le pouvoir de l’Etat et l’emprise des monarques sur leurs territoires s’avaient de plus en plus renforcé. S’il faut certainement nuancer l’image d’un souverain « absolu » de tout contrôle et toute influence à l’intérieur de son royaume, les pouvoirs personnels de Louis XIV étaient considérablement supérieurs à ceux de ses prédécesseurs royaux. Pourtant, l’Eglise restait un pilier fondamental de la monarchie française. C’est là où se trouve la particularité des relations diplomatiques entre Rome et le roi de France : le pape n’était pas seulement le souverain d’un Etat italien plutôt médiocre – notamment par rapport à la France

–, mais aussi la plus haute autorité religieuse pour tout catholique. Si un désaccord avec le Saint-Siège ne pouvait pas vraiment menacer le trône de Louis, il était fâcheux dans le plan religieux et pouvait semer de troubles parmi ses sujets français très majoritairement catholiques. En plus, le clergé de France occupait aussi une place considérable dans la gestion

de l’Etat, et l’Eglise était loin de vivre dans un état de véritable autarcie vis-à-vis de Rome

C’est pourquoi, s’il est vrai que les relations avec Rome n’avaient pas toujours la toute première priorité pour le roi de France, elles occupaient quand même toujours une certaine place dans l’agenda royale. Quant au pape, le souverain sur presque vingt millions de croyants et le plus fort monarque de l’Occident, le « Roi Très-Chrétien » qui se voulait champion de la cause catholique, méritait évidemment l’attention de Sa Sainteté

Vu la longue durée de 54 années, il n’est pas surprenant que les relations avec la papauté aient changé considérablement au cours du règne personnel de Louis XIV. D’autre part, il y a aussi un nombre de constants et de « structures de base » qui l’on retrouve pendant toute la période. C’est pourquoi, après un premier point sur les structures diplomatiques et les acteurs principaux, j’ai choisi une démarche chronologique en deux parties, dédoublant le long règne de Louis XIV. Tandis que les premières années de 1661 jusqu’à la mort d’Innocent XI en 1689 étaient marquées par de vifs conflits, dans la seconde période de 1689 jusqu’à la mort de Louis XIV en 1715 le roi pouvait escompter de Rome un certain soutien à sa politique. Il est intéressant à noter que le « bilan global » traditionnel des deux phases de la politique étrangère de Louis XIV – qui voit généralement une première époque « heureuse » suivi par une « phase des échecs » après 1685 – se trouve de ce point de vu spécial pour ainsi dire inversé

1. Les structures générales

1.2 Les protagonistes et les canaux de communication

Personnellement, Louis XIV était sans doute croyant, même dévot vers la fin de son règne, mais sa conception de la religion s’approchait plutôt au « catholicisme d’Etat » du cardinal Richelieu. Elle ne l’empêchât pas de s’opposer au pape dès que le roi considérait que les intérêts de la monarchie l’exigeaient. Le premier souci restait toujours la « gloire » du roi de France. La devise royale « Nec pluribus impar » devait bien être fait respecté. De son point de vue, le roi de France était comptable de ses actes devant Dieu seul

Dans le patrimonium petri, six papes différents régnèrent durant les années de 1661 à 1715 , de personnalités assez différentes, dont celle d’ Innocent XI allait se relever la plus

« difficile » du point de vue de Louis

Mais les relations entre Rome et la cour de France ne dépendaient pas uniquement des deux souverains, qui n’échangeaient en fait que relativement peu de communication directe mises à part les occasions extraordinairement solennelles. Pour la diplomatie « ordinaire », on se servait des ambassadeurs. Ceux-ci jouissaient d’une indépendance non négligeable à l’égard de leurs maîtres à cause de la distance géographique et du délai de courrier, qui mettait presque trois semaines d’une capitale à l’autre. Ayant reçu leurs instructions, les représentants diplomatiques devaient attendre d’être reçu en audience, ce qui pouvait encore entraîner un retard considérable, d’autant plus quand le roi se trouvait en campagne et s’était éloigné de sa capitale. L’ambassadeur de France à Rome incarnait la monarchie française auprès du curie romain. Louis XIV aimait de choisir ses ambassadeurs parmi la haute noblesse et il n’était pas du tout incliné à souffrir qu’on manquait de respect envers eux, comme le montrait très nettement l’affaire de la Garde corse de 1662

Quant au Saint Père, il était représenté en France par un nonce apostolique, un évêque ou archevêque envoyé par le pape. Sa mission se terminait en général avec une promotion qui le faisait cardinal. Parallèlement à ses fonctions diplomatiques, le nonce recevait en plus certains pouvoirs spirituels.3 Les interlocuteurs principaux de ces représentants étaient évidemment le ministre de l’étranger français et son pendant à Rome, le secrétaire d’Etat, mais notamment la mission du nonce exigeait le contact à un grand nombre des gens. Outre ses tâches

d’ambassadeur, son rôle religieux extra-diplomatique requérait des relations constantes avec le clergé de France Les questions d’une importance spéciale étaient souvent confiées à des envoyés extraordinaires. Ainsi, Louis insista sur l’envoi d’un légat lui présentant les excuses d’Alexandre VII lors de l’affaire de la Garde corse. Notamment les négociations touchant les affaires religieuses qui concernaient par définition un plus grand nombre des gens se faisaient souvent par les canaux différents à l’intérieur de l’Eglise, par exemple par les cardinaux français au Curie romain ou les confesseurs (jésuites) du roi de France

1.2 Les enjeux principaux

Au-delà des quelques incidents de nature polito-diplomatique dont sera parlé à la suite, les relations entre Louis XIV et la papauté étaient marquées par plusieurs leitmotive, tous liés dans une certaine façon à la religion. Bien qu’on puisse parler d’une certaine

« rationalisation » en matière de l’organisation de l’Etat et de l’administration, la France du Roi-Soleil demeure toujours une « monarchie du droit divin ». Le pouvoir de Louis XIV se basait toujours en bonne partie sur l’Eglise, et « l’union du politique et du sacré, codifiée par la Pragmatique Sanction de Bourges et le Concordat de Bologne, constitue un des fondements essentielles de la monarchie »4. Le concordat de 1516 donnait au roi de France le privilège de nommer les évêques, les abbés des nombreux monastères et certains curés de grandes villes avec agrément de Rome, respectivement des évêques, qui devaient investir les nommés de leurs pouvoirs spirituels. Propriétaire éminent des biens d’Eglise, le souverain avait aussi le droit de regard sur ces biens et sur leur gestion. Cette construction permettait au roi de confier de tâches administratives à l’Eglise, mais avait aussi l’inconvénient que le Saint-Siège se trouvait ainsi mêlé dans une certaine façon des affaires internes du royaume – ce qui entraînait régulièrement des querelles de compétences d’une complexité considérable. Elle faisait aussi de l’Eglise gallicane une sorte de troisième force dans le jeu entre le monarque et le pape, où elle cherchait à son tour à trouver une voie entre indépendance et obédience à l’égard des deux autres Avec la couronne de France, Louis XIV avait hérité de ses ancêtres aussi les droits et devoirs traditionnels liés aux titres honorifiques à l’égard de l’Eglise. En tant que roi de France, il était le « Roi Très Chrétien », « fils aîné de l’Eglise », qui devait au pape son « respect filial », et en général son service et sa protection à l’Eglise romain. De plus, il revenait à un Roi Très Chrétien de « lutter contre les hérétiques et les infidèles ». En ce qui concerne le premier point, les intérêts de Rome concordaient en théorie assez bien avec la volonté du Roi-Soleil qui se souciait de renforcer l’unité religieuse de la France afin de faire progresser l’unité politique. Néanmoins, si le combat commun contre le jansénisme constituait l’un des grands thèmes de la correspondance entre Louis et la papauté, des résultats réels se faisaient très souvent attendre. D’autre part, la lutte contre la « Religion prétendue réformée », que le roi de France avait engagée notamment à partir des années 1680 réussit par la révocation de l’édit de Nantes en 1685, mais ne trouvait guère l’appréciation de la part de l’Eglise romaine que le Louis avait peut-être souhaitée, à cause de l’affrontement personnel avec Innocent XI au même temps.

[...]


1 Zeller (Gaston), Histoire des relations internationales, vol. 1 : du Moyen Age à 1789, Paris 1955 [=Zeller, Relations internationales] p. 263

2 « Contrairement à l’idée trop répandue dans l’historiographie, que l’Eglise de France de l’AncienRégime aurait vécu dans une sorte d’autarcie vis-à-vis du Saint-Siège, les échanges étaient constants entre Rome et la France. » Blet (Pierre), Les nonces du pape à la cour de Louis XIV, Paris 2002 [=Blet, Nonces], p. 106

3 C’est-à-dire la faculté de « bénir le peuple dans les limites de sa légation », de célébrer pontificalement en présence du roi et de la reine et d’exercer une certaine juridiction ecclésiastique concernant l’absolution de hérétiques et le traitement des livres interdits. Blet, Nonces, p.10.

4 Mandrou (Robert), Louis XIV et son temps 1661-1715 (Collection peuples et civilisations), 2eédition corrigée, Paris 1978, p.192

Excerpt out of 22 pages

Details

Title
Louis XIV et la Papauté
College
Université Paris-Sorbonne (Paris IV)  (UFR d'Histoire)
Course
Rélations internationales au XVIIème siècle
Grade
1,1
Author
Year
2005
Pages
22
Catalog Number
V110858
ISBN (eBook)
9783640090068
ISBN (Book)
9783640112548
File size
576 KB
Language
French
Keywords
Louis, Papauté, Rélations, XVIIème
Quote paper
Stefan Esselborn (Author), 2005, Louis XIV et la Papauté, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/110858

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